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18.11.2024 à 07:11

L'hommage d'un sondeur à un écrivain

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On a, bien sûr, pas attendu la "dédicace" de Jérôme Fourquet à Michel Houellebecq pour savoir ce qu'il fallait penser du jugement du sondeur en général. On se souviendra, par exemple, de sa lecture pour la moins étrange d'un sociologue, Norbert Elias. On comprend mieux encore son fourvoiement, cette fois, à propos de l'écrivain français.
« Une page de Houellebecq vaut bien un article de sociologie » (J. Fourquet, 4 novembre JJD).
Un an avant un article dans Le Point lui était déjà consacré où déclarait (...)

- Bêtisier
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On a, bien sûr, pas attendu la « dédicace » de Jérôme Fourquet à Michel Houellebecq pour savoir ce qu'il fallait penser du jugement du sondeur en général. On se souviendra, par exemple, de sa lecture pour la moins étrange d'un sociologue, Norbert Elias. On comprend mieux encore son fourvoiement, cette fois, à propos de l'écrivain français.

« Une page de Houellebecq vaut bien un article de sociologie » (J. Fourquet, 4 novembre JJD).

Un an avant un article dans Le Point lui était déjà consacré où déclarait Fourquet : « Comment reciviliser la France ». Emmanuel Macron veut remédier à la « décivilisation » de la société française. Le politologue Jérôme Fourquet suggère quelques pistes.

On sait pas s'il a été entendu par ce dernier. Mais quand on se trompe à un tel point sur le diagnostic le résultat de toutes les façons ne peut guère être brillant.

20.10.2024 à 05:08

Doladoli en France de 2024

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La dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron juste après des élections européennes perdues pour son camp avait laissé de nombreux observateurs perplexes. Elle pouvait même paraître suicidaire tant le résultat était joué d'avance. Ce fut encore pire. Pour celui qu'i s'était justifié par un calcul de « clarification », non seulement son camp perdit mais les élections laissèrent une situation inextricable de partis incapables de s'entendre pour dégager une majorité parlementaire. Quand on ne (...)

- Actualité
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La dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron juste après des élections européennes perdues pour son camp avait laissé de nombreux observateurs perplexes. Elle pouvait même paraître suicidaire tant le résultat était joué d'avance. Ce fut encore pire. Pour celui qu'i s'était justifié par un calcul de « clarification », non seulement son camp perdit mais les élections laissèrent une situation inextricable de partis incapables de s'entendre pour dégager une majorité parlementaire. Quand on ne comprend pas une décision aussi manifestement catastrophique, il est tentant de chercher des causes psychologiques, voire pathologiques. Pour une décision politique, même prise en solitaire ou en petit comité, l'explication est pauvre. Quelle raison rationnelle avait poussé Emmanuel Macron au suicide électoral ?

Il suffisait d'attendre un peu pour comprendre avant même que les langues se délient comme elles ne vont pas manquer de le faire. L'Elysée connaissait avant l'été et donc le public la situation déplorable des finances publiques, le dérapage du déficit budgétaire et l'emballement de la dette. Cela promettait des remous au Parlement et dans la presse. Comment s'en sortir quand on est aux commandes depuis 7ans et qu'on ne peut partager la responsabilité du passé ? En créant du désordre. Ainsi faisaient les Pachtounes d'Afghanistan lorsque, dans leurs assemblées locales, un camp s'acheminait vers la défaite, il créait un désordre (cf. Frederik G. Bailey, Les règles du jeu politique, PUF, 1971). Cela se produit parfois dans les assemblées parlementaires modernes avec les suspensions de séance. A l'échelle de tout un pays, on n'en voit guère d'exemple. La manœuvre des pachtounes a pour nom le doladoli. L'expérience actuelle va probablement prendre place dans les futurs manuels d'histoire politique. Dès à présent, elle porte un tort profond aux institutions de la Cinquième république et probablement à l'apprenti sorcier qui a retrouvé le savoir-faire des pachtounes.

20.10.2024 à 05:03

On rève

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On aurait pu croire que l'incrédulité à l'égard des sondages progressait. Difficile quand les journalistes ne sont pas repartis de leur addiction. Des chiffres sans efforts, des sujets sans imagination. Même pas cette question toute sotte sur la fiabilité des réponses des sondés.
Il y en a d'autres. Pourtant élémentaire sur des questions ou la légitimité importe. Par exemple sur le racisme. Posez la question : êtes-vous raciste ? Se fierait-on au pourcentage. Pourquoi pas si des scientifiques le disent et (...)

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On aurait pu croire que l'incrédulité à l'égard des sondages progressait. Difficile quand les journalistes ne sont pas repartis de leur addiction. Des chiffres sans efforts, des sujets sans imagination. Même pas cette question toute sotte sur la fiabilité des réponses des sondés.

Il y en a d'autres. Pourtant élémentaire sur des questions ou la légitimité importe. Par exemple sur le racisme. Posez la question : êtes-vous raciste ? Se fierait-on au pourcentage. Pourquoi pas si des scientifiques le disent et si on les lit dans Le Monde. Ainsi un politologue Vivent Tiberj soutien à partir d'une étude longitudinale que le racisme recule en France. Contre des indices concrets montrant le contraire. Les non spécialistes n'oseront probablement pas sensibles mais un politologue est membre d'un centre de recherche Émile Durkheim, un sociologue et ses continuateurs comme François Simiand très critiques sur les enquêtes d'opinion. Les durkheimiens étaient sur cette ligne jusqu' à des temps récents. Aujourd'hui il est possible de se moquer des classiques devenus de purs alibis.

