31.01.2025 à 18:15
Au cœur du XIXe arrondissement de la capitale, le centre pluridisciplinaire de santé Stalingrad ainsi que le service de radiologie du Centre Médical Réaumur, véritables piliers pour les habitants du quartier, sont menacés de fermeture partielle. Ces fermetures sont inacceptables et motivées par des simples motifs de rentabilité. Elles constituent une attaque contre les établissements conventionnés en secteur 1, c’est-à-dire accessibles à toutes et tous.
Depuis l’annonce de la fermeture partielle des services, une vague d’indignation s’est levée parmi les usagers, les professionnels de santé et les collectifs citoyens, donnant lieu à une importante mobilisation unitaire locale, mais un cri de colère bien plus large. La santé est sacrifiée, sur l’autel de la rentabilité, de la santé business. Ces centres essentiels pour l’accès à des soins de proximité, notamment pour les populations les plus précaires, sont menacés par un projet de « réorganisation » initié par la CRAMIF (Caisse régionale d’Assurance Maladie d’Île-de-France). Notre brève.
Kiné, radiologie, diabétologie, rhumatologie, endocrinologie, orthoptie ou encore ophtalmologie : autant de spécialités essentielles que la direction prévoit de supprimer dans les prochains mois pour « réduire les dettes ». Une décision qui inquiète profondément les 30 000 patients annuels de cet établissement, où l’on peut se faire soigner sans avancer d’argent.
Ces services accueillent chaque année plus de 100 000 passages, pour des soins conventionnés en secteur 1, sans aucun dépassement d’honoraires. Pour beaucoup, ce centre représente l’unique solution face à un système de santé de plus en plus privatisé et inaccessible.
Pour aller plus loin : CHU de Nantes : aux urgences, un patient meurt après 10 heures d’attente
L’Agence régionale de santé (ARS) reconnaît elle-même que le nord-est parisien est une zone sous-dotée en offre de soins, notamment en secteur 1. La fermeture de ces services aggraverait encore davantage cette situation et pousserait les patients vers des structures déjà saturées ou vers le renoncement aux soins.
Le modèle économique imposé aux centres de santé tend à les considérer comme des entreprises, devant équilibrer à tout prix leurs budgets. Cette vision court-termiste fait fi du rôle social majeur que ces centres jouent auprès des populations locales. La suppression des emplois et des spécialités médicales n’est qu’un pas de plus vers la privatisation rampante du système de santé, où seuls les plus aisés peuvent espérer un accès rapide à des soins de qualité.
À l’heure où l’on s’apprête à célébrer les 80 ans de la Sécurité sociale, symbole de solidarité et de protection collective, il devient crucial de se rappeler que ce modèle ne peut être réduit à une simple logique de rentabilité.
« Dès sa création en 1945, le système de Sécurité sociale a été pensé afin de permettre à la société et à l’ensemble de celles et ceux qui la constituent de faire face aux incertitudes du lendemain. Solidaire, elle agit notamment auprès des plus vulnérables afin qu’ils puissent rester des citoyens à part entière », rappelle le site de l’assurance maladie.
Le collectif, appuyé par militants et élus LFI, appelle chacun à signer et partager cette pétition et à soutenir la mobilisation en cours. Le prochain rendez-vous de mobilisation est donné jeudi 30 janvier à 18 h 30 à la mairie du XIXe arrondissement, pour une réunion publique sur la situation des centres de santé publique parisiens.
Par Nathan Kohut
31.01.2025 à 17:59
Bientôt un maire insoumis à Villeneuve-Saint-Georges ? L’espoir est permis, à la veille du second tour de cette élection municipale partielle. L’écho politico-médiatique dont elle fait l’objet témoigne de la frousse des macronistes, du reste de la droite et de l’extrême droite, de voir Louis Boyard devenir maire de la ville, appuyé de tous ses colistiers pour une municipalité de l’insoumission. Le nom de la liste portée par le député insoumis ? « Dignité, fierté, solidarité » Avec son arrivée en tête au 1ᵉʳ tour dimanche dernier, avec plus de 24 % des suffrages, l’espoir est permis ce dimanche 2 février.
