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Observatoire critique des médias né du mouvement social de 1995

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26.07.2024 à 10:42

C8, TNT, Challenges et compagnie : revue de presse de la semaine

Elvis Bruneaux, Maxime Friot

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Du 19/07/2024 au 25/07/2024.

- L'actualité des médias
Texte intégral (1090 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 19/07/2024 au 25/07/2024.

Critique des médias

« Mégabassines : à la TV, les manifestant·es accusé·es de violences à tort », Arrêt sur images, 23/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Passage de la flamme à Paris : fake news dans le "JDD" (bis) », Arrêt sur images, 23/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Tour de France : le dopage, tabou sur France Télévisions ? », Arrêt sur images, 22/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Fort Boyard, le "programme familial" (à ne pas regarder en famille) », Arrêt sur images, 21/07.

« Baignade d'Hidalgo dans la Seine : on nage dans la com'pol », Arrêt sur images, 20/07.

Économie des médias

« Canal+ : ce contentieux avec Bercy qui pourrait lui faire perdre 200 millions d'euros par an », L'Informé, 23/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Prisma Media : une vie plus difficile sans Gala », L'Informé, 22/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Les syndicats de Ouest-France vont saisir le médiateur sur les droits voisins », La Lettre, 19/07 [article complet réservé aux abonnés].

TNT

« La chaîne C8, de Vincent Bolloré, perd sa fréquence sur la TNT, ainsi que NRJ12 », Le Monde, 24/07.

« TNT : l'Arcom remplace Cyril Hanouna par Raphaël Enthoven », Arrêt sur images, 24/07 [article complet réservé aux abonnés].

« C8 : le grand trépassement », Les Jours, 24/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Réels TV et OFTV, les nouvelles chaînes gratuites qui arrivent en 2025 », Libération, 24/07.

« TNT : contre la décision de l'ARCOM, soutenons le recours du Média », Le Média.

Dans les rédactions

« Challenges censure sa Une sur les Français les plus riches pour faire plaisir à son actionnaire Bernard Arnault », StreetPress, 24/07.

« Big bang à la direction de BFM TV : Marc-Olivier Fogiel et Hervé Beroud remplacés par Jean-Philippe Baille et Fabien Namias », Libération, 22/07.

« Correspondant·es à l'étranger : burnouts en série », Arrêt sur images, 25/07 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« Censure : plus de 500 artistes interpellent Vincent Bolloré après la disparition de Zaho de Sagazan des ondes de Lagardère », Libération, 25/07.

« Violation du secret de l'instruction : appel aux dons du "Poulpe" », 19/07, Arrêt sur images [article complet réservé aux abonnés].

« Ce jugement ne fera pas rire du tout Patrick Sébastien », L'Informé, 25/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "On emmerde les fachos" : l'émission "Drag Race France" a-t-elle coupé au montage une phrase contre l'extrême droite ? », Libération, 22/07.

« RSF et 25 organisations demandent à la présidente de la Commission européenne des garanties fortes en matière de libertés de la presse, RSF, 19/07.

Et aussi, dans le monde : Italie, Russie, Bangladesh...

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

19.07.2024 à 12:23

Arcom, Caroline Fourest, Adèle Van Reeth et compagnie : revue de presse de la semaine

Elvis Bruneaux

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Texte intégral (1536 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 12/07/2024 au 18/07/2024.

Critique des médias

« Économie : Pourquoi les médias s'acharnent-ils contre le NFP ? », Arrêt sur images, 15/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Meurtre d'une femme trans : titre transphobe sur BFM Paris », Arrêt sur images, 13/07.

« Déroute des éditorialistes : rien ne s'est passé comme prévu », Blast, 14/07.

« Nicolas Conquer : ex-candidat LR-RN et invité chéri des télés sur Trump », Arrêt sur images, 16/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "C'est bien pour une journaliste d'avoir des sources" : David Guiraud (LFI) tacle Géraldine Woessner ("Le Point") en direct sur BFMTV », PureMedias, 16/07.

« Affaire Jégou-Auradou : même pas besoin de parodier CNews », L'Humanité, 17/07.

« Psychiatre anti-MeToo sur CNews : l'Arcom saisie », Arrêt sur images, 16/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Joffrin, Fourest : ils ne sont plus à un mensonge près pour taper sur LFI », Le Média, 17/07.

« Caroline Fourest et le service public », blog, 12/07.

Économie des médias

« "Marianne" : CMI France et Pierre-Edouard Stérin mettent fin aux négociations exclusives face à la "volonté unanime" des salariés », Le Monde, 18/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Les Échos : Christophe Jakubyszyn valide sa réorganisation auprès des élus du personnel », La Lettre, 12/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "AlertesInfos" dénonce l'achat de "Mediavenir" par Pierre-Édouard Stérin », Arrêt sur images, 13/07 [article complet réservé aux abonnés].

« La situation politique déclenche une croissance inédite pour les quotidiens nationaux », La Lettre, 15/07 [article complet réservé aux abonnés].

« La régie publicitaire de La Provence placée à l'isolement pour ne pas compromettre le rachat de BFM TV », La Lettre, 15/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Quel avenir pour "Causette" ? », Arrêt sur images, 17/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Nos comptes 2023 : annus horribilis », Arrêt sur images, 17/07 [article complet réservé aux abonnés].

Attribution des fréquences TNT par l'Arcom

« C8 et CNews peuvent-elles vraiment perdre leurs fréquences TNT ? », 15/07, Libération, 15/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Devant l'Arcom, CNews s'accroche à son modèle de chaîne d'opinion », Mediapart, 15/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Audition de Cnews devant l'Arcom : propagande contre pluralité », Blast, 15/07.

Pas de fréquence pour les chaînes de la haine, C8 et CNews, tribune, 15/07.

« Attribution des fréquences de la TNT : BFM-TV fait des promesses, l'Arcom réclame des engagements », Le Monde, 16/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Télévision : l'offensive de charme de L'Express, Ouest-France et Daniel Kretinsky pour décrocher une fréquence », Le Figaro, 16/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Face à l'Arcom, le Média défend son ambitieux projet de chaîne TNT "citoyenne de gauche" », Libération, 13/07 [article complet réservé aux abonnés].

Dans les rédactions

« Affaire libyenne : "L'état-major de BFMTV s'est mis au service de Sarkozy" », Arrêt sur images, 12/07.

« Consternation à BFM TV après les révélations de "Mediapart" sur l'opération "Sauver Sarko" », Libération, 12/07 [article complet réservé aux abonnés]

« Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, visée par une motion de défiance », Le Monde, 12/07 [article complet réservé aux abonnés].

« France Inter recrute la directrice adjointe de la rédaction du Point », La Lettre, 12/07 [article complet réservé aux abonnés].

« France Bleu met fin à sa libre antenne "Les mots du soir" », Arrêt sur images, 14/07 [article complet réservé aux abonnés].

« France télévisions : les syndicats préparent une action contre les transferts vers la filiale de production », La Lettre, 17/07 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« L'Arcom renforce les règles de contrôle du pluralisme dans les médias audiovisuels », Le Monde, 18/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Après son faux scoop sur la loi immigration, le "JDD" est visé par une plainte du parti macroniste », Mediapart, 13/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Appel à désarmer l'empire Bolloré ! », Les Soulèvements de la Terre.

« France : RSF dépose plainte aux côtés des journalistes menacés de mort », RSF, 15/07.

Et aussi, dans le monde : Inde, Burkina Faso...

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

15.07.2024 à 10:32

« Oui, l'Arcom doit stopper C8 et CNews »

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Un texte du Fonds pour une presse libre.

- Toutes les télés / , ,
Texte intégral (2233 mots)

Nous publions ci-dessous sous forme de tribune [1] un texte de François Bonnet, président du Fonds pour une presse libre (FPL), paru initialement le 10 juillet sur leur site. (Acrimed)

L'autorité régulatrice de la communication examine le renouvellement des autorisations de diffusion des chaînes de télévision contrôlées par Bolloré, dont C8 et CNews. Demander leur interdiction sur la TNT n'est pas attenter à la liberté d'expression, comme le clament les médias Bolloré. Il s'agit seulement de faire respecter la loi, piétinée depuis de nombreuses années par ces deux chaînes.

C'est l'heure de vérité pour l'Arcom, qui est l'autorité administrative indépendante chargée de la régulation de la communication audiovisuelle et numérique en France. L'Arcom doit ce mois-ci se prononcer sur le renouvellement – ou non- de quinze chaînes de la TNT dont les autorisations de diffusion expireront début 2025 (le détail est à lire ici).

La TNT, ce sont des fréquences publiques, en nombre limité mais accessibles par voie hertzienne partout sur le territoire, et donnée gratuitement par l'Etat à des opérateurs privés. Seule contrepartie : ces chaînes doivent scrupuleusement respecter un cahier des charges fixé dans une convention négociée entre l'opérateur et l'autorité administrative pour une durée de dix ans.

Ces conventions, qui découlent de la loi de 1986 sur l'audiovisuel, sont donc scrutées de près, bien sûr quand il s'agit de chaînes payantes (Canal+ ou Paris Première, par exemple), mais particulièrement quand il s'agit de chaînes gratuites, donc de médias de masse accessibles partout et par tout le monde.

D'où le débat qui s'est noué ces dernières années sur deux chaînes contrôlées par l'homme d'affaires Vincent Bolloré (via le groupe Vivendi) : C8 et CNews. La première s'est tout entière construite autour des émissions de l'animateur Cyril Hanouna. La seconde (ex-Itélé) est au coude-à-coude avec BFM-TV pour le titre de première chaîne d'information en continu.

