La marche blanche s'est élancée depuis un grand parc de la ville où Mathis avait ses habitudes, avant de cheminer en ville. Proches et anonymes, vêtus de blanc, certains portant des tee-shirts à l'effigie du jeune homme ou des vêtements qu'il avait lui-même créés, ont défilé dans le calme pour lui dire "un dernier au revoir".
"Perdre notre meilleur ami à 19 ans, le soir d'Halloween, alors qu'il rentrait tranquillement d'une soirée où il s'était bien amusé, ce n'est pas normal", confie Tom, 20 ans, dans la foule.
C'est "horrible que mon meilleur ami soit mort" à cause de quelqu'un "qui était sous protoxyde d'azote", poursuit-il.
Comme d’autres participants, Tom souhaite que cette marche serve aussi d’alerte: "Cette consommation de protoxyde d'azote, ici, à Saint-Omer, on la voit aussi. Le week-end, on voit des jeunes qui font des ballons dans des voitures ou dans la rue".
Cette consommation doit être "interdite", c'est aussi "pour mettre une pression sur ces politiques", estime-t-il.
Un autre ami de la victime, Mathis, 18 ans, étudiant en école de commerce et présent le soir du drame, raconte avoir tenté avec ses amis de secourir la victime: "C'était terrifiant ce qui s'est passé ce soir-là".
"Je me sens peut-être impuissant tout seul. Mais je pense qu'avec du monde et du soutien, on peut arriver à quelque chose et montrer que ce qui s'est passé ce soir-là, ce n'est pas normal", affirme-t-il.
À l’issue de la marche, Emmanuel, le père de Mathis, habitant d'une commune voisine, a pris la parole au micro, ému : "Je voulais tous vous remercier, la famille, les amis, les inconnus (...) si ça peut nous aider à ce que la justice soit plus ferme, qu'il n'y ait plus de protoxyde d'azote, je ne veux pas qu'il y ait de nouveau Mathis qui s'en aille un jour".
"Un fléau grandissant"
Originaire d’Haïti, Mathis avait été adopté par un couple du Nord. Il travaillait dans un fast-food de la banlieue lilloise et préparait son bac en candidat libre. Sous le pseudo MPX, il écrivait aussi quelques textes de rap.
À Lille, près du lieu du drame, de nombreux hommages lui ont déjà été rendus sous forme de messages et de fleurs attachés à un arbre. Les obsèques du jeune homme ont eu lieu lundi dans l'intimité familiale.
Le 1er novembre, à 4H48 du matin, Mathis traversait une rue du centre-ville lorsqu’il a été percuté par un véhicule qui roulait à vive allure. Selon le procureur de Lille, Samuel Finielz, le conducteur, âgé de 31 ans, avait plusieurs fois refusé d’obtempérer aux injonctions des policiers. L’enquête a aussi établi "une consommation de protoxyde d’azote contemporaine de la conduite".
Quelques mètres après l'accident le mis en cause a tenté de fuir à pied avant d'être interpellé. Déjà connu pour des délits routiers, il a été mis en examen pour homicide routier aggravé et placé en détention provisoire. Il conteste avoir conduit le véhicule.
Les parents de Mathis réclament la "sévérité" et une loi interdisant spécifiquement de conduire quand on a consommé du protoxyde d'azote. Ils demandent à rencontrer le ministre de la Justice Gérald Darmanin "pour lui faire des propositions concrètes".
Aujourd’hui, il n’existe pas de loi "qui réprime la conduite après usage de protoxyde d’azote", déplore leur avocat Me Antoine Régley. Or, "c’est un fléau grandissant, extrêmement inquiétant" au volant, "certains conducteurs perdent la vue quelques secondes, d’autres se sentent invincibles".
En mars dernier, le Sénat a voté la pénalisation de l'usage détourné du protoxyde d'azote ou "gaz hilarant", sans viser spécifiquement la conduite ni aller jusqu'à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l'avaient fait auparavant les députés. L'avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux chambres.