24.09.2024 à 12:46

Insondable imbroglio

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« Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du Parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde » (Contrat social, livre III). La célèbre flèche de Jean-Jacques Rousseau ne vise plus seulement les Anglais depuis que d'autres pays comme la France confient aux élections la désignation de leurs dirigeants ; Elle peut même s'étendre à toutes les (...)

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Texte intégral (722 mots)

« Le peuple anglais pense être libre ; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du Parlement : sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. Dans les courts moments de sa liberté, l'usage qu'il en fait mérite bien qu'il la perde » (Contrat social, livre III). La célèbre flèche de Jean-Jacques Rousseau ne vise plus seulement les Anglais depuis que d'autres pays comme la France confient aux élections la désignation de leurs dirigeants ; Elle peut même s'étendre à toutes les fonctions politiques élues et pas seulement aux parlementaires. Rousseau avait d'ailleurs une image peu réaliste du régime parlementaire anglais du XVIIIe siècle où le corps électoral censitaire était très faible à peine plus de 1% de la population. Imbroglio est un mot poli pour désigner une situation pour laquelle la langue vulgaire ne manque pas de mots. C'est bien la situation qu'a créé de toutes pièces le Président de la République française dont on pourrait dire que comme un garnement, il n'en fait qu'à sa tête.

En provoquant des élections qu'il ne pouvait que perdre, il a ouvert un long cortège d'interrogations pour les analystes d'aujourd'hui et du futur. Il a engendré aussi un doute sur le caractère démocratique d'un régime où un homme seul peut autoritairement mettre tout le monde dans l'impasse. Quelle lecture faire des institutions dans ce cas où aucune majorité n'existe à l'Assemblée ? Des partis ont fait valoir qu'ils avaient une majorité relative et que le gouvernement devait leur revenir. Une lecture partisane pourquoi pas mais sans base constitutionnelle. Il n'y a de majorité qu'absolue pour voter un budget, une loi ou une motion de censure. D'autres soutiennent qu'une fois l'élection passée, il revient au Président et aux chefs de partis quels qu'ils soient à nouer des coalitions quelles qu'elles soient. Il n'y a pas de vérité constitutionnelle en la matière heureusement fort rare. Dans tous les cas, les chefs politiques font bon marché du vote. Certes, il est difficile d'interpréter des mouvements collectifs comme une élection au suffrage universel. L'exercice est devenu banal aux commentateurs mais repose largement sur une dépossession démocratique. On la voit plus ou moins bien selon les cas mais cette fois, elle est éclatante. Pour accentuer encore le Président a utilisé les manœuvres et les délais au-delà de la pratique de la République donnant l'impression qu'un Président associé à un gouvernement expédiant les affaires courantes pourrait être de son goût. Il y avait et il reste un parfum d'abus et peut-être même de coup d'Etat. La situation deviendrait-elle critique, comme le serait une simple démission du nouveau gouvernement, quelle issue aurait cette crise inédite ?

Dans cette situation d'incertitude, où la volonté populaire est soit indéchiffrable, soit contradictoire, soit inefficace, on peut s'attendre à un flux continu de sondages pour explorer les intentions de vote aux futures élections (cela a commencé), les cotes de popularité des chefs politiques, les opinions sur les démissions ou destitutions, etc. Ce sera un grand paradoxe puisqu'on va invoquer une opinion des sondages après avoir révoquée celle des urnes. Un peuple de sondés aurait-il plus de chances d'être entendu qu'un peuple d'électeurs ? Emmanuel Macron n'a pas écouté le peuple sondé pour dissoudre l'Assemblée nationale, il n'a pas écouté le peuple d'électeurs ensuite. Il n'est pas sûr que les Français se pensent si libres. Ce n'est pas une expérience originale mais comme on l'a vu dans d'autres cas d'instabilité politique et de dépossession démocratique accrue, les alternatives autoritaires deviennent séduisantes à plus d'électeurs et à plus d'élus. Sans doute les Français sont-ils intéressés par le spectacle. Combien de temps ?

28.08.2024 à 17:32

Au bonheur des constitutionnalistes

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Dans un temps où il est possible de sonder instantanément sur les questions le plus brûlantes, il est remarquable mais guère remarqué que certaines questions ne sont pas posées. Alors que la France se trouve dans une impasse constitutionnelle inédite, alors que les constitutionnalistes se trouvent en première ligne, où quelques uns s'inventent des titres de constitutionnalistes pour la presse, de nombreux citoyens ont leur opinion sur la situation constitutionnelle. Pourquoi pas puisque le Conseil (...)

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Dans un temps où il est possible de sonder instantanément sur les questions le plus brûlantes, il est remarquable mais guère remarqué que certaines questions ne sont pas posées. Alors que la France se trouve dans une impasse constitutionnelle inédite, alors que les constitutionnalistes se trouvent en première ligne, où quelques uns s'inventent des titres de constitutionnalistes pour la presse, de nombreux citoyens ont leur opinion sur la situation constitutionnelle. Pourquoi pas puisque le Conseil Constitutionnel n'a plus un seul constitutionnaliste dans son cénacle de « sages ». Dans cette confusion, ne serait-il pas intéressant de savoir quel est le niveau de connaissance des Français ?

