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29.09.2023 à 05:00

Le traumatisme des séismes en Turquie et en Syrie fait planer une ombre sur la nouvelle année scolaire dans le sud-est de la Turquie

Le 11 septembre 2023, à 8h30 précises, la cloche sonnait la rentrée des classes dans l'école élémentaire Lions İlkokulu de Gaziantep, une grande ville du sud-est de la Turquie, proche de la frontière syrienne.
Si l'impatience de reprendre les cours après une longue pause estivale était palpable chez les élèves des classes supérieures, les petits de six ans qui se rendaient à l'école pour la toute première fois paraissaient anxieux et nerveux.
« J'étais inquiète à l'idée d'envoyer mon fils Eymen à l'école, (...)

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Texte intégral (2095 mots)

Le 11 septembre 2023, à 8h30 précises, la cloche sonnait la rentrée des classes dans l'école élémentaire Lions İlkokulu de Gaziantep, une grande ville du sud-est de la Turquie, proche de la frontière syrienne.

Si l'impatience de reprendre les cours après une longue pause estivale était palpable chez les élèves des classes supérieures, les petits de six ans qui se rendaient à l'école pour la toute première fois paraissaient anxieux et nerveux.

« J'étais inquiète à l'idée d'envoyer mon fils Eymen à l'école, car il y a encore des répliques de temps à autre », a confié Ayse, 42 ans, qui accompagnait son fils pour son premier jour d'école. « Mais une fois que la sécurité du bâtiment scolaire a pu être établie, sans compter le soutien psychologique que m'a témoigné l'instituteur d'Eymen, j'ai accepté de prendre le risque. J'espère vraiment que l'école aidera mon fils à surmonter sa peur des tremblements de terre. »

Pour les enfants de cette ville de deux millions d'habitants – dont beaucoup sont des réfugiés syriens – cette rentrée n'a pas été comme les autres. Le 6 février, un double séisme de magnitude 7,8 et 7,5 a ravagé la région bordant la frontière turco-syrienne, faisant plus de 50.000 morts et causant des dégâts estimés à 34 milliards USD.

Rien que du côté turc de la frontière, près de deux millions de personnes dans onze provinces ont été déplacées par la catastrophe, la plus meurtrière de l'histoire moderne de la Turquie. Près de huit mois après la tragédie, de nombreuses personnes vivent toujours dans des abris de fortune.

Depuis 2017, le ministère turc de l'Éducation nationale – avec le soutien de la Banque mondiale, de la Global Facility for Disaster Reduction and Recovery et de l'Union européenne – a fait construire 57 écoles parasismiques, dont 24 se trouvent dans des zones touchées par les tremblements de terre de février 2023 ; elles ont toutes survécu à la catastrophe.

Au lendemain des tremblements de terre, la plupart de ces écoles ont servi d'abris provisoires aux personnes qui avaient perdu leur logement. Dans plusieurs régions, notamment dans les villages ruraux, les classes ont été suspendues pendant une période prolongée.

« À la fin du mois de janvier, cela faisait deux semaines que les élèves n'avaient plus eu cours. Cette période correspond aux vacances d'hiver en Turquie », explique Yusuf Bitir, professeur de troisième année à l'école Lions İlkokulu, qui compte environ 800 élèves et est située dans le nord-ouest de Gaziantep. « La reprise des cours après les vacances d'hiver était prévue pour le lundi 6 février, mais en l'espace d'une seule nuit, nos vies ont changé à tout jamais. »

Bien que le bâtiment abritant l'école où travaille Yusuf Bitir n'ait pas subi de dégâts majeurs, les cours ont été suspendus pendant plus de six semaines. Il s'agissait de la plus longue période d'interruption scolaire en Turquie depuis la pandémie de coronavirus. À la suite de la tragédie, alors que les cours en ligne ont été imposés dans toutes les universités du pays, et ce jusqu'à la fin de l'année scolaire, l'enseignement obligatoire a, lui, été suspendu dans cinq des onze provinces touchées.

