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Observatoire critique des médias né du mouvement social de 1995

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25.03.2023 à 10:53

Réforme des retraites, violences policières, Les Échos et compagnie : revue de presse de la semaine

Maxime Friot

Du 18/03 au 24/03.

- L'actualité des médias
Texte intégral (1900 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 18/03/2023 au 24/03/2023.

Critique des médias

Réforme des retraites :

« 49.3, motion de censure, réquisitions : à la télé, la normalisation des violences policières », Acrimed, 21/03.

« 49.3 : les chaînes d'info s'enflamment (contre les manifestants) », Arrêt sur images, 19/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Grève des éboueurs : avec BFMTV dans "l'enfer des poubelles" et le déferlement des rats », Samuel Gontier, Télérama, 20/03.

« Une interview d'Emmanuel Macron aux petits oignons », Samuel Gontier, Télérama, 22/03.

« "L'événement" sur France 2 : Caroline Roux fait régner l'ordre », Arrêt sur images, 24/03 [article complet réservé aux abonnés].

Mais aussi :

« Zemmour sur France 2 : Léa Salamé moins gênante qu'une table », Arrêt sur images, 20/03.

« La télé peine à trouver la recette pour parler réduction de viande, malgré l'urgence climatique », 20 Minutes, 20/03.

« Une femme qui ne veut pas baiser, décidément ça ne passe pas. Sur le sexisme du Canard Enchaîné », Les mots sont importants, 22/03.

Économie des médias

« La presse aussi a son lobby », La revue des médias, 20/03.

« A "Midi libre", la direction envisagerait un plan de départs contraints pour 45 salariés », Le Monde, 21/03 [article complet réservé aux abonnés].

« En liquidation, VSD suscite des offres dérisoires », L'Informé, 20/03 [article complet réservé aux abonnés].

« M6 : La rémunération de Nicolas de Tavernost pour l'année 2022 révélée », Pure Médias, 21/03.

« Le groupe Reworld Media a toujours soif d'acquisitions », Le Figaro, 23/03 [article complet réservé aux abonnés].

Dans les rédactions

Focus sur Les Échos :

« Au quotidien "Les Echos", l'éviction de Nicolas Barré de la direction de la rédaction soulève l'incompréhension », Le Monde, 22/03 [article complet réservé aux abonnés].

« LVMH et fraude fiscale : débarquement aux "Échos" », Arrêt sur images, 22/03 [article complet réservé aux abonnés].

« La rédaction des Echos décide d'une grève des signatures », L'Informé, 22/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Éviction aux "Échos", les journalistes en grève des signatures », Arrêt sur images, 23/03 [article complet réservé aux abonnés].

Mais aussi :

« Jean-Marc Four prend la tête de RFI », Télérama, 20/03.

« France Inter : la directrice de l'information Catherine Nayl annonce son départ », L'Informé, 21/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Méthodes brutales du groupe SIPA Ouest-France pour congédier la rédactrice en chef du Marin », communiqué intersyndical, 21/03.

« "Le Canard enchaîné" se déchaîne contre Christophe Nobili, des salariés désavouent la direction », Télérama, 20/03.

À signaler, aussi

Violences policières contre les journalistes :

« Manifestations : RSF dénonce la multiplication des violences policières contre les journalistes et des entraves à l'information », Libération, 22/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Deux journalistes en garde à vue à la suite des manifestations contre la réforme des retraites », SNJ, 18/03.

« Le ministre de l'Intérieur doit mettre fin aux violences policières contre les journalistes qui couvrent les manifestations contre la réforme des retraites », RSF, 24/03.

« Traumatisme crânien et main fracturée : un journaliste frappé par un policier de la Brav-M dans la manif parisienne témoigne », Libération, 24/03 [article complet réservé aux abonnés].

Mais aussi :

« France Info : Un mouvement de grève imprévu perturbe l'antenne, l'interview d'Olivier Véran annulée en dernière minute », Pure Médias, 24/03.

« Soutien aux journalistes agressés à Fos », SNJ, 21/03.

« Quand l'extrême droite s'attaque aux médias locaux », Blast, 23/03.

« Menacé de mort, le journaliste Martin Boudot sous surveillance policière », Télérama, 24/03.

« Pour une Association de journalistes antiracistes et racisé.e.s », Libération, 20/03.

« Dans les médias, des rédactions encore trop "monochromes" », Le Monde, 21/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Chez France TV, pas de sanction contre la corruption », Blast, 19/03.

« "En censurant le journal L'Envolée, l'administration pénitentiaire étouffe un peu plus la parole des personnes enfermées" », Le Monde, 19/03 [tribune complète réservée aux abonnés].

« Euronews mise sur les publireportages et l'info de Bruxelles », Arrêt sur images, 22/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Olivier Dubois, journaliste otage au Mali, a été libéré », Libération, 20/03.

« Rachid M'Barki, la longue chute d'un historique de BFM TV », Libération, 21/03 [article complet réservé aux abonnés].

Dans le monde

« Les médias chinois, relais de la propagande russe », Libération, 20/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Propagande en Russie : à la télévision, les nuances de la contrevérité », Libération, 19/03 [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi : Sénégal, Équateur, Inde, Turquie...

Parutions

« Retraites : l'éditocratie avec Macron », Médiacritiques n°46, avril-juin 2023.

Le Nouveau Monde des médias, Nathalie Sonnac, Odile Jacob, 22 mars 2023.

Agenda

27/03 – 1/04 : Semaine de la presse et des médias dans l'école.

27/03 – 1/04 : Assises du journalisme, à Tours.

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

21.03.2023 à 12:05

49.3, motion de censure, réquisitions : à la télé, la normalisation des violences policières

Maxime Friot, Pauline Perrenot

Texte intégral (2498 mots)

Nasses, arrestations arbitraires, charges, gaz lacrymogènes, coups de matraque, entraves sur les journalistes et reporters [1]... : les images de la répression policière se multiplient sur les réseaux sociaux… Diffusées aussi à la télé pour une partie d'entre elles, elles ne sont, en revanche et dans un premier temps, pas présentées pour ce qu'elles sont : des violences policières. En lieu et place, le journalisme de préfecture donne une nouvelle fois toute sa mesure.

Les jeudi 16, vendredi 17, samedi 18, dimanche 19 et lundi 20 mars, de nombreuses opérations de blocage et manifestations « spontanées » ont eu lieu en France (Paris, Lyon, Nantes, Marseille, Rennes, Strasbourg, Brest, Lille, Dijon, etc.), en réaction à l'adoption du 49.3 par le gouvernement pour imposer la contre-réforme des retraites (16/03) et au rejet de la motion de censure (20/03). Si ces mobilisations ont été en partie couvertes, notamment sur les chaînes d'information en continu, les violences policières qui s'y sont déchaînées firent une nouvelle fois l'objet d'un traitement au rabais... pour ne pas dire d'un non traitement.

Sur BFM-TV, les images de la répression servent de décorum : diffusés en arrière-plan de débats en plateau, les directs des reporters captent parfois des violences policières, qui ne sont la plupart du temps ni relevées, ni questionnées, ni a fortiori critiquées. Le déphasage médiatique est à son point culminant : imperturbables, les professionnels du commentaire discutent sondages, stratégies politiques et péripéties parlementaires, sur fond de manifestations réprimées et s'interrompent, très ponctuellement, pour entendre un « consultant sécurité » ou un journaliste de terrain... Aussi, peu avant 23h le 18 mars, lorsqu'un journaliste de la chaîne interroge des manifestants interpellés puis relâchés sans poursuite, cela dénote. Un traitement bienvenu, qui n'en demeurait pas moins l'exception à la règle (éditoriale) de la chaîne d'information en continu : montrer des images de violences policières – comme par « accident » tant beaucoup furent passées sous silence –, sans les nommer, ni même les traiter comme une information à part entière. Une démarche qui équivaut à les normaliser ? Mais signalons un changement de ton à compter du 21 mars, avec notamment les chroniques « Retraites : des arrestations violentes de manifestants dénoncées dans des vidéos sur les réseaux sociaux » et « Y'a-t-il un problème de maintien de l'ordre lors des manifestations ? » Mieux vaut tard que jamais...

Dans les 20h, le service minimum est à l'œuvre. Le 16 mars, les violences exercées par la police pour casser le piquet de grève tenu par des éboueurs de l'entreprise Pizzorno à Vitry-sur-Seine restent par exemple dans l'angle mort de la rédaction de TF1. La séquence avait pourtant été documentée plus tôt dans la journée, notamment par le journaliste Clément Lanot ou par Le Parisien. Du côté de France 2, le sujet consacré à l'« évacuation » est exemplaire de la dichotomie caractérisant la couverture ordinaire de ces faits : alors que des images de violences policières défilent à l'écran, la voix-off qui les commente se charge de les travestir, préférant parler de « scènes de tensions » et d'« affrontements avec les forces de l'ordre ».

Rappelons qu'un manifestant au sol, isolé au milieu d'une dizaine de policiers et frappé à coups de pied par l'un d'entre eux, n'« affronte » pas la police, mais en est la victime. Par charité, France 2 laisse l'un des grévistes témoigner. Son temps de parole ? 3 secondes : « Ils nous ont gazés et c'était pas la peine, on n'était pas violents. » Le reste du sujet consiste à légitimer les réquisitions des éboueurs – parole préfectorale et micros-trottoirs de Parisiens « excédés par les montagnes d'ordures » à l'appui –, sans aucune espèce de distance critique : « Comment ces réquisitions vont-elles se dérouler ? » interroge benoîtement la rédaction.

Le lendemain, lorsque les JT abordent une deuxième opération de police dirigée cette fois-ci contre les grévistes de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, le traitement journalistique suit la même partition (17/03). Sur France 2, les violences policières sont « contextualisées » – sinon justifiées : « Tensions ce matin, à Ivry-sur-Seine. Les gendarmes tentent de déloger un piquet de grève devant ce barrage abritant des camions-bennes. Les agents résistent. Échauffourées. Un délégué syndical est mis à terre puis menotté. » Sur TF1, les images des reporters diffusées parlent d'elles-mêmes – coups de bouclier, usage de gazeuses à bout portant, charges –, mais la rédaction tient à les tempérer par des commentaires de partis pris aussi insidieux qu'inappropriés – « Les forces de l'ordre aimeraient sans doute éviter ce genre de scène » – et d'euphémismes systématiques : « L'accès au site a été libéré, mais au prix de vives tensions. » Comme sur France 2, le témoignage d'un gréviste faisant état de violences policières ne dure que trois secondes [2] : le temps du pluralisme dans les JT ?