Depuis leur rachat par Vincent Bolloré, ces chaînes ont été transformées en porte-voix de l'extrême-droite et mises au service du projet idéologique de « guerre civilisationnelle » de l'homme d'affaires. Plus grave encore, leurs formats (clashs incessants, débats plutôt qu'information, sensationnalisme, fausses nouvelles) et leurs thématiques (insécurité, immigration, faits divers transformés en faits de société, etc.) ont progressivement diffusé dans l'ensemble du système audiovisuel d'information, jusque parfois dans le service public.

Les 10 millions de voix -un score historique- obtenues par le Rassemblement national lors des élections législatives sont venues relancer le débat, nécessaire et légitime, sur la responsabilité des médias dans cette progression spectaculaire de l'extrême-droite, devenu premier parti politique dans notre pays.

Nier cette responsabilité, en soulignant combien il existe bien d'autres coupables, c'est s'aveugler. Les médias de masse gratuits (télés et radios) façonnent largement notre espace public. Ils sont les principaux organisateurs des débats qui traversent la société. Cette fonction sociale leur donne une responsabilité particulière.

D'où la nécessité d'une régulation démocratique par les lois et règlements que l'Arcom a la responsabilité de faire appliquer. Ce qu'elle n'a fait qu'avec une extrême timidité jusqu'à maintenant. Deux événements l'ont spectaculairement souligné cette année. Le premier est la décision du Conseil d'Etat, saisi par Reporters sans Frontières, qui en février a ordonné à l'Arcom d'établir de nouveaux critères permettant de mesurer le respect du pluralisme au sein de chacune des chaînes diffusées sur la TNT.

Le deuxième est la commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'attribution de ces fréquences TNT, dont les auditions et le rapport final ont établi combien l'Arcom était une autorité faible ou hésitante, mal armée face à des opérateurs privés puissants.

C8 et Cnews sont des cas d'espèce tant ces deux chaînes ont poussé jusqu'au bout les logiques de manipulation de l'information, de propagande, d'asservissement du journalisme et de crétinisation du débat public pour le seul bénéfice de l'extrême-droite. « 30% des électeurs de ce pays votent pour l'extrême-droite, il n'est pas anormal qu'ils aient leurs médias », expliquait un homme d'affaires devant la commission d'enquête parlementaire. L'argument serait entendable s'il s'agissait de médias privés et payants. Il ne peut l'être quand il s'agit de médias gratuits et distribués sur des fréquences publiques.

Surtout, il ne peut pas l'être quand ces deux chaînes ont méthodiquement violé les engagements fixés par leur convention de diffusion ainsi que quelques lois fondamentales (contre le racisme, la xénophobie, les discriminations, les appels à la haine…). L'audition des dirigeants de C8 par l'Arcom, mardi 9 juillet, a permis d'en prendre à nouveau la mesure. C8 a multiplié les sanctions financières : 7.610.000 euros en tout (dont 200.000 euros pour publicité clandestine). Comme l'a rappelé un membre de l'Arcom, « après vous, la chaîne la plus sanctionnée l'a été à hauteur de 300.000 euros ».

Cyril Hanouna est l'animateur le plus sanctionné du PAF. La dernière en date est du 14 juin : 50.000 euros d'amende pour une séquence où des personnes handicapées étaient présentées à tort comme des toxicomanes accros à la « drogue du zombie ». Au total, selon un recensement fait par Le Monde, C8 et CNews ont été depuis 2012 rappelées à l'ordre à 44 reprises, avec une très forte accélération des sanctions ces quatre dernières années (28 rappels à l'ordre).

« C8 en est déjà à sept sanctions ces douze derniers mois pour non-respect de la vie privée, atteintes à l'honneur, à la réputation, à la dignité de la personne humaine, à la protection des mineurs, au droit à l'image », a rappelé un membre de l'Arcom. La réponse des dirigeants de C8 a été de s'engager à diffuser l'émission d'Hanouna avec un différé de « 15 à 45 minutes » pour éventuellement supprimer certaines séquences. « Mais nous le ferons à regret », a souligné le patron du groupe Canal (dont dépend C8), Maxime Saada, qui a expliqué combien le « vrai » direct était le carburant de l'audience…

Cette proposition a paru laisser de marbre les membres de l'Arcom. « A chaque fois, vous nous avez expliqué que cela ne se reproduirait plus, et cela n'a pas cessé », a dit l'un. « Pourquoi croire que vous ferez tout ce que vous n'avez pas fait ces dernières années ? », a ajouté un autre. « Pourquoi cet engagement maintenant ? », a dit un troisième, quand il aurait pu être mis en application il y a des années.

Sanctionnée par l'Arcom à 16 reprises depuis 2019, CNews illustre jusqu'à la caricature ces violations répétées des obligations prévues dans sa convention de diffusion (elle peut être lue ici). Ce texte les énonce pourtant clairement, en voici quelques exemples :

Article 2-3-2 : « L'éditeur assure le pluralisme de l'expression des courants de pensée et d'opinion (…) Il veille à ce que l'accès pluraliste des formations politiques à l'antenne soit assuré dans des conditions de programmation comparable. Les journalistes, présentateurs, animateurs veillent à respecter une présentation honnête des questions prêtant à controverse et à assurer l'expression des différents points de vue ».
Article 2-3-3 : « L'éditeur veille à respecter les différentes sensibilités politiques, culturelles et religieuses du public ; à ne pas encourager des comportements discriminatoires en raison de la race, du sexe, de la religion ou de la nationalité ; à promouvoir les valeurs d'intégration et de solidarité »
Article 2-3-8 : « L'exigence d'honnêteté s'applique à l'ensemble du programme. L'éditeur veille à éviter toute confusion entre information et divertissement. L'éditeur vérifie le bien-fondé et les sources de l'information ».

Toutes ces obligations, et bien d'autres, ont été régulièrement « oubliées » par CNews. Dernières sanctions en date de la chaîne d'information : le 10 juillet, l'Arcom a annoncé infliger deux amendes à la chaîne, de 60.000 et 20.000 euros. La première vise la diffusion d'un débat sur la loi sur l'immigration au cours duquel deux invités ont pu répéter « L'immigration tue », sans réaction de l'animateur. La seconde sanctionne la diffusion d'un débat où un intervenant a pu nier, sans relance ni contradiction, la réalité du réchauffement climatique qualifié « de mensonge et d'escroquerie ».

Le député (LFI) Aurélien Saintoul, rapporteur de la commission d'enquête parlementaire sur la TNT, avait été très clair en remettant son rapport : « Je ne comprendrais pas que les chaînes CNews et C8 puissent se voir en l'état renouveler leurs autorisations de diffusion ». D'autres personnalités politiques (la députée écologiste Sophie Taillé Polian, par exemple) des associations (Reporters sans frontières, le collectif Stop Bolloré) demandent ce non-renouvellement. Même l'ancienne ministre de la culture d'Emmanuel Macron, Rima Abdul Malak, avait fait valoir à l'automne dernier que l'Arcom « saura regarder comment elles ont respecté ces obligations ».

Cela explique la violente campagne menée depuis des mois par les médias du groupe Bolloré. Christophe Deloire, directeur général de RSF décédé début juin, avait été victime en février du rouleau compresseur. Insulté dans l'émission de Pascal Praud, l'offensive s'est poursuivie sur C8, sur Europe1 puis a été montée à la Une du Journal du Dimanche, Deloire étant qualifié de « ministre de la censure ».

Et c'est donc au nom de « la liberté d'expression », que ces médias de propagande, usines à fake news, font campagne et multiplient les pressions. Or, on l'a compris, la question de C8 et de CNews n'a rien à voir avec la liberté d'expression. Il ne s'agit que de lutte contre la délinquance, celle de chaînes qui de manière délibérée violent la loi et le cadre règlementaire dans lequel elles opèrent.

Rien n'empêche C8 et CNews de quitter la TNT pour se faire distribuer par les box des différents opérateurs de téléphonie et fournisseurs d'accès internet. Et si d'aventure, ces chaînes n'étaient pas acceptées sur les « bouquets » des différentes boxs, elles pourraient encore plus aisément s'installer sur Internet, un espace bien moins régulé que la TNT.

Les dernières élections, européennes puis législatives, ont montré à leur manière comment l'Arcom (ex-CSA) a laissé Vincent Bolloré créer un monstre médiatique qui déstabilise aujourd'hui notre espace public et démocratique.

Il est de bon ton chez les responsables politiques de critiquer avec des formules définitives la « dangerosité » des réseaux sociaux. Mais les mêmes (élus macronistes, républicains et du rassemblement national) se rangent volontiers aux arguments du groupe Bolloré oubliant que « le réseau TNT » est fortement régulé parce que c'est dans cet espace que se tient une bonne part de notre débat démocratique. La propagande, les post-vérités, les appels à la haine, à la discrimination, au racisme ne peuvent y avoir leur place.

Il nous faut donc demander à l'Arcom d'avoir enfin un peu de courage en ne renouvelant pas les autorisations TNT de ces chaînes. Non pas pour les « censurer » puisqu'elles peuvent à tout moment trouver une autre place dans le paysage médiatique. Mais simplement pour faire respecter la loi.

François Bonnet, président du FPL


[1] Les articles publiés sous forme de « tribune » n'engagent pas collectivement l'association Acrimed, mais seulement leurs auteurs dont nous ne partageons pas nécessairement toutes les positions.

12.07.2024 à 10:12

Sondages, Arcom, France Inter et compagnie : revue de presse de la semaine

Maxime Friot

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Texte intégral (1705 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 05/07/2024 au 11/07/2024.

Critique des médias

« Les médias en guerre contre le Nouveau Front populaire », Acrimed, 5/07.