Pour l’emporter, la stratégie de Louis Boyard et de ses colistiers est simple : porte-à-porte, tractages, rencontres avec les habitants. Du terrain, du terrain. Parce que cette élection municipale est partielle, l’enjeu de la mobilisation des électeurs est d’autant plus important. Louis Boyard peut néanmoins compter sur la mobilisation de masse des militants insoumis, déployés dans la ville, pour convaincre les habitants. Les députés LFI sont également venus prêter main forte : Mathilde Panot, Clémence Guetté, Manuel Bompard, Antoine Léaument, Éric Coquerel… Ce vendredi 31 janvier, c’est au tour de Bérenger Cernon de venir prêter main forte. « On compte sur vous pour les habitants de Villeneuve-Saint-Georges pour les élections, Monsieur Boyard ! », ont pu entendre les militants et les députés pendant des porte-à-portes.
Trois listes s’affrontent pour ce 2ᵉ tour : celle emmenée par Louis Boyard, une autre emmenée par l’ancien maire, Philippe Gaudin, démis de ses fonctions suite à… un salut nazi en plein conseil municipal ; enfin, la dernière est portée par Kristell Niasme. Alliée au FN en 2014, soutenue par Zemmour en 2025, elle a expulsé 1400 familles de leur logement. Par ailleurs, si la liste regroupant le PCF, le PS et les Verts s’est retirée, ces derniers ont refusé la fusion de leur liste avec celle emmenée par Louis Boyard. « Ensemble, nous pouvons tourner la page dont Villeneuve a besoin. Ce dimanche, nous allons faire gagner les Villeneuvoises et Villeneuvois », déclare Louis Boyard, solennel. Notre brève.
Pour aller plus loin : « Votez pour gagner ! » – À Villeneuve-Saint-Georges, mobilisation générale autour de Louis Boyard
31.01.2025 à 17:31
L’insoumission.fr et Informations Ouvrières s’associent pour proposer à leurs lecteurs des contenus sur les résistances et les luttes en cours aux quatre coins du pays. À retrouver sur tous les réseaux de l’Insoumission et d’Informations ouvrières.
Lundi 27 janvier, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées à l’appel de La France Insoumise du Rhône devant le siège de la Métropole de Lyon où se tenait le Conseil métropolitain. Tous sont venus forts d’une conviction très largement partagée et exprimée par les 1500 signataires de la pétition lancée par LFI…
Pour eux, il n’est pas possible de considérer comme « affaire classée » l’interdiction faite depuis le 1ᵉʳ janvier aux propriétaires d’un véhicule Crit’Air 3 de circuler ou stationner dans la ZFE (zone à faible émission, englobant tout ou partie des villes de Lyon, Villeurbanne, Vénissieux, Bron et Caluire à l’intérieur du périphérique, lui aussi intégré dans la ZFE ainsi que les sections d’autoroute M6 et M7) ! Ce, sous peine d’une amende de 68 €. À noter que les véhicules Crit’Air 3 sont les véhicules immatriculés avant 2011. Avec la ZFE, il est prévu au 1ᵉʳ janvier 2026 d’interdire les véhicules immatriculés avant 2015.
Des militants associatifs, de simples citoyens présents, ont tenu à apporter leurs témoignages au micro, faisant écho à l’incompréhension et la colère générales face à cette mesure qui touche les habitants les plus modestes. Entre 30 et 40 % des véhicules dont les propriétaires habitent Vaulx-en Velin, Saint-Fons, Vénissieux, Rillieux, Givors, etc., sont en Crit’Air 3. Une Clio de 2011, 75 CV ? Vous êtes Crit’Air 3. Une Ferrari de 700 CV, 2024 ? Vous êtes Crit’Air 1 ! Notre brève.
Les ZFE sont le résultat d’une loi macroniste de 2021, votée avec l’abstention de la droite et l’extrême droite. Le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, accuse l’État de « retard dans la mise en œuvre de la ZFE », notamment du fait « de la non livraison à ce jour des radars permettant de verbaliser les fautifs ». Certains élus de ces formations essaient maintenant de le cacher derrière de virulentes déclarations verbales.
Lucas Miguel, pour LFI 69, a rappelé les revendications portées par les insoumis, tant en direction de l’État que de la Métropole (moratoire sur les ZFE, arrêt des interdictions de circulation et de la verbalisation, gel des tarifs TCL et extension de la gratuité des TCL). Affirmant la nécessité d’une écologie populaire, il n’a pas manqué de rappeler l’urgence de censurer l’actuel gouvernement Bayrou mis en place par Macron pour tenter de multiplier des mesures plus austéritaires les unes que les autres.