Déferlement de violences policières à Paris : nouvelle omerta médiatique

En plus des actions syndicales, la répression a frappé de plein fouet les mobilisations « spontanées ». [3] Dans les JT sont notamment évoqués les rassemblements parisiens qui se sont tenus place de la Concorde (16 et 17 mars) et dans le quartier de la place d'Italie (18 mars). Trois soirs de violences policières débridées... et trois soirs d'omerta médiatique.

Les rédactions des « 20h » de TF1 et France 2 disposaient pourtant, à chaque fois, de reporters sur place. Mais en vain... Le 16, Anne-Sophie Lapix se contente d'annoncer que « les forces de l'ordre viennent d'intervenir » place de la Concorde et quelques minutes plus tard, un journaliste en duplex profite de sa présence in situ non pour témoigner de ce qui s'y passe, mais pour annoncer la future date prévue par l'intersyndicale. L'intérêt du « terrain », sans doute... Il en va de même sur TF1. « Un rassemblement place de la Concorde est en train d'être dispersé par la police » déclare « sobrement » Gilles Bouleau en gros-titre. Les images tournées par les reporters de la chaîne sont diffusées pendant une poignée de secondes, lissées par un bref commentaire du présentateur : « Vous allez le voir sur ces images, il y a quelques minutes, les forces de l'ordre ont procédé à l'évacuation avec des canons à eau de la place de la Concorde où s'étaient rassemblés environ 6 000 manifestants. » Information délivrée !

Aucune des deux rédactions n'approfondira cette séquence dans les éditions du lendemain, qui verront au contraire le journalisme de préfecture se durcir dans les deux cas (17/03). Sur France 2, alors qu'elle annonce que la manifestation de la veille a « dégénéré en affrontements », la rédaction fait l'impasse sur les violences policières et les arrestations massives (292 gardés à vue, dont 283 sortiront sans poursuite). Mêmes œillères et même primeur donnée à la parole préfectorale sur TF1 : « La place de la Concorde est à nouveau sous haute surveillance » prévient Anne-Claire Coudray, avant d'introduire un nouveau duplex minimaliste (1 minute), qui donnera l'occasion à Thomas Misrachi d'évoquer deux réalisations de manifestants – un « feu » et une « barricade » – et d'indiquer le dispositif policier sans le moindre commentaire : « Des centaines de policiers et des canons à eau ont été mobilisés. » Aucun témoignage.

Le soir-même sur Twitter, le photojournaliste indépendant Maxime Sirvins décrit « la fin du rassemblement place de la Concorde » comme « sûrement le moment le plus malsain que j'ai pu voir en maintien de l'ordre. Une nasse avec des percées pour faire des interpellations aléatoire [sic] en boucle pendant que derrière ça parlait "de faire du chiffres [sic]". » [4] Une journaliste du Média en fut d'ailleurs victime, violemment interpellée puis placée en garde à vue. Mais le lendemain, rien de tout cela ne trouve sa place dans les JT (18/03). Comme de droit, France 2 diffuse à la chaîne des images de « violences » de manifestants (des dégradations de biens commises à Lyon et à Bordeaux) pour mieux relativiser celles de la police : « les forces de l'ordre interviennent, parfois de façon musclée. » Le lexique journalistique pour (ne pas) parler de violences policières est parfaitement maîtrisé ! Quant à TF1, Anne-Claire Coudray tricote les formules traditionnelles du lexique policier : « La mobilisation a clairement aujourd'hui pris deux visages. D'un côté, la violence et la radicalité des militants de l'ultra-gauche, de l'autre, les opérations organisées par les syndicats. » Dans le quartier de la place d'Italie le 18 mars, les témoignages vidéo de violences policières ont beau être postés par dizaines sur les réseaux sociaux par des manifestants ou des reporters indépendants, TF1 continue de piétiner l'information : « des manifestations qui dégénèrent » et des « tensions » avancent les journalistes (19/03). C'est dans le « 13h » du 19 mars qu'on trouvera une (courte) prise de distance : « Face [aux manifestants], un dispositif sécuritaire très étoffé, aux réactions parfois gratuites, et un peu fébriles, compte tenu de protestataires majoritairement pacifiques. » Il faudra s'en contenter...

***

Le traitement médiatique de ces derniers jours résonne avec le début de la mobilisation des Gilets jaunes, fin 2018, quand les violences policières n'étaient pas traitées comme telles – rappelons qu'il avait fallu deux mois avant que le sujet ne fasse l'agenda. Certes, les entraves répétées des « forces de l'ordre » envers le travail des reporters et journalistes n'aident en rien la documentation des pratiques policières, si ce n'est celles contre le droit d'informer… Mais le problème vient moins des journalistes sur le terrain que des chefferies éditoriales qui décident ou non de faire des violences policières un sujet en soi : une nouvelle fois, et aux dépens d'informations d'intérêt général, ces dernières mobilisent leur pouvoir d'agenda au service du « maintien de l'ordre »... et de la répression.

Maxime Friot et Pauline Perrenot


[2] « Ils viennent, ils nous chargent, ils nous mettent des coups de bouclier dans la bouche. Est-ce que c'est normal ? »

[3] De nombreux journalistes et reporters vidéo indépendants permettent de documenter les violences policières. Quelques exemples (loin d'être exhaustifs et surtout basés à Paris...) : Amar Taoualit, Clément Lanot, Jules Ravel, AB7 Média, La Luciole – Média, Le Média, QG le média libre, Adrien AdcaZz...

18.03.2023 à 11:12

Mobilisation sociale, La Provence, Kretinsky et compagnie : revue de presse de la semaine

Maxime Friot

Texte intégral (1960 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 11/03/2023 au 17/03/2023.

Critique des médias

Mobilisation sociale contre la réforme des retraites :

« Retraites : sur RTL, l'opinion, ça se travaille », Acrimed, 15/03.

« Grève des éboueurs : BFMTV en direct du caniveau », Arrêt sur images, 15/03.

« "Les Informés" de France Info : la réforme des retraites sous l'angle droite », Alternatives économiques, 17/03 [article réservé aux abonnés].

Mais aussi :

« Les médias "trop de gauche" ? Quand les éditocrates prennent leurs cauchemars pour des réalités », Acrimed, 16/03.

« Aux origines de la droitisation du débat public », Pauline Perrenot, Agone, 17/03.

« Télé Bolloré : des clashs et du trash jusqu'à quand ? », La Dépêche du Midi, 12/03.

« Cigarettes et médias : le grand enfumage », Arrêt sur images, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Darmanin : une conférence de presse, deux visions éditoriales », Arrêt sur images, 12/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Les Arméniens ne dormaient pas. Retour sur un reportage d'Arte TV, et son titre consternant », Les mots sont importants, 14/03.

« Éclaboussure. Quand un quotidien de gauche entérine la dédiabolisation de l'extrême droite », Les mots sont importants, 13/03.

« Propagandistes sans le savoir », Observatoire des sondages, 13/03.

Économie des médias

Chez Kretinsky :

« Daniel Kretinsky entre en négociations exclusives avec Vivendi en vue de la reprise de 100 % d'Editis », Le Monde, 14/03.

« Kretinsky, un Tchèque en blanc à Bolloré pour Editis », Les Jours, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Édition, télé, presse... Daniel Kretinsky, nouveau géant des médias en France », Le Figaro, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

Chez Niel :

« Xavier Niel met la main sur la revue L'Illustration », L'Informé, 13/03 [article complet réservé aux abonnés].

Chez Saadé :

« A Marseille, "La Provence" entame une transition délicate avec CMA CGM, son nouvel actionnaire », Le Monde, 12/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Rodolphe Saadé, jeu d'influence à "La Provence" », Les Jours, 16/03 [article complet réservé aux abonnés].

Chez les autres :

« Le journal "Midi libre" annonce un plan de départs contraints qui touchera principalement "les plus jeunes salariés" », Le Monde, 17/03.

« I/O Média, le Reworld de la presse Premium ? », SNJ-CGT, 13/03.

« "Massacre social et éditorial" en cours à Euronews », Rue89 Lyon, 14/03.

« A Lyon, les journalistes d'Euronews en grève alertent les dirigeants européens sur "le démembrement de la chaîne" », Le Monde, 17/03.

« "Les Nouvelles calédoniennes", seul quotidien de l'archipel, vont disparaître », Le Monde, 17/03.

« Les coulisses du rachat du Trombinoscope par Alexandre Farro », L'Informé, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Meta va supprimer 10 000 postes supplémentaires », Libération, 14/03.

« Droits voisins : les journalistes de 20 Minutes saisissent le médiateur pour un meilleur partage », La Lettre A, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi :

« Les médias et leurs actionnaires ou comment celui qui paye l'orchestre choisit la musique », Julie Sedel, AOC, 17/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Correspondants locaux de presse : des travailleurs exploités, un statut dépassé ! », communiqué intersyndical, 17/03.

À signaler, aussi

« Le journal "La Provence" privé d'électricité, une coupure revendiquée par la CGT Energie », Le Monde, 14/03.

« Dominique Pinsolle : "Il y a une lutte de gauche pour la liberté de la presse" », Radio Parleur, 17/03.

« Retraites : "C'est le retour des chiens de garde de l'ordre" », Arrêt sur images, 17/03 [vidéo complète réservée aux abonnés].

« Ces pros des médias qui ont participé à la campagne de Macron, Le Pen et Mélenchon », La Lettre A, 15/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Bolloré : "Livres Hebdo" dépublie un article… et nie toute pression », Arrêt sur images, 13/03 [article complet réservé aux abonnés].

« "Des chiffres et des lettres" : Arielle Boulin-Prat et Bertrand Renard réclament 530 000 euros chacun », Le Parisien, 11/03 [article complet réservé aux abonnés].

« France 24 rappelle l'attachement de ses antennes à lutter contre toute forme de discrimination », France 24, 12/03.

« Affaire Kemi Seba sur LCP : les coulisses d'une interview qui ne passe pas », Télérama, 14/03.

« Déprogrammation de Kémi Seba : les errements de LCP », Arrêt sur images, 16/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Génocide au Rwanda : poursuivie pour "injure publique", une journaliste de "Libération" relaxée », Libération, 15/03.

« Que sait-on des heurts entre le reporter indépendant Mike Rambo et le service d'ordre de la CGT ? », Libération, 14/03 [article complet réservé aux abonnés].

Dans le monde

« La BBC réintègre son présentateur star Gary Lineker après l'indignation provoquée par sa suspension », Le Monde, 13/03.