Outre le bouleversement que cela a entraîné dans la vie des enfants, la rupture de leur routine quotidienne a eu un impact majeur sur leur bien-être psychologique. Les organisations humanitaires ont averti que les enfants représentent la catégorie d'âge la plus vulnérable dans le contexte d'un tremblement de terre. Selon le Fonds des Nations Unies pour la population, 2,5 millions d'enfants en Turquie ont besoin d'une aide humanitaire et d'un soutien psychosocial. Les cas de harcèlement et d'automutilation chez les mineurs sont en hausse, alors que les menaces qui pèsent sur les taux d'alphabétisation dans une région qui connaissait déjà des taux élevés d'abandon scolaire même avant la catastrophe inquiètent les experts.

Zeynep Bahadir, psychologue clinicienne basée à Istanbul, spécialisée dans les traumatismes post-catastrophe, met en garde contre les effets psychologiques d'une telle catastrophe sur les enfants, qui varient en fonction de leur âge. « Ceux qui menaient une vie normale, qui allaient à l'école et se faisaient des amis, se sentent aujourd'hui en colère et désorientés », explique Mme Bahadir. « Les plus jeunes, âgés de deux à six ans, dont le cerveau n'est pas encore complètement développé, sont plus susceptibles de souffrir d'anxiété vis-à-vis de leur environnement et de se replier sur le cocon parental. »

L'éducation comme mesure palliative

Au fil des semaines qui ont suivi le séisme, les enfants ont vu leur existence chamboulée jusque dans ses moindres aspects, se voyant désormais contraints de vivre et d'aller à l'école dans des campements de tentes. « La manière d'enseigner aux enfants s'en est trouvée radicalement modifiée », indique Yara al-Ashtar, une coopérante du Réseau international d'aide, de secours et d'assistance (INARA) chargée de l'évaluation psychologique des personnes déplacées dans les campements de Hatay et de Kahramanmaras, les provinces les plus durement touchées par la catastrophe. « L'éducation dans pareils contextes n'était qu'un palliatif, les cours se limitant à quelques heures par jour et visant davantage à offrir aux enfants un espace de jeu que d'apprentissage à proprement parler. La formation des enfants était assurée par des travailleurs humanitaires ou des psychothérapeutes, ce qui ne permettait pas de combler les retards sur le plan de l'apprentissage », a précisé Mme al-Ashtar.

Selon Yusuf Bitir, les rares écoles qui ont ouvert leurs portes en avril 2023 se sont attachées non pas à enseigner, mais à aider les enfants à surmonter leur peur de nouveaux tremblements de terre. « Je pense qu'il était plus important de renforcer leur confiance en eux, même si cela devait retarder les objectifs du programme scolaire », a déclaré M. Bitir. « Il était néanmoins important de faire en sorte que les enfants se sentent plus à l'aise, en particulier ceux qui n'étaient encore jamais allés à l'école, et aussi que nous, les enseignants, surmontions nos propres craintes. »

Sare, 9 ans, s'apprêtait à faire sa rentrée à l'école Lions İlkokulu le matin du 6 février, lorsqu'à 4h17, elle, ses parents et ses trois sœurs, ont été réveillés par les secousses. « J'étais morte de peur, je ne comprenais pas ce qui nous arrivait. J'ai juste empoigné ma poupée et je l'ai serrée contre moi », dit-elle.

Les quatre filles de la famille étaient déjà traumatisées suite au décès de leur grand-père, survenu deux semaines plus tôt. La famille de Sare a été provisoirement déplacée dans une autre ville, où elle a trouvé refuge temporairement pour se tenir à l'écart des répliques incessantes. Sare est retournée à l'école pour quelques semaines en mai. En septembre, sa sœur cadette est entrée en première année. Celle-ci a particulièrement peur et craint que de nouvelles répliques ne se produisent alors qu'elle est en classe, loin de ses parents. Ses proches, dont Sare, font cependant tout ce qu'ils peuvent pour l'encourager.