« Projections en sièges : comment les sondages ont échoué à prédire la défaite du RN aux législatives », Libération, 8/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Législatives : pourquoi les sondages ont raté la victoire du NFP », Arrêt sur images, 10/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Législatives : CNews incite ses téléspectateurs à ne pas accepter le résultat des élections si le RN ne l'emporte pas », Télérama, 5/07.

« La petite musique de "l'élection volée" dans les médias Bolloré », Arrêt sur images, 9/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "Stupeur", "grosse déception", "chaos" : Libé a regardé la soirée électorale sur CNews », Libération, 8/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Législatives : "Malheur des pros", Pascal Praud à la peine sur CNews », Libération, 8/07.

« Les électeurs du RN se font voler leur victoire, l'islamisme conquiert l'Assemblée et BFMTV agonit Jordan Bardella », Télérama, 11/07.

« Législatives 2024 : les médias Bolloré ont fait campagne jusqu'au bout », Le Monde, 7/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Violences racistes : pas une minute dans les JT post-législatives », Arrêt sur images, 5/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Les JT face au racisme de candidat·es RN », Arrêt sur images, 5/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Immigration : le silence complaisant de la télé face au RN », Arrêt sur images, 7/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Pour Anne-Claire Coudray, on ne parle pas assez d'immigration », Arrêt sur images, 5/07.

« Le fondateur du "Point" accusé de pédocriminalité, silence de l'hebdo », Arrêt sur images, 9/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Conspiracy Watch #4 : Ménager Macron, accabler les Gilets jaunes et la "gauche radicale" », Blast, 5/07.

« Le rédacteur en chef adjoint de "Politis" diffamé sur LCI », SNJ-CGT, 11/07.

« Cyclisme : l'hommage de Ferrand à une figure d'extrême droite », Arrêt sur images, 11/07 [article complet réservé aux abonnés].

Économie des médias

« Le Monde, premier bénéficiaire des aides à la presse », La Lettre, 5/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Les contours de RéelsTV, le projet de Daniel Kretinsky pour accéder à la TNT », La Lettre, 9/07 [article complet réservé aux abonnés].

Dans les rédactions

« Extrême droite : mouvements de contestation dans les rédactions », Acrimed, 5/07.

« Presse locale et RN : des directions critiquées par leurs rédactions », Arrêt sur images, 5/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Traiter le RN comme un parti banal : des journalistes se rebiffent face à leur direction », Mediapart, 7/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Des textos révèlent comment BFM s'est mise au service de Sarkozy, le "boss" », Mediapart, 10/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Révélations de "Mediapart" : les journalistes de BFM interpellent la direction », Arrêt sur images, 10/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Adèle Van Reeth, directrice de France Inter, visée par une motion de défiance de la rédaction », Le Monde, 11/07 [article complet réservé aux abonnés].

« France Inter : la rédaction se mobilise contre l'arrivée de Patrick Cohen », La Lettre, 11/07 [article complet réservé aux abonnés].

« À peine arrivé, Christophe Jakubyszyn bouleverse l'organisation des Échos », L'Informé, 5/07 [article complet réservé aux abonnés].

« À la "Manche Libre", les LGBT n'ont plus le droit de cité », Arrêt sur images, 11/07 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« Proposition pour un statut juridique des rédactions », Acrimed, 9/07.

« Le CDJM publie neuf nouveaux avis », CDJM, 5/07.

« Insultes de Cyril Hanouna contre le député LFI Louis Boyard : l'amende record de 3,5 millions d'euros pour C8 maintenue par le Conseil d'Etat », Le Monde, 10/07.

« CNews sanctionné par l'Arcom de 80 000 euros d'amendes pour « manquements » à ses obligations », Le Monde, 10/07.

« Devant l'Arcom, les dirigeants de C8 tentent de défendre "TPMP" en expliquant que ça pourrait être pire », Libération, 9/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Oui, l'Arcom doit stopper C8 et CNews », Fonds pour une presse libre, 10/07.

« Europe 1 : que fait l'Arcom pour s'opposer à la mort d'une chaîne généraliste ? », Libération, 11/07 [tribune complète réservée aux abonnés].

« Législatives : ces journalistes empêchés ou violentés par le RN », Arrêt sur images, 8/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Le député RN qui veut aider TF1 et M6 », La Lettre, 10/07 [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi, dans le monde : Italie, Turquie, Birmanie, Colombie, Indonésie...

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

11.07.2024 à 10:40

Menons la bataille des médias !

Acrimed

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Appel à soutien.

- Quel financement ?
Texte intégral (593 mots)

Nous sommes militants, journalistes, universitaires, usagers des médias et nous sommes réunis en association : depuis 1996, Acrimed documente le fonctionnement des médias, critique leurs productions éditoriales et porte des propositions pour les transformer. Les deux campagnes électorales auxquelles nous venons d'assister montrent que ces combats sont toujours d'actualité. Mieux : qu'ils sont plus que jamais d'actualité. Pour nous aider à les poursuivre et à les amplifier, nous faisons appel à vous.

Quiconque a suivi les récentes campagnes de légitimation de l'extrême droite et de diabolisation de la gauche ne peut que constater le pouvoir de nuisance qu'exercent les médias dominants dans le débat public. Désinformation, confusionnisme, invectives et calomnies sont trop souvent devenus le lot du « commentaire d'actualité ».

Alors bien sûr, l'éditorialisation à sens unique n'est pas un phénomène nouveau, pas plus que ne le sont les atteintes multiformes au pluralisme et le mépris de la déontologie journalistique la plus élémentaire. Les cabales médiatiques contre la gauche ne datent pas d'hier. Toutefois, leur violence et leur effet « de masse » – façon rouleau compresseur – se sont très nettement exacerbés autour de la question palestinienne et au gré des deux dernières séquences électorales. À cet égard, si le pire a été évité, nous demeurons aujourd'hui au bord du gouffre, et les médias dominants risquent de nous y précipiter.

Le moment appelle donc à un dépassement de nos activités : il y a urgence à établir un front commun pour la réappropriation démocratique des médias, dans lequel Acrimed doit jouer son rôle.

Concentration et financiarisation des médias ; consolidation du pôle réactionnaire dans le champ journalistique ; hégémonie du modèle low-cost de « l'information en continu » ; indépendance des rédactions ; pratiques professionnelles et formation des journalistes ; emprise des sondages (et des instituts qui en font commerce) ; service public de l'information et de la culture ; soutien des médias indépendants… les questions à agiter sont nombreuses. Et toutes les forces de gauche – politique, syndicale, associative, médiatique – engagées dans des luttes d'émancipation doivent impérativement les mettre à l'agenda le plus tôt possible. Des perspectives se dessinent d'ores et déjà. Pour nous aider à pousser dans ce sens et à prendre toute notre part dans cette bataille, soutenez-nous !

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09.07.2024 à 15:26

Proposition pour un statut juridique des rédactions

Guillaume Dartigue, Jean Pérès, Lucas Baire

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Texte intégral (3228 mots)

Considérant dès sa création que pour qu'un autre monde soit possible, d'autres médias sont nécessaires, Acrimed a engagé de longue date une réflexion et un débat sur des propositions de transformation des médias dominants. L'aggravation de la situation desdits médias au cours des dernières années a suscité un approfondissement de cette réflexion, dont témoigne la présente contribution. Celle-ci porte exclusivement sur le statut juridique des rédactions [1], sans oublier pour autant les questions qui lui sont liées et qui seront exposées ultérieurement...

Des rédactions sans statut juridique

Parler d'« équipe éditoriale » pour désigner l'ensemble des journalistes d'un média constitue un abus de langage, ladite équipe n'ayant en réalité aucun pouvoir éditorial autre que celui que veut bien lui concéder son directeur de rédaction et/ou son propriétaire – qu'elle ne peut du reste ni choisir, ni changer… C'est dire que le collectif des journalistes n'a aucune prise sur les deux piliers de l'identité de leur média : sa propriété et sa ligne éditoriale. Le statut juridique des rédactions n'existe pas. Les journalistes, seuls producteurs de l'information, n'ont aucun droit sur elle.

Certes, les journalistes peuvent individuellement faire jouer la « clause de cession » en cas de modification importante dans le capital du média, ainsi que la « clause de conscience » lorsque surgit un désaccord avec un changement de ligne éditoriale. Dans ces deux cas, ils peuvent démissionner tout en percevant des indemnités de licenciement et les allocations de chômage. À l'échelle individuelle donc, leur droit peut se résumer ainsi : « Si tu n'es pas content, tu t'en vas ! » sans aucune possibilité de négociation.

Les sociétés de journalistes

L'absence de droits collectifs n'a pas empêché les rédactions de s'organiser pour défendre leurs intérêts. Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, des « sociétés de journalistes » sont créées périodiquement, particulièrement en période de crise, pour soutenir leurs revendications. Théorisées par Jean Schwoebel [2] et documentées par Bertrand Verfaillie [3], ces sociétés de journalistes ont parfois obtenu gain de cause, quand le rapport de forces leur était favorable [4]. Toutefois, la plupart du temps, elles sont impuissantes face à une hiérarchie qui a tous les droits.

Leur développement s'est opéré par vagues. Limitées à quelques grands quotidiens dans les années 1950, elles sont une vingtaine à la fin des années 1960, regroupées dans la Fédération française des sociétés de journalistes, devenue en 2005 le Forum des SDJ, qui associe les SDJ de 30 médias. Plus récemment, enfin, à la suite des concentrations accélérées par les milliardaires, elles se sont multipliées (plus d'une centaine) dans toutes les catégories de médias [5].

En dépit de capacités très restreintes, au gré de leurs revendications, leur expérience leur a permis de mettre progressivement à jour les éléments constitutifs de ce que pourrait être un véritable statut juridique des rédactions. Ce sont ces éléments, et quelques autres, qui sont mobilisés dans la présente proposition.

