Dans son édition 2026 qui parait le 20 novembre, le guide recense 250 nouvelles adresses de restaurants, hôtels, caves, boucheries, boulangeries ou fromageries... "Des adresses petites, sincères, faites par des personnes un peu avec leurs sous, leur sueur", explique à l'AFP Christine Doublet, codirectrice du guide.
Sur les 18 prix dévoilés lundi, la "meilleure table" revient à La Maison de la Pia, à Tende, village de 2.000 habitants niché dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes).
Une "très, très petite adresse toute en simplicité", d'une quinzaine de couverts et de deux chambres, détaille Mme Doublet. Ouverte en mai, la table propose chaque jour un menu unique qui change selon les saisons, avec des produits locaux.
Cette reconnaissance, "c'est surréaliste", confie Camille Burle, 30 ans, qui tient l'établissement avec son compagnon Thomas Guernion, 28 ans. "On est très loin de tout ça, on a quitté Paris il y a longtemps (...) Je n'envisageais pas du tout d'avoir un prix", poursuit-elle.
"Déringardiser"
Un prix qui correspond à la ligne éditoriale du Fooding, acheté à 100% par le Guide Michelin en 2020, qui aime "regarder un peu au-delà des adresses qu'on voit partout", selon Christine Doublet.
Longtemps taxé de "bobo parisien", le guide met aujourd'hui davantage l'accent sur les régions. Cette année, seules quatre adresses primées se situent en Île-de-France.
Contraction de "food" et de "feeling", le Fooding est devenu au fil des ans une référence. Lancé en 2000 par les journalistes Alexandre Cammas et Emmanuel Rubin, le guide avait pour objectif de "déringardiser" une gastronomie française "en train de s'épuiser", se souvient ce dernier, désormais journaliste gastronomique au Figaro.
Au-delà de la découverte de nouvelles adresses, le Fooding a mis en lumière des tendances émergentes, telles que la "bistronomie" - cette cuisine haut de gamme mais décontractée dont ils ont inventé le nom -, le végétal, le vin nature, ou encore les petites assiettes et des chefs comme Iñaki Aizpitarte, Bertrand Grebaut ou Adeline Grattard.
Le guide a par ailleurs été parmi les premiers à dénoncer les violences en cuisine, à mettre en avant les femmes cheffes ou l'écoresponsabilité.
"Ils ont modernisé et rendu cool une gastronomie très figée et classique" représentée par les guides Gault et Millau et Michelin, estime Alice Bosio, journaliste culinaire au Figaro.
Essoufflement
Cette année encore, le guide décerne des trophées aux intitulés décalés : le prix du "meilleur potager" revient à l'auberge Les Filles en Botte (Saint-Georges-de-Reintembault, Ille-et-Vilaine), la "meilleure dînette" au minuscule Pochana (Paris), le "meilleur antidépresseur" au Suffren (Marseille), sans oublier les "Foodings d'amour" décernés à Testa Dura (Bordeaux) et Fargeot (Saint-Jean-de-Luz).
Au début du mois, le guide a également publié sa deuxième sélection des bars PMU de France.
"Un prix du Fooding, ça change beaucoup de choses" assure le chef Guillaume Monjuré, sacré "meilleure table" en 2023 pour Le Palégrié chez l'Henri, dans le Vercors, et en 2013 pour Le Palégrié à Lyon, aujourd'hui fermé. "Ça nous a rempli le restaurant pour plusieurs mois, voire une année", se souvient-il.
"Après le prix, on a eu beaucoup de monde", confirme Thomas Benady, distingué par le Fooding d'amour en 2020 pour l'Auberge Sauvage (Manche).
Si le Fooding conserve une influence certaine, celle-ci s'est toutefois un peu essoufflée.
"Les restos se sont beaucoup démocratisés. Il y a les réseaux sociaux, les influenceurs, la télé, les Top Chefs… Peut-être que c'est plus difficile de continuer à être cool et défricheur quand on est plus connu", observe Alice Bosio.
"Le Fooding a été le pionnier. Aujourd'hui, il est parfois copié, et parfois peut-être dépassé, mais il a décomplexé cette bouffe", assure toutefois Emmanuel Rubin.