On conviendra qu'en l'espèce, à la différence de la politique en général où il suffit d'avoir une opinion informée ou pas, il faut connaître minimalement la constitution pour s'engager dans la controverse juridique. Nous ne parlons pas d'une compétence des spécialistes mais d'une simple connaissance qui peut se traduire par la question : « avez-vous lu la constitution ? ». Bien sûr il y aurait beaucoup de vantardise de sondés portés à surestimer leur connaissance. Mais combien ? Il faudrait bien sûr poser des questions subséquentes sur les dispositions de quelques articles et l'on aurait une vision plus sûre. N'osons aucun jugement a priori. On pourrait aussi demander aux sondés s'ils sont favorables à l'enseignement de la constitution dès l'école puisque tel n'est pas le cas. Il est vrai que le texte constitutionnel n'est guère séduisant et qu'il faut être constitutionnaliste pour en dénicher les bonheurs.

L'épisode actuel d'une dissolution ayant tourné à l'impasse constitutionnelle laisse dubitatif sur la compétence de celui qui a en principe la tâche de veiller à la constitution. Certes Emmanuel Macron n'est pas un analyste électoral ou n'en écoute pas. Sinon, il n'aurait pas dissous avec l'assurance d'un fiasco. Mais pour plonger le pays dans l'impasse, faut-il avoir quelque compétence constitutionnelle ? La dissolution est un fusil à un coup, au moins pour un an, et si le résultat ne convient pas, cela donne une cohabitation ou encore comme ce n'était jamais arrivé, une paralysie. Fâcheux quand la responsabilité doit être imputée à celui qui a en charge « le respect de la constitution » (article 5).

Les constitutionnalistes sont « attendus » sur le terrain des solutions pratiques. Ils peinent manifestement à en trouver. Pas de solution possible avant dix mois sans certitude de résultats viables. Il est difficile de maintenir aussi longtemps une situation provisoire flirtant déjà avec les limites de la légalité. La constitution n'est pas de beaucoup de secours : impossibilité légale de dissoudre à nouveau (article 12), impossibilité arithmétique de la destitution (article 68). A situation exceptionnelle, elle n'offre que réponse exceptionnelle. Bien sûr, il y a cet article 16 prévue pour garantir le fonctionnement régulier des institutions. Utilisé une fois face au putsch de généraux. Personne n'ose le suggérer. Pourtant, des troubles de l'ordre public sont prévisibles si le provisoire durait trop longtemps.

Selon un autre réflexe herméneutique, on va chercher du côté des parallèles historiques. A gauche, on a fatalement exhumé le fantôme de Mac Mahon démissionnaire en 1879 après une dissolution ratée en 1877 et l'avènement d'un Sénat républicain en 1879. On n'a pas encore envisagé un autre épisode plus brutal, longtemps au cœur de la mythologie républicaine. Il y a bien des raisons d'exclure a priori l'hypothèse d'un coup de force présidentiel comme celui du 2 décembre 1851 du premier président de la République Louis Bonaparte, élu au suffrage universel. Après tout, on n'est plus sous la Seconde république où le Président de la République ne pouvait solliciter une deuxième mandat comme Emmanuel Macron aujourd'hui ne peut en solliciter un nouveau. Et tout le monde excluait un coup de force qui eut bien lieu au grand dam des contemporains qui, comme Hugo ou Marx, y virent une farce, tant il était annoncé sans que personne n'y croit vraiment. Ce 18 brumaire inaugura néanmoins un régime autocratique de dix-neuf ans. C'est entendu, on est aujourd'hui mieux assuré de la solidité des valeurs et institutions démocratiques. Il est plus probable que l'on s'oriente vers une solution pragmatique de la Troisième République : la grève des ministères. Faute de candidats pour le poste de chef de gouvernement, une fois toutes les combinaisons épuisées, il faudra changer le Président. Sans garantie qu'une nouvelle élection présidentielle sauve la mise.

Les constitutionnalistes ont beau jeu de mettre l'accent sur l'ambivalence d'une constitution mi présidentielle et mi parlementaire, une ambiguïté toujours pas résolue au gré des opportunismes de toutes tendances. Un Président peut-il choisir les partenaires d'une cohabitation ? Ils ne l'ont pas fait jusqu'à maintenant. Emmanuel Macron si. Il n'a donc pas choisi la lecture parlementaire contrairement à ses prédécesseurs. Sans franchir la ligne rouge de la constitutionnalité ? On n'en est pas sûr et cela laissera des traces. L'opposition classique entre présidentialisme et parlementarisme n'est sans doute pas un prisme suffisant pas plus que la vision d'une constitution comme d'un corps de textes plus ou moins bien ficelés. Toute constitution est un bricolage et la constitution française n'a aucun privilège en la matière.

Le droit vise à apporter des réponses pratiques plus à expliquer. Or non seulement, on ne saurait éviter le désir humain d'explications mais cela pourrait bien être une nécessité vitale. Devant un faillite aussi grave, les analystes sont allés sur le terrain habituel de la psychologie. Quand la conduite d'un acteur est incompréhensible selon les schèmes habituels de la raison, le plus souvent l'intérêt – l'intérêt ne saurait mentir disait Montesquieu – les analystes se plongent dans la personnalité de leur personnage, en appelant éventuellement à la psychanalyse. La psyché d'Emmanuel Macron n'en a pas fini d'être auscultée.