Texte intégral (661 mots)
La marche blanche s'est élancée depuis un grand parc de la ville où Mathis avait ses habitudes, avant de cheminer en ville. Proches et anonymes, vêtus de blanc, certains portant des tee-shirts à l'effigie du jeune homme ou des vêtements qu'il avait lui-même créés, ont défilé dans le calme pour lui dire "un dernier au revoir".
"Perdre notre meilleur ami à 19 ans, le soir d'Halloween, alors qu'il rentrait tranquillement d'une soirée où il s'était bien amusé, ce n'est pas normal", confie Tom, 20 ans, dans la foule.
C'est "horrible que mon meilleur ami soit mort" à cause de quelqu'un "qui était sous protoxyde d'azote", poursuit-il.
Comme d’autres participants, Tom souhaite que cette marche serve aussi d’alerte: "Cette consommation de protoxyde d'azote, ici, à Saint-Omer, on la voit aussi. Le week-end, on voit des jeunes qui font des ballons dans des voitures ou dans la rue".
Cette consommation doit être "interdite", c'est aussi "pour mettre une pression sur ces politiques", estime-t-il.
Un autre ami de la victime, Mathis, 18 ans, étudiant en école de commerce et présent le soir du drame, raconte avoir tenté avec ses amis de secourir la victime: "C'était terrifiant ce qui s'est passé ce soir-là".
"Je me sens peut-être impuissant tout seul. Mais je pense qu'avec du monde et du soutien, on peut arriver à quelque chose et montrer que ce qui s'est passé ce soir-là, ce n'est pas normal", affirme-t-il.
À l’issue de la marche, Emmanuel, le père de Mathis, habitant d'une commune voisine, a pris la parole au micro, ému : "Je voulais tous vous remercier, la famille, les amis, les inconnus (...) si ça peut nous aider à ce que la justice soit plus ferme, qu'il n'y ait plus de protoxyde d'azote, je ne veux pas qu'il y ait de nouveau Mathis qui s'en aille un jour".
"Un fléau grandissant"
Originaire d’Haïti, Mathis avait été adopté par un couple du Nord. Il travaillait dans un fast-food de la banlieue lilloise et préparait son bac en candidat libre. Sous le pseudo MPX, il écrivait aussi quelques textes de rap.
À Lille, près du lieu du drame, de nombreux hommages lui ont déjà été rendus sous forme de messages et de fleurs attachés à un arbre. Les obsèques du jeune homme ont eu lieu lundi dans l'intimité familiale.
Le 1er novembre, à 4H48 du matin, Mathis traversait une rue du centre-ville lorsqu’il a été percuté par un véhicule qui roulait à vive allure. Selon le procureur de Lille, Samuel Finielz, le conducteur, âgé de 31 ans, avait plusieurs fois refusé d’obtempérer aux injonctions des policiers. L’enquête a aussi établi "une consommation de protoxyde d’azote contemporaine de la conduite".
Quelques mètres après l'accident le mis en cause a tenté de fuir à pied avant d'être interpellé. Déjà connu pour des délits routiers, il a été mis en examen pour homicide routier aggravé et placé en détention provisoire. Il conteste avoir conduit le véhicule.
Les parents de Mathis réclament la "sévérité" et une loi interdisant spécifiquement de conduire quand on a consommé du protoxyde d'azote. Ils demandent à rencontrer le ministre de la Justice Gérald Darmanin "pour lui faire des propositions concrètes".
Aujourd’hui, il n’existe pas de loi "qui réprime la conduite après usage de protoxyde d’azote", déplore leur avocat Me Antoine Régley. Or, "c’est un fléau grandissant, extrêmement inquiétant" au volant, "certains conducteurs perdent la vue quelques secondes, d’autres se sentent invincibles".
En mars dernier, le Sénat a voté la pénalisation de l'usage détourné du protoxyde d'azote ou "gaz hilarant", sans viser spécifiquement la conduite ni aller jusqu'à interdire totalement sa vente aux particuliers, comme l'avaient fait auparavant les députés. L'avenir de cette loi dépendra des négociations entre les deux chambres.