Et aussi : Algérie, Afghanistan, encore Afghanistan, Turquie, Rwanda, Sénégal, Tunisie, Biélorussie...

Parutions

Les médias contre la gauche, Pauline Perrenot (Acrimed), Agone, 17 mars 2023.

La haine de l'antiracisme, Alain Policar, Textuel, 15 mars 2023.

Mieux s'informer, Anne-Sophie Novel, Actes Sud, mars 2023.

Agenda

27/03 – 1/04 : Semaine de la presse et des médias dans l'école.

27/03 – 1/04 : Assises du journalisme, à Tours.

28/03 : Mardi d'Acrimed avec Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, à Paris.

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

16.03.2023 à 07:00

Les médias « trop de gauche » ? Quand les éditocrates prennent leurs cauchemars pour des réalités

Maxime Friot

Texte intégral (658 mots)

Hallucination collective des éditocrates.

« Les médias sont-ils trop de gauche ? » se demandent Élisabeth Lévy, Eugénie Bastié, Judith Waintraub et Laure Mandeville le 3/02 (Le Figaro). Les journalistes « sont tous ou presque d'extrême gauche », répond Franz-Olivier Giesbert le même jour dans Le Point – et de poursuivre : « Beaucoup de médias nous servent la marmelade idéologique des néorévolutionnaires de la Nupes ou de la CGT qu'ils se gardent bien de contredire ou même de questionner. » Le 26/02, sur I24 News, Michel Onfray ne dit pas autre chose : « Vous savez, en France, une grande majorité de la presse est assez mélenchonienne ou mélenchoniste. Il y a un espèce de logiciel de gauche, avec ce qu'il y a de pire dans la gauche, c'est-à-dire cet antisionisme associé à l'antisémitisme. » Gilles-William Goldnadel dénonce, lui, un « privilège rouge » (Le Figaro, 13/03).

Le « constat » n'est pas nouveau. Pendant la campagne des dernières élections législatives, Ivan Rioufol s'indignait du « cirque médiatique mené par l'extrême gauche autour de son nombril » (Le Figaro, 05/05/22) ; Jean-François Kahn voyait en Jean-Luc Mélenchon le « nouveau chouchou des médias » qui jouissait d'une insupportable « lune de miel médiatique » (Le Point, 12/05/22) ; quand Pascal Praud avait « l'impression que c'est Jean-Luc Mélenchon qui a gagné l'élection présidentielle [...] avec une complicité ou une douceur de l'espace médiatique », il était rejoint par l'ancien directeur général de LCI et membre de la direction de TF1 Éric Revel : « L'extrême gauche n'affole surtout pas les médias bien-pensants. L'extrême droite toujours, l'extrême gauche jamais ! » (CNews, 05/05/22)

On pourrait trouver cocasse de voir ces omniprésents médiatiques, penchant tous plus ou moins (mais plutôt plus que plus) à droite, s'insurger contre l'omniprésence de la gauche dans les médias, où elle est en réalité systématiquement marginalisée. Constatons en tout cas que, si nombre d'éditocrates s'insurgent contre une imaginaire « extrême gauchisation » des médias, bien peu de voix s'élèvent, dans les médias, contre leur évidente droitisation.

« Évidente droitisation » ? À la différence de nos éditocrates préférés, nous ne nous contenterons pas de jugements à l'emporte-pièce ou d'accusations non fondées. C'est précisément à décrire et documenter ce processus que s'attache notre nouveau livre, Les médias contre la gauche, qui paraît le 17 mars. Celles et ceux qui le liront sans œillères pourront mesurer « à quel point les médias dominants, en situation d'interdépendance étroite à l'égard des pouvoirs politique et économique, contribuent à mutiler le pluralisme et le débat démocratique. Dirigés et contrôlés par des chefferies éditoriales sociologiquement solidaires des intérêts et des points de vue des classes dirigeantes, ces médias jouent un rôle actif dans l'histoire sans fin de la droitisation du débat public depuis quarante ans. Un processus qui s'est encore accéléré au cours du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, en même temps que se dégradaient les conditions d'expression et d'existence médiatique de la gauche. »

À bon entendeur...

Maxime Friot

15.03.2023 à 15:46

Retraites : sur RTL, l'opinion, ça se travaille

Denis Perais

« Les syndicats, ils font un dernier baroud d'honneur mais ils peuvent rentrer à la maison. »

- Mobilisation contre la réforme des retraites (2023) / , ,
Texte intégral (2355 mots)

Du 6 février au 9 mars 2023, nous avons étudié le traitement offert par RTL de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites. Si, durant la période observée, vanter les « bienfaits » du projet gouvernemental n'est déjà plus à l'ordre du jour – malgré les efforts des têtes d'affiche de la radio dans un premier temps –, trois phénomènes peuvent être repérés : taire les propositions alternatives, dénigrer les contestataires et prophétiser la fin du mouvement social.

En janvier, Alba Ventura applaudissait le gouvernement, qui « a concédé ce qu'il avait prévu, sur la pénibilité, sur les carrières longues, sur la retraite minimale à 1 200 euros qui est, il faut le souligner, une grosse avancée » (9/01) [1]. François Lenglet corroborait : « Elle est assez équilibrée [...] Il y a une part de redistribution dans cette réforme. Elle rapporte non pas 12, mais 17 milliards [dont] 5 sont redistribués […] aux retraités modestes qui ont fait une carrière complète. [...] Pour quelqu'un qui est payé au niveau du Smic, et qui a fait une carrière complète, le taux de remplacement [...] sera de 80 %. C'est à peu près unique au monde. » (11/01) Et le rédacteur en chef du service économique, Martial You, d'en rajouter : « Quand on part à la retraite à soixante-quatre ans au lieu de soixante-deux, on gagne en moyenne 12 % de plus sur sa pension. » (17/01)

Las, les éditocrates de RTL n'ayant visiblement pas réussi à emporter l'adhésion de leurs auditeurs, c'est un autre registre qui a été mobilisé.

Il n'y a pas d'alternative

D'abord, bien sûr, la disqualification des contre-propositions. Martial You, 17 février : « C'est idiot de hurler contre les dividendes ou les actionnaires […]. Quand on vocifère contre les bénéfices records de TotalEnergies, on oublie que 7 % du personnel est actionnaire. » [2] Face à François Hollande qui suggère « une plus juste participation des revenus du capital ou des plus hauts patrimoines », Olivier Bost rétorque : « Augmenter les impôts, vous avez déjà essayé, c'était en 2012. Deux ans plus tard, ça a fini en ras-le-bol fiscal pour reprendre les mots de votre ministre de l'Économie de l'époque. Pourquoi les mêmes décisions produiraient pas les mêmes effets ? » (19/02) Dans le même esprit, Bruno Jeudy s'agace le 9 mars : « La Nupes, c'est l'augmentation des impôts et des cotisations. »

La députée Mathilde Panot (LFI) évoque-t-elle la question de l'augmentation des salaires en expliquant à Amandine Bégot que réaliser « l'égalité salariale entre les femmes et les hommes [...] rapporterait six milliards d'euros... » et rendrait inutile de repousser l'âge de départ ? La journaliste évacue : « Non, mais très bien. Mais cinquante amendements déposés par le député Hadrien Clouet demandant l'instauration d'une contribution sur les dividendes des entreprises les plus fortunées pour un euro de différence sur un chiffre d'affaires de sept-cent-cinquante millions d'euros. Ça sert à quoi ? » (9/02)

De façon générale, aussi bien dans les interviews de la matinale ou dans les émissions telles qu'« On refait le monde » ou « Le grand jury » des 12 (Laurent Berger, CFDT), 19 (François Hollande) et 26 février (Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire), ainsi que du 5 mars (Bruno Retailleau, sénateur LR), les propositions alternatives défendues par la gauche et /ou les syndicats sont marginalisées.

Dans cet exercice, « Le grand jury » du 12 février est un modèle du genre. Alors qu'Olivier Bost promet à Laurent Berger « qu'on va parler du fond », celui-ci il reste au… fond du tiroir. Au menu, le niveau de la mobilisation, les divergences supposées entre les syndicats sur les modalités d'action, les relations du secrétaire général avec l'exécutif, et bien entendu, le « saccage » du débat parlementaire par les députés insoumis.

Éric Brunet n'est pas en reste dans l'émission « On refait le monde » qu'il co-anime avec Aurélie Herbemont. En même temps qu'il rappelle à ses hôtes les fondamentaux du journalisme (6/03) – « [Faites] un peu d'information dans cette émission s'il vous plaît » – , il s'en affranchit immédiatement pour limiter les échanges avec ses invités à son carburant préféré : commenter les polémiques médiatiques du moment. Ce jour-là, les dix-sept minutes consacrées au conflit en cours se répartissent entre les blocages annoncés à partir du lendemain et l'appel lancé sur TikTok par le député Louis Boyard (LFI) aux lycéens et étudiants.

Une marginalisation qui touche aussi l'organisation collective de la mobilisation par les travailleurs en lutte, remplacée par des micros-trottoirs ou échanges téléphoniques individuels organisés les veilles de manifestations ou dans l'émission « Les auditeurs ont la parole » de Pascal Praud.

Feu à volonté sur les contestataires

Sans doute soucieux de ne pas braquer nombre d'auditeurs, l'habituel pilonnage continu contre toute action de blocage se fait certes moins systématique… mais demeure un produit recherché. De Tugdual Denis, qui évoque les « nervis de la CGT » (15/02), à Pascal Praud qui, face à Jean-Paul Delescaut, secrétaire général de l'union départementale CGT du Nord, « [entend] beaucoup de paysans et d'agriculteurs qui disent que vous êtes des privilégiés [...] ; qu'ils travaillent beaucoup plus durement que vous ; beaucoup plus que vous également » (3/03)…

Si les syndicats, CGT en tête, sont visés, c'est la Nupes (et surtout LFI) qui est la cible privilégiée. La violence des propos qui la visent contraste d'ailleurs avec la douceur de ceux adressés au Rassemblement national – nouvelle démonstration que sa banalisation fait partie des « acquis » médiatiques. Alba Ventura, 30 janvier :

« Les riches sont responsables du malheur des pauvres ». C'est très grave ce que fait Jean-Luc Mélenchon […] Des « parasites » [...] Qu'est-ce vous faites des parasites ? Vous les écrasez sous le talon […] C'est le mot qu'utilisaient les nazis pour parler des handicapés, des juifs. Que les communistes soviétiques utilisaient contre les mendiants, les chômeurs, ceux qui refusaient de s'insérer dans le monde du travail, et tous ceux qui possédaient des terres. Et tous ceux-là étaient exterminés. Jean-Luc Mélenchon ajoute la haine à la bêtise.