Pour aller plus loin : Écologie – Une centaine de scientifiques et d’ONG signent une tribune en soutien au Nouveau Front populaire
La ZFE lyonnaise a été mise en œuvre avec une certaine gourmandise par l’exécutif écologiste dirigeant la Métropole sous la direction de son Président Bruno Bernard, en ignorant les conséquences sociales.
Florestan Groult, élu métropolitain insoumis, sorti de la séance du conseil pour rejoindre quelques instants le rassemblement, insistait a contrario sur le choix politique qui pourrait être celui de l’exécutif… en faisant preuve de « résistance institutionnelle à l’État » qui impose cette ZFE socialement injuste.
Sans « résistance institutionnelle », sans rupture avec les politiques suivies depuis des années, sans prise en comptes des revendications de la population, l’appel à la nécessaire amélioration de la qualité de l’air (4) est-il autre chose qu’un vœu pieu servant à justifier une « écologie » punitive, prétexte à injustices et discriminations ?
Comment améliorer la qualité de l’air ? En verbalisant les pauvres, vraiment ? Les gens qui rouleraient en voiture de 2011 le feraient par choix ? Et pour diminuer le nombre de voitures dans la ville, faut-il vraiment augmenter les tarifs des transports en commun en 2025, comme l’a décidé, la Métropole et son Président ? En en refusant la gratuité ne serait-ce qu’aux chômeurs et aux enfants ?
C’est bien tout ça qui est en jeu pour la ZFE. Après ce premier jalon de mobilisation, nul doute que les exigences portées lors de ce rassemblement trouveront rapidement des suites…
31.01.2025 à 17:16
Une motion symbolique radicale sur l’immigration avancée par la droite allemande vient d’être votée grâce aux voix de l’extrême droite de l’AfD (Alternative für Deutschland), l’alliée de circonstance en Allemagne de Marine Le Pen et Jordan Bardella, au Parlement (Bundestag). Tout cela, le jour même où le Parlement allemand commémorait les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz et la mémoire des victimes du nazisme. Une situation inédite dans un pays où tout accord avec l’extrême droite était, jusqu’à présent, tabou et où un véritable cordon sanitaire était en place. Un rescapé allemand d’Auschwitz a annoncé rendre sa Croix de l’Ordre du mérite pour protester contre cette alliance, justifiant « Je crains que l’Histoire ne se répète. »
En réaction, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté en Allemagne pour dire leur refus d’un tel vote et d’une telle alliance. Surtout, cet accord laisse de facto entrevoir des perspectives inquiétantes pour le pays à quelques semaines des élections législatives, alors que l’extrême droite est haute dans les sondages. Notre article.
Berlin 2025, devant le siège du grand parti de droite allemande de la CDU, quelques centaines de manifestants se réunissent dans le froid de la nuit pour dénoncer une situation inédite dans le pays depuis la fin de la guerre. Il ne s’en excuse pas : « Les bonnes décisions ne deviennent pas mauvaises même si elles conviennent aux mauvaises personnes », le leader de la droite « traditionnelle » allemande, et probable futur chancelier, Friedrich Merz persiste et signe son accord de facto avec l’extrême droite de l’AFD.
Le cœur du débat : un énième plan sur l’immigration porté par le mouvement de droite Union (qui regroupe la CDU et son puissant parti frère Bavarois la CSU). Cette motion symbolique (Abstimmung) en 5 points, proposée en début de semaine au Parlement allemand (le Bundestag) s’avère particulièrement violente et autoritaire : elle prévoit notamment le renvoi systématique et sans décision de justice des réfugiés, même ceux dépendant du droit d’asile s’ils ne peuvent pas présenter de documents en règles.
En plus de cela, ce plan prévoit également la mise en place de contrôles permanents aux frontières, la création de centres d’internements pour migrants ou encore la primauté du droit allemand sur la juridiction européenne concernant le droit d’asile, vu comme « dysfonctionnelle », pour ne pas dire laxiste.