Yusuf Bitir, le professeur de la classe de Sare, se félicite du taux de fréquentation à l'occasion de la rentrée scolaire au début de ce mois. Lui et ses collègues ont pris contact avec les parents avant le début des cours et ont décoré la salle de classe pour que les enfants s'y sentent chez eux.

« Pour un grand nombre d'enfants, la première journée d'école s'est déroulée à l'intérieur de conteneurs. Mes élèves ont de la chance parce qu'ils avaient une école en dur où retourner », affirme M. Bitir.

Enseigner et apprendre au-delà des traumatismes

La rentrée est difficile non seulement pour les enfants, mais aussi pour les enseignants. Certains ont subi d'immenses traumatismes psychologiques. Mehmet Bezgin, 28 ans, est professeur de mathématiques dans un lycée de Gaziantep. Il enseigne à Pazarcık, l'un des villages les plus touchés de la province de Kahramanmaraş. Ce matin-là, il a perdu sa maison, son école et plusieurs de ses élèves.

« J'ai eu la chance de ne pas y être. À Pazarcık, la reprise des cours après les vacances d'hiver avait été reportée en raison des fortes chutes de neige », dit-il. Malgré le traumatisme, il estime que les enseignants doivent être prêts à mettre de côté leurs propres problèmes pour aider les enfants à surmonter leurs peurs et à reprendre leurs études.

Si la rentrée scolaire de septembre s'est déroulée relativement sans heurts pour les enfants turcs, les choses ont été beaucoup plus compliquées pour les enfants réfugiés syriens. Les 11 provinces du sud-est de la Turquie accueillent près de deux millions des 3,7 millions de Syriens qui se sont installés en Turquie depuis le début du conflit.

Un grand nombre d'entre eux sont des enfants. « Les enfants syriens de la région touchée par le séisme ont subi le double traumatisme d'avoir été déplacés à deux reprises au cours de leur jeune vie : une première fois en raison d'un conflit, et ensuite d'une catastrophe naturelle dans leur pays d'asile », explique Mme Bahadir.

Elle souligne que cette situation aura des répercussions considérables sur leur développement précoce, « dans la mesure où ils portent déjà le fardeau d'un déplacement antérieur dans un pays d'accueil, où ils ont moins de possibilités d'accéder au système éducatif local ».

À Gaziantep, une ONG répondant au nom de Kids Rainbow propose des activités parascolaires aux enfants réfugiés syriens. L'atmosphère de la rentrée des classes semble apporter une bouffée d'oxygène à la centaine d'enfants que l'on voit courir dans l'enceinte de l'organisation.

Au lendemain du tremblement de terre, ce centre, qui n'a subi aucun dommage, a proposé des activités récréatives pour les enfants, ainsi que des séances d'aide psychologique pour les parents. « La situation s'est encore aggravée après le séisme, du fait que certaines écoles ont été endommagées et ne pouvaient plus accueillir tous les élèves, et que la priorité a dès lors été donnée aux enfants turcs », explique Mustafa Kara Ali, directeur de Kids Rainbow.

Près de 20 % de leurs élèves habituels ont été déplacés vers d'autres provinces. Le nombre d'enfants inscrits sur leur liste d'attente s'élève à 300, soit deux fois plus qu'en 2022. « Nous faisons de notre mieux pour les aider, même s'il est difficile de combler un retard éducatif aussi considérable après des années de négligence de la part des institutions. »


Cet article a bénéficié d'une bourse Early Childhood Global Reporting du Dart Center for Journalism and Trauma, qui dépend de la Columbia Journalism School, à New York.

