22.07.2025 à 09:00
Glyphosate, acétamipride… les pesticides sont aujourd'hui largement utilisés en Europe pour éliminer ou éloigner des maladies, des insectes ravageurs ou encore des mauvaises herbes. En agriculture, on parle plus spécifiquement de "produits phytopharmaceutiques" pour les mélanges réservés à la protection des plantes. Les produits phytopharmaceutiques contiennent une ou plusieurs substances actives. Ce sont ces molécules […]
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Glyphosate, acétamipride… les pesticides sont aujourd'hui largement utilisés en Europe pour éliminer ou éloigner des maladies, des insectes ravageurs ou encore des mauvaises herbes. En agriculture, on parle plus spécifiquement de "produits phytopharmaceutiques" pour les mélanges réservés à la protection des plantes.
Les produits phytopharmaceutiques contiennent une ou plusieurs substances actives. Ce sont ces molécules qui sont chargées de protéger les cultures ou de traiter certaines maladies. Mais ces substances peuvent aussi être dangereuses pour la santé des humains, des animaux ou pour l’environnement. C’est pourquoi leur utilisation est très contrôlée en Europe.
Avant qu’un produit puisse être vendu, il doit passer une série de tests réalisés par l’Union européenne et les États membres. On vérifie s’il est efficace et s’il présente des risques. Seuls les produits jugés suffisamment sûrs sont autorisés à être utilisés sur le territoire européen.
Un produit phytosanitaire peut avoir des effets nocifs, aussi bien sur la santé humaine que sur l'environnement. Il peut provoquer des intoxications, mais aussi, à plus long terme, des maladies comme des cancers ou des troubles neurologiques. Il peut également nuire à des espèces animales qui ne sont pas visées, comme les abeilles ou les oiseaux.
Ces risques concernent l’agriculteur qui utilise le produit, mais aussi les personnes qui y sont exposées de manière indirecte, ainsi que l’ensemble des écosystèmes autour. C’est pourquoi l’Union européenne impose une évaluation stricte avant qu’un pesticide puisse être vendu. Elle vérifie non seulement son efficacité, mais surtout sa sécurité. Le produit doit prouver qu’il n’a pas d’effets dangereux à court ou long terme sur la santé humaine, en particulier pour les publics les plus fragiles : enfants, femmes enceintes, personnes âgées. Les impacts sur les animaux et la nature sont aussi étudiés de près.
Cette évaluation prend en compte de nombreux critères : toxicité, risques de cancer, effets sur la reproduction, présence de résidus dans les aliments… mais aussi ce que deviennent les substances dans l’air, l’eau ou le sol, et leur influence sur les espèces non ciblées.
Avant d’être utilisé par un agriculteur, un produit phytosanitaire doit passer par plusieurs étapes de contrôle. Sa mise sur le marché n’est possible qu’après deux grandes phases : une au niveau européen, l’autre au niveau national.
D’abord, l’Union européenne étudie chaque substance active séparément. Elle vérifie si la molécule, prise seule, est suffisamment sûre. Si c’est le cas, elle peut être autorisée à l’échelle européenne.
Ensuite, les entreprises qui veulent vendre un produit contenant cette substance (ou plusieurs substances déjà approuvées) doivent déposer une demande dans chaque pays où elles souhaitent le commercialiser. Cette fois, ce n’est plus la molécule seule qui est évaluée, mais le produit fini. Les experts examinent les risques dans des conditions réelles : type de culture, climat, habitudes agricoles…
L’approbation d’une substance active au niveau européen suit des règles strictes, fixées par le règlement européen n°1107/2009.
Tout commence par une demande déposée par le fabricant auprès d’un pays de l’Union, appelé "État membre rapporteur. Ce pays se charge d’étudier la substance en détail. Le dossier soumis doit contenir de nombreuses informations : efficacité du produit, toxicité pour l’humain et les animaux, effets sur l’environnement, présence de résidus, comportement dans l’eau, le sol ou l’air…
Après cette première évaluation scientifique, l’État rapporteur envoie son rapport à l’EFSA, l’Autorité européenne de sécurité des aliments. Sous sa coordination, tous les États membres peuvent donner leur avis sur le dossier. L’EFSA publie ensuite un avis scientifique, basé sur les données de l’industriel, mais aussi sur les études disponibles dans la littérature scientifique.