Cette mention n’a pu être adoptée qu’à l’arraché à seulement 3 voix près grâce à l’Alliance de l’Union, du parti libéral (FDP) et… d’Alternative für Deutschland (AfD). Une victoire à la Pyrrhus saignant sans doute pour de bon le cordon sanitaire contre l’extrême droite jusqu’ici relativement solide en Allemagne. En effet, en Allemagne aucun accord, même le plus infime, avec l’extrême droite n’est toléré. Contrairement à son voisin autrichien, les politiciens allemands, même les plus droitiers de l’Union, s’étaient refusés au niveau national à un accord avec l’AfD.
Le fameux « esprit de compromis » tant « incanté » par certains commentateurs français est un élément structurant de la culture politique allemande, et là réside le drame. En effet, l’Union et son leader Merz ne disposaient que de deux possibilités concernant leur texte : faire un compromis avec les sociaux-démocrates et en diminuer la radicalité, ou le faire adopter tel quel mais avec le soutien de l’AfD… et ils croquèrent dans la pomme.
Pour aller plus loin : L’extrême droite allemande (AfD) veut déporter 2 millions de personnes, Le Pen et Bardella lui fait un « accueil chaleureux »
L’angoisse vient aussi du contexte, car cette alliance de facto s’opère seulement quelques semaines avant les prochaines élections législatives en Allemagne prévues en février.
Surtout, la CDU/CSU (Union) apparaît comme favorite pour ces élections atteignant près de 30% des sondages, mais dans le système allemand, se pose la question de la future coalition gouvernementale. En effet, en Allemagne, après les élections législatives, s’ouvrent toujours les discussions entre les différents partis pour la désignation d’un chancelier et la mise en place d’un pacte de gouvernement.
Or, cette alliance de facto inédite sur un texte symbolique, non content d’apparaître comme une faute morale et politique, renvoie en réalité un signal effrayant pour le futur du pays.
Il y a quelques mois, les Libéraux-austéritaires du FDP, sur fond de différend budgétaire, ont fait exploser la coalition les liant aux socialistes et aux verts ayant porté et maintenu Olaf Scholz à la Chancellerie depuis 2021. Ce dernier, ne disposant plus de majorité au Bundestag n’eut pas d’autres choix que d’appeler à des élections législatives anticipées en février 2025, qui apparaissent aujourd’hui comme plus qu’incertaines.
En effet, les différents partis de cette coalition sortante apparaissent comme mal en point au niveau des sondages d’opinion contrairement à la droite de l’Union qui caracole en tête avec près de 30 % des intentions de vote. En embuscade ; l’AfD en plein pic de popularité est créditée de 20 à 25 %.
Dans le cadre d’un schéma traditionnel en Allemagne, ces élections de 2025 auraient sans doute conduit à une alliance de la droite avec les autres partis démocrates, libéraux, verts et/ou socialistes, comme ce fut souvent le cas, notamment lorsque Angela Merkel était aux commandes. Or, le droitier chef de la CDU, Merz, en franchissant une première fois le Rubicon en se liant à l’AFD pour cette motion symbolique ouvre des perspectives inquiétantes.
Si une alliance en bonne et due forme entre l’Union et l’AFD reste une hypothèse peu probable, une politique particulièrement droitière de la CDU/CSU pourrait ouvrir la voie à un scénario à la Suédoise (ou à la française) : le soutient sans la participation de l’AfD à un gouvernement CDU/CSU (et FDP ?).
En tout cas, selon les sondages, ces différents mouvements semblent bien partis pour obtenir la majorité absolue des sièges à deux ou à trois. Si rien n’est acté à ce sujet, ce premier accord pourrait laisser penser que le vers semble bien être dans le fruit.
D’un autre côté, il est aussi très envisageable que Merz vise à siphonner les voix d’AFD avec cette dérive droitière, évitant ainsi de multiplier les alliances avec plusieurs partenaires dans la future coalition. Cette stratégie, si elle fonctionne, pourrait peut-être permettre à la CDU/CSU de gouverner seule ou en alliance unique avec leurs alliés historiques du FDP. En tout cas, la tentation de jouer avec les limites sur les thématiques de l’AfD est palpable, mais à quel prix ?
Simple erreur de parcours, plan électoraliste ou énième indice de la porosité entre les libéraux-conservateurs radicalisés et l’extrême-droite ? La question semble légitime même en Allemagne, et ce malgré les vives critiques d’Angela Merkel à l’égard de son successeur Merz… réponses dans les prochaines semaines.
Vers qui la droite va-t-elle se tourner ?