27.09.2023 à 05:30

« Carbone de sang » : pourquoi les peuples autochtones paient le prix des fausses solutions à la crise climatique

Martin Léna

Les solutions que nous cherchons à apporter à la crise climatique ne doivent pas et ne peuvent pas être déconnectées de la justice sociale et des droits humains. Les personnes les plus vulnérables au changement climatique, qui en sont aussi les moins responsables, sont en plus menacées par les fausses solutions mises en avant pour prétendre y faire face.
C'est notamment le cas des peuples autochtones. Ceux-ci dépendent largement de l'environnement naturel pour leur subsistance, leur santé et leur (...)

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Texte intégral (1640 mots)

Les solutions que nous cherchons à apporter à la crise climatique ne doivent pas et ne peuvent pas être déconnectées de la justice sociale et des droits humains. Les personnes les plus vulnérables au changement climatique, qui en sont aussi les moins responsables, sont en plus menacées par les fausses solutions mises en avant pour prétendre y faire face.

C'est notamment le cas des peuples autochtones. Ceux-ci dépendent largement de l'environnement naturel pour leur subsistance, leur santé et leur mode de vie, dans des écosystèmes très exposés aux effets du changement climatique. De nombreux facteurs du changement climatique comme l'exploitation pétrolière, gazière, minière, ou la déforestation détruisent aussi les terres autochtones.

Mais il est important de noter que les « solutions » mises en avant par les pays occidentaux pour faire face à cette crise (qui bien souvent ne sont qu'une distraction) constituent également un danger pour leurs terres et leurs vies. Pour de nombreux peuples autochtones, elles représentent même la principale menace à laquelle ils sont confrontés et Survival International dénonce cela depuis des années.

Les Aires protégées, comme les parcs nationaux, sont au premier rang de ces fausses solutions. Malgré les terribles violations des droits humains commises dans ces zones, et en l'absence de preuves solides attestant de leur efficacité, les grandes ONG de conservation comme World Wide Fund for Nature (WWF) ou Wildlife Conservation Society (WCS) continuent de présenter les Aires protégées comme la « solution » aux problèmes environnementaux.

Vantées comme la solution phare dans la lutte contre la perte de biodiversité, elles sont aussi de plus en plus présentées comme des puits de carbone, permettant de lutter contre le changement climatique. Incluses dans le concept des « solutions fondées sur la nature », elles permettraient de compenser les émissions de gaz à effet de serre responsables du changement climatique, en générant des crédits carbone.

Beaucoup de gens ignorent pourtant que ces Aires protégées, notamment en Afrique et en Asie, se caractérisent par une violence militarisée, et sont le théâtre d'atrocités commises contre les peuples autochtones.

Ceux-ci sont expulsés de leurs terres et perdent l'accès à tout ce dont leurs vies dépendent, et font face, s'ils tentent d'y retourner, à des violences de la part des gardes – allant jusqu'à la torture, au viol et au meurtre.

Ce modèle de conservation-forteresse, qui trouve ses racines dans le racisme et le colonialisme, repose sur l'idée que les peuples autochtones ne seraient pas capables de gérer leurs propres terres. Il est soutenu, encore aujourd'hui, par de nombreux gouvernements occidentaux (comme la France ou l'Allemagne) et par les grandes ONG internationales de la conservation (comme WWF ou WCS).

La vente de « crédits carbone » (ou « droits d'émission ») issue de ces espaces d'exclusion et de violence est désastreuse.

D'abord, il s'agit de ce que nous appelons le « carbone de sang ». Les crédits carbone générés dans ce contexte reposent sur le fait d'empêcher – y compris par la violence – les peuples autochtones d'accéder à leurs terres pour continuer à vivre, se nourrir, se soigner, etc. En somme, à pouvoir réaliser toutes les activités à la base de leur mode de vie. Les profits réalisés par la vente de ces crédits vont ensuite en grande partie aux entreprises qui organisent ces transactions et aux organisations qui gèrent ces aires protégées, ce qui risque de financer toujours plus de violations des droits humains.