Sur cette base, la Commission européenne propose d’autoriser (ou non) la substance. Cette proposition est soumise à un vote du SCoPAFF, un comité composé de représentants des 27 États membres. Si une majorité qualifiée se dégage en faveur de l’autorisation, la substance est approuvée dans toute l’Union. En cas de désaccord, la Commission peut réviser sa proposition ou, si aucune majorité n’est atteinte, prendre seule la décision finale — comme cela a été le cas pour le glyphosate en 2023.
Une substance peut être autorisée pour une durée maximale de dix ans (ou quinze ans si elle présente un "faible risque"). Le renouvellement passe par une nouvelle évaluation, qui peut mener à une interdiction ou à des restrictions supplémentaires, selon les nouvelles connaissances scientifiques.
L’Union européenne classe les substances actives selon leur niveau de danger.
Les substances dites CMR catégorie 1 — c’est-à-dire celles reconnues comme cancérigènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction — sont interdites d’autorisation en Europe.
Les substances CMR catégorie 2, comme l’acétamipride (qui fait débat en France avec la loi Duplomb), sont suspectées d’être dangereuses, mais les preuves sont moins solides. Elles ne sont pas interdites, mais doivent faire l’objet d’une évaluation rigoureuse des risques. Si elles sont autorisées, des mesures de sécurité strictes et un étiquetage spécifique sont obligatoires, surtout pour les professionnels qui les manipulent.
Les risques liés à un pesticide ne dépendent pas seulement de la substance active, mais aussi de la composition du produit, de son mode d’utilisation, des pratiques agricoles et des conditions locales. C’est pourquoi chaque produit contenant une substance active approuvée doit être évalué spécifiquement dans chaque pays.
Après l’autorisation européenne de la substance active, ce sont donc les États membres qui examinent les produits commerciaux. Les entreprises doivent déposer un dossier complet auprès des autorités nationales, comme en France auprès de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Si le produit respecte toutes les règles, il obtient une autorisation de mise sur le marché (AMM). Cette autorisation peut comporter des conditions particulières, liées au territoire ou aux usages agricoles locaux. L’AMM est obligatoire dans chaque pays où le produit sera vendu, même si la substance active est déjà approuvée au niveau européen. Cependant, les industriels peuvent demander à ce qu’une autorisation accordée dans un pays soit reconnue dans un autre, ce qu’on appelle la reconnaissance mutuelle.
Oui, c’est possible. Même si l’autorisation européenne vise à harmoniser les règles et faciliter la circulation des produits, chaque État membre garde une certaine liberté. En vertu du principe de précaution, un pays peut décider de limiter ou d’interdire l’usage d’un produit sur son territoire, même s’il est autorisé au niveau européen.
Cela peut arriver si les conditions locales (environnement, agriculture) entraînent des risques particuliers, comme la présence d’écosystèmes fragiles, de nappes phréatiques vulnérables ou une biodiversité importante. Des études nationales peuvent aussi révéler des effets indésirables non pris en compte lors de l’évaluation européenne.
Dans ce cas, le pays doit expliquer sa décision à la Commission européenne et aux autres États membres, en fournissant des preuves scientifiques ou techniques spécifiques à son territoire. Par exemple, la France a interdit l’usage agricole de l’acétamipride en 2018, avec quelques exceptions temporaires jusqu’en 2020.
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22.07.2025 à 08:30
Depuis les années 1990, de nombreux pays membres de l'Union européenne ont supprimé l'impôt sur la fortune qu'ils avaient auparavant instauré. Un mouvement qui a débuté en Italie dès 1992, puis s’est poursuivi en Autriche en 1994. D’autres États, comme l’Irlande, le Danemark et l’Allemagne, ont pris la même décision en 1997. Par la suite, […]
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Depuis les années 1990, de nombreux pays membres de l'Union européenne ont supprimé l'impôt sur la fortune qu'ils avaient auparavant instauré. Un mouvement qui a débuté en Italie dès 1992, puis s’est poursuivi en Autriche en 1994. D’autres États, comme l’Irlande, le Danemark et l’Allemagne, ont pris la même décision en 1997. Par la suite, les Pays-Bas ont supprimé cet impôt en 2001, puis le Luxembourg et la Finlande en 2006, suivis par la Suède en 2007, l’Espagne en 2008 (qui l’a toutefois rétabli en 2011), la Grèce en 2009, la Hongrie en 2010, et enfin la France en 2018 (remplacé par un impôt sur le patrimoine).