Ou encore, le 24 février : « C'est un carton jaune vif qui vire doucement vers le rouge […]. Le seul parti dont l'image n'est pas dégradée, c'est le Rassemblement national. » Suivie de près par la désormais éditorialiste Roselyne Bachelot : « L'image qui a été donnée hier [...] est tellement catastrophique. Moi, je serais les syndicats, je serais remontée comme un coucou contre la Nupes [...]. Ça tourne à la guignolade et au foutage de gueule. » (7/02) Ainsi que par Tugdual Denis : « Le RN finit par trouver un rôle dans cette opposition bien plus élaboré, bien plus pérenne que l'opposition de la Nupes qui est bruyante. Le RN ne fait pas d'obstruction parlementaire […]. Vous allez voir que dans quelques semaines, ils vont sortir plus grandis de ce débat sur les retraites que la Nupes. » Mais encore : « La France insoumise est-elle un obstacle à un débat démocratique sain, clair ? » (Aurélie Herbemont, 13/02) ; « La France insoumise fait le jeu du Rassemblement national » (Laurent Alexandre) ; « Est-ce que la Nupes ne fait pas le jeu du Rassemblement national ? Vous êtes agréablement surprise par le comportement des députes RN ? » (Amandine Bégot à Yaël Braun-Pivet) ; « La France insoumise sont [sic] un ramassis de gens mal élevés qui respectent pas la dignité du débat parlementaire. [...] On voit que les députés RN sont très malins et opportunistes en miroir inversé de La France insoumise, et qu'ils ont bien compris qu'il fallait pas traîner avec les nervis de la CGT ; et qu'il fallait surtout pas traîner avec les nervis de La France insoumise. » (Tugdual Denis, 15/02)

Jusqu'à l'insulte. Éric Brunet, 6 mars : « Je me souviens dans mes années [étudiantes...] je détestais quand un mec prenait en otage la jeunesse [...]. Louis Boyard, ce n'est pas les jeunes. C'est un mec qu'a fait un blocus challenge. Je suis pas comme lui et je l'emmerde. » ; puis Alba Ventura, 7 mars : « Boyard, c'est le jackass de l'Assemblée […] "Jackass" en anglais argot, ça veut dire crétin […] L'Assemblée n'est pas un jeu vidéo. S'il a de vraies idées, qu'il les exprime. Parce que là, ce qu'il fait, c'est du Trump. Ce n'est pas le niveau 2.0 de la politique, c'est le niveau zéro, tout court. »

Ne voyez-vous pas poindre la démobilisation

Alors que les manifestations voient affluer un nombre très élevé de participants, les gardiens du temple n'y trouvent qu'une réponse : ça ne sert à rien. La proposition d'Éric Brunet, le 7 février (« On peut examiner le troisième scénario, celui de la résignation. ») est reprise ad nauseam par toute la rédaction (parfois sous une forme subtilement interrogative). Julien Sellier à Olivier Dussopt, 16 février : « Cinquième journée de mobilisation aujourd'hui. Moins de monde dans les rues [...]. Est-ce que vous y voyez tout de même un essoufflement du mouvement ? » ; Céline Landreau à Jean-Paul Delescaut, 3 mars : « Jusque-là, les mobilisations – même massives – ont pas vraiment été entendues par le gouvernement. Vous pensez vraiment que la grève peut le faire plier ? Pourquoi, ce qui n'a pas fonctionné en janvier, en février, pourrait fonctionner en mars ? » ; Jérôme Florin à Olivier Mateu, secrétaire général de l'union départementale CGT des Bouches-du-Rhône, 6 mars : « Est-ce que vous n'avez pas peur que [le blocages des raffineries et les pénuries d'essence] ça finisse par se retourner contre vous ? Est-ce que vous n'avez pas peur que ce mouvement devienne impopulaire si vous bloquez tout ? »

Et à l'occasion de la journée de mobilisation du 7 mars, la rédaction de RTL nous donne une petite leçon de démobilisation sociale. Alba Ventura ouvre le bal, en faisant tenir aux grévistes le discours qu'elle aimerait entendre : « Mais ils ne croient pas au retrait de cette réforme [...]. Ils ont compris que le président ira jusqu'au bout. C'est une forme de résignation, le sentiment que les dés sont jetés. [...Ils] ont un avis qui semble un peu déprimé, fataliste. Ils seront nombreux tout à l'heure dans la rue ; mais pour ce qui est de faire durer – longtemps – le conflit, il se disent à quoi bon. » Le soir, Roselyne Bachelot résume l'essentiel à retenir : « Il y a moins de grévistes que les dernières journées de grèves. Globalement, ils attendaient plus de grévistes, notamment dans l'éducation où là, la chute est vraiment importante. Et puis [il y a] l'apparition de ce que craignaient les syndicats, de mouvements violents de la part de ce qu'on a coutume d'appeler les black blocs, et qui peuvent être un élément de découragement des manifestants qui voient ces images de manifestants – ou de gens qui ne sont pas manifestants. » Alba Ventura confirme ce qu'elle avait prévu : « Il y avait beaucoup de monde, partout. C'était une nouvelle démonstration de force [mais] la France n'est pas bloquée. […] Ce qui était promis, attendu, n'est pas arrivé. » et Pascal Praud le répète : « Il y a rarement eu autant de monde sur une période aussi longue, mais la France n'était pas à l'arrêt. L'économie à genoux, ça ne marche pas. » Éric Brunet, résumant le propos de Bruno Jeudy à Alice Coffin, jubile : « C'est un peu déprimant pour vous ce que dit [Bruno] Jeudy. Il vient de vous dire que c'était plié […]. Les syndicats, ils font un dernier baroud d'honneur mais ils peuvent rentrer à la maison. »

***

Les 31 janvier et 1er février, Alba Ventura bégayait : « La bataille de l'opinion [...] a plutôt été perdue pour Emmanuel Macron » ; « Le gouvernement a perdu la bataille de l'opinion ». À écouter RTL, si le gouvernement « a perdu une bataille », il n'a pas perdu la guerre. Et la radio, tout comme Europe 1, a revêtu sa tenue de combat.

Denis Pérais


[1] Ironie de l'histoire : Alba Ventura administrait, le 17 janvier, une leçon de rectitude aux politiques : « S'il vous plaît, arrêtez de nous raconter des histoires et de tordre les chiffres. Ça ne fait pas avancer le débat. »

[2] À ce propos, (re)lire notre article : « France Info : naufrage Total », 21/02.

11.03.2023 à 10:41

Place des femmes à la télévision et à la radio, Vivendi, prisons et compagnie : revue de presse de la semaine

Maxime Friot

Texte intégral (2292 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 04/03/2023 au 10/03/2023.

Critique des médias

« Lexique pour temps de réforme des retraites », Acrimed, 10/03.

« "Ils sont où les patrons qui défendent la réforme des retraites ?" », Arrêt sur images, 10/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Affaire Palmade dans les médias, l'overdose », Libération, 4/03.

« Robin, "Match", Palmade… et le silence », Arrêt sur images, 10/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Roselyne Bachelot, les riches et les médias par Daniel Schneidermann », Libération, 5/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Pourquoi les gueux sont-ils si méchants ? », CQFD, n°218, mars 2023, p. 16.

« Sur France 2 à 13 h, le JT "feelgood" (et dépolitisé) de Julian Bugier », Arrêt sur images, 9/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Covid, réchauffement climatique, linceul de Turin : les révélations fracassantes de CNews », Samuel Gontier, Télérama, 9/03.

« Dans "Touche pas à mon poste", le grand déballage de la théorie complotiste antisémite de "l'adrénochrome" », Le Monde, 10/03.

« "Jean-Marie Le Pen n'a sans doute pas pratiqué la torture en Algérie" : polémique autour d'un podcast de France Inter consacré au fondateur du Front national », Le Monde, 10/03.

« Violences policières et presse écrite : les mots de trop et les mots qui manquent », Les Mots sont importants, 9/03.

« Legrand (c** ?) », Les Mots sont importants, 7/03.

Économie des médias

Focus sur Vivendi (et Lagardère, et Editis) d'abord :

« La Commission européenne s'oppose à titre préliminaire à l'OPA de Vivendi sur Lagardère », La Lettre A, 8/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Bolloré, Bruxelles et le fantôme de l'OPA », Les Jours, 8/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Édition : Vivendi va-t-il devoir lâcher 100 % d'Editis pour mettre enfin la main sur Hachette ? », Télérama, 9/03.

« Vague de départs à "Paris Match" sur fond de bollorisation », Arrêt sur images, 5/03 [article complet réservé aux abonnés].

« TNT : pourquoi la prolongation de Canal+ durant dix-huit mois est un coup stratégique », Le Monde, 8/03.

« "Flicage incessant", "humiliations" : un rapport accable la nouvelle directrice de Plon », Mediapart, 10/03 [article complet réservé aux abonnés].

Mais aussi :

« Dans l'empire médiatique du Crédit Mutuel [4/7] : Kost killing et punchlines, le dialogue social façon Ebra », Blast, 8/03.

« En difficulté, des hebdomadaires contraints de transformer leur modèle économique », Le Monde, 6/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Laurent Guimier prend la direction de la filiale CMA CGM Médias créée par Rodolphe Saadé », Le Figaro, 6/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Rachat de Twitter par Elon Musk : quatre mois en eaux troubles », Next Inpact, 8/03 [article complet réservé aux abonnés].

« La fin d'une belle aventure pour le groupe Melchior », Les Nouvelles Calédoniennes, 10/03.

« Alain Gresh : "Le don de nos lecteurs et de nos lectrices est indispensable" », Afrique XXI, 9/03.

À signaler, aussi

« Quelle est la place des femmes à la télévision, à la radio et dans les publicités télévisées ? », Arcom, 6/03.

« La télévision, "alliée de la femme" ? », La revue des médias, 7/03.

« Le journaliste politique Philippe Corbé nommé directeur de la rédaction de BFMTV », Le Parisien, 6/03.

« Trop de pub à la TV : L'Arcom tape sur les doigts de France Télévisions, C8 et CNews », Pure Médias, 10/03.

« Le site Livres Hebdo dépublie subitement un article sur la maison d'édition Plon », La Lettre A, 8/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Un journaliste du Média agressé et menacé de mort après des émissions sur la Turquie et le Kurdistan », SNJ-CGT, 4/03.