Texte intégral (633 mots)
Dans son édition 2026 qui parait le 20 novembre, le guide recense 250 nouvelles adresses de restaurants, hôtels, caves, boucheries, boulangeries ou fromageries... "Des adresses petites, sincères, faites par des personnes un peu avec leurs sous, leur sueur", explique à l'AFP Christine Doublet, codirectrice du guide.
Sur les 18 prix dévoilés lundi, la "meilleure table" revient à La Maison de la Pia, à Tende, village de 2.000 habitants niché dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes).
Une "très, très petite adresse toute en simplicité", d'une quinzaine de couverts et de deux chambres, détaille Mme Doublet. Ouverte en mai, la table propose chaque jour un menu unique qui change selon les saisons, avec des produits locaux.
Cette reconnaissance, "c'est surréaliste", confie Camille Burle, 30 ans, qui tient l'établissement avec son compagnon Thomas Guernion, 28 ans. "On est très loin de tout ça, on a quitté Paris il y a longtemps (...) Je n'envisageais pas du tout d'avoir un prix", poursuit-elle.
"Déringardiser"
Un prix qui correspond à la ligne éditoriale du Fooding, acheté à 100% par le Guide Michelin en 2020, qui aime "regarder un peu au-delà des adresses qu'on voit partout", selon Christine Doublet.
Longtemps taxé de "bobo parisien", le guide met aujourd'hui davantage l'accent sur les régions. Cette année, seules quatre adresses primées se situent en Île-de-France.
Contraction de "food" et de "feeling", le Fooding est devenu au fil des ans une référence. Lancé en 2000 par les journalistes Alexandre Cammas et Emmanuel Rubin, le guide avait pour objectif de "déringardiser" une gastronomie française "en train de s'épuiser", se souvient ce dernier, désormais journaliste gastronomique au Figaro.
Au-delà de la découverte de nouvelles adresses, le Fooding a mis en lumière des tendances émergentes, telles que la "bistronomie" - cette cuisine haut de gamme mais décontractée dont ils ont inventé le nom -, le végétal, le vin nature, ou encore les petites assiettes et des chefs comme Iñaki Aizpitarte, Bertrand Grebaut ou Adeline Grattard.
Le guide a par ailleurs été parmi les premiers à dénoncer les violences en cuisine, à mettre en avant les femmes cheffes ou l'écoresponsabilité.
"Ils ont modernisé et rendu cool une gastronomie très figée et classique" représentée par les guides Gault et Millau et Michelin, estime Alice Bosio, journaliste culinaire au Figaro.
Essoufflement
Cette année encore, le guide décerne des trophées aux intitulés décalés : le prix du "meilleur potager" revient à l'auberge Les Filles en Botte (Saint-Georges-de-Reintembault, Ille-et-Vilaine), la "meilleure dînette" au minuscule Pochana (Paris), le "meilleur antidépresseur" au Suffren (Marseille), sans oublier les "Foodings d'amour" décernés à Testa Dura (Bordeaux) et Fargeot (Saint-Jean-de-Luz).
Au début du mois, le guide a également publié sa deuxième sélection des bars PMU de France.
"Un prix du Fooding, ça change beaucoup de choses" assure le chef Guillaume Monjuré, sacré "meilleure table" en 2023 pour Le Palégrié chez l'Henri, dans le Vercors, et en 2013 pour Le Palégrié à Lyon, aujourd'hui fermé. "Ça nous a rempli le restaurant pour plusieurs mois, voire une année", se souvient-il.
"Après le prix, on a eu beaucoup de monde", confirme Thomas Benady, distingué par le Fooding d'amour en 2020 pour l'Auberge Sauvage (Manche).
Si le Fooding conserve une influence certaine, celle-ci s'est toutefois un peu essoufflée.
"Les restos se sont beaucoup démocratisés. Il y a les réseaux sociaux, les influenceurs, la télé, les Top Chefs… Peut-être que c'est plus difficile de continuer à être cool et défricheur quand on est plus connu", observe Alice Bosio.
"Le Fooding a été le pionnier. Aujourd'hui, il est parfois copié, et parfois peut-être dépassé, mais il a décomplexé cette bouffe", assure toutefois Emmanuel Rubin.