Une revendication pleine d'actualité

Revendiqué de longue date par les syndicats de journalistes, le « statut juridique des rédactions » consiste à conférer une assise légale à l'équipe éditoriale rédactionnelle de chaque média, qui lui assure a minima un droit de regard sur sa ligne éditoriale.

À cet égard, le « droit d'agrément », élément central et inhérent à ce statut, entend prendre la forme d'un droit de veto aux journalistes sur la nomination de leurs responsables de rédaction.

Cette question a été récemment mise à l'ordre du jour, à la suite de la nomination de Geoffroy Lejeune à la direction de la rédaction du JDD, et de la grève infructueuse qui a tenté de s'y opposer, lesquelles se sont soldées par la démission de 95% de la rédaction. L'existence d'un droit d'agrément dans la loi aurait sans aucun doute permis de s'opposer efficacement à ce qui s'apparente à un putsch éditorial.

L'épisode a suscité de nombreuses réactions. Diverses propositions de loi portant l'instauration d'un droit d'agrément, qu'Acrimed appelait à approfondir, ont émergé au cours de cette année. Une requête a été adressée à la ministre de la Culture et cette question est inscrite aux États Généraux de l'Information (EGI) lancés par le gouvernement, ainsi que dans le cadre de la contre-initiative lancée par le Fonds pour une presse libre (FPL), les États Généraux de la Presse Indépendante (EGPI) [6].

À l'Agence France-Presse, les syndicats, la SDJ et le CSE se sont également saisis de la question.

Ces exemples montrent que la revendication est sérieusement soutenue par une part significative de la profession. Acrimed a souhaité contribuer à l'effort collectif en menant un travail conséquent d'entretiens, afin de recueillir les points de vue des acteurs les plus concernés, des sociétés de journalistes aux syndicats.

Défendre le pouvoir collectif des journalistes sur leur ligne éditoriale

La liberté de la presse n'est trop souvent envisagée que sous l'angle des droits individuels des journalistes à ne pas subir de pressions ni d'obstruction dans leur travail d'information et sous celui de la liberté d'entreprendre des actionnaires, libres de faire ce que bon leur semble des médias dont ils s'emparent. À l'inverse, l'idée selon laquelle les journalistes devraient bénéficier de droits collectifs sur la ligne éditoriale de leur média, voire sur sa vie économique, est trop rarement défendue. Elle n'est pourtant pas nouvelle : la Charte de Munich signée en 1971 évoquait un droit de l'équipe rédactionnelle d'être consultée sur les décisions importantes prises par la direction pour tout ce qui la concerne.

En l'état actuel du droit, l'actionnaire d'un média a le pouvoir d'imposer de force les changements de ligne éditoriale qu'il souhaite. Au mieux, les journalistes en désaccord avec ces changements pourront obtenir le bénéfice de leur clause de conscience et démissionner en bénéficiant de l'assurance chômage et d'indemnités équivalentes à des indemnités de licenciement.

Une telle situation témoigne de la faiblesse de la protection des journalistes et du recul plus général de la liberté de la presse qu'Acrimed observe depuis sa création. C'est pourquoi, au-delà même de la dimension législative de la question, il convient de s'interroger sur l'exercice du pouvoir sur la ligne éditoriale des médias : qui détient ce pouvoir, et devant qui doit-on en répondre ?

À cet égard, un rappel fondamental s'impose : la liberté de la presse implique nécessairement que ceux qui sont censés l'exercer, les journalistes, sont effectivement libres de décider de ce qu'ils en font – dans les limites de la déontologie journalistique. C'est pourquoi il apparaît indispensable que les collectifs dans le cadre desquels cette liberté est exercée, les médias, soient organisés de manière à ce que les décisions affectant leur ligne éditoriale soient prises démocratiquement.

Remplacer le modèle actuel des SDJ

La liberté éditoriale des journalistes ne peut reposer que sur un socle suffisamment solide, pérenne et fédérateur. Aussi, les propositions qui suivent doivent s'analyser comme des standards minimum à mettre en œuvre pour en garantir l'effectivité à court terme.

Le « statut juridique des rédactions » trouve ici son plein intérêt. L'appellation recoupe certes de nombreuses interprétations différentes, des plus timides aux plus radicales, qui permettraient entre autres un contrôle de la ligne éditoriale par les journalistes.

Acrimed préconise l'instauration d'une obligation légale pour tous les médias de créer une instance capable d'assurer un rôle de contre-pouvoir face à la hiérarchie éditoriale.

Cette instance aurait vocation à remplacer le modèle des actuelles sociétés de journalistes (SDJ). Contrairement à ces dernières, qui sont généralement des associations ou sociétés civiles (dont les formes varient), elle doit bénéficier d'un statut juridique spécifique, organisé par la loi, et de pouvoirs plus étendus.

Elle serait notamment dotée des prérogatives suivantes :
• Elle est dotée de la personnalité juridique.
• Elle participe avec la direction à la rédaction de la charte déontologique du média.
• Elle peut s'exprimer dans son média d'appartenance.
• Elle peut s'associer à d'autres sociétés des journalistes et aux syndicats de journalistes pour des communiqués ou actions communs.
• Ses délégués ont les mêmes statuts protégés que les représentants de CSE et syndicaux.
• Elle est financée par son média par un pourcentage de la masse salariale des journalistes.
• Elle peut prendre l'initiative de motions de défiance contre la direction de la rédaction.

Élection du directeur de la rédaction (droit d'agrément)

Directement liée à cette question et tout aussi importante, est la question du droit de vote des journalistes, voire de l'ensemble des travailleurs d'un média, sur leur hiérarchie éditoriale. En attendant de confier exclusivement aux journalistes le choix et l'élection des candidats à la direction de la rédaction, obliger légalement les actionnaires à solliciter l'accord des journalistes pour les responsables de la rédaction qu'ils souhaitent désigner constituerait déjà un progrès conséquent.

La question est en effet stratégique dans la mesure où c'est bien à travers les décisions quotidiennes de la hiérarchie que passe l'essentiel de l'orientation éditoriale d'un média : hiérarchisation de l'information, cadrage des publications, éditos, assignations à tel ou tel poste, voire la menée des interviews des personnalités publiques importantes, puisque les postes de présentateurs sont généralement à compter parmi les membres de la hiérarchie.

À défaut d'une situation plus favorable, une solution de compromis pourrait être d'organiser la désignation de la direction éditoriale de la manière suivante : sur proposition des actionnaires, une candidature à la direction éditoriale est mise au vote des journalistes. Si le vote est négatif, une deuxième candidature soutenue par les actionnaires est proposée. En cas de nouveau refus, la SDJ peut alors proposer son propre candidat. Un tel système permettrait de s'assurer que le dernier mot revienne aux journalistes tout en laissant aux actionnaires la possibilité de soumettre une personnalité de leur choix au préalable.

Dans le même esprit, il conviendrait également de compléter ce droit d'agrément du responsable de la rédaction d'un droit de révocation à l'initiative des journalistes.

Complémentarité avec les autres propositions d'Acrimed

Dans la situation actuelle, force est de constater qu'un certain nombre de journalistes pourraient refuser de prendre le risque de décourager les investissements privés dans la presse. Depuis la crise des revenus publicitaires avec l'arrivée d'Internet, beaucoup de médias vivent aujourd'hui à perte, et dépendent donc de refinancements épisodiques, sur fond de précarité croissante des journalistes.

Pour parvenir à une transformation conséquente et obtenir le soutien d'une part significative de la profession, une telle réforme ne peut pas se faire seule. Elle doit nécessairement s'accompagner de l'assurance que les médias pourront trouver d'autres sources de financement qui permettent leur indépendance. On peut tout à fait comprendre que beaucoup de journalistes soient méfiants à l'idée de troquer une dépendance aux capitaux privés contre une dépendance à des subventions étatiques sous contrôle du gouvernement.

Afin de leur offrir une porte de sortie viable, il conviendra donc de compléter cette réforme par une autre, relative au statut des entreprises de presse à but non lucratif, qui leur permette un financement autonome hors d'atteinte du pouvoir politique, et pouvant bénéficier d‘aides à la presse qui leur soient réservées.

Il s'agira également de fixer des conditions strictes quant à la participation des actionnaires au capital des médias – voir à ce sujet nos propositions de renforcement des lois contre la concentration des médias.

Enfin, comme mentionné plus haut, le pouvoir des journalistes sur leur ligne éditoriale s'accompagne d'un pouvoir régulateur des citoyens, renforcé et séparé du pouvoir politique. C'est à ce niveau que se place la transformation de l'Arcom en un Conseil national des médias et la nécessaire refondation de l'audiovisuel public.

Bien entendu, de tels changements de fond ne résoudraient pas tout. Gageons toutefois que la qualité de l'information ainsi que son pluralisme y gagneraient beaucoup.

Lucas Baire, Guillaume Dartigue et Jean Pérès


[1] À ce propos, (re)lire « Doter les rédactions d'un statut juridique », Acrimed, 2015.

[2] Journaliste au Monde, Jean Schwoebel crée en 1951 la Société des rédacteurs du Monde, une des premières sociétés de journalistes. Il sera aussi à l'initiative de la Fédération française des sociétés de journalistes en 1967. Il expose sa conception des sociétés de journalistes dans La presse, le pouvoir et l'argent, Le Seuil, 1968/2018.

[3] Auteur de « Sociétés de journalistes, sociétés de rédacteurs, les rédactions ont-elles une âme ? », une réflexion et une histoire très riche des sociétés de journalistes.