Une tendance que l'économiste Gabriel Zucman, spécialiste de la fiscalité, attribue au dysfonctionnement des précédents systèmes qui "exonéraient les plus hautes fortunes" et "touchaient les riches plus que les ultrariches". Mais aussi à la concurrence fiscale au sein de l'Union, ainsi qu'à la faiblesse des systèmes de lutte contre l'évasion et la fraude en la matière.
En France, l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) a été instauré en 1981. Il portait sur l'ensemble des biens immobiliers (maisons, appartements, terrains…) et mobiliers (liquidités, actions, bijoux…) dès lors que leur valeur nette totale dépassait 1,3 million d'euros. L'estimant inefficace, le gouvernement l'a remplacé en 2018 par un impôt sur la fortune immobilière (IFI). Ce dernier ne taxe plus que les biens et droits immobiliers non professionnels au-delà de 1,3 million d’euros. Le taux d'imposition est progressif : un patrimoine ayant une valeur inférieure à 2,57 millions d'euros est taxé à hauteur de 0,7 %, contre 1,25 % pour un patrimoine dont la valeur nette se situe entre 5 et 10 millions.
Aujourd'hui, la France fait partie des rares pays de l'UE à avoir conservé une forme d'impôt sur la fortune. Souvent présentée comme une exception, elle n'est toutefois pas la seule à y recourir.
L'Espagne s'est dotée d'impôts plus larges. Après la suppression de son "impôt sur le patrimoine" en 2008, celui-ci a été rétabli en 2011, après la crise économique. Il concerne les personnes dont le patrimoine net dépasse 700 000 euros. En 2022, l'Espagne a également instauré un nouvel impôt de solidarité sur les grandes fortunes. Temporaire, celui-ci touche les patrimoines nets de 3 millions d’euros ou plus, avec un taux de prélèvement progressif allant de 1,7 à 3,5 %.
La Norvège et la Suisse, qui ne font pas partie de l'Union européenne, ont elles aussi conservé un système d'imposition sur la fortune. L'impôt norvégien sur la fortune est intégré dans l'impôt national : il consiste en un taux forfaitaire global appliqué sur l'ensemble du patrimoine net (biens immobiliers, placements, liquidités…) au-delà d’un seuil d’exonération. Son taux est de 0,7 % en moyenne (en fonction des communes ou régions) sur les actifs dépassant 1,7 million de couronnes norvégiennes (NOK), soit environ 145 000 euros. De plus, en 2022, le gouvernement norvégien a augmenté le taux d'imposition national à 1,1 % (au lieu de 1 % auparavant), pour les actifs supérieurs à 20 millions de NOK (1,7 million d'euros).
En Suisse, le taux prélevé dépend des cantons, mais concerne la fortune dans son ensemble net et est bien souvent progressif. Par exemple, dans le canton de Genève, le taux d'imposition est plus élevé (environ 0,6 % sur une fortune comprise entre 500 000 et 1 million de francs suisse) que dans celui de Zurich (environ 0,2 % sur une fortune de 500 000 francs suisses).
Aux Pays-Bas, l'impôt sur la fortune supprimé en 2001 existe désormais sous une autre forme. Il s'agit d'une taxe de 36 % (en 2025) sur un "rendement fictif" du patrimoine, qui comprend l'épargne, les actions et les résidences secondaires. C’est donc une imposition sur le patrimoine, mais indirecte.
En Belgique, on ne parle pas d'impôt sur la fortune mais de contribution de solidarité. Il s'agit d'un impôt limité sur certaines valeurs mobilières : les plus-values d'actions et d'autres actifs financiers, autrement dit les comptes titres. Ces comptes bancaires comprenant des actifs comme des actions ou des obligations sont taxés à 0,15 % de leur valeur moyenne si celle-ci excède un million d'euros. Un aménagement est prévu si cette valeur se situe entre 1 million et 1,015 million, qui sera ainsi taxée à hauteur de 0,10 %. En outre, les droits de succession et de donation sont assez élevés en Belgique.
