16.07.2025 à 12:56
Après une élection présidentielle à rebondissement, Bassirou Diomaye Faye été investi en avril 2024 président du Sénégal. Il a ainsi succédé à Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, se retrouvant à 44 ans, le plus jeune président du pays. Élu sur des promesses de lutte contre la pauvreté et la corruption, où en est le pouvoir sénégalais sur ces réformes structurelles qui impactent le développement économique et la stabilité nationale ? Quid du recentrage de l’action publique sur les priorités nationales et de la politique étrangère sénégalaise ? Le point avec El Hadj Souleymane Gassama, écrivain et chercheur associé à l’IRIS. Alors que les promesses électorales du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye mettaient l’accent sur l’assainissement des institutions étatiques, en s’attaquant à la corruption et en promettant une modernisation du système juridique vieillissant, qu’en est-il après un an de gouvernance ? Au départ, les vœux étaient très louables. L’énergie pour redresser l’État et lui redonner un nouvel éclat, après cette période très difficile pour le Sénégal, avait reçu l’assentiment de la rue et de l’opinion publique. Le pouvoir a connu à la fois un état de grâce et un soutien populaire très fort pour mener à bien cette mission d’assainissement. Mais la machine s’est un petit peu grippée. Malgré l’élan d’assainissement, il y a eu le sentiment que celui-ci n’était que trop partiel, partisan, voire partial. Cela a éveillé le soupçon d’un régime qui ménage ceux qui l’ont rejoint et qui entretient une énergie de revanche, sinon de vengeance. La question de l’exemplarité, qui devait être le deuxième volet de cette politique, a été, pour le coup, complètement absente. Malgré les promesses de « dégraisser le mammouth » de l’État et d’éviter le déclin général du pays, on a vu que le système « Macky Sall » a été remplacé par un système « PASTEF » (Les patriotes africains du […]
L’article Sénégal : où en sont les réformes politiques et institutionnelles voulues par Bassirou Diomaye Faye ? est apparu en premier sur IRIS.
Après une élection présidentielle à rebondissement, Bassirou Diomaye Faye été investi en avril 2024 président du Sénégal. Il a ainsi succédé à Macky Sall, au pouvoir depuis 2012, se retrouvant à 44 ans, le plus jeune président du pays. Élu sur des promesses de lutte contre la pauvreté et la corruption, où en est le pouvoir sénégalais sur ces réformes structurelles qui impactent le développement économique et la stabilité nationale ? Quid du recentrage de l’action publique sur les priorités nationales et de la politique étrangère sénégalaise ? Le point avec El Hadj Souleymane Gassama, écrivain et chercheur associé à l’IRIS.
Alors que les promesses électorales du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye mettaient l’accent sur l’assainissement des institutions étatiques, en s’attaquant à la corruption et en promettant une modernisation du système juridique vieillissant, qu’en est-il après un an de gouvernance ?
Au départ, les vœux étaient très louables. L’énergie pour redresser l’État et lui redonner un nouvel éclat, après cette période très difficile pour le Sénégal, avait reçu l’assentiment de la rue et de l’opinion publique. Le pouvoir a connu à la fois un état de grâce et un soutien populaire très fort pour mener à bien cette mission d’assainissement. Mais la machine s’est un petit peu grippée. Malgré l’élan d’assainissement, il y a eu le sentiment que celui-ci n’était que trop partiel, partisan, voire partial. Cela a éveillé le soupçon d’un régime qui ménage ceux qui l’ont rejoint et qui entretient une énergie de revanche, sinon de vengeance.
La question de l’exemplarité, qui devait être le deuxième volet de cette politique, a été, pour le coup, complètement absente. Malgré les promesses de « dégraisser le mammouth » de l’État et d’éviter le déclin général du pays, on a vu que le système « Macky Sall » a été remplacé par un système « PASTEF » (Les patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, le parti du président Diomaye Faye). Il semble que le pouvoir a, d’une certaine manière, consommé une partie de son crédit auprès de l’opinion en ne respectant pas les promesses pour lesquelles il a été élu et en maintenant une conception du pouvoir rigide, verticale et sans contre-pouvoir. En outre, toutes les réformes avancées pour redresser l’État ont tardé à venir.