« Le SNJ condamne l'agression policière dont a été victime une équipe de reportage », SNJ, 6/03.

« Entrave à la liberté de la presse : quand la direction de France Télévisions va-t-elle porter plainte ? », SNJ-CGT, 6/03.

« Le Biarritz Olympique condamné pour avoir empêché les journalistes sportifs de faire leur travail », France Bleu, 8/03.

« Les prisons s'ouvrent aux journalistes, l'opacité persiste », Arrêt sur images, 6/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Censure de la revue de l'Observatoire international des prisons, Dedans Dehors, au centre pénitentiaire d'Orléans Saran », OIP, 6/03.

« Touche pas à mon poste : trois nouvelles sanctions de l'Arcom en vue contre Cyril Hanouna », L'Informé, 9/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Le Courrier indépendant, BFM/TV, Le Dauphiné Libéré, La Nouvelle République : le CDJM publie quatre nouveaux avis », CDJM, 9/03.

« Le Télégramme s'engage en faveur de l'égalité et de la diversité », Le Télégramme, 8/03.

« Intellectuels médiatiques : "Les nouveaux philosophes ont été un point de bascule" », Arrêt sur images, 8/03 [vidéo complète réservée aux abonnés].

« "Bienvenue chez vous" : Sonia Mabrouk invitée... sur Europe 1 pour la sortie de son nouveau livre », Pure Médias, 10/03.

« Résolution finale du Comité national du SNJ du 10 mars 2023 à Paris », SNJ, 10/03.

« Répartition inéquitable des annonces légales : Rue89Lyon attaque la préfecture du Rhône », Rue89 Lyon, 9/03.

Et lire, dans « Faire sauter les verrous. Les clés pour que la gauche ne capitule pas » (Intérêt général, note #29, mars 2023), la partie « La nasse médiatique », p. 15-17.

Dans le monde

« En Ukraine, une loi réformant les médias fait controverse », Les Échos, 5/03 [article complet réservé aux abonnés].

« En Allemagne, les revenus annexes des journalistes au cœur d'une polémique », Courrier international, 10/03.

« La famille Berlusconi vend le quotidien Il Giornale », Le Figaro, 9/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Transphobie : la droite réac' gagne du terrain au "New York Times" », Arrêt sur images, 7/03 [article complet réservé aux abonnés].

« 73 femmes journalistes passeront la journée du 8 mars derrière les barreaux », RSF, 7/03.

« Femmes journalistes en zones de conflit : Changer le récit, rester en sécurité », FIJ, 7/03.

Et aussi : Yémen, Algérie, Iran, Pologne, Arabie Saoudite...

Parutions

Cher Canard, Christophe Nobili, JC Lattès, 8 mars 2023.

La guerre en Europe et le combat pour le droit d'informer, Rapport annuel 2023 des organisations partenaires de la Plateforme du Conseil de l'Europe pour renforcer la protection du journalisme et la sécurité des journalistes, 7 mars 2023.

Agenda

27/03 – 1/04 : Semaine de la presse et des médias dans l'école.

27/03 – 1/04 : Assises du journalisme, à Tours.

28/03 : Mardi d'Acrimed avec Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, à Paris.

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

10.03.2023 à 07:00

Lexique pour temps de réforme des retraites (2023)

Acrimed

Texte intégral (5522 mots)

En 2003 naissait le tout premier lexique médiatique d'Acrimed pour temps de réforme des retraites, de grèves et de manifestations. Au fil des ans et des contre-réformes, la langue (de bois) du journalisme dominant s'est enrichie de nouveaux mots pour diffuser le même discours : discréditer les grévistes et épauler le gouvernement. Deux actualisations ont ainsi vu le jour en 2010 et 2020. La mobilisation sociale actuelle nécessite une quatrième version : la plupart des termes sont (hélas) toujours aussi pertinents, et certaines innovations méritent d'être épinglées.

Nota Bene : le lexique, condensé et maquetté dans un « 4 pages » (A3), est disponible en version pdf ici. Nous le distribuons lors des manifestations, n'hésitez pas à en faire de même !

Pédagogie de la réforme

Réforme

Quand une réforme proposée est imposée, cela s'appelle LA réforme. Et s'opposer à cette réforme devient : le « refus de la réforme ». Le terme désigne tout spécialement les attaques libérales successives du système par répartition.

- Élie Cohen, BFM-TV, 2/01 : La réforme est absolument indispensable.

- Hubert Coudurier, Le Télégramme, 12/01 : La réforme ou le déclassement.

- Emmanuelle Dancourt, RMC, 3/01 : Il faut que cette réforme se fasse.

- Le Parisien, 2/12/22 : Il faudra du courage pour mener à bien cette réforme rendue nécessaire.

Alternative

N'existe pas. Si elle est progressiste, une réforme alternative est hors sujet et/ou « irréaliste ».

- Sonia Mabrouk à Manuel Bompard, Europe 1, 11/01 : La réforme ou la faillite, vous nous promettez la faillite !

- Olivier Truchot à Antoine Léaument, BFM-TV, 3/01 : [La retraite à 60 ans], ça ne sera pas retenu hein, je vous le dis tout de suite ! Donc on peut en discuter mais bon, ce n'est pas le projet du gouvernement ! [...] On s'éloigne du sujet !

- Nathalie Saint-Cricq à Marine Tondelier, France Info, 8/01 : Est-ce que vous considérez qu'on ne touche à rien, ou est-ce que vous êtes comme certains au Parti socialiste ou à La France insoumise à considérer que non seulement on ne bouge pas, mais on revient à 60 ans [...] ?

Pédagogie

Devoir qui s'impose au gouvernement. Ainsi, le gouvernement fait preuve (ou doit faire preuve...) de « pédagogie ». Tant il est vrai qu'il s'adresse, comme nos grands éditorialistes, à un peuple d'enfants qu'il faut instruire patiemment.

- Alba Ventura, RTL, 2/01 : Déterminé, Emmanuel Macron l'est, il va falloir qu'il se montre pédagogue.

- Arlette Chabot, LCI, 10/01 : Le gouvernement n'a pas dit « voilà pourquoi nous sommes absolument obligés ». Faut faire une énoooorme pédagogie ! [...] Donc là, je pense qu'ils ont raté la première partie et maintenant, il faut vraiment parler aux Français.

Équilibrer

Obsession quant au « déficit » des budgets de la sécurité sociale – dit « exorbitant », même si ce n'est pas le cas. Sert à justifier une régression sociale. Comme toute proposition indexée sur l'idéologie néolibérale, c'est une « évidence ».

Le Figaro, 4/01 : Par quel mystère un impératif économique – équilibrer un système en déficit structurel – et une évidence démographique – de moins en moins d'actifs, de plus en plus de retraités – se présentent-ils chaque jour un peu plus comme une sorte d'Armageddon politique ?

Raison

Grand principe qui guide en tout l'action du gouvernement. Hors de portée des contestataires, qui sont, tels des enfants, le jouet de leurs émotions.

- Charlotte Euzen, France Info, 26/01 : On est exactement dans la bataille de l'émotion, avec un gouvernement qui [...] cherche à convaincre sur la raison, alors qu'on a, en face, des gens qui sont heurtés [...] par cette réforme et donc qui ne peuvent pas entendre les arguments du gouvernement.

- Alain Duhamel, BFM-TV, 2/01 : Tous les pays y sont passés. Il y a de moins en moins d'actifs et plus de retraités [...] donc il faut faire quelque chose. Ça, c'est le discours de la rationalité. Et puis il y a le discours de la sensibilité ou de la perception ou de la vie quotidienne des Français.

Ouverture

Se dit des opérations de communication du gouvernement. « L'ouverture » est saluée comme une volonté « d'apaisement », de « dialogue », de « compromis » ou de « souplesse », quand bien même aucun des quatre phénomènes ne se concrétise dans le monde réel.

Le Monde, 4/01 : Au lieu d'être droite dans ses bottes, Élisabeth Borne se montre souple comme le roseau. C'est, par les temps qui courent, la posture la plus sage.

Concertation

Se dit des réunions convoquées par un ministre pour exposer aux organisations syndicales ce qu'il va faire et pour écouter leurs doléances, de préférence sans en tenir aucun compte. Le gouvernement est toujours « ouvert » à la « concertation ». Il est de bon aloi d'enjoindre aux syndicalistes d'y prendre part.

Arlette Chabot, LCI, 10/01 : Est-ce que vous considérez que toute discussion, toute rencontre avec la Première ministre ou avec le ministre du Travail est désormais totalement inutile ? Et vous refusez toute concertation, c'est fini ?

Concession

Modifications à la marge du projet de réforme, parfois hypothétiques, mises en avant pour appâter le syndicaliste et le faire plier.

Amandine Bégot à Laurent Berger, RTL, 4/01 : Si vous obtenez des garanties sur la pénibilité, par exemple, report de l'âge légal pour tout le monde à 64 ans sauf pour un certain nombre de métiers pénibles […], est-ce que là, vous dites banco ?

Faute d'en voir venir côté gouvernemental, on somme instamment les syndicalistes d'en mettre sur la table.

Estelle Denis, RMC, 3/01 : Vous êtes prête à lâcher sur quoi Céline Verzeletti ? Parce que vous savez très bien que de toute façon, le gouvernement n'abandonnera pas sa réforme ! [...] Si le gouvernement lâche sur certaines choses, vous aussi vous devez être prêts à lâcher sur certaines choses ! Vous ne pouvez pas dire « c'est non à tout ! »

Tenir

Encouragement délivré sans modération au gouvernement, en particulier si des grèves se déclenchent.

- Le Figaro, 3/01 : Pour réformer les retraites, Macron aura raison de tenir.

- Vincent Trémolet de Villers, Europe 1, 20/01 : Emmanuel Macron n'a pas d'autre choix que de tenir jusqu'au bout.

- Arlette Chabot, LCI, 10/01 : Il n'y a pas d'autre solution pour le gouvernement, maintenant, les dés sont lancés, il faut tenir. Tenir au Parlement, tenir face à la rue [...] [et] attendre en espérant que ça passera.

Démocratie

Principe qui, comme la « raison », se situe toujours dans le camp des partisans de « la réforme ». Seuls le gouvernement et ses soutiens ont le droit de s'en prévaloir.

- Julien Arnaud à Philippe Martinez, LCI, 10/01 : Emmanuel Macron, il a été élu ! [...] Est-ce que la démocratie n'a pas parlé au moment de la présidentielle ?