Ensuite, d'une manière générale, les crédits carbone ne fonctionnent pas. La majorité des programmes de compensation des émissions de carbone fondés sur la nature ne sont que des arnaques et ne contribuent que très peu, voire pas du tout, à empêcher les émissions de carbone ou à stocker du carbone supplémentaire. Une étude récente, menée par des journalistes et des chercheurs, montre que 90% des crédits carbone issus de forêts tropicales validés par le certificateur Verra ne « valent rien ».

Enfin, ces mécanismes détournent l'attention des vraies causes de la crise climatique (les activités qui génèrent les émissions de carbone !) et permettent aux entreprises les plus polluantes de continuer à rejeter du carbone dans l'atmosphère tout en blanchissant leur image par l'achat de ces crédits.

Au Kenya, le mode de vie pastoral sacrifié pour favoriser la captation de carbone

L'exemple des « conservatoires communautaires » du Kenya est parlant. Ces Aires protégées regroupées sous l'égide de l'organisation de conservation Northern Rangelands Trust ont été créées selon le modèle de conservation-forteresse, bien que leur nom ne l'indique pas. Des témoignages de représentants autochtones font état de corruption, d'intimidation et de violence lors de leur création, ainsi que de disparitions forcées et d'exécutions extrajudiciaires commises par les unités de sécurité militarisées déployées par le NRT (soi-disant pour lutter contre le braconnage).

Mais le NRT ne s'est pas arrêté là. Il a lancé dans certains de ces conservatoires un projet générant des crédits carbone.

L'enquête de Survival International (détaillée dans un récent rapport) a montré que le projet était profondément défaillant et qu'il était hautement improbable qu'il permette de stocker de manière permanente des quantités importantes de carbone supplémentaire. Suite à l'enquête et au plaidoyer mené par Survival, Verra a suspendu la vente des crédits carbone liés au projet et procède actuellement à son réexamen.

Pire encore, ce projet a été réalisé sans le consentement et aux dépens des communautés concernées. Ces territoires arides du Nord du Kenya sont les terres ancestrales des peuples autochtones pastoraux comme les Borana, les Samburu et les Rendille.

Le projet, reposant sur l'idée erronée et raciste que les peuples autochtones ne savent pas gérer leurs propres terres et détruisent l'environnement, prétend alors empêcher le « surpâturage », pour permettre l'absorption d'une plus grande quantité de carbone dans le sol.

Il repose donc sur la destruction des systèmes traditionnels de pastoralisme des peuples autochtones, pourtant durables, pour les remplacer par un système centralisé. Les peuples autochtones perdent alors leurs moyens de subsistance, tandis que le projet peut générer des crédits carbone qui ne résoudront pas la crise climatique.

Les crédits carbone sont ensuite vendus pour des millions d'euros à des entreprises comme Meta ou Netflix, qui peuvent ensuite afficher sur leur site web leur « neutralité carbone » et leurs engagements environnementaux, tout en ne modifiant pas leurs activités polluantes.

Ces pratiques, qui reposent sur la marchandisation de la nature permettent aux responsables du changement climatique de continuer à polluer et détruisent les modes de vie des meilleurs gardiens de l'environnement. Elles n'ont de « solutions » que le nom.

Le respect des droits territoriaux des peuples autochtones doit être au cœur des politiques environnementales et climatiques.

Survival est au premier plan de la lutte contre les fausses solutions au changement climatique qui violent les droits des peuples autochtones – que ce soit face au « carbone de sang », aux Aires protégées militarisées ou face à l'extraction de nickel pour les batteries de voitures électriques qui risque de mener à l'anéantissement d'un peuple autochtone non contacté en Indonésie.

Sans justice, et sans s'attaquer aux racines de la destruction de l'environnement et du climat, ces « solutions » désastreuses resteront du vent.


Pour en savoir plus :

- Un guide pour décoloniser le langage de la conservation
- Le livre “Décolonisons la protection de la nature. Plaidoyer pour les peuples autochtones et l'environnement”, de Fiore Longo. éd. Double Ponctuation.

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