La France doit relever un défi majeur : réduire son important déficit budgétaire, qui a atteint 169 milliards d'euros en 2024, soit 5,8 % de son produit intérieur brut. Elle se place ainsi en troisième position du plus grand déficit budgétaire (en % du PIB), après la Roumanie (9,3 %) et la Pologne (6,6 %), selon les données d'Eurostat. En valeur absolue, la France a le déficit le plus important de la zone euro.
Plusieurs mesures ont été proposées pour y faire face. Le 15 juillet 2025, le Premier ministre François Bayrou a dressé les grandes lignes de son plan budgétaire pour l'année prochaine, qui prévoit notamment une "année blanche" ou la suppression de jours fériés.
D'autres acteurs prônent la création d'un impôt plancher sur la fortune (IPF), également appelé "taxe Zucman", du nom de l'économiste cité plus haut. Ce dernier propose de créer un impôt minimum de 2 % sur le patrimoine des ultra-riches, soit environ 4 000 contribuables possédant plus de 100 millions d'euros aujourd'hui. Selon le spécialiste, une telle taxe permettrait de reverser entre 15 et 25 milliards d'euros aux finances publiques.
Ne s’appliquant que si la somme totale des impôts déjà payés par le contribuable est inférieure à 2 % de son patrimoine, elle viserait plus largement l'égalité des citoyens devant l'impôt, en luttant contre les contournements de fiscalité opérés par des pratiques d'optimisation. Selon plusieurs études, les ultra-riches sont en effet moins taxés que les classes moyennes ou supérieures en proportion de leur revenu ou de leur patrimoine.
Adoptée en première lecture en février 2025 par les députés français, la proposition de loi instaurant une telle taxe a néanmoins suscité de nombreuses oppositions. Certains craignent notamment l'exil fiscal des plus riches, bien qu'une mesure prévoit de taxer leurs biens durant cinq ans après leur éventuel départ de France. Rejetée par le Sénat en juin 2025, la proposition a été transmise à l'Assemblée nationale pour une deuxième lecture.
Selon une note de l'Observatoire européen de la fiscalité publié en octobre 2023, un impôt mondial de 2 % sur le patrimoine des milliardaires permettrait de générer environ 40 milliards d'euros pour les États membres. Dans une note datant de mars 2025, l'organisation dirigée par M. Zucman estime que les pays européens pourraient récupérer un total de 67 milliards d’euros en mettant chacun en place un taux d’imposition minimale de 2 % sur les plus aisés, les centimillionnaires, et même 121 milliards avec un taux de 3 %. Ce même mois, l'Union européenne comptait 537 milliardaires, dont 147 en France, 128 en Allemagne et 71 en Italie, selon ses calculs.
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21.07.2025 à 17:42
En 2025, l'Union européenne et la Chine célèbrent un demi-siècle de relations diplomatiques, initiées par la visite du commissaire européen chargé des Relations extérieures, Christopher Soames, à Pékin, en 1975. Après la mort de Mao Zedong en 1976, la Chine met fin à deux décennies d'isolement et se rapproche des puissances occidentales. Le partenariat entre […]
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En 2025, l'Union européenne et la Chine célèbrent un demi-siècle de relations diplomatiques, initiées par la visite du commissaire européen chargé des Relations extérieures, Christopher Soames, à Pékin, en 1975.
Après la mort de Mao Zedong en 1976, la Chine met fin à deux décennies d'isolement et se rapproche des puissances occidentales. Le partenariat entre la République populaire de Chine (RPC) et la Communauté économique européenne (CEE) se poursuit, notamment dans le domaine économique. À tel point que la fin de la Guerre froide marque le début d'une "lune de miel" commerciale entre les deux puissances.
Mais, dans le sillage de la crise financière de 2008 et de l'arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, les relations se sont progressivement crispées. La Commission européenne est allée jusqu'à qualifier la Chine de "partenaire, concurrent stratégique et rival systémique" en 2019. Une succession de différends commerciaux et diplomatiques, ainsi que l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022, ont renforcé les tensions naissantes.
Cet accord commercial marque un premier tournant dans l'histoire des relations entre la Communauté économique européenne (CEE) et la Chine. Il a pour but de simplifier le processus douanier afin d'accroitre les échanges commerciaux bilatéraux, et comporte également une exigence d'équilibre des échanges entre les deux parties. En cas de non-réciprocité, une commission mixte CEE-Chine est chargée de réajuster les échanges commerciaux. L'article 2 de l'accord comprend une "clause de la nation la plus favorisée" : autrement dit, la Chine et la CEE devront s'accorder les mêmes avantages qu'à leurs autres partenaires commerciaux, selon un principe de réciprocité.