[4] Au Monde, en 1951, la société des rédacteurs obtient la réintégration de Hubert Beuve-Méry à la direction du journal. En 2007, elle obtient le départ de Jean-Marie Colombani de la présidence du directoire du groupe. Au Figaro, en 1969, après 15 jours de grève avec occupation, la société de journalistes (SDJ) obtient la nomination de Louis-Gabriel Robinet à la direction de la rédaction. À France 2 en février 2004 : alors que Pujadas annonce au JT le retrait de Juppé de la vie politique, ce dernier déclare au même moment sur TF1 qu'il garde tous ses mandats ; la SDJ initie alors une motion de défiance votée par la rédaction à 69 % contre Olivier Mazerolle, directeur de l'information et à 67 % contre l'équipe du JT (Pujadas). Olivier Mazerolle démissionne et Pujadas est suspendu 15 jours. À L'Alsace-Le Pays en 2005, la SDJ associée à la CFDT obtient, à la suite d'une motion de défiance, le départ du directeur de la rédaction. À Libération en 2014, Nicolas Demorand démissionne à la suite d'une motion de défiance.

[5] Les quelques témoignages que nous avons recueillis au cours de notre enquête s'accordent sur le fait qu'au sein du Forum des SDJ, les divergences idéologiques et les logiques de concurrence étaient effacées par la préoccupation centrale de l'indépendance des rédactions.

[6] Ces derniers ont eu le mérite de remettre en avant un certain nombre des propositions de transformation portées par les différents acteurs présents, médias indépendants, syndicats, associations militantes (dont Acrimed). Même si nous sommes d'accord avec les propositions qui concernent le statut des rédactions (propositions 6 à 10), on peut regretter que ce statut juridique ne soit pas explicitement nommé, ni la société des journalistes en tant que telle avec ses divers pouvoirs, notamment celui, important, de révocation de la direction de la rédaction

05.07.2024 à 15:10

Extrême droite : mouvements de contestation dans les rédactions

Maxime Friot

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Ouest-France, 20 Minutes, Le Parisien…

- Élections législatives 2024
Texte intégral (1404 mots)

Face à la banalisation de l'extrême droite et la diabolisation de la gauche, les contestations se multiplient dans les rédactions.

Nous avons relayé ici le texte commun d'Ajar, de l'AJL et de Prenons la Une (« Face à l'extrême droite : l'urgence d'informer sans complaisance »), et le communiqué du SNJ-CGT contre « la banalisation de l'extrême droite et [la] stigmatisation effrénée des partis de gauche ». D'autres prises de position, au sein des rédactions, se sont multipliées depuis.

Le 26 juin, l'intersyndicale SNJ-CFDT Journalistes de Ouest-France proteste contre un édito de Jeanne-Emmanuelle Hutin : « Ce texte ne nous représente pas. Il n'est pas à la hauteur des enjeux. Pire, il crée de la confusion. » Et de poursuivre :

Le lecteur comprendra que ce texte appelle à voter pour la majorité présidentielle. Afficher ainsi sa préférence, à la veille d'un premier tour d'une élection aussi cruciale, ne correspond pas à la tradition d'Ouest-France. Cet éditorial survient après d'autres et tous minimisent la menace du Rassemblement national, en la comparant à celle que pourrait constituer le Nouveau Front populaire. Nous rappelons qu'il est dangereux de placer sur le même plan le NFP et le RN.

Sur X, l'intersyndicale complète en relayant « un texte rédigé spontanément par un collectif d'une trentaine de journalistes de plusieurs services et rédactions d'Ouest-France » :

[…] Ces derniers jours, au moins deux éditoriaux ont laissé entendre une équivalence entre la menace du Rassemblement national d'une part et celle que constituerait le Nouveau Front populaire de l'autre. […] Si le débat d'idées doit avoir lieu entre les différentes propositions qui sont faites aux électrices et électeurs et que le journal peut exprimer ses inclinaisons ou ses critiques sur tel ou tel programme, il est irresponsable de laisser entendre que le NFP et le RN représenteraient un danger de même niveau. […] Nous demandons donc au journal de ne pas entretenir cette confusion et d'affirmer clairement que le RN n'est pas un parti comme les autres.

Au même moment, La Lettre indique qu'à La Tribune, la SDJ « s'est désolidarisée de la publication d'un entretien du neuropsychiatre Boris Cyrulnik dénonçant une complicité entre LFI et le RN sous le titre "Mélenchon, c'est l'extrême droite" » (le titre a ensuite été modifié). Des remous aussi au sein du Parisien : toujours selon La Lettre, « les éditos renvoyant dos à dos les "extrêmes" suscitent les critiques des syndicats ». Ou encore au Figaro, cette fois contre les prises de position du directeur des rédactions Alexis Brézet, comme le documente Arrêt sur images (3/07).

Dans le groupe EBRA, c'est un édito de Sébastien Georges, rédacteur en chef du Républicain Lorrain, de Vosges Matin et de L'Est Républicain, qui est ciblé par un communiqué des sections SNJ du groupe :

Pas d'appel au barrage républicain – on n'en n'attendait pas tant– mais le choix de la « neutralité » qui semble d'ores et déjà acté à travers cet éditorial ne manque pas d'interroger. Sous la plume de Sébastien Georges, il n'est nulle part écrit le terme extrême droite, et ça ce n'est déjà plus neutre. A quel moment la neutralité devient complaisance ? D'un côté il y aurait donc un « rassemblement de forces hétéroclites ». De l'autre, un « parti que de nombreux Français considèrent comme républicain », mais dont les « approches et analyses peuvent être contestables » (ouf). […] Rien d'étonnant de la part de ce rédacteur en chef des journaux de l'Est, qui avait asséné lors du CSE de juin de L'Est Républicain, devant des élus médusés : « Par respect pour nos lecteurs, nous n'avons aucun intérêt à stigmatiser un parti plutôt qu'un autre ». Dans la période, se contenter d'observer la catastrophe qui arrive, et de compter les points, pour ne pas risquer de froisser une partie de notre lectorat, est une faute. Au-delà de ne pas être du tout à la hauteur des enjeux, cette « neutralité » n'est acceptable ni moralement, ni déontologiquement. Si l'on veut s'en tenir à un point de vue purement journalistique, nommer les choses (extrême-droite = populisme et xénophobie), est-ce déjà trop demander ?

À 20 Minutes [1], ce sont plusieurs dizaines de journalistes qui visent, dans un texte collectif, une « direction du journal [qui] s'entête à réclamer une ligne qu'elle estime "neutre" » :

La neutralité ne doit pas servir à banaliser ou minimiser le danger que représente l'extrême droite. […] On ne peut pas se cacher derrière une neutralité de façade. Nous le rappelons : le RN n'est pas un parti comme les autres.

Chez France Télévisions, « après que cinq journalistes de la SDJ de France 3-Édition nationale ont été sanctionnés pour avoir rejoint le front commun contre l'extrême droite, les syndicats de France Télévisions adressent une tribune très sévère à la direction de l'information, qu'ils accusent de complicité avec les idées les plus rances. » (L'Humanité, 25/06)

Arrêt sur images dresse le même panorama et y ajoute le cas de La Voix du Nord : dans un communiqué interne, le SNJ-CGT « estime que "la rédaction en chef ne peut pas rester neutre face à la possible arrivée au pouvoir d'un parti d'extrême droite, même si près de 40 % de nos lecteurs votent pour ce dernier". »

***

Nous avons montré en quoi la responsabilité des médias dominants dans la normalisation de l'extrême droite était écrasante. On ne peut donc que saluer ces prises de conscience au sein des rédactions. Mais pour que ces contestations cessent de buter sur l'arbitraire des directions éditoriales, il reste (notamment) un combat à mener : destituer les chefferies et rendre le pouvoir aux journalistes.

Maxime Friot


[1] Lire aussi « La rédaction de "20 Minutes" refuse d'être "neutre" face au RN », Arrêt sur images, 4/07.

05.07.2024 à 10:34

BFM-TV, Marianne, élections législatives et compagnie : revue de presse de la semaine

Elvis Bruneaux

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Texte intégral (2267 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 28/06/2024 au 04/07/2024.

Critique des médias

« La gauche diabolisée : plongée dans l'ère du "mensonge permanent" », Reporterre, 4/07.

« Comment Europe 1 a caviardé les dérapages politiques de l'émission "On marche sur la tête" de Cyril Hanouna, Le Monde, 29/06.

« Législatives 2024 : moto, "Bronzés" et drapeaux français, les temps forts de la soirée du premier tour », Télérama, 1/07.

« "Les extrêmes" : Comment Le Monde a fait le jeu de Macron et du RN », Blast, 4/07.

« Législatives : et revoilà les "fragiles" projections de sièges », Arrêt sur images, 1/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Les journalistes en plateau sont-ils devenus des passe-micros ? », Arrêt sur images, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "Les masques tombent, la nature politique de la presse reprend le dessus", analyse l'historien des médias Dominique Pinsolle, L'Humanité, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Bardella bientôt à Matignon ? les éditorialistes sont déjà aux ordres ! », Le Média, 3/07.

« "Vrai ou Fake" a-t-elle tenté de joindre Aly Diouara, candidat NFP ? », Arrêt sur images, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Jaffré fait du Jaffré », Observatoire des sondages, 28/06.

« Démocratie : le début de la fin », Blast, 28/06.

« Refus d'obtempérer : un danger aussi sur le terrain médiatique », Arrêt sur images, 30/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Débat : Tondelier pas assez "premier ministrable" pour BFMTV », Arrêt sur images, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Julian Assange calomnié sur France 5 », Off Investigation, 4/07.