- Léa Salamé à Laurent Berger, France Inter, 11/01 : Mais les urnes se sont exprimées Laurent Berger ! Elles ont élu [Emmanuel Macron], alors pas uniquement sur la réforme à 65 ans [...] mais il a été réélu ! Il applique son programme ! Vous lui déniez la légitimité de l'appliquer ?!

- Catherine Nay, Europe 1, 13/01 : Entendre [...] le coordonnateur de la CGT chez Total déclarer hier sur Europe 1 qu'il se bat pour la démocratie, là, on se dit : il se fout du monde ! En novembre déjà, c'est lui qui a privé les Français de gasoil ! [...] C'est insupportable !

- Franz-Olivier Giesbert, Le Point, 2/02 : Ce qu'on aimerait, dorénavant, c'est que des personnages comme Faure ou Bompard [...] cessent d'en appeler continuellement à la "démocratie" contre Macron : ils ne savent pas ce que c'est !

Juste

Opinion éditocratique quant à « la-réforme », en cohérence avec la communication gouvernementale. Adjectif particulièrement en vogue sur Europe 1. Synonyme : « Bénigne ».

- Sonia Mabrouk à Éric Woerth, Europe 1, 23/01 : Est-ce que vous pensez qu'y a un défaut de compréhension de cette réforme ou que les Français n'ont pas compris qu'elle était juste, comme vous le répétez ?

- Dimitri Pavlenko, Europe 1, 13/01 : Les avancées sociales de la réforme – il faut bien l'admettre – sont considérables.

- Nicolas Bouzou, 18/01 : La réforme actuelle est bénigne.

- Mathieu Laine, Europe 1, 26/01 : On ne peut pas ne pas faire cette réforme ! […] C'est une petite réforme.

Gagnants

Français chimériques. Existent dans les études de cas journalistiques, parfois fournies clé en main par le gouvernement.

- France 3, 16/01 : Les Français avec des petites pensions sont, eux, gagnants financièrement. [...] Les salariés au SMIC, avec une carrière à trous, auront également une meilleure pension.

- Le Monde, 26/01 : Réforme des retraites : les gagnants et les perdants, en neuf cas pratiques.

Futur

Temps adopté pour conjuguer l'avenir radieux de la réforme, en pleine mobilisation sociale et parfois des semaines avant son vote effectif.

- Léa Salamé, France Inter, 11/01 : De toutes les manières, il passera ce texte.

- Alain Duhamel, BFM-TV, 16/01 : Ça passera, d'abord parce que c'est la réforme que, depuis le départ, Emmanuel Macron veut faire.

- Anne-Sophie Lapix, France 2, 10/01 : 64 ans : ce sera le nouvel âge légal de départ à la retraite, Élisabeth Borne a tranché et dès 2027, il faudra cotiser 43 ans pour toucher une pension pleine.

Se substitue presque toujours au conditionnel. Conjugue également l'opinion supposée « des-Français ».

Le JDD, 15/01 : Occuper la rue apparaît vain : 68% des Français pensent ainsi que la réforme Macron passera malgré tout. Même chez les sympathisants de gauche […], la conviction que le texte sera quand même voté prédomine. C'est peut-être la seule bonne nouvelle pour l'exécutif.

Dans le chaos des grèves

Pagaille

Se dit des encombrements un jour de grève des transports. Par opposition, sans doute, à l'harmonie qui règne en l'absence de grèves.

Marianne, 19/01 : Pagaille en vue dans les transports parisiens et franciliens ce jeudi 19 janvier.

Galère

Se disait des conditions d'existence des salariés privés d'emploi et des jeunes privés d'avenir. Se dit désormais des perturbations liées aux mobilisations sociales. On peut aisément les mettre en images et les imputer à un coupable : le gréviste.

- L'Obs, 17/01 : Retraites : vers un jeudi de grèves et de « galère ».

- BFM-TV, 19/01 : Grève à Marseille : la galère des parents d'élèves.

- La Dépêche, 6/02 : Grève du 7 février : nouvelles galères dans les transports, pour le 3e jour de mobilisation sur les retraites.

Usagers

Victimes par excellence des « galères », les « usagers » sont l'objet de la compassion sans faille des éditocrates. Quand bien même lesdits éditocrates ignorent superbement, en temps normal, la condition des populations concernées…

BFM-TV, 15/01 : Écoles fermées : les enfants trinquent ?

Une catégorie de victimes est particulièrement scrutée par les commentateurs, et leurs paroles, abondamment recueillies : « Avec la grève, les commerçants souffrent et rouspètent » ; « Retraites : avec les grèves, les commerçants s'inquiètent pour leur chiffre d'affaires » RMC, 17/01

Otages

Synonyme d'usagers. Terme approprié pour attribuer les désagréments qu'ils subissent non du fait de l'intransigeance du gouvernement, mais de l'obstination des grévistes. Un terme cependant moins employé à la suite de la prise d'otages (bien réelle) de novembre 2015.

Guillaume Tabard, Radio Classique, 19/01 : On va voir [...] si les Français déjà échaudés par les pénuries d'essence [...] puis par la pagaille dans les transports vont supporter longtemps d'être les otages d'un mouvement social radical.

Noir

Qualifie un jour de grève. En 2009, un jeudi. En décembre 2019 ce fut une semaine. En 2023, c'est un « jeudi », un « mardi » ou un « samedi ». « Rouge » ou « orange » sont des couleurs intermédiaires réservées aux embouteillages. Le jour de grève, lui, est toujours « noir ».

Menace

Peut désigner une grève, jamais une réforme libérale.

- 20 Minutes, 12/01 : Réforme des retraites : La CGT agite la menace de « l'arrêt des installations de raffinage ».

- La Nouvelle République, 12/02 : Retraites : la menace d'un durcissement du mouvement.

- Midi Libre, 12/01 : Réforme des retraites : la réponse d'Elisabeth Borne aux menaces de grèves des raffineries et des transports.

- RTL, 25/01 : La CGT Cheminots et Sud Rail font planer la menace d'une grève reconductible à partir de la mi-février.

Menace pour qui ? Pour quoi ? « Les vacances » pour Axel de Tarlé (France Info, 18/01), les « remontées mécaniques » pour Le Figaro (23/01), « la production dans les raffineries » pour Olivier Bost (RTL, 15/01), qui enjoint donc à Aurore Bergé de sévir : « Est-ce que là-dessus, vous dites : il faut tout de suite réquisitionner ? Une forme de réquisition préventive ? » (RTL, 15/01)

Blocage

Action malvenue. De mauvais goût.

Olivier Babeau, BFM-TV, 15/01 : Ce blocage, c'est un suicide pour une France qui va déjà très mal [...]. C'est quand même une très très mauvaise idée de bloquer le pays jeudi !

Dans le cahier des charges de l'intervieweur, le terme doit être répété pour mieux « bloquer » son adversaire.

- Salhia Brakhlia à Laurent Berger, France Info, 16/01 : La Première ministre vous demande de ne pas pénaliser les Français. La CGT envisage de bloquer les raffineries et la distribution de carburant. Vous êtes sur la même ligne ? [...] Vous bloquez les raffineries ou pas ?!

- Léa Salamé à Fabien Roussel (PCF), France Inter, 17/01 : Les ministres se relaient depuis quelques jours dans les médias pour dire [...] la mobilisation, oui, c'est un droit, mais il faut pas bloquer le pays. Vous, vous dites quoi ? Si pour bloquer cette réforme, il faut bloquer le pays et ben il faut bloquer le pays ? [...] Donc il faut bloquer le pays ? Faut bloquer le pays ? Faut bloquer le pays après deux ans de Covid ?!

Soutenir

Attitude déplorable de « l'opinion publique » vis-à-vis des grévistes. L'éditocratie scrute son affaiblissement.

RMC, 3/02 : Grève SNCF en plein chassé-croisé : et là, vous les soutenez encore ?

Feu sur les mobilisations

Fatalisme

Humeur prêtée/imposée aux opposants. Se prescrit généralement avec un sondage, de préférence en amont d'une journée de grève. Synonymes : « Résignation » ; « Lassitude ».

- Aurélie Casse, BFM-TV, 11/01 : En fait, les Français sont fatalistes ! Vous avez vu le sondage de Bernard Sananès. [...] Malgré cette forte opposition, 75% pensent que la réforme sera quand même adoptée.

- Nathalie Saint-Cricq, France Info, 14/01 : Les Français [... ont] intégré que de toute façon, ça allait passer, avec une forme de fatalisme.

- Rémi Godeau, L'Opinion, 12/02 : Les Français pensent que la réforme sera votée. Ils sont mobilisés, mais fatalistes. Des blocages pourraient les rendre fatalistes, et démobilisés.

- Alexis Brézet, Europe 1, 3/01 : Aujourd'hui, [les Français] donnent le sentiment d'être plus résignés que révoltés. Dans les sondages, le niveau de colère n'est pas du tout celui qui était à l'époque des Gilets jaunes ! Pour l'instant, les Français sont très calmes.

- Benjamin Duhamel, BFM-TV, 2/01 : Le gouvernement fait le pari que la lassitude prendra le pas sur la colère et au fond, quand on teste l'opinion sur l'état d'esprit, eh ben c'est plutôt une forme d'apathie qui prend le pas sur une colère qui est prête à se mobiliser.

- Léa Salamé à Brice Teinturier, France Inter, 2/01 : [La réforme] va-t-elle à nouveau braquer le pays ou Emmanuel Macron peut compter sur une forme de lassitude ou peut-être de résignation pour faire passer son texte ?

Désastre

Mobilisation sociale victorieuse.

Alexis Brézet, Europe 1, 12/01 : [Ce] désastre qui reste dans toutes les mémoires [...] : en 1995, la réforme est abandonnée, c'est une catastrophe absolue.

Échec

Issue d'une mobilisation sociale telle que la rêve, la souhaite et la prescrit l'éditocratie.

- Estelle Denis à Céline Verzeletti (CGT), RMC, 3/01 : Vous savez très bien que vous allez échouer !

- Apolline de Malherbe à Philippe Martinez, RMC, 13/01 : Vous savez déjà que de toute façon, à la fin, vous perdez.

Essoufflement

Se dit de la mobilisation quand on souhaite qu'elle ressemble à ce que l'on en dit. Le diagnostic s'établit chiffres à l'appui (sondages, affluence aux manifestations)… à condition de ne pas se poser la question de la légitimité desdits chiffres.

- RTL, 14/02 : Réforme des retraites : le soutien des Français aux mobilisations s'essouffle, d'après notre sondage.

