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Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Think tank français spécialisé sur les questions géopolitiques et stratégiques

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15.12.2025 à 15:40

« La Turquie face au dilemme du Caucase. Tchétchénie ou Russie ? » – 4 questions à Ernest Guermouh

stagiairedecomm@iris-france.org
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Étudiant en master Intégrations et mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient de Sciences Po Grenoble, Ernest Guermouh a réalisé plusieurs expériences universitaires et professionnelles dans le Caucase et en Turquie. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage La Turquie face au dilemme du Caucase. Tchétchénie ou Russie ? Pendant la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), la Turquie s’est affichée comme neutre, mais des courants politiques plaidaient pour un soutien aux Tchétchènes… La Turquie a toujours affirmé ne pas vouloir interférer dans les affaires intérieures de la Russie. Pourtant, certaines factions de la société turque ont montré un soutien actif aux rebelles tchétchènes lors du premier conflit. La diaspora du Caucase du Nord, présente dans le pays depuis le XIXᵉ siècle, s’est particulièrement distinguée en la matière. Certains sont allés jusqu’à prendre en otage des touristes russes sur un ferry reliant la Turquie à la Russie. Le chef d’état-major turc de l’époque, lui‑même d’origine tchétchène, avait alors qualifié les assaillants de « résistants ». Les islamistes turcs ont également apporté un appui massif aux indépendantistes tchétchènes, par solidarité religieuse. Ils ont organisé l’envoi d’aide humanitaire, soutenu l’accueil des réfugiés et réclamé une intervention militaire directe de la Turquie, les plus radicaux partant même combattre sur place. Le courant le plus influent était cependant l’extrême droite panturquiste, qui ambitionnait d’unifier les peuples turciques d’Azerbaïdjan et d’Asie centrale sous la tutelle d’Ankara. Certains de ses partisans, les « Loups gris », se sont rendus en Tchétchénie pour se battre. L’existence de l’URSS bloquait jusque‑là toute politique d’influence de l’État turc dans la région, mais sa chute a entraîné les indépendances des pays concernés. Le discours panturquiste, jusque-là minoritaire, est soudainement devenu plus audible au sein des élites turques. La Turquie entreprend donc une ambitieuse politique d’influence dans cette région, entrant […]

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Texte intégral (1290 mots)

Étudiant en master Intégrations et mutations en Méditerranée et au Moyen-Orient de Sciences Po Grenoble, Ernest Guermouh a réalisé plusieurs expériences universitaires et professionnelles dans le Caucase et en Turquie. Il répond à mes questions à l’occasion de la parution de son ouvrage La Turquie face au dilemme du Caucase. Tchétchénie ou Russie ?

Pendant la première guerre de Tchétchénie (1994-1996), la Turquie s’est affichée comme neutre, mais des courants politiques plaidaient pour un soutien aux Tchétchènes…

La Turquie a toujours affirmé ne pas vouloir interférer dans les affaires intérieures de la Russie. Pourtant, certaines factions de la société turque ont montré un soutien actif aux rebelles tchétchènes lors du premier conflit. La diaspora du Caucase du Nord, présente dans le pays depuis le XIXᵉ siècle, s’est particulièrement distinguée en la matière. Certains sont allés jusqu’à prendre en otage des touristes russes sur un ferry reliant la Turquie à la Russie. Le chef d’état-major turc de l’époque, lui‑même d’origine tchétchène, avait alors qualifié les assaillants de « résistants ».

Les islamistes turcs ont également apporté un appui massif aux indépendantistes tchétchènes, par solidarité religieuse. Ils ont organisé l’envoi d’aide humanitaire, soutenu l’accueil des réfugiés et réclamé une intervention militaire directe de la Turquie, les plus radicaux partant même combattre sur place.