L'accord de 1978 ayant donné des résultats satisfaisants, les ministres des dix pays membres de la CEE autorisent la Commission européenne à ouvrir des négociations avec la Chine pour renouveler leur partenariat commercial. Le nouvel accord de coopération économique et commerciale est officiellement ratifié à Bruxelles en septembre 1985. Il reprend les principaux éléments du texte de 1978, en précisant les domaines de coopération des deux parties contractantes : l'industrie, le secteur agricole, l'énergie, la science ou encore la technologie…
Les deux signataires s'engagent également à renforcer leur coopération via une coproduction, des co-entreprises, ou encore le transfert de technologie. En outre, des clauses visent à améliorer le climat des investissements.
En juin 1989, un mouvement de contestation secoue la Chine. Étudiants, intellectuels et ouvriers dénoncent la corruption du système et demandent des réformes politiques et démocratiques. La population pékinoise soutient largement la grève de la faim menée par les étudiants sur la place Tian'anmen, et bloque l'armée chinoise aux portes de la capitale. Dans la nuit du 3 au 4 juin 1989, l'armée réprime violemment le mouvement contestataire, faisant plusieurs milliers de morts.
Ce massacre choque l'opinion publique mondiale, et les États-Unis décrètent immédiatement un embargo sur les ventes d'armes à la Chine. En Europe, les ministres réunis à l'occasion du Conseil européen de Madrid le 27 juin 1989 instaurent une mesure similaire en raison des graves atteintes aux droits de l’homme commises par la Chine. Inscrit dans une déclaration commune, l'embargo contre la Chine est toujours en vigueur en 2025, bien que la question de sa levée ait été discutée à plusieurs reprises.
En octobre 2003, le ministère des Affaires étrangères chinois publie un premier document stratégique à destination de l'Union européenne. Il y pose les conditions d'un partenariat entre les deux entités, dont la levée de l’embargo sur les ventes d’armes. Lors du 8e sommet Union européenne-Chine en septembre 2005, les Européens réaffirment, à la demande de Pékin, "leur volonté de continuer à œuvrer en vue de la levée de l'embargo". Mais le changement de position de certains pays membres et l'arrivée au pouvoir d'Angela Merkel en Allemagne enterrent durablement le projet.
Après la chute de l'URSS au début des années 1990, la Chine et l'UE renforcent leur relation bilatérale. En 1993, la CEE devient officiellement l'Union européenne et se dote d'une ambition nouvelle quant à son rôle sur la scène internationale, tandis que la Chine voit dans l'UE un partenaire économique de taille et un contrepoids à l'influence américaine.
Après quinze années de négociations ardues, la Chine rejoint officiellement l’Organisation mondiale du commerce (OMC) le 11 décembre 2001. L’Union européenne soutient son adhésion, misant sur une double promesse : l’ouverture progressive de la Chine aux règles de l'économie de marché, et une libéralisation politique interne. Bruxelles espère aussi un accès privilégié à un marché en pleine expansion. Dès 2002, la Chine devient le deuxième partenaire commercial de l’UE et, deux ans plus tard, l’Europe arrive à la première place dans les échanges extérieurs de Pékin.
À partir de 2008, l'Union européenne est touchée de plein fouet par la crise économique et financière. Côté chinois, si les exportations diminuent dans un premier temps, le contexte reste plus favorable aux grandes entreprises et aux banques qui vont investir en Europe. La crise renforce l'interdépendance entre la Chine et l'UE. Le pays achète notamment des obligations et bons du Trésor d'États européens en difficulté, notamment la Grèce.
En décembre 2008, la prise de contrôle du port grec du Pirée par le groupe de logistique China Ocean Shipping Company (COSCO) fait grand bruit. L'opération permet à la Grèce de moderniser ses infrastructures à moindre coût en les privatisant partiellement, tandis que les Chinois offrent à leurs produits un accès privilégié au marché européen. Huit ans plus tard, la Grèce cède la totalité du port au groupe COSCO, qui en devient l'actionnaire majoritaire.
