Comme ailleurs au Royaume-Uni, l'entreprise qui gère le traitement de l'eau est autorisée à déverser en mer le trop plein lorsque le réseau est saturé, par exemple en cas de pluie.
"Il y a eu des rejets vendredi dernier, dimanche, et lundi la plage a été déclarée impropre à la baignade", se désole Chris Stanley, propriétaire d'une maison à quelques mètres de la plage.
Cet octogénaire, qui nage régulièrement, est tellement remonté contre la compagnie Southern Water qu'il a cessé de payer sa facture d'assainissement pendant 4 ans.
Au niveau national, des consommateurs ont lancé la campagne "Boycott water bills" (Boycottons les factures d'eau), et s'ils ne sont qu'une poignée, ils illustrent un mécontentement général.
Poursuivi par son fournisseur, Chris Stanley a finalement été condamné le mois dernier à régler sa dette.
"Le juge a estimé que les entreprises d'eau doivent être payées (...) même si elles ne font pas du bon travail", fulmine-t-il.
Pollution
L'an dernier, en Angleterre, les rejets d'eaux usées non traitées ont atteint un record de plus de 3,6 millions d'heures, relève l'Agence de l'environnement, qui a récemment dû réduire ses inspections, faute de moyens, selon une enquête du site Unearthed. Les incidents de pollution graves causés par ces entreprises ont progressé de 60% sur un an.
Depuis des années, les entreprises sont critiquées pour ces rejets dans la mer et les rivières et pour ne pas avoir suffisamment investi dans des infrastructures vétustes et sous-dimensionnées.
Cette semaine un rapport a pointé la grave crise de la gestion de l'eau en Angleterre et au Pays de Galles, privatisée en 1989, et a recommandé une remise à plat du secteur.
A Whitstable, au premier jour des vacances scolaires, mercredi, quelques familles occupent les galets de la plage de Tankerton, bordée de bungalows en bois colorés.
Des vacanciers piquent une tête à deux pas d'une station d'épuration de Southern Water, d'où un tuyau émissaire -- rallongé l'an dernier après de graves épisodes de pollution -- passe sous la plage pour déboucher à plusieurs centaines de mètres dans la mer.
La veille, elle y a déversé des eaux usées durant plusieurs heures. Mais la baignade reste autorisée.
"Il y a eu des rejets hier? Je ne savais pas (...) Je voulais juste aller nager", s'inquiète Lisa Lawton, professeure de yoga londonienne de 41 ans, venue avec ses deux filles.
"Quand on venait enfant, on ne pensait pas à cela, mais maintenant à chaque fois qu'on vient à la plage, c'est la première chose à laquelle on pense: peut-on se baigner?", regrette de son côté Emily Winstone, mère au foyer de 42 ans, venue de la ville voisine de Canterbury.
Renationalisation
L'an dernier, l'association Surfers against sewage (surfers contre les égouts), qui a créé une application affichant la qualité des eaux sur les plages, a reçu plus de 1.850 signalements de personnes malades après une baignade.
C'est ce qui est arrivé en 2021 à Elane Heffernan, du groupe SOS Whitstable.
La même année la production ostréicole locale avait dû cesser et Southern Water avait écopé d'une amende de 90 millions de livres (106 millions d'euros), après avoir admis près de 7.000 rejets illégaux entre 2010 et 2015.
Depuis, Elane milite pour la renationalisation de la gestion de l'eau. Une pétition lancée par SOS Whitstable a réuni plus de 286.000 signatures.
"Il y a maintenant suffisamment de preuves pour savoir que (la privatisation) ne fonctionne pas. Cela ne peut pas fonctionner", car les entreprises privilégient leurs profits aux investissements de long terme, juge Elane.
Le gouvernement travailliste, au pouvoir depuis un an, a promis de réduire de moitié d'ici à 2030 la pollution causée par les compagnies. Il a déjà durci les sanctions contre leurs patrons s'ils ne respectent pas la loi, et interdit à six entreprises d'accorder des bonus à leurs dirigeants. Il a aussi annoncé lundi une réforme des instances de régulation du secteur.
Les rejets "ne sont pas acceptables et nous avons un plan d'investissement d'1,5 milliard de livres (d'ici 2035) pour les réduire drastiquement", a indiqué à l'AFP Southern Water, qui précise que la société a investi 965 millions de livres l'an dernier.
Selon une récente évaluation du contrôleur des comptes britanniques, le secteur fait face à un besoin d'investissement de 290 milliards de livres (340 milliards d'euros) dans les 25 prochaines années.