On sent donc aujourd’hui au Sénégal une certaine forme d’impatience, voire de grogne montante, face au PASTEF qui commence à entrer dans le dur de la gouvernance. Quand on fait des promesses tous azimuts et qu’on emprunte une grammaire populiste, on finit toujours par se heurter au réel. Et c’est ce qui est actuellement en train de se passer. Le symptôme le plus clinique, c’est la brouille à la suite des déclarations du Premier ministre Ousmane Sonko face au Conseil national de son parti la semaine dernière. Adresse où il fustige les magistrats, la société civile et interpelle voire menace le président pour plus d’autorité, en s’estimant lui-même empêché de gouverner pleinement. C’est un moment important qui dit un malaise, et les premières tensions vives dans la majorité.
Alors que le jeune président Bassirou Diomaye Faye annonce le retrait de toutes les bases militaires étrangères du territoire sénégalais, la France – partenaire historique – s’est engagée à restituer les infrastructures qu’elle occupait. Dans ce contexte de prise de distance assumée, quels futurs se dessinent pour les relations franco-sénégalaises ? Assiste-t-on à une rupture ou à une redéfinition du partenariat ?
Rien n’indique pour le moment une rupture définitive. Mais avec la remontée au pouvoir du PASTEF – qui a été élu sur la base d’un discours souverainiste et d’affirmation d’une parole forte, suscitant l’adhésion des opinions publiques au Sénégal et même au-delà – il ne faut pas s’attendre à une romance idyllique. Une fois encore, les dirigeants sont confrontés au principe de réalité.
Avec le cas de la France, même si elle ne bénéficie plus de ce statut de partenaire privilégié, on est dans une situation d’oxymore que l’on pourrait qualifier de « révolution pragmatique ». Certains éléments de discours sont très brûlants, évoquent ce désir de rupture, mais dans les faits, dans les canaux diplomatiques, on assiste à des rencontres, à des séminaires entre l’État sénégalais et l’État français. Il n’est donc pas possible de se placer dans une dynamique analytique de prédiction. Aujourd’hui, il n’existe pas de ligne claire allant dans le sens d’une rupture imminente des relations. Il faut bien sûr garder en mémoire l’ADN sur lequel a été fondé le parti au pouvoir, mais il semble qu’il y ait aussi des acteurs de bonne volonté qui veille aux nouveaux termes employés. Le président Macron parle, par exemple, de « refonte », le président Diomaye Faye lui de « redéfinition ».
Peut-être qu’il s’agit d’un nouveau temps, mais rien n’indique une forme de rupture définitive.
Plus largement, l’année 2025 est visiblement marquée par une volonté du président de transformer la politique étrangère de son pays. Comment qualifier la diplomatie que Bassirou Diomaye Faye entretient avec ses partenaires régionaux ? Quels sont les axes prioritaires de cette nouvelle dynamique ?
La diplomatie sénégalaise a longtemps été un des points forts du pays, avec une activité internationale assez considérable au regard de la taille du pays. Aujourd’hui, on constate une perte de souffle, avec des échecs plus ou moins marqués.
Au niveau de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), on a vu le Sénégal vouloir établir une médiation avec les pays de l’Alliance des États du Sahel, illustrée par les différentes visites du Premier ministre Ousmane Sonko dans la région. Rien ne semble toutefois dessiner des perspectives claires.
Si le Sénégal a longtemps été force de proposition sur la scène internationale, le pays semble désormais plutôt en retrait. Le climat intérieur au pays déteint sur sa crédibilité à l’extérieur, du fait notamment de sa relation difficile avec les institutions financières alors que la situation économique est devenue très préoccupante. Il y a bien un élan sénégalais, mais un élan encore difficile à préciser aujourd’hui. C’est cela, sans doute, qui retient la pleine expression d’une force diplomatique sénégalaise comme à l’accoutumée. Il y a des bonnes volontés, des initiatives, mais rien ne prend pour l’instant ni au niveau continental ni au niveau international. Cela peut être préoccupant sur le long terme.