Arrivé au pouvoir en 2013, Xi Jinping s'impose comme une figure politique forte dès le début de son mandat. Critiquant la "stagnation" qui caractérise la période précédente, il met en avant le "rêve chinois" et veut faire de son pays un acteur de premier plan au niveau mondial. En 2013, au Kazakhstan, il évoque pour la première fois son projet de "nouvelles routes de la soie" (Belt & Road Initiative, BRI), la création d'une nouvelle route commerciale entre l'Asie, l'Europe et l'Afrique impliquant la participation de plus de 68 pays. En 2017, le forum "17+1" dédié au projet BRI est créé, dont font partie 11 pays de l'UE. Tout en proposant aux États souffrant économiquement de financer et de construire des infrastructures de transport, la Chine y facilite les exportations de ses marchandises. Dans le même temps, Xi Jinping opère une dérive autoritaire, aboutissant à la réforme constitutionnelle de 2018 qui abolit la limite des deux mandats présidentiels.
Quinze ans après son adhésion à l'OMC, la Chine devait se voir automatiquement reconnaitre le statut d'économie de marché (SEM), qui ne lui a pas été directement octroyé en 2001. Concrètement, ce statut obligerait tous les membres de l'OMC à tenir compte des prix pratiqués sur le marché intérieur chinois. Il aurait également rendu les enquêtes contre le dumping (vente à un prix inférieur au coût du marché) plus difficiles à mener.
Or en 2016, l’État chinois joue encore un rôle considérable et contrôle des pans entiers de "l'économie socialiste de marché". Les États-Unis et le Japon annoncent clairement qu'ils ne reconnaîtraient pas le SEM à la Chine, au risque d'être sanctionnés par l'OMC. L'UE, qui s'était pourtant engagée à le faire, change d'avis au cours de l'année 2016. Un revirement qui crée la surprise et lance une longue série d'hostilités commerciales entre les deux parties. La Chine dépose une plainte à l'OMC dès le 12 décembre 2016, visant l'UE et les États-Unis contre leur méthode d'évaluation anti-dumping mis en place la même année.
Le 12 mars 2019, le Parlement européen, le Conseil européen et la Commission européenne livrent leur nouvelle vision stratégique vis-à-vis de la Chine dans une communication conjointe. Le pays est désormais considéré comme "un partenaire de coopération avec lequel l'UE partage des objectifs étroitement intégrés, un partenaire de négociation avec lequel l'UE doit trouver un juste équilibre sur le plan des intérêts, un concurrent économique dans la course à la domination technologique et un rival systémique dans la promotion d'autres modèles de gouvernance".
Ce changement de terminologie pour désigner les relations entre Bruxelles et Pékin marque un tournant. Dans leur communication, les institutions européennes appellent à plus de réciprocité dans les relations avec la puissance asiatique, notamment au niveau commercial. Consciente de ce déséquilibre, l’Union européenne tente de préserver ses liens économiques et diplomatiques avec la Chine, tout en renforçant la protection de son propre marché.
Fruit de négociations débutées en 2013, l'Union européenne et la Chine concluent un accord global sur les investissements (AGI) en 2020. Mais n'est ce texte n'est ni signé, ni ratifié à l'heure actuelle.
Par le biais de cet accord, l'Union a pour ambition de réduire le déséquilibre avec Pékin, en raison de l'écart existant, entre d'un côté l'ouverture du marché européen aux investissements étrangers, et de l'autre les barrières à l'entrée et les discriminations auxquelles sont confrontées les entreprises européennes qui souhaitent investir en Chine. L'accord prévoit à la fois la libéralisation des investissements, mais aussi une levée des contraintes côté chinois, permettant l'ouverture de plusieurs secteurs du marché (transport, automobile, santé, numérique…). Ce traité est le plus important jamais conclu par le pays avec un partenaire étranger dans le domaine de l'investissement.
Néanmoins, le contexte géopolitique a évolué au fil des années. La Commission européenne suspend l'accord en 2021, à la suite des sanctions prises par la Chine à l'encontre de responsables et députés européens ayant dénoncé les exactions du régime chinois dans la région du Xinjiang.