Économie des médias

« Rodolphe Saadé est officiellement propriétaire de BFM-TV », Le Monde, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Rodolphe Saadé place un de ses fidèles chez Altice Media », La Lettre, 1/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Arthur Dreyfuss quitte la tête d'Altice Media », Le Monde, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Rachat de "Marianne" : la rédaction suspend sa grève mais maintient la pression », Libération, 28/06.

« Marianne : l'homme qui murmure à l'oreille de Pierre-Édouard Stérin », 01/07, La Lettre, 1/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Arnaud Lagardère reprend la tête de son groupe après une décision de justice en sa faveur », Mediapart, 28/06.

« La nomination du nouveau PDG de TV5 Monde percutée par les législatives », La Lettre, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Canal+ sur le point de contrôler le marché de la télé payante en Afrique », Mediapart, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Pourquoi il faut une réforme de la propriété des médias », Alternatives Economiques, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

Dans les rédactions

« Le Parisien : les éditos renvoyant dos à dos les "extrêmes" suscitent les critiques des syndicats », La Lettre, 14/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Au "Figaro", marche forcée vers l'extrême droite », Arrêt sur images, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« "20 Minutes" : la rédaction appelle sa direction à un « engagement clair » contre le Rassemblement national », Le Monde, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« La rédaction de "20 Minutes" refuse d'être "neutre" face au RN », Arrêt sur images, 4/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Législatives et Rassemblement national : neutralité ou complaisance ? », SNJ, 3/07.

« Appel à une assemblée générale des pigistes contre l'extrême droite », blog, 4/07.

« "Marianne" : d'une enquête du "Monde" au rejet de Stérin », Arrêt sur images, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« "Marianne" : une partie de la rédaction s'émeut de la modification d'un dessin représentant Pierre-Edouard Stérin », Le Monde, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« À "Télématin", la méthode Thomas Sotto contestée : enquête sur une année sous pression, Télérama, 3/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Macron protégé par l'audiovisuel public », Off Investigation, 29/06 [article complet réservé aux abonnés].

« La rédaction du Parisien peaufine sa charte pour encadrer la couverture de son actionnaire LVMH », La Lettre, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Europe 1 : Cyril Hanouna remplacé par le "mini-Pascal Praud" Eliot Deval pendant l'entre-deux tours », Libération, 29/06.

À signaler, aussi

« France : le nombre d'attaques visant les journalistes a quadruplé en juin », FEJ, 4/07.

« "On voit bien ce qu'il se passe aux infos" : les médias, un facteur du vote RN ?, Libération, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« L'audiovisuel public, affaibli par la suppression de la redevance, désormais visé par la menace de privatisation du RN », Le Monde, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Législatives 2024 : l'Arcom met en demeure Europe 1 et Hanouna pour manque de "mesure" et "d'honnêteté" », L'Humanité, 28/06.

« Face à Bolloré, l'Arcom ne peut (presque) rien », Arrêt sur images, 28/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Une agence d'influence proche de Bolloré a mené une campagne de désinformation contre RSF », Mediapart, 4/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Des journalistes ont-ils "lynché" des militantes du collectif d'extrême droite Némésis ? », Libération, 28/06.

« Atteinte à la vie privée de Sarah Knafo, compagne d'Éric Zemmour : Closer, Public et Voici condamnés », Le Parisien, 2/07.

« CNews première chaîne d'info de France pour le deuxième mois consécutif », Le Figaro, 1/07.

« La Maison des médias libres verra le jour à Paris en 2026 », Le Monde, 2/07 [article complet réservé aux abonnés].

« Sonder les mineurs », Observatoire des sondages, 28/06.

« Petite histoire belge », Observatoire des sondages, 30/06.

« Extrême droite : une coupable banalisation », Infocom Lannion, 4/07.

« Anatomie d'une campagne israélienne de désinformation », Le Monde, 30/06 [article complet réservé aux abonnés].

Et aussi, dans le monde : Hong Kong, Iran, Ouzbékistan, Liban, Ukraine, Guatemala, Russie, Venezuela, Burkina Faso, Royaume-Uni...

Parution

Médiacritiques n°51, juillet-septembre 2024.

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

05.07.2024 à 07:00

Les médias en guerre contre le Nouveau Front populaire

Mathias Reymond

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Texte intégral (3399 mots)

« Don't Look up ! ». Ce film diffusé en 2021 sur Netflix relate l'histoire de scientifiques qui alertent les médias et les dirigeants politiques de l'arrivée d'une météorite s'apprêtant à détruire la Terre. Ceux-ci, sourds aux avertissements, exhortent la population à ne pas lever les yeux : don't look up ! Cette métaphore évoque ce que médias et politiques mettent en scène depuis plusieurs années et qui se précipite ces dernières semaines : « détournez votre regard de cette extrême droite qui vient, mais tremblez devant cette gauche qui pourrait gouverner » [1].

Il semble bien que les campagnes médiatiques contre les candidats de gauche soient devenues de simples routines journalistiques. On se souvient du « cauchemar » Benoît Hamon lors de la « primaires citoyenne » en 2017, de la panique Sandrine Rousseau avant l'élection présidentielle de 2022, ou de la haine anti-Nupes au moment des législatives de 2022. À quelques jours du second tour des élections législatives de 2022, le rédacteur en chef du Figaro Guillaume Tabard résumait ainsi la campagne médiatique contre la Nupes : « D'un point de vue tactique, Macron doit susciter un front anti-Mélenchon, c'est-à-dire convaincre les électeurs de droite, de la gauche modérée et même lepénistes, de faire barrage à la gauche radicale. » [2] Ce mot d'ordre avait eu du succès dans les médias... mais il n'était pas inédit : Jean-Luc Mélenchon est incontestablement et de longue date l'ennemi médiatique numéro un.

« Mélenchon-Le Pen, le match des populismes », « Mélenchon veut nationaliser la France et revenir au kolkhoze », « Le Pen, Mélenchon, même danger », « un apprenti sorcier », « haine sociale, communautarisme assumé, antispécisme agressif, racialisme tranquille… C'est woke en stock », « [Mélenchon], le Hanouna de la gauche », « l'imam Jean-Luc Mélenchon »… [3] Du Monde au Figaro en passant par TF1, RMC, France Inter ou les chaînes de débat en continu, depuis 2012 et la première campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon, les médias – parfois avec des nuances - n'ont jamais cessé de clouer La France insoumise (et en particulier son leader) au pilori, multipliant vilenies et calomnies [4]. Même Mediapart, qui à la différence des autres médias se positionne dans le camp progressiste, a régulièrement soufflé le chaud et le froid autour du « problème » Mélenchon.

Mais depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale et la constitution du Nouveau Front populaire, les dernières digues de la déontologie ont cédé. Les calomnies et les vilenies d'hier sont devenues les vérités mensongères et les évidences injurieuses d'aujourd'hui. La diffamation triomphe en continu sur les chaînes de débats et la propagande ne connaît plus de limite. Avec une arme de disqualification massive...

« Antisémitisme » à tous les étages

Sur CNews, dès le 10 juin, le ton est donné par la journaliste Françoise Laborde, ex-membre du CSA : « Il faut un cordon sanitaire autour de La France insoumise, qui est devenue au fil des années un parti profondément antisémite. » Le lendemain, juste après l'annonce de l'union à gauche, Ruth Elkrief lance sur LCI : « On pourrait faire une longue liste de dérapages antisémites de Jean-Luc Mélenchon et de certains de ses proches. » Et Géraldine Woessner renchérit : « LFI a fait une campagne aux relents antisémites assumés, alignés sur les positions de l'islam politique. » Yves Thréard, du Figaro, vocifère sur Europe 1 : « La gauche, c'est la gauche de la honte, c'est le Front de la honte ! C'est absolument abject ; abject parce que chez eux il y a une chose qui est supérieure à tout dans l'abjection, c'est cet antisémitisme. » (14/06) Le même jour sur BFM-TV, Bernard-Henri Lévy s'interroge : « Comment voulez-vous que ces gens qui ont fait toute la campagne européenne sur des arguments antisémites, qui ont mis Mme Rima Hassan en tête quasiment de leur liste, comment voulez-vous qu'on puisse les croire si en une nuit, ils effacent tout ça ? » La question n'est pas clairement formulée, mais la calomnie, elle, est parfaitement claire.

Le lendemain sur CNews, c'est l'autre philosophe des médias (d'extrême droite), Michel Onfray, qui déverse sa bile : « D'un seul coup, les antisémites prennent la voie et finalement embarquent tout le monde dans cette aventure ; ce n'est pas un front populaire, c'est un front antisémite, pour le coup. Antisioniste, antisémite. » Et violente, comme l'indique Jean-René Van der Plaetsen aux abonnés du Figaro Magazine, en présentant LFI comme « une formation ouvertement antisémite prônant la violence civile » (15/06). « C'est la gauche française qui donne le la : l'antisémitisme devient exprimable ! », s'écrie Dominique Reynié (LCI, 20/06), au diapason d'un très large spectre d'une éditocratie qui serait bien en peine de citer la moindre déclaration qui justifierait un tel déluge diffamatoire.