- France 3, 11/02 : Réforme des retraites : le gouvernement espère un essoufflement de la mobilisation.

- Rémi Godeau, L'Opinion, 12/02 : La quatrième journée d'action contre la réforme des retraites, samedi, a attiré moins de manifestants que les deux premières, mais plus que la dernière, elle-même en retrait. [...] La vague espérée a fait pschitt.

Diviser

Objectif poursuivi par l'éditocratie face au front syndical, s'il a le mauvais goût de se montrer uni et/ou inflexible.

- Julien Arnaud, LCI, 10/01 : Est-ce qu'on sait si le gouvernement, en coulisse, en off, a lancé un peu des actions dès ce soir pour tenter, comment dirais-je, de morceler l'union syndicale ?

- Jean-François Achilli, France Info, 12/01 : Il n'y a aucun moyen de faire renoncer la CFDT, euh, à mobiliser ?

Réfractaire

Se dit des opposants aux mesures imposées par le gouvernement. Synonymes : « Grotesque » ; « Idiots ».

- L'Éclair des Pyrénées, 2/01 : Pour vaincre les réticences, on peut faire parfois le pari de la raison et de l'intelligence.

- Le Figaro, 13/01 : Une nette majorité de nos compatriotes persiste à se montrer hostile au projet [...]. Les Français sont-ils idiots ?

- Nicolas Bouzou, Europe 1, 26/01 : C'est grotesque [de ne pas relever l'âge de départ] ! On est absolument ridicules !

- Nicolas Bouzou, Europe 1, 19/01 : Manifester aujourd'hui quand on a dix-huit ans pour défendre de futurs droits à la retraite, c'est intellectuellement parfaitement grotesque !

Chaos

Se dit sobrement des conséquences des journées « noires » ou de l'ambiance engendrée (exclusivement) par les parlementaires de gauche à l'Assemblée nationale.

- Stéphane Vernay, RCF, 8/02 : Le chaos, oui c'est le mot. [...] Au lieu d'examiner le texte de la réforme, les députés ont commencé par s'administrer une peignée verbale assez monumentale [...]. Incompréhensible, parce qu'il me semblait, à moi, que la stratégie des opposants était de convaincre les députés indécis du caractère impopulaire de la réforme.

- CNews, 6/02 : L'arrivée de la réforme des retraites à l'Assemblée nationale s'est effectuée dans une ambiance chaotique ce lundi, avec de nombreuses perturbations, venues principalement d'élus de la Nupes.

Condamner

Sommation à destination (exclusive) des opposants, visant à ce qu'ils se désolidarisent de tel propos ou telle action contestataire que l'éditocratie aura jugé inacceptable. Donne lieu à d'indémodables happenings de la part des intervieweurs : sur Europe 1 le 19 janvier, à une quinzaine de reprises, Sonia Mabrouk s'acharne à obtenir de Marine Tondelier (EELV) qu'elle « dénonce », puis « condamne les propos » d'un syndicaliste CGT (concernant de potentielles coupures d'électricité visant des permanences d'élus). Avant de lui intimer l'ordre, par quatre fois, de « condamner », « l'ultragauche » et le « black bloc », dont l'éditocrate prophétise « les violences » lors d'une manifestation… qui n'a pas encore eu lieu.

Obstruction

Se dit uniquement de l'action menée par les parlementaires de gauche, quand bien même le gouvernement mutile le processus démocratique à l'Assemblée nationale.

- Sonia Mabrouk à Manuel Bompard (LFI), Europe 1, 11/01 : Est-ce qu'à l'Assemblée, vous misez sur l'obstruction quitte à transformer le parlement en Zad ?

- Neïla Latrous face à Aurélie Trouvé (LFI), France Info, 18/02 : Est-ce que vous avez fait traîner les débats pour empêcher un vote démocratique ? [...] Vous n'avez pas voulu empêcher un vote ? [...] Il n'y a pas de responsabilité de votre côté sur le blocage des débats ?

Violence

Impropre à qualifier l'exploitation quotidienne, les techniques modernes de « management », les licenciements ou le relèvement de l'âge légal. Le terme s'applique exclusivement aux gens qui dénoncent ces phénomènes, aux mots et/ou aux modes d'action qu'ils emploient pour le faire.

Radicalisation

Se dit de la résistance des grévistes quand elle répond à la « fermeté » du gouvernement. À l'inverse, on ne parlera pas de la « fermeté » des manifestants ou de la « radicalisation » du gouvernement, et encore moins de celle des médias dominants. Synonymes : « Jusqu'au-boutistes » ; « Ultras » ; « Fascistes ».

- RTL, 31/01 : Grève du 31 janvier : les renseignements craignent une radicalisation du mouvement et des violences.

- Guillaume Tabard, Radio Classique, 19/01 : Dans l'espoir d'une radicalisation du mouvement, la gauche est dans une logique d'hystérisation du débat.

- Rémi Godeau, L'Opinion, 12/02 : Annoncer pour le 7 mars un pays « à l'arrêt » [...] traduit bien un durcissement du mouvement, en attendant sa radicalisation par une grève que certains rêvent reconductible.

- Le Figaro, 15/02 : La position jusqu'au-boutiste allant jusqu'au blocage du pays et prônée notamment par les plus radicaux de la CGT risque ne pas être suivie par des organisations plus "réformistes" comme la CFDT.

- Daniel Riolo, RMC à propos de Sébastien Menesplier (CGT Mines-Énergies) qui évoquait des coupures d'électricité dans les permanences d'élus, 17/01 : Ce monsieur, il faut le ficher S tout de suite en fait. Ces gens-là [...] sont des extrémistes [...]. On est bien en présence de ce que je disais tout à l'heure : des mouvances fascistes.

Paroles, paroles

Éditorialiste

Prescripteur d'opinion. L'éditorialiste est condamné à changer de titre pour se répandre simultanément dans plusieurs médias. Et donner, de préférence, un point de vue original et/ou avisé.

Géraldine Woessner, Europe 1, 12/01 : Je ne crois pas à une très forte, à une très puissante mobilisation.

Sondologue

Expert en futurologie, diseur de bonnes prophéties, généralement très prophétiques.

Brice Teinturier, France 5, 10/01 : Mon hypothèse, c'est que compte tenu des efforts qui ont été faits pour les régimes spéciaux, il peut y avoir une mobilisation forte, mais je serais un peu étonné qu'elle dure des semaines et des semaines.

Sociologue

Espèce en voie de disparition médiatique. Les quelques individus survivants sont généralement des soutiens du gouvernement, également futurologues.

Jean Viard, BFM-TV, 3/01 : Normalement je dirais [... que] ce n'est pas un moment intense d'immenses mouvements sociaux.

Politologue

Bis. Peut également être conseiller du prince.

- Salhia Brakhlia : Aujourd'hui, Emmanuel Macron ne peut pas reculer. S'il le faisait, il perdrait sa crédibilité pour la fin du quinquennat ?

- Jérôme Fourquet : Effectivement, ce serait compliqué. [...] Le coup est parti, il faut aller maintenant au bout. (France Info, 2/01)

Leurs conclusions sont généralement récitées en boucle par les journalistes politiques.

Maxime Switek, BFM-TV, 10/01 : On cite systématiquement, ces dernières semaines, [...] le politologue Jérôme Fourquet, qui parle d'une espèce d'apathie politique qui aurait gagné la France et qui ferait qu'une partie des Français éventuellement contre cette réforme se soit résignée [...] et ne vous rejoigne pas dans la rue.

Communicant

Espèce en voie de développement médiatique. Se reproduit en particulier sur le plateau des « Informés » (France Info).

12 février 2023 : pour discuter des retraites notamment, aux côtés d'un éditorialiste et d'une journaliste siégeaient la directrice générale de Hill & Knowlton Paris (« agence de relations publiques qui aide les marques et entreprises et les publics à communiquer ») et une associée du cabinet Vae Solis Communications (« cabinet de conseil en stratégie de communication et capital réputation ») !

Intervieweur

Les meilleurs d'entre eux sont des éditorialistes modestes puisqu'ils ne livrent leurs opinions que dans la formulation des questions qu'ils posent. L'intervieweur est un éditorialiste maniant le point d'interrogation.

- Nicolas Demorand, France Inter, 2/01 : Que la France travaille plus n'est-ce pas, bêtement, le sens de l'histoire ?

- Anne-Élisabeth Lemoine, France 5, 3/02 : François Lenglet, est-ce qu'il y a une sorte de schizophrénie sociale des Français, qui sont heureux au travail, mais qui ne veulent pas travailler plus longtemps ?

- Sonia Mabrouk, Europe 1, 19/01 : Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV et zadiste. Est-ce que vous l'êtes, est-ce que vous l'assumez ? [...] Donc vous assumez de créer des zones de non-droit ? [...] Quand une minorité impose sa loi, comment vous appelez cela dans un pays ?

Expert

Invité à répétition par les médias pour expliquer aux manifestants que le gouvernement a pris les seules mesures possibles. Les meilleurs se trouvent parmi les hauts-fonctionnaires et/ou anciens ministres ayant eux-mêmes excellé dans la casse sociale.

Julien Arnaud, LCI, 10/01 : [Au] temps de la présidence Sarkozy, [...] il y avait des négociations avec Bernard Thibault. Et qui les menait, ces négociations ? Eh bien c'est Raymond Soubie. Et Raymond Soubie, il est avec nous ce soir sur ce plateau ! [...] Expert de toutes ces questions sociales. Et vous en avez mené, vous, des réformes des retraites !

Débat

Se dit des sessions de bavardage qui réunissent autour d'une table l'élite pensante des « experts » et des « éditorialistes ». Ressemble à s'y méprendre à une réunion de communicants.

On

Pronom très en vogue. Permet de généraliser une opinion minoritaire, généralement sondagière.

- Axel de Tarlé : Il y a une résignation.

- Ève Roger : Oui c'est ça, c'est ce qu'on dit. On dit une lassitude, une résignation. (France Info, 18/01)

Micro-trottoir

Cette forme avancée de la démocratie directe permet de connaître et de faire connaître l'opinion des « gens ». Victimes par excellence des « galères », les « usagers » sont d'excellents clients pour les micros-trottoirs : tout reportage se doit de les présenter comme excédés ou résignés et, occasionnellement, solidaires. Comble de la modernité, ces micros-trottoirs peuvent désormais prendre la forme « d'appels à témoins » sur les réseaux sociaux dans le sens recherché.