Un sociologue ne se satisfait pas de cette réponse qui individualise les actions et conduites. D'autant moins que les démonstrations manquent à l'appel. On ne récuse pas le diagnostic de narcissisme, ce trait de personnalité si contemporain que Christopher Lasch l'a désigné comme le penchant psychologique majeur de notre temps. Hélas sas possibilité de correction. Il est vrai qu'en l'espèce, les relations qui prévalent autour des chefs empruntent beaucoup aux mécanismes de cour et encouragent le penchant. Car Emmanuel Macron ne s'est pas fourvoyé tout seul. Y a-t-il autour de lui des conseillers aussi éloignés du réel ou si respectueux qu'ils préfèrent se taire ? On saura mieux quand les langues se délieront. La patience des historiens éclaircira certains points même si le secret du pouvoir, l'ancien arcanum imperi de la politique baroque, résiste mal à la société d'information et d'indiscrétion. D'ores et déjà, l'observation des postures, l'analyse des discours éloignent des parallèles historiques. Il ne s'agit pas d'apprenti empereur ou de militaire monarchiste mais de dirigeants d'aujourd'hui qui ont adopté des visions politiques d'aujourd'hui, qui reprennent étrangement les représentations du new management telles qu'elles sont apprises dans les business schools. On nous pardonnera de ne pas aller plus avant, pour le moment, dans l'examen de cette hypothèse.

31.07.2024 à 13:23

Un Premier ministre ?

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Un mois après la fin du scrutin législatif, qui a vu la défaite des sondeurs avec l'échec relatif du RN, la situation politique, sans surprise, est toujours dans l'impasse. Les sondeurs toujours eux, comme ils en pris l'habitude, ne ce sont pas faits prier pour faire leurs propositions. Même si on imagine toujours aussi mal, eux aussi sans doute, qu'on puisse les écouter.
Pour le RN, si il fidèle à sa conduite, c'est Jordan Barbella qui devrait être désigné comme Premier ministre. A droite aucun (...)

- L'opinion « ça se travaille » / , , , , ,
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Un mois après la fin du scrutin législatif, qui a vu la défaite des sondeurs avec l'échec relatif du RN, la situation politique, sans surprise, est toujours dans l'impasse. Les sondeurs toujours eux, comme ils en pris l'habitude, ne ce sont pas faits prier pour faire leurs propositions. Même si on imagine toujours aussi mal, eux aussi sans doute, qu'on puisse les écouter.

Pour le RN, si il fidèle à sa conduite, c'est Jordan Barbella qui devrait être désigné comme Premier ministre. A droite aucun candidat commun n'a jusqu'à présent émergé des conciliabules et autres tractations entre le Président Macron et les députés. A gauche après le rejet sans surprise des candidats de LFI, une coalition alliant principalement les Verts, les Socialistes et les Communistes c'est finalement accordé une parfaite inconnue, Lucie Castets. Mais surtout une néophyte absolue en politique. Il n'a pas fallu très longtemps à la potentielle candidate, haut-fonctionnaire de son état, et responsable des finances de la ville Paris, pour se prendre au jeu et demander à E. Macron de la nommée Premier ministre. Demande refusée « naturellement ».

Questionné les « Français » dont la culture politique et la compétence en la matière en particulier est pour le moins discutable, est déjà une plaisanterie, ils ont eux néanmoins comme c'était à prévoir refusé illico le nom de cette « nouvelle » énarque [1] mais croire qu'une inconnue en politique puisse être accepté par une majorité même relative de responsables politiques est une aberration. Sauf peut-être pour les membres du Front populaire, mais rien n'est moins sûr.

La trêve liée aux jeux olympiques semble, du moins en apparence, inviter à une pause. Comme si on pouvait croire pareil argument. A suivre.


[1] Sondage Elabe pour BFMTV, 58% des sondés sont contre sa nomination, 25 juillet 2024.

27.07.2024 à 21:53

Un début d'été presque sans sondage ? C'était faire fi de Bolloré

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Moins d'une semaine après un sondage du 18 juillet qui annonçait une « belle » unanimité des Français face aux récidivistes (87% et pour lesquels la justice doit se montrer beaucoup plus sévère), deux nouvelles « enquêtes » affichaient là encore une confortable majorité, l'une soutenant l'intervention de l'armée contre le trafic de drogue dans les quartiers (70%), et l'autre réclamant des peines automatiques contre les agresseurs de policiers (75%).
Inutile de revenir sur les questions sauf pour dire une fois de (...)

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Moins d'une semaine après un sondage du 18 juillet qui annonçait une « belle » unanimité des Français face aux récidivistes (87% et pour lesquels la justice doit se montrer beaucoup plus sévère), deux nouvelles « enquêtes » affichaient là encore une confortable majorité, l'une soutenant l'intervention de l'armée contre le trafic de drogue dans les quartiers (70%), et l'autre réclamant des peines automatiques contre les agresseurs de policiers (75%).