Il faut souligner que les imputations d'antisémitisme ne sont pas l'apanage des médias d'extrême droite ou des chaînes de débats en continu. Sur Radio Classique par exemple, Franz-Olivier Giesbert alerte : « Il faudrait regarder un petit peu du côté de l'extrême gauche où se trouvent l'antisémitisme et le fascisme. » (13/06) Le 17/06, sur France Inter, Sophia Aram, plus prompte à cogner sur LFI qu'à soutenir son comparse Guillaume Meurice, monte d'un cran – dans l'humour, naturellement : « Combattre le parti de la préférence nationale, du droit du sang, de Frédéric Chatillon, de Mariani et de leurs amitiés bacharistes en s'alliant au parti de la préférence antisémite et du droit du Hamas ne me paraît pas raisonnable. » Le même jour, sur la même radio, l'essayiste plagiaire Jacques Attali enfonce le clou sans que Nicolas Demorand ne sourcille : « Il y a des candidats totalement infréquentables dans le Front populaire, ce sont les candidats antisémites implicites ou explicites qui s'y trouvent. » Le lendemain c'est au tour de Caroline Fourest d'expliquer – encore sur France Inter – qu'« il est impossible de nous demander de voter pour des candidats qui tiennent des propos antisémites et complices de mouvements totalitaires comme le Hamas. »

Dans Libération, le 18 juin, l'ancien patron du journal, Serge July, assure que « l'antisémitisme d'une partie de la France insoumise abîme ce Front populaire. » Sur RTL, Amandine Bégot se veut plus retorse et demande à Olivier Faure : « Vous dites qu'il vaut mieux gagner, quitte à ce que ce soit aux côtés de personnes antisémites, ou de personnes qui ont tenu des propos antisémites, plutôt que de voir le RN l'emporter ? C'est ce que vous dites ou pas ? » (19/06) Dans les deux cas, la réponse validerait les accusations ignobles que contient la question. Même technique, quelques jours plus tôt, face à Fabien Roussel : « Sauf qu'il y a eu les prises de position contre Israël, les propos antisémites, la bordélisation. Tout ça, ça compte plus ? » (14/06) La petite musique résonne même jusqu'à Mediapart et son fondateur : « Complaisance d'une partie de la gauche vis-à-vis de l'antisémitisme » (Mediapart, 20/06), « les fautes commises, d'insensibilité ou d'ignorance, par Jean-Luc Mélenchon » (Edwy Plenel, 16/06)…

L'inculpation pour antisémitisme est partout : sur toutes les chaînes, dans tous les journaux et sur toutes les ondes. Le délire gagne également les réseaux sociaux et en particulier Raphaël Enthoven qui poste plusieurs fois par jour des messages calomnieux sur X contre l'union de la gauche. Exemples (parmi une cinquantaine) : « Les gens qui veulent faire "barrage" au RN en votant NFP se trompent (...) : on lutte mal contre l'extrême-droite en faisant équipe avec des antisémites virulents et des soutiens de Poutine. » (17/06) ; « Combien de candidats du nouveau "Front populaire" ne sont ni antisémites, ni mis en examen pour apologie du terrorisme ? » (16/06)

« Fake news » en cascades

Ces accusations, aussi délirantes soient-elles, circulent désormais en toute liberté. Et dans les jours qui ont précédé le premier tour des élections législatives, de nouvelles fake news se sont ajoutées à ces calomnies répétées depuis des mois, si ce n'est des années [5].

Exemple 1. Le 19 juin sur LCI, Ruth Elkrief relaye une fake news qui circulait depuis 24h dans les médias et sur les réseaux sociaux à propos de la candidate NFP Amal Bentounsi. Exhumée par BFM-TV la veille, cette rumeur avait été reprise par CNews, Europe 1 (Cyril Hanouna), Le Parisien, etc. : « Amal Bentounsi qui a dit : "on ne peut pas reprocher à un croyant d'être homophobe si sa religion le lui commande"... » En plateau, c'est Manuel Bompard qui recadre : « C'est une fake news […], vous ne pouvez pas attribuer à une personne des propos qu'elle n'a jamais tenus »… et qui explique que cette phrase apparaissait sur le compte Facebook de l'association que la candidate co-animait, et qu'elle l'a fait retirer dès qu'elle s'en est rendue compte. « On va vérifier ! » conclut David Pujadas. On y croit.

Exemple 2. Le 24 juin sur RTL, Richard Malka : « On a un autre député de ce parti qui relativise le viol d'une jeune fille de 12 ans parce qu'elle est juive, Aymeric Caron. » Yves Calvi glisse un « en effet ». Et quand l'avocat ajoute : « Ce parti a réhabilité l'antisémitisme. On peut être de gauche, antisémite et cool : ça s'appelle LFI », Yves Calvi l'interroge benoîtement : « Et comment on combat ça ? » Manifestement il ne s'agit pas de lutter contre les vilenies de Malka, que Patrick Cohen (21/06) avait commencé à répandre : « Lutter contre l'antisémitisme, oui, mais continuer à le relativiser comme l'a fait Aymeric Caron sur le crime de Courbevoie… »

Le député LFI a-t-il « relativisé » le crime de Courbevoie [6] ? Absolument pas. Le 19 juin, il avait diffusé le tweet de François Ruffin qui dénonçait cet « horrible viol antisémite » et dans un autre tweet avait relayé une information du Parisien sur une femme enceinte assassinée par deux hommes « pour la seule raison qu'elle était rom », avec pour commentaire : « Ce crime raciste, personne n'en parle. Aucun "débat" sur les chaînes info. » D'ailleurs, toujours le 19 juin, il répète à plusieurs reprises être « révulsé par le crime antisémite ignoble dont a été victime cette jeune fille de 12 ans à Courbevoie ». Il n'est pire sourd…

Un programme « complètement fou »

Si le pilonnage intensif de diffamations pures et simples semble être la dernière nouveauté du journalisme politique, la critique du programme économique du NFP a un air de « déjà vu ». En effet, à chaque élection, les programmes de gauche sont scrutés, critiqués puis rejetés par une grande partie des médias car jugés « trop irréalistes » ou « trop coûteux ». Ce nouvel épisode n'échappe pas à la règle. Jouant le jeu de la majorité présidentielle, éditocrates et journalistes économiques reprennent en chœur le même refrain, ce qu'a documenté Arrêt sur images dans cet article, dont certaines citations ci-dessous sont extraites.

« La campagne est terminée pour eux […]. La gauche est perdue aujourd'hui […], elle a perdu cette campagne. Elle a pondu un programme économique délirant ! » résume Jean-Michel Aphatie sur RTL à trois jours du premier tour. « Délirant » ? Assurément pour Nicolas Doze sur BFM-TV, qui craint un « choc fiscal […] d'une violence inédite » : « On verra augmenter le taux d'emprunt de la France, c'est évident [...]. Ensuite, hausse du chômage des peu qualifiés avec la hausse du smic, c'est sûr. Perte de compétitivité des entreprises, c'est sûr. » Sur France Info, face à Alexis Corbière, la « question » de l'animatrice vaut tout un édito (de droite) : « On rase gratis, il faut tout augmenter, les salaires, l'allocation étudiants, les pensions de retraite, dans un moment où on cherche des économies, c'est crédible ? » (15/06) Fidèle à ses habitudes, François Lenglet (TF1, 15/06) défend courageusement le CAC 40 : « Si la France est seule à taxer les riches, ça ne peut pas marcher parce que quand vous prenez un marteau et que vous le mettez au-dessus de quelqu'un, il y a peu de chances qu'il reste en dessous et qu'il attende tranquillement. » Et quand l'économiste Thomas Piketty tente de défendre durant quelques minutes le programme du NFP sur LCI, il fait face à cinq journalistes d'une rare hostilité. À chaque tentative de réponse qu'il formule, il est coupé par une ou deux voix rendant la séquence inaudible (23/06). Nicolas Bouzou, dans L'Express, fait mine de s'interroger : « Il est difficile de dire si ce programme est issu d'une perte de sens absolue, d'un ressentiment contre un pays auquel on voudrait du mal ou d'une provocation pour être certain de ne pas gagner et donc de ne pas gouverner. » Mais sa conclusion s'impose : « Ce qui est certain, c'est qu'il est une insulte à l'intelligence des Français. » D'ailleurs, il peut la reformuler sur LCI, synthétisant la pensée dominante : « Le programme économique du Nouveau Front populaire est complètement fou. La politique d'interventionnisme, d'illibéralisme, de dépense publique est beaucoup plus débridée du côté du NFP que du côté du RN. » (20/06) Son choix est fait. C'est d'ailleurs le même qu'au Figaro, où on s'inquiète pour ses lecteurs – avec le sens de la nuance : « Si le programme du RN, très instable, les inquiète, celui du Nouveau Front populaire les terrifie. » (22/06) Serait-ce le même qu'au Point, qui se fait du souci pour son propriétaire (François Pinault, 7e fortune française d'après Challenges) : « Les 68 milliardaires que compte la France sont loin d'être les seuls visés par cet incroyable matraquage [...], la mise en pratique de ce projet reviendrait en réalité à asphyxier l'économie de la France » (27/06) ? On n'ose y croire.

Enfin, la propagande est aussi à l'œuvre sur Arte. Dans son JT du 27 juin, la chaîne présente sur un ton très objectif les mesures sur les salaires et les retraites de chaque programme. Toutefois, à deux reprises, le politiste Pascal Perrineau attaque les propositions du Nouveau Front populaire sans qu'aucun expert ne soit convié pour commenter celles des autres formations ! Ainsi, augmenter les salaires reviendrait à « orienter la France vers une situation peut-être de banqueroute à terme », et réduire l'âge du départ à la retraite « enverrait un signal détestable à nos partenaires ».

***

La campagne médiatique nauséabonde subie durant trois semaines par le Nouveau Front populaire rappelle dans les grandes lignes celle que les partisans du « non » avaient vécu en 2005 lors du référendum sur le Traité constitutionnel européen. Mais si, à l'époque, les médias avaient unanimement soutenu le « oui », usé et abusé de raccourcis et d'artifices, nous n'avions jamais vu un tel déluge de calomnies débridées, de mensonges et de mauvaise foi. Nous le disions, ces derniers mois les digues sautent les unes après les autres et l'horizon s'assombrit encore un peu plus sur les médias... et sur la société.