Au cours de l'année 2021, les tensions culminent entre la Chine et l'UE. En mars 2021, l'Union prend des sanctions (interdiction de visas et gel d'avoirs) contre quatre responsables chinois en raison de la répression de la minorité musulmane ouïgoure dans la région du Xinjiang. L'UE accuse ces hauts fonctionnaires de "graves atteintes aux droits de l'homme" et de se rendre coupable de "détentions arbitraires et [de] traitements dégradants infligés aux Ouïgours et aux membres d'autres minorités ethniques musulmanes".
Le ministère chinois des Affaires étrangères dément toute atteinte aux droits de l'homme, et ne tarde pas à prendre des mesures. Pékin annonce mettre en place des sanctions contre quatre entités (dont le comité politique et de sécurité du Conseil de l'UE) et dix responsables européens (dont des eurodéputés), interdits de séjour en Chine.
En mai 2021, un autre différend oppose cette fois les deux blocs sur la question taïwanaise. La Lituanie se retire du forum "17+1" du BRI, et donne son accord à l'ouverture dans son pays d'une représentation de Taïwan sous le nom de "Bureau de représentation de Taïwan". Pour la Chine, cet acte représente un pas en avant vers la reconnaissance de l'indépendance de l'île, qu'elle considère comme partie intégrante de son territoire. En signe de représailles, les autorités chinoises mettent en place des pratiques commerciales discriminatoires à l'encontre de l'État Balte, rejetant les demandes d'importations et bloquant les exportations de Vilnius vers la Chine.
Le 27 janvier 2022, l'UE annonce qu'elle engage une procédure auprès de l'OMC contre la Chine "en raison de ses pratiques commerciales discriminatoires à l'encontre de la Lituanie, qui frappent également d'autres exportations du marché unique de l'UE". Après avoir suspendu la procédure en janvier 2024, la Commission européenne a annoncé reprendre la procédure engagée auprès de l’OMC en janvier 2025. Cette procédure ne devrait pas aboutir avant plusieurs années.
Signe d'une relation politique tendue, la vice-présidente de la Commission de l'époque Margrethe Vestager dénonce en octobre 2021 une "pression accrue" de la Chine sur Taïwan et déplore sa présence militaire dans le détroit, ce qui fait selon elle planer un risque sur "la sécurité et la prospérité" de l'Europe. En août 2022, les tensions entre Pékin et Taipei sont exacerbées par la visite de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi. Une "provocation" pour la Chine, qui a multiplié les manœuvres militaires autour du détroit de Taïwan tout au long de l'année 2022.
Lors d'une rencontre organisée en marge des Jeux olympiques de Pékin, trois semaines avant l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, Xi Jinping et son homologue russe Vladimir Poutine signent une déclaration commune scellant "l'amitié sans limites" entre les deux pays. Depuis lors, la Chine n'a jamais explicitement condamné l'invasion de l'Ukraine. Le sommet UE-Chine convoqué par la Commission européenne en avril 2022 n'a pas fait avancer le dialogue avec Pékin, pour qui l'application de sanctions à l'encontre de la Russie n'est pas envisageable dans la mesure où les Chinois veulent se poser en médiateurs du conflit.
Ce rapprochement sino-russe fait craindre un soutien militaire du gouvernement de Xi Jinping à la Russie. Le 19 février 2023, le Secrétaire d’État américain Antony Blinken laisse entendre que Pékin est sur le point de livrer des armes à Moscou, ce que les autorités chinoises démentent. Quelques jours plus tard, le 24 février, le plan de paix pour l'Ukraine publié par le ministère chinois des Affaires étrangères ne mentionne toujours pas formellement le caractère illégal de l'invasion de l'Ukraine. Xi Jinping et Vladimir Poutine réaffirment leur partenariat le 22 mars 2023, notamment à travers une "déclaration conjointe sur l’approfondissement du partenariat de coordination stratégique globale de l’ère nouvelle”, qui affiche son hostilité envers l'Occident.
Sur fonds de tensions géopolitiques et commerciales, le président chinois, Xi Jinping, rencontre son homologue français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen le 6 mai 2024. Pour le dirigeant chinois, il s'agit de la première visite sur le continent européen depuis 2019.
La Commission européenne a lancé de multiples enquêtes à l'encontre d'entreprises ou de consortiums chinois, dans le cadre des réglementations européennes anti-subventions : véhicules électriques, panneaux photovoltaïques, éolien… de même, le gouvernement chinois a ouvert plusieurs enquêtes visant des européens, notamment une enquête antidumping sur les eaux-de-vie de vin.
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