Inutile de revenir sur les questions sauf pour dire une fois de plus qu'elles sont des pousse-au-crime qui ne peuvent récolter que ce pour quoi elles ont été formulées. D'autant et ce n'est pas un détail, si on a préalablement constituer un échantillon à sa mesure. En résumé c'est du Bolloré. Rien nouveau, sauf sans doute qu'il s'agit là d'une véritable d'une stratégie en vue d'une élection prochaine, la présidentielle si possible, à la manière de Patrick Buisson, mais avec trois différences au moins notoires. Le sondeur, CSA, un temps disparu du paysage sondagier, mais bien de retour, un journal le Jdd (quand il n'est pas rejoint pas d'autres publications du groupe), et enfin l'argent, celui de Bolloré. On en viendrait presque à regretter Robert Hersant.

A suivre.

20.07.2024 à 19:53

Péril en la demeure : de Buisson à Bolloré

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La montée en puissance du RN dans les élections européennes puis législatives de 2024 a surpris tout le monde. Au soir du 31 juillet, la perspective du RN au pouvoir a même désinhibé ses membres qui ont cru au triomphe si naïvement qu'ils en ont commis des fautes. Le second tour a créé une autre surprise par une inversion de l'ordre d'arrivée qu'expliquent le jeu des désistements et des calculs tactiques des électeurs. Pour les nouveaux gagnants très « relatifs » du NFP qui n'avaient pas de quoi se vanter (...)

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La montée en puissance du RN dans les élections européennes puis législatives de 2024 a surpris tout le monde. Au soir du 31 juillet, la perspective du RN au pouvoir a même désinhibé ses membres qui ont cru au triomphe si naïvement qu'ils en ont commis des fautes. Le second tour a créé une autre surprise par une inversion de l'ordre d'arrivée qu'expliquent le jeu des désistements et des calculs tactiques des électeurs. Pour les nouveaux gagnants très « relatifs » du NFP qui n'avaient pas de quoi se vanter sinon d'avoir évité le pire, on se crut aussi au firmament. Les professionnels et amateurs de la politique ont ce défaut de croire aux bonnes nouvelles. Il revient donc aux scientifiques, pour peu qu'ils ne soient pas enclins aux illusions heureuses, de les détromper. « Agents politiquement passifs », ils sont aussi concernés parce que la politique affecte leur activité.

L'extrême droite a donc conforté un peu plus son avancée au point de faire miroiter le pouvoir à brève échéance. « Ce n'est que partie remise » a assuré Marine Le Pen. L'espoir n'a paru exagéré à personne. Certes, les élections intermédiaires sont favorables au vote sanction. Ce fut le cas avec les élections européennes dont le mode de scrutin proportionnel constituait un avantage pour les oppositions. Toutefois, il apparaissait déjà que le vote RN relevait de plus en plus d'un vote d'adhésion et non plus seulement de protestation. Il faudra expliquer non point en termes psychologiques mais rationnels comment Emmanuel Macron a pu dissoudre dans une si mauvaise situation où allait jouer un effet de sillage. Quel chef engage une bataille avec la certitude d'une déroute. On ne lit manifestement pas Clausewitz à l'Elysée. Ni la sociologie électorale. Ni non le droit constitutionnel.

Selon les partisans d'une neutralité absolue - mais y en a-t-il ? – la vocation des scientifiques devrait être de décrire et analyser la progression du RN sans la condamner et encore moins chercher à l'empêcher. Ce serait oublier que les scientifiques, déjà bien maltraités, ont encore plus à perdre d'un parti qui cultive communément l'anti-intellectualisme, attire la prédilection des nouveaux irrationalismes, complotisme, climatoscepticisme, anti-vaccins, etc. Ils sont et seront les premières cibles de l'offensive contre la liberté d'expression et donc la liberté académique [1]. Même s'ils peuvent compter sur d'autres pour les défendre, on ne comprendrait pas qu'ils restent silencieux. Leur sort dans les régimes illibéraux décomplexés d'aujourd'hui ne laisse pas place aux tergiversations et au réflexe si commode du « mol oreiller du doute ».

Spontanément, une première réponse serait la critique des thèses contestées et des partis qui les portent [2]. Cette critique est souvent dédaignée comme vulgaire. Non sans réalisme tant il n'est pas sûr qu'elle soit très efficace contre un populisme qui ne se nourrit pas de vérité et d'intelligence mais de l'inverse. Dire à des gens ce qu'ils ont envie d'entendre, aussi stupide cela soit-il, cultiver les haines, désigner les boucs émissaires, est à soi seul un programme d'avenir. Disons le sans nuances, les lubies des idéologues réactionnaires de la Troisième République, les Edouard Drumont, Léon Daudet ou Charles Maurras ne sont pas seulement haineuses, elles sont sottes. Ne faisons pas semblant de prendre ces idéologues pour des penseurs. Plutôt que de se laisser prendre au piège de la réfutation où ils paraissent pris au sérieux, il faut comprendre les moyens de lutte mis en œuvre par le RN et d'autres dans le monde. La mise en valeur d'une « guerre culturelle » a quelque chose de trompeur quand il s'agit de clichés, de pulsions et d'opinions. La force des idées n'est pas une propriété intrinsèque des idées – sur quel critère ? la vérité ? l'utilité ? - mais dépend de la force des moyens matériels de les imposer. Il serait vain de réagir en mettant en cause – c'est-à-dire en valeur - les vieilles lunes xénophobes et racistes d'une extrême droite de jadis mais de comprendre comment elles peuvent être exhumées.