Le chantier premier pour retrouver de l’énergie reste de rebâtir des bases économiques solides. Ce défi représente le principal problème du gouvernement en place. Ce dernier a d’ailleurs par le passé tenu des discours incendiaires à l’égard de potentiels partenaires économiques, ce qui a pu les refroidir. La récente visite d’Ousmane Sonko en Côte d’Ivoire a été symptomatique de ces ambiguïtés : d’un côté l’audience accordée par le président ivoirien Alassane Ouattara au Premier ministre sénégalais paraissait très chaleureuse à première vue ; de l’autre, le dirigeant sénégalais a souhaité s’entretenir avec Laurent Gbagbo « l’ennemi » de Ouattara.
On est donc toujours dans une forme d’équilibre qui empêche la définition d’une ligne claire pour la diplomatie sénégalaise et la résolution des problèmes intérieurs au pays.
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15.07.2025 à 17:01
Zones géographiques relativement pauvres en énergies fossiles, la France et l’Union européenne (UE) sont largement dépendantes d’importations d’hydrocarbures pour leur consommation énergétique. En 2023, les trois quarts de la demande mondiale de pétrole dépendaient du trafic maritime, tandis qu’en 2020, les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) ont dépassé les exportations par gazoduc. Cette prépondérance des échanges par voie maritime confère au transport un rôle central dans l’approvisionnement énergétique mondial, le rendant par conséquent vulnérable aux perturbations touchant certains passages stratégiques que sont les détroits et les canaux.
L’article Passages stratégiques maritimes et sécurité énergétique européenne : bouleversements géopolitiques et stratégies de mitigation est apparu en premier sur IRIS.
Zones géographiques relativement pauvres en énergies fossiles, la France et l’Union européenne (UE) sont largement dépendantes d’importations d’hydrocarbures pour leur consommation énergétique. En 2023, les trois quarts de la demande mondiale de pétrole dépendaient du trafic maritime, tandis qu’en 2020, les flux de gaz naturel liquéfié (GNL) ont dépassé les exportations par gazoduc.
Cette prépondérance des échanges par voie maritime confère au transport un rôle central dans l’approvisionnement énergétique mondial, le rendant par conséquent vulnérable aux perturbations touchant certains passages stratégiques que sont les détroits et les canaux.
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15.07.2025 à 16:49
Depuis son élection en décembre 2023, la popularité du président argentin Javier Milei ne connaît pas de baisse significative malgré son radicalisme clivant. Des sondages d’opinion aux urnes, il est soutenu par la population et remporte des élections locales. Baisse de l’inflation et affaiblissement de l’opposition, tout semble aller dans le sens du « miléisme », couronné de succès. Seulement, des défis subsistent. Le Congrès est en passe d’être partiellement renouvelé alors que le président peine à s’imposer dans les institutions. Dès lors, s’entame une période de consolidation politique pour la Libertad Avanza. Le chemin sera-t-il pavé de fleurs pour le jeune président ? Nouvelle chronique de l’Amérique latine avec Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe.
L’article Argentine : où en est le « miléisme » ? est apparu en premier sur IRIS.
Depuis son élection en décembre 2023, la popularité du président argentin Javier Milei ne connaît pas de baisse significative malgré son radicalisme clivant. Des sondages d’opinion aux urnes, il est soutenu par la population et remporte des élections locales. Baisse de l’inflation et affaiblissement de l’opposition, tout semble aller dans le sens du « miléisme », couronné de succès. Seulement, des défis subsistent. Le Congrès est en passe d’être partiellement renouvelé alors que le président peine à s’imposer dans les institutions. Dès lors, s’entame une période de consolidation politique pour la Libertad Avanza. Le chemin sera-t-il pavé de fleurs pour le jeune président ?
Nouvelle chronique de l’Amérique latine avec Christophe Ventura, directeur de recherche à l’IRIS, responsable du Programme Amérique latine/Caraïbe.
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