Mathias Reymond, grâce à un travail d'observation collectif des adhérent·e·s d'Acrimed.


[2] Lire Pauline Perrenot et Mathias Reymond, « Les barbares à nos portes ! », Le Monde Diplomatique, juillet 2022.

[3] Respectivement, Le Monde, 8/02/2012 ; Le Figaro, 2/02/2012 ; Le Monde 13/04/ 2017 ; Mediapart 01/05/2017 ; Le Figaro, 14/06/2022 ; Yaël Goosz, France Inter, 5/12/23 ; RMC, 6/12/23.

[5] Le 12 juin sur Arte, la philosophe Perrine Simon-Nahum relançait même la fausse « polémique Moscovici », qui remonte à 2013.

[6] Comme Caroline Fourest ou Anne Sinclair ont elles aussi essayé de le faire croire, sur X, quelques jours auparavant.

28.06.2024 à 09:35

Élections législatives, Le Figaro, Assange et compagnie : revue de presse de la semaine

Elvis Bruneaux

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Texte intégral (2838 mots)

Critique des médias : une revue de presse hebdomadaire. Si ce n'est exhaustive, au moins indicative [1]. Au programme : du 21/06/2024 au 27/06/2024.

Critique des médias

« Ascension de l'extrême droite : les médias complices et coupables », Acrimed/Blast, 25/06.

« Rhétorique des "deux extrêmes" : les éditorialistes aussi diabolisent la gauche », Mediapart, 26/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Sur LCI, une leçon d'éthique journalistique… au service de l'extrême droite », Télérama, 21/06 [article complet réservé aux abonnés].

« "Valeurs actuelles" en majesté sur BFMTV », Arrêt sur images, 21/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Nouveau front populaire : derrière le déchaînement des médias dominants, un enjeu d'hégémonie », Blast, 22/06.

« Désastre médiatique : les chiens aboient... pour que le RN passe », Blast, 23/06.

« Programme éco : la gauche, ce "danger" pour les télés », Arrêt sur images, 23/06.

« Offensive anti-NFP : calomnier les candidats racisés ad nauseam », Arrêt sur images, 23/06 [article complet réservé aux abonnés].

« L'inconsciente irresponsabilité du journalisme politique », AOC, 24/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Temps de parole : la parade de "Quotidien" pour être à l'équilibre », Arrêt sur images, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Neutralité bien ordonnée », Politis, 25/06.

« France TV : une déontologie à géométrie variable », Blast, 26/05.

« Législatives 2024 : comment les thèmes favoris du RN ont peu à peu colonisé les médias traditionnels », Le Monde, 26/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Extrême droite : stop à la complaisance médiatique », Le Nouvel Obs, 25/06.

Nouveau Front populaire : halte aux mensonges politiques et médiatiques, SNJ-CGT, 21/06.

« France Culture invite l'extrême droite pour parler d'elle-même », Arrêt sur images, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Hanouna part en campagne pour Vincent Bolloré », Arrêt sur images, 22/06.

« Hanouna et la grande bardellisation d'Europe 1 », Les Jours, 26/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Comment Europe 1 a accéléré sa "bollorisation" », La Lettre, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Chez Pascal Praud, diabolisation de la gauche et soutien explicite à l'extrême droite qui "n'existe plus en France" », Le Nouvel Obs, 24/06.

« "Ces gens sont des menteurs" : Mourad Guichard accuse Enthoven, Elkrief et Alix Bouilhaguet », Le Média, 26/06.

« Affaire Le Priol : les jeeps du père paradent sur RMC Découverte », Arrêt sur images, 26/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Idées de gauche à la télé : "On a l'impression qu'il n'y a plus de limites" », Arrêt sur images, 21/06.

Économie des médias

« Revirement à "Marianne" : la rédaction se prononce contre l'offre de Pierre-Edouard Stérin », Libération, 27/05.

« Marianne : Jean-Martial Lefranc lance son opération de la dernière chance face à Pierre-Édouard Stérin », La Lettre, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« A « Ouest-France », fin de la grève pour les salaires après un accord conclu avec la direction », Le Monde, 22/06.

« Radio Nova transfère sa régie publicitaire chez Bolloré », StreetPress, 25/06.

« Le Sans-Culotte s'auto-dissout », Le Sans-Culotte, juin 2024.

« Jean-Louis Pelé quitte la direction de Nice-Matin », La Lettre, 24/06 [article complet réservé aux abonnés].

Dans les rédactions

« Au "Figaro", dix ans d'entrisme d'extrême droite », 25/06, Télérama, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Au "Figaro", Vincent Trémolet de Villers et la dernière croisade », La revue des médias, 27/06.

« "Le Figaro" dans le tumulte de l'union de la droite et de l'extrême droite », Libération, 22/06 [article complet réservé aux abonnés].

« La couverture du RN fait débat au sein du groupe AEF info », La Lettre, 24/06 [article complet réservé aux abonnés].

« La Tribune : les journalistes se désolidarisent d'une interview associant Jean-Luc Mélenchon à l'extrême droite », La Lettre, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Il n'y a qu'un danger : l'extrême droite ! », communiqué intersyndical SNJ et CFDT Ouest-France, 26/06.

« "Mélenchon au pouvoir, fini pour les juifs" : Après avoir provoqué la colère de Jean-Luc Mélenchon, BFMTV "présente ses excuses" pour la diffusion d'un bandeau polémique », Pure Médias, 27/06.

« À France Télévisions, les syndicats montent au créneau contre la droitisation des antennes », L'Humanité, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« France TV organise une purge des journalistes signataires de la tribune contre la menace de l'extrême droite », Blast, 21/06.

« Législatives : la rédaction de Franceinfo télé privée des deux soirées électorales », Télérama, 25/06.

« A France Inter, les "insultes" d'Alain Finkielkraut ne passent pas », Le Monde, 27/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Face à l'extrême droite : l'urgence d'informer sans complaisance », Ajar, AJL et Prenons la Une, 24/06.

« Un an plus tard, les anciens journalistes du "JDD" maintiennent la flamme », L'Humanité, 22/06.

« "Cette fois, c'est vraiment la dernière" : sur France Inter, Charline Vanhoenacker annonce la fin du Grand Dimanche Soir », L'Humanité, 23/06.

« Avec le départ d'Alba Ventura, RTL recrute Isabelle Saporta et Étienne Gernelle », Le Figaro, 25/06.

« Face au risque de privatisation par le RN, les journalistes de l'audiovisuel public entre inquiétude et mobilisation », Télérama, 24/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Des reporters en première ligne », Le Monde diplomatique, juillet 2024 [article complet réservé aux abonnés].

« On ubérise bien les journalistes », Le Monde diplomatique, juillet 2024 [article complet réservé aux abonnés].

À signaler, aussi

« Assange est libre ! », Comité Assange, 25/06.

« Assange condamné, la liberté de la presse fragilisée », Libération, 27/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Les connexions d'Emmanuel Kessler, nouveau patron de La Chaîne parlementaire », La Lettre, 21/06 [article complet réservé aux abonnés].

« La saga de "Marianne", hebdomadaire "anti-pensée unique" : ses convulsions et son lent glissement conservateur », Le Monde, 21/06 [article complet réservé aux abonnés].

« France Médias Monde : trois responsables sanctionnés et la PDG, Marie-Christine Saragosse, relaxée », Le Figaro, 21/06.

« Les audiences de CNews, BFM, LCI et Franceinfo portées par les élections législatives », Le Monde, 21/06 [article complet réservé aux abonnés].

« "L'objectif, c'est d'être un média de masse" : entretien avec Le Média », Acrimed, 24/06.

« Front National ou front populaire, la presse libre a fait son choix », Syndicat de la presse pas pareille, 22/06.

« L'Arcom "à la ramasse" face à des médias de plus en plus radicalisés », Politis, 26/06.

« Cyril Hanouna sur Europe 1 : la radio mise en demeure par l'Arcom pour manque de "mesure" et "d'honnêteté" », Libération, 27/06.

« L'adrénochrome au cœur de l'affaire Palmade ? TPMP et C8 en passe d'être définitivement sanctionnés », L'Informé, 24/06 [article complet réservé aux abonnés].

« Une radio épinglée pour climatoscepticisme : une première en France », Reporterre, 27/06.

« Fraudes sondagières : à quoi "jouent" les sondeurs ? », Observatoire des sondages, 22/06.

« "Sale arabe" : le journaliste Mohamed Bouhafsi dévoile des messages racistes reçus sur Instagram », France Info, 26/06.

« Je suis Karim », Arrêt sur images, 26/06.

« Nouvelle plainte du Poher contre un militant d'extrême droite », Le Poher, 27/06.

« La journaliste de France Inter Giulia Foïs annule sa venue à un meeting du Nouveau Front populaire », Libération, 25/06.

« RSF dénonce les menaces visant des journalistes français, provenant vraisemblablement de la police chinoise », RSF, 25/06.

Israël-Palestine

« "Comme si on ne pouvait pas être palestinien et journaliste" », Orient XXI, 24/06.

« Comment Israël cible les journalistes à Gaza : "Le gilet presse nous met désormais en danger" », Le Monde, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« A Gaza, la destruction méthodique des infrastructures médiatiques », Le Monde, 25/06 [article complet réservé aux abonnés].

« L'inacceptable guerre d'Israël contre la liberté d'informer à Gaza », Le Monde, 25/06.

Et aussi, dans le monde : Serbie, Pakistan, Hong Kong, Russie encore Russie, Kazakhstan, Burkina Faso, États-Unis...

Retrouver toutes les revues de presse ici.


[1] Précisons-le : référencer un article dans cette revue de presse ne signifie pas forcément que nous y souscrivons sans réserve.

10 / 10

 

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