Si, après un long et heureux oubli, les anciennes plumes de l'extrême droite préfigurant les fascismes [3]. le doivent à des publicistes en mal d'inspiration. Encore faut-il exhumer les morts avec une apparence de sérieux. Patrick Buisson cultiva l'idée d'une guerre des idées empruntée à Antonio Gramsci, ancien secrétaire général du Parti Communiste Italien. Une pied de nez à ses adversaires de gauche et une vantardise tant Patrick Buisson, historien raté, se paraît de compétences qu'il n'avait pas. A cet enrobage, il ajouta la prétention à l'expertise en matière des sondages. Ce fut le nœud de son entreprise, économique et politique, quand il réussit à accaparer la faveur de Nicolas Sarkozy, qui, facilement impressionnable, crut lui devoir son élection à la présidence de la République. En retour, celui-ci offrit une ressource essentielle pour réussir dans la manipulation : l'argent.

En 2009, l'Observatoire des sondages avait commencé à mettre à jour des manœuvres médiatiques basées sur des sondages. A partir d'une critique méthodologique, on avait cru repérer des modes d'action politiques inédits, relativement coordonnés. L'affaire des sondages de l'Elysée soulevée par la Cour des comptes, poursuivie dans la presse puis l'Assemblée nationale l'exhiba au grand jour. Aveu involontaire, je fus assigné en diffamation par la cheville ouvrière de ce mode d'action politique Patrick Buisson puis par Christian Latouche, propriétaire de Sud Radio. Longtemps après, Le Monde revenait sur un héritage : un système Buisson [4]. Si Patrick Buisson, mort en décembre 2023, pouvait encore revendiquer un tel héritage, c'est surtout au titre du dispositif de manipulation qu'il avait mis en place. En l'occurrence, il s'agissait pour lui de coordonner information et action politique, d'un côté des sondages qui produisaient les informations souhaitées et, de l'autre, des relais de ces informations. Patrick Buisson qui, comme journaliste, avait fait la critique des sondages, assurant qu'on pouvait leur faire dire ce qu'on voulait, avait compris qu'il pouvait les utiliser et accessoirement faire d'importants profits en vendant une expertise douteuse. Ancien conseiller polyvalent de Philippe de Villiers ou François Bayrou, il atteignit le sommet du conseil politique lorsqu'il obtint la confiance de Nicolas Sarkozy.

Pour mettre en œuvre le dispositif, il fallait des sondeurs. Un nouvel "institut", Opinionway, pionnier en matière de sondages en ligne, moins chers et par ailleurs désireux de grandir, exécuta les sondages commandés par Patrick Buisson. Des sondages payés par un conseiller du Président cela ne se refuse pas. Pas plus que ses desirata sur les questions et les interprétations. Le sondeur ignorait par contre que Patrick Buisson facturait double prix à son client caché l'Elysée. Les sondages étaient confidentiels quand ils venaient à l'appui de la réflexion stratégique. Invariablement, Patrick Buisson y voyait un renfort à sa ligne politique. Ils pouvaient encore servir à promouvoir cette politique dans le public. Il fallait alors Patrick Buisson y trouvait toujours de bonnes raisons de promouvoir ses visées. Encore fallait-il contrôler des médias. La faveur d'un président de la République ouvrait les portes. A sa demande, Martin Bouygues confia la direction de la chaîne Histoire qui devint un terrain pour nourrir les obsessions historiques de Patrick Buisson, Vichy, la Collaboration, la guerre d'Algérie. La guerre des idées ne néglige pas une histoire alternative. Plus directement opérationnel, la direction de grands médias s'apparentait à une complicité. Alors que Le Figaro avait été accusé de publier des sondages qu'il signait mais ne payait pas, son directeur Etienne Mougeotte jurait qu'il produirait les factures. Il ne le fit évidemment jamais. Bien d'autres se mirent au service de parrains aussi puissants. Le système Buisson avait son défaut car il avait besoin de secret. Or l'argent était surtout public et la Cour des comptes le révéla.

Le système Buisson continua plus discrètement pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. Son échec de 2012 y mit forcément un terme sans que le principe d'une guerre des idées fut abandonné par son promoteur obstiné mais vaincu, puis compromis dans une sombre affaire d'enregistrements clandestins. Le conseiller politique sulfureux trouva même un nouveau champion en Eric Zemmour. Encore un échec. Les recettes de Patrick Buisson n'étaient pas abandonnées d'autant plus qu'elles étaient simples, adaptées à des stratèges de partis et susceptibles d'amélioration. Elles pouvaient compter sur des héritiers plus jeunes, des témoins et disciples qui avaient peuplé les rédactions. Des médias étaient prêts, encore fallait-il des financements.

On vit alors apparaître le milliardaire Vincent Bolloré, nanti d'un plan de contrôle des médias par sa société Vivendi avec Canal Plus, Cnews, C8, Europe 1, le JDD. La concentration inédite en France des médias par un milliardaire, en principe à la retraite ne laisse aucun doute sur un projet politique. D'autres médias comme Le Figaro ou Paris Match participent peu ou prou à l'entreprise. On retrouve des affidés de Patrick Buisson à la tête de journaux comme Alexandre Brézé au Figaro mis en cause pour des éditoriaux favorables au RN avant les scrutins de 2024, si engagés qu'ils avaient embrassé la rédaction. S'ils ne sont pas directeurs de médias comme ce dernier ou Geoffroy Lejeune, ils ont leur place attitrée sur les plateaux des chaînes d'info en continu.