Opinion publique

S'exprime dans les sondages et/ou par l'intermédiaire des « grands journalistes » qui lui donnent la parole en parlant à sa place ou à la place « des Français ». Dans les sujets des journaux télévisés et/ou micros-trottoirs, quelques représentants supposés de « l'opinion publique » sont appelés à « témoigner ». Les grévistes et les manifestants ne font pas partie de « l'opinion publique », qui risque de (ou devrait...) se retourner contre eux. Nouveauté (ou presque) : les sondages en ligne auto-administrés par les éditocrates en charge de l'opinion publique.

04.03.2023 à 10:40

Guerre, Paris Match, Vice et compagnie : revue de presse de la semaine

Maxime Friot

Texte intégral (1574 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 25/02/2023 au 03/03/2023.

Critique des médias

« Les médias, avant-garde du parti de la guerre », Le Monde diplomatique, mars 2023 [article complet réservé aux abonnés].

« "Pacifier la Seine-Saint-Denis", ou pacifier "Le Figaro" », Arrêt sur images, 2/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Au royaume des aveugles : épisode 1 », Denis Robert, Blast, 26/02.

« Climat (ou pas) : les JT adorent le ski et les chaleurs hivernales », Arrêt sur images, 28/02 [article complet réservé aux abonnés].

Économie des médias

« La rédaction de "Paris Match" connaît une vague de départs inédite », Le Monde, 25/02 [article complet réservé aux abonnés].

« Après 15 ans d'existence, Vice France se retire du paysage médiatique », Libération, 27/02.

« Sept candidats à la reprise de VSD en liquidation judiciaire », Le Figaro, 2/03.

« Euronews envisage la suppression de près de deux cents postes à Lyon », Le Monde, 2/03.

« Rodolphe Saadé : "La Provence" séduite mais pas transportée par son nouveau propriétaire », Libération, 28/02 [article complet réservé aux abonnés].

« Au quotidien "La Montagne", des rotativistes en colère », Le Monde, 1/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Claude Perdriel prêt à céder Historia à LVMH », L'Informé, 28/02 [article complet réservé aux abonnés].

« La concentration des médias contre la démocratie », Nikos Smyrnaios, La Vie des idées, 28/02.

« Le producteur Stéphane Simon va lancer "Factuel", un média d'enquête en ligne », La Lettre A, 3/03 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« France Télévisions, corruption en direct en Guadeloupe », Blast, 2/03.

« En ligne, un "sous-réseau" pro-nucléaire qui assaille les journalistes », Arrêt sur images, 27/02.

« "Quotidien" et "Chalumeaugate" : vrai "shitstorm", faux plagiat ? », Arrêt sur images, 25/02.

« La complaisance révélatrice de Jacques Julliard à l'égard d'Alain de Benoist, théoricien d'extrême droite », Libération, 3/03 [article complet réservé aux abonnés].

« "Story Killers", révélateurs du dérèglement de la sphère publique », Nikos Smyrnaios, AOC, 1/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Carton jaune du régulateur à Sud Radio pour des propos racistes dans l'émission d'André Bercoff », Le Figaro, 28/02.

« CNews condamnée à publier un droit de réponse après avoir accusé LFI d'"antisémitisme" », Le Parisien, 28/02.

« Audition d'une journaliste par l'IGPN : le SNJ dénonce une attaque contre la protection et le secret des sources », SNJ, 2/03.

« Quand Valgo tente de s'en prendre au secret des sources avec le concours du tribunal de commerce de Rouen », Le Poulpe, 28/02.

« Finistère : environ 600 personnes rassemblées à Carhaix pour soutenir les journalistes du "Poher", victimes de menaces », France Bleu, 25/02.

Et dans Le Canard Enchaîné : « Coup de catho chez "Match" » (1/03) – ou comment Paris Match annula la publication des bonnes feuilles d'un livre sur les finances du Vatican.

Dans le monde

« Israël, les images de l'impunité : RSF compile les images prouvant que des journalistes sont délibérément ciblés par les forces de l'ordre israéliennes », RSF, 3/03.

« Procès de l'"élection volée" : Rupert Murdoch dévoile les liaisons dangereuses de Fox News et du clan Trump », Les Échos, 1/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Famille royale, showbiz et paparazzi : les tabloïds, une histoire 100 % british », The Conversation, 2/03.

« L'IA appelée à remplacer des journalistes chez le groupe allemand Springer », Le Figaro, 2/03 [article complet réservé aux abonnés].

« Journalistes russes en exil : informer coûte que coûte contre les intoxications du Kremlin », Mediapart, 25/02 [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi : Bangladesh, Iran, Pologne, Guatemala, Égypte, Pakistan, Chine...

Parution

Un « petit » candidat face aux « grands » médias, Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, Libertalia, 3 mars 2023.

Agenda

27/03 – 1/04 : Semaine de la presse et des médias dans l'école.

27/03 – 1/04 : Assises du journalisme, à Tours.

28/03 : Mardi d'Acrimed avec Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, à Paris.

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

03.03.2023 à 17:38

Un « petit » candidat face aux « grands » médias : rencontre avec Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo

La rencontre est reportée à une date ultérieure.

- Les Jeudis d'Acrimed (1996-2023) / ,
Texte intégral (674 mots)

[La rencontre, prévue initialement le 28/03, est reportée à une date ultérieure]

Rendez-vous pour une rencontre-débat avec Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, tous trois militants du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) et, pour le premier, candidat aux élections présidentielles de 2012, 2017 et 2022. Ils publient Un « petit » candidat face aux « grands » médias aux éditions Libertalia (parution ce 3 mars 2023). Entrée libre et gratuite.

Quand le NPA a-t-il voix au chapitre dans les grands médias ? Quel traitement ces derniers réservent-ils à un « petit » candidat, ouvrier, en période électorale ? Comment les chefferies éditoriales jouent-elles avec l'encadrement des temps de parole et comment se jouent-elles des principes démocratiques ? Comment et pourquoi ont-elles « contribué à saboter la campagne présidentielle, à la neutraliser et à renforcer son caractère antidémocratique » ? Faut-il aller partout, répondre à tout type de sollicitations médiatiques, quels critères le NPA se fixe-t-il en la matière et pourquoi ? Est-il possible de subvertir des dispositifs formatés à l'image des classes dominantes et visant à digérer toute forme de radicalité ? Que fait la médiatisation au collectif ? Comment se manifeste le rapport de subordination dans les médias dominants ? Quels préambules et quels « à-côtés » recouvre un passage média ? Que se passe-t-il lorsque l'on décide de critiquer un patron de média dans son média ou de pointer certains mécanismes médiatiques délétères à l'œuvre dans le traitement médiatique de tel ou tel événement ? Comment construire un rapport de forces face aux chefferies éditoriales, à quelles conditions ce dernier est-il possible et quelles sont ses limites ?

Ce sont toutes ces questions – et bien d'autres ! – que pose le livre écrit par Philippe Poutou, Julien Salingue et Béatrice Walylo, et que nous tenterons d'aborder lors de cette rencontre. Si les réponses ou solutions « clé en main » n'existent pas, le NPA met sur la table un témoignage destiné à « contribuer aux discussions et à la nécessaire réflexion, au sein de la gauche sociale et politique, et notamment de la gauche radicale, sur notre rapport aux médias et à notre propre médiatisation. Cette dernière [...] est le fruit d'un rapport de forces permanent, au sein duquel rien ne nous est jamais donné, et tout – ou presque – est toujours arraché. Ce qui implique de penser notre médiatisation comme un combat, et non comme un donné, passant par la constitution de nos propres médias mais aussi par de nécessaires conflits avec les "grands" médias qu'il ne s'agit pas de déserter. Un combat qui ne peut se limiter à une mise en scène du rapport de forces, mais qui doit contribuer à le construire, en assumant le fait que cette confrontation comprend une dimension de classe essentielle. »

Pour Acrimed, qui lutte depuis 1996 pour que la question des médias (re)devienne une question politique de premier plan, et s'interroge en particulier sur les positionnements de la gauche de gauche à l'égard des médias, cette contribution est précieuse. Et parce que ces questions (ô combien d'actualité) sont l'affaire de toutes et tous, nous vous invitons à venir en débattre avec nous.

La bande-annonce des éditions Libertalia

02.03.2023 à 10:03

Un (nouveau) livre d'Acrimed : Les médias contre la gauche

Acrimed

Parution le 17 mars 2023, aux éditions Agone.

- Les autres publications imprimées
Texte intégral (662 mots)

Les médias contre la gauche, de Pauline Perrenot (Acrimed), paraît le 17 mars aux éditions Agone. Vous pouvez le précommander dès maintenant sur notre boutique en ligne.

« Service après-vente zélé des politiques gouvernementales et consécration enthousiaste du grand "réformateur" ; banalisation des thèses de l'extrême droite et légitimation de ses représentants ; mutilation permanente du débat socio-économique ; journalisme de préfecture applaudissant la répression des mouvements sociaux et promouvant le durcissement de l'autorité de l'État ; tirs de barrage constants contre la gauche dans toutes ses composantes et, en particulier, contre ses franges les moins solubles dans le réformisme. » Revenant sur certains des épisodes médiatiques les plus emblématiques des cinq dernières années, ce livre, qui s'appuie sur le travail d'observation et d'analyse réalisé par Acrimed, est le produit d'un engagement collectif.

Il donne à voir à quel point les médias dominants, en situation d'interdépendance étroite à l'égard des pouvoirs politique et économique, contribuent à mutiler le pluralisme et le débat démocratique. Dirigés et contrôlés par des chefferies éditoriales sociologiquement solidaires des intérêts et des points de vue des classes dirigeantes, ces médias jouent un rôle actif dans l'histoire sans fin de la droitisation du débat public depuis quarante ans. Un processus qui s'est encore accéléré au cours du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, en même temps que se dégradaient les conditions d'expression et d'existence médiatique de la gauche.


Un Jeudi d'Acrimed est prévu le 20 avril, 19h, à la Bourse du travail de Paris, ainsi qu'une série de rencontres :

Le 15 mars à Sète (19h à La nouvelle librairie sétoise) ;

Le 16 mars à Montpellier (19h à la Carmagnole) ;

Le 17 mars à Lyon (19h à la librairie Ouvrir l'œil) ;

Le 18 mars à Marseille (17h à la librairie Maupetit) ;

Le 23 mars à Paris (19h à la librairie La petite Égypte) ;

Le 26 avril à Rennes (18h30 à la Maison du jeu de Paume).

Le 25 mai à Fontenay-sous-Bois (à la librairie La Flibuste).

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