Texte intégral (748 mots)
Comme ailleurs au Royaume-Uni, l'entreprise qui gère le traitement de l'eau est autorisée à déverser en mer le trop plein lorsque le réseau est saturé, par exemple en cas de pluie.
"Il y a eu des rejets vendredi dernier, dimanche, et lundi la plage a été déclarée impropre à la baignade", se désole Chris Stanley, propriétaire d'une maison à quelques mètres de la plage.
Cet octogénaire, qui nage régulièrement, est tellement remonté contre la compagnie Southern Water qu'il a cessé de payer sa facture d'assainissement pendant 4 ans.
Au niveau national, des consommateurs ont lancé la campagne "Boycott water bills" (Boycottons les factures d'eau), et s'ils ne sont qu'une poignée, ils illustrent un mécontentement général.
Poursuivi par son fournisseur, Chris Stanley a finalement été condamné le mois dernier à régler sa dette.
"Le juge a estimé que les entreprises d'eau doivent être payées (...) même si elles ne font pas du bon travail", fulmine-t-il.
Pollution
L'an dernier, en Angleterre, les rejets d'eaux usées non traitées ont atteint un record de plus de 3,6 millions d'heures, relève l'Agence de l'environnement, qui a récemment dû réduire ses inspections, faute de moyens, selon une enquête du site Unearthed. Les incidents de pollution graves causés par ces entreprises ont progressé de 60% sur un an.
Depuis des années, les entreprises sont critiquées pour ces rejets dans la mer et les rivières et pour ne pas avoir suffisamment investi dans des infrastructures vétustes et sous-dimensionnées.
Cette semaine un rapport a pointé la grave crise de la gestion de l'eau en Angleterre et au Pays de Galles, privatisée en 1989, et a recommandé une remise à plat du secteur.
A Whitstable, au premier jour des vacances scolaires, mercredi, quelques familles occupent les galets de la plage de Tankerton, bordée de bungalows en bois colorés.
Des vacanciers piquent une tête à deux pas d'une station d'épuration de Southern Water, d'où un tuyau émissaire -- rallongé l'an dernier après de graves épisodes de pollution -- passe sous la plage pour déboucher à plusieurs centaines de mètres dans la mer.
La veille, elle y a déversé des eaux usées durant plusieurs heures. Mais la baignade reste autorisée.
"Il y a eu des rejets hier? Je ne savais pas (...) Je voulais juste aller nager", s'inquiète Lisa Lawton, professeure de yoga londonienne de 41 ans, venue avec ses deux filles.
"Quand on venait enfant, on ne pensait pas à cela, mais maintenant à chaque fois qu'on vient à la plage, c'est la première chose à laquelle on pense: peut-on se baigner?", regrette de son côté Emily Winstone, mère au foyer de 42 ans, venue de la ville voisine de Canterbury.
Renationalisation
L'an dernier, l'association Surfers against sewage (surfers contre les égouts), qui a créé une application affichant la qualité des eaux sur les plages, a reçu plus de 1.850 signalements de personnes malades après une baignade.
C'est ce qui est arrivé en 2021 à Elane Heffernan, du groupe SOS Whitstable.
La même année la production ostréicole locale avait dû cesser et Southern Water avait écopé d'une amende de 90 millions de livres (106 millions d'euros), après avoir admis près de 7.000 rejets illégaux entre 2010 et 2015.
Depuis, Elane milite pour la renationalisation de la gestion de l'eau. Une pétition lancée par SOS Whitstable a réuni plus de 286.000 signatures.
"Il y a maintenant suffisamment de preuves pour savoir que (la privatisation) ne fonctionne pas. Cela ne peut pas fonctionner", car les entreprises privilégient leurs profits aux investissements de long terme, juge Elane.
Le gouvernement travailliste, au pouvoir depuis un an, a promis de réduire de moitié d'ici à 2030 la pollution causée par les compagnies. Il a déjà durci les sanctions contre leurs patrons s'ils ne respectent pas la loi, et interdit à six entreprises d'accorder des bonus à leurs dirigeants. Il a aussi annoncé lundi une réforme des instances de régulation du secteur.
Les rejets "ne sont pas acceptables et nous avons un plan d'investissement d'1,5 milliard de livres (d'ici 2035) pour les réduire drastiquement", a indiqué à l'AFP Southern Water, qui précise que la société a investi 965 millions de livres l'an dernier.
Selon une récente évaluation du contrôleur des comptes britanniques, le secteur fait face à un besoin d'investissement de 290 milliards de livres (340 milliards d'euros) dans les 25 prochaines années.