D'autres financiers pointent le bout du nez comme Michel-Edouard Sterin, proche de la famille Le Pen, qui a lancé des négociations pour acheter Marianne, interrompues par leur révélation. L'Humanité dévoilait peu après un plan confidentiel d'une vingtaine de pages, exposant un plan gramscien de guerre des idées. Sous l'égide d'une association nommée Périclès, la conquête du pouvoir par l'extrême droite se décomposerait en trois séquences : « la victoire idéologique, la victoire électorale et la victoire politique » [5]. Une dépense – faut-il dire un investissement de 150 millions d'euros ? - est affiché au service d'une « métapolitique » puisqu'on aime les mots ronflants quand la substance est faible. On ne trouve en effet aucune idée à proprement parler sinon les idées nationalistes, chrétiennes de l'extrême droite française mais les procédés concrets quoique flous pour l'emporter dans une lutte violente. La seul évocation d'une « guérilla judiciaire », déjà une menace de poursuites bâillons » donne un avant-goût du respect accordé à la liberté d'expression. Il flotte en même temps un parfum de politique néoconservatrice américaine dans cette alliance de la Bible et du profit de milliardaires intégristes et libertaires. Longtemps tenus relativement à l'écart de la politique française, les signes d'une désinhibition récente s'accumulent. Affaire de conviction mais aussi de profits attendus. Le programme du RN de privatiser France Télévision offre une perspective que les groupes financiers engagés dans la concentration des médias ne bouderaient pas.

Peut-on sourire de ces entreprises fumeuses qui jalonnent l'histoire de la République ? Dès avant les élections de 2024, les médias contrôlés par le groupe Bolloré ne s'embarrassaient guère de pluralisme. L'organisme de contrôle ARCOM a sanctionné la chaîne CNews par des amendes répétitives pour cause « d'encouragements aux comportements discriminatoires, manque d'expression des différents points de vue, incitation à des comportements dangereux, maîtrise de l'antenne… et surtout, honnêteté et rigueur de l'information » Plus conformes à des médias d'opinion qu'à des médias d'information, les débats y ont pris la première place. Tenant à la fois de ce qu'on appelle l'infotainment, mi-information, mi-divertissement, l'antenne est dévolue à des animateurs dont on ne sait s'ils ont une carte de presse, bien payés, loyaux à l'égard de leur employeur au point de le défendre en direct, intervenant au nom du bon sens commun à moins qu'ils n'invoquent l'opinion publique comme des pasteurs évangélistes s'adressent à Dieu. La proximité des élections européennes et encore plus les élections législatives anticipées ont accentué le mouvement pour ceux qui considèrent que « la partie est remise ».

Le hasard a voulu que les concessions TNT soient alors examinées par l'institution de contrôle, l'ARCOM. Au regard des réponses de dirigeants de Canal Plus, CNews et C8, les mêmes drapés dans leurs certitudes et leur mauvaise foi, du haut de leurs moyens financiers et de leurs chiffres d'audience, il ne saurait y avoir de doutes sur leur projet politique. Ce serait même leur faire injure de les croire inconscients de ce qu'ils font. Ces médias idéologiquement monocolores enferment leurs spectateurs dans des bulles médiatiques où ils sont sûrs d'entendre les mêmes propos et de ne pas être contrariés mais confrontés chaque fois par les déclarations de plateaux sans contradiction [6]. S'il n'y a pas de pluralisme, il ne faut pas attendre le trouver sur d'autres chaînes puisque le public concerné ne change pas. Les plus addicts passent des journées entières devant le même écran. Si, un moment distraits, ils s'adonnent à la conversation, ils répètent strictement les arguments de plateaux. Quant à une éventuelle diversification de l'information sur internet, on sait que les réseaux sociaux sont fréquentés avec une égale tendance à se conforter dans ses opinions.

On pourrait être enclin à ne rien voir de nouveau, en tout cas de différent de ce qui se passe en d'autres pays où des chaînes de télévision se mettent au service de candidats avec un parti-pris décomplexé. Rien de mieux que la propriété des médias pour les contrôler. Du coup les sondages paraissent un peu relégués par rapport au système Buisson mais toujours disponibles comme l'illustre la publication d'un sondage (une question en fait) dans le JDD du 18 juillet 2024. Une plébiscite pour une répression accrue de la délinquance.

« Sondage – 87 % des Français veulent que la justice soit plus sévère envers les délinquants ». L'article démarre par une contextualisation suggestive : « Alors que de nombreux crimes et délits en France sont perpétrés par des récidivistes, une enquête récente réalisée par l'institut CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD montre que la plupart des Français sont en faveur d'une justice plus stricte à l'égard des délinquants ». Et de continuer par le rappel du dernier fait divers de l'attaque d'un militaire de l'opération Sentinelle le 15 juillet. Et encore d'insister sur l'origine congolaise de l'agresseur. Bref, le sondage dit ce que les commanditaires lui demandaient. Les commanditaires ? Le JDD, Europe 1 et CNews sont tous des médias de la galaxie Bolloré. Et le sondeur CSA ? Une autre propriété de Vincent Bolloré. Au cas où les sondeurs habituels rechigneraient à participer à l'opération, il n' y a rien de mieux que de disposer de son propre « institut ». Patrick Buisson en aurait peut-être rêvé plutôt que de sous-traiter à un sondeur. La formule du cercle de manipulation reste la même. Avec de nouvelles possibilités. A quelles questions les sondés vont-ils répondre ? Leurs réponses seront relayées par les médias à la solde du même groupe, les politiciens invités à communier : l'opinion publique est avec eux (cf. Concentration horizontale : les médias Bolloré veulent plus de répression).

On aimerait exagérer le péril, n'être pas si proche d'un monde orwellien. Sans doute, notre critique est-elle succincte et pas au niveau d'un vrai travail scientifique. En la matière cependant, quand le processus sera plus encore avancé, que l'on aura mené avec une lenteur méthodique les recherches sur la concentration des médias et les effets des bulles médiatiques, il sera trop tard.

AG


[1] Sur ce lien, cf. Olivier Beaud, Le savoir en danger. Menaces sur la liberté académique, Paris, PUF, 2021.

[2] Gérard Noiriel, Le venin dans la plume. Edouard Drumont, Eric Zemmour et la part sombre de la République, Paris, La Découverte, 2021.

[3] Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche : l'idéologie fasciste en France, Paris, Seuil, 1983.

[4] Ariane Chemin, Vanessa Schneider, « Derrière la percée du RN ? le fantôme de Patrick Buisson, idéologue d'extrême droite et chantre de la « guerre culturelle », Le Monde, 6 juillet 2024.

[5] L'Humanité, 19 juillet 2024 ; Journal du Dimanche, 19 juillet 2024 ; Le Monde, 21-22 juillet 2024.

[6] Gérald Bronner, La démocratie des crédules, Paris, PUF, 2013.

18.07.2024 à 13:16

Concentration horizontale : les médias Bolloré veulent plus de répression

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Le JDD du 18 juillet 2024 publie un sondage aux chiffres unanimistes : « Sondage – 87 % des Français veulent que la justice soit plus sévère envers les délinquants ». L'article démarre par une contextualisation très suggestive : « Alors que de nombreux crimes et délits en France sont perpétrés par des récidivistes, une enquête récente réalisée par l'institut CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD montre que la plupart des Français sont en faveur d'une justice plus stricte à l'égard des délinquants ».
Et de continuer par (...)

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Le JDD du 18 juillet 2024 publie un sondage aux chiffres unanimistes : « Sondage – 87 % des Français veulent que la justice soit plus sévère envers les délinquants ». L'article démarre par une contextualisation très suggestive : « Alors que de nombreux crimes et délits en France sont perpétrés par des récidivistes, une enquête récente réalisée par l'institut CSA pour CNews, Europe 1 et le JDD montre que la plupart des Français sont en faveur d'une justice plus stricte à l'égard des délinquants ».

Et de continuer par le rappel du dernier fait divers de l'attaque d'un militaire de l'opération Sentinelle le 15 juillet. Et encore d'insister sur l'origine congolaise de l'agresseur. Après tout cela, peut-il exister des partisans de la clémence ? Devant tant de détermination, on aurait pu suggérer au sondeur de demander aux sondés - pardon ! les Français – s'ils sont favorables au rétablissement de la peine de mort. On aurait une bonne chance de se retrouver dans un pays favorable à ce rétablissement et à ce train de trouver bientôt une majorité parlementaire qui l'appliquerait.

Il y a d'autres questions de cet acabit que nous pourrions suggérer au sondeur. L'observatoire des sondages les a appelées des questions pousse-au-crime. La belle unanimité traduit bien ce que les commanditaires du sondage veulent faire croire sur ce sujet comme en d'autres. Le sondeur ? Un sondeur acquis par Vincent Bolloré, Le JDD ? Un hebdomadaire du groupe Vivendi possédé par Vincent Bolloré. Europe 1 ? Une station radio de Vincent Bolloré. CNews ? Une chaîne de télévision de Vincent Bolloré. Cela ne vous rappelle-t-il rien ?

08.07.2024 à 12:11

Les sondages ne sont pas « trompés »

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Au soir du deuxième tour des élections législatives du 7 juillet 2024, les sondeurs ont eu le triomphe modeste. Certes les sondages ne sont pas des prédictions, certes ils restent approximatifs, certes ils sont difficiles à mener sur des élections au scrutin uninominal local, etc. Mais tout de même il fallait deviner le tiercé gagnant. Et là c'est réussi. Certes dans un ordre inverse à l'ordre annoncé ; et avec quelques menus écarts en pourcentages. Qu'importe ! Quoi qu'on dise ils seront là la prochaine (...)

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Au soir du deuxième tour des élections législatives du 7 juillet 2024, les sondeurs ont eu le triomphe modeste. Certes les sondages ne sont pas des prédictions, certes ils restent approximatifs, certes ils sont difficiles à mener sur des élections au scrutin uninominal local, etc. Mais tout de même il fallait deviner le tiercé gagnant. Et là c'est réussi. Certes dans un ordre inverse à l'ordre annoncé ; et avec quelques menus écarts en pourcentages. Qu'importe ! Quoi qu'on dise ils seront là la prochaine fois

182 NFP ; 168 EN ; 143 RN ; 46 LR ; 14 Droite ; 13 Gauche ; 6 Centre ; 4 Régionalistes ; 1 Divers

NB : pour les (quelques ?) lecteurs qui n'auraient pas compris, le titre de l'article est ironique.

A titre de rappel

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