Le courant le plus influent était cependant l’extrême droite panturquiste, qui ambitionnait d’unifier les peuples turciques d’Azerbaïdjan et d’Asie centrale sous la tutelle d’Ankara. Certains de ses partisans, les « Loups gris », se sont rendus en Tchétchénie pour se battre. L’existence de l’URSS bloquait jusque‑là toute politique d’influence de l’État turc dans la région, mais sa chute a entraîné les indépendances des pays concernés. Le discours panturquiste, jusque-là minoritaire, est soudainement devenu plus audible au sein des élites turques. La Turquie entreprend donc une ambitieuse politique d’influence dans cette région, entrant en rivalité directe avec la Russie qui souhaite toujours dominer son « étranger proche ». La guerre de Tchétchénie devient un instrument de ce bras de fer. Sans aider directement les rebelles, Ankara a laissé les trois courants cités agir librement et a fermé les yeux sur les activités politiques des réfugiés tchétchènes présents sur son sol.

Il y a un rapprochement entre Ankara et Moscou lors de la seconde guerre (1999-2009)…

La Turquie adopte à ce moment une politique différente, bien plus favorable à Moscou, et ce même après l’arrivée au pouvoir d’Erdoğan en 2002. Celui-ci, membre du parti islamiste Refah et maire d’Istanbul durant le premier conflit, avait pourtant reçu personnellement le président tchétchène en 1997. Cela est lié à plusieurs facteurs.

Il faut tout d’abord citer l’échec de la politique « néo-panturquiste ». La Russie a conservé une influence importante en Asie centrale, la Turquie n’ayant ni les moyens économiques ni une compréhension assez fine des aspirations locales pour parvenir à y implanter une réelle influence. De plus, le soutien discret de la Turquie envers les Tchétchènes entrainait, en représailles, le même comportement de la Russie envers le PKK. Les enjeux sont cependant bien différents pour les deux pays, puisque les Tchétchènes représentent environ 1 % de la population russe, mais les Kurdes 20 % de celle de la Turquie.

En parallèle, la Russie devient dans les années 2000 le deuxième partenaire commercial de la Turquie, et l’un de ses principaux fournisseurs en hydrocarbures grâce au gazoduc Blue Stream. Ankara a donc réalisé qu’elle avait plus à perdre qu’à gagner à entrer en rivalité directe avec Moscou.

Selon vous, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdoğan, ont accompagné la chute des « grandes idéologies » dans leur pays en suivant le même chemin…

Il y a en effet un parallélisme historique net entre les deux pays. Durant la Première Guerre mondiale, les Empires russe et ottoman, tous deux vacillants, se sont affrontés violemment dans le Caucase, leur frontière commune. L’Empire ottoman souhaitait alors unir le Caucase et l’Asie centrale sous son égide, et chercha pour cela à provoquer un soulèvement tchétchène contre la Russie. Après la guerre, les nouveaux dirigeants, Lénine et Atatürk, ont fait la paix et entretenu des relations cordiales afin de fonder sur de nouvelles bases leurs régimes respectifs, nés des cendres des Empires : l’URSS et la République de Turquie.

Cette histoire se répète partiellement dans les années 1990 : les idéologies kémaliste et soviétique, ciments des deux États, subissent une crise de légitimité. Dans ce clair-obscur, les deux puissances s’affrontent à nouveau, certes de manière moins violente, notamment à travers la question tchétchène. Dans les années 2000, deux leaders autoritaires émergent à nouveau presque simultanément, Erdoğan et Poutine. Ils cherchent à conjurer la crise politique et économique qui frappe leurs pays et assument alors tous les deux une ère de dépassement des vieilles idéologies – dont ils ne se détachent toutefois pas entièrement – en bâtissant leurs régimes personnels sur de nouvelles bases, plus pragmatiques. Ils ont pour cela besoin d’empêcher toute ingérence extérieure. Recep T. Erdoğan et Vladimir Poutine concluent donc, comme Atatürk et Lénine dans les années 1920, une forme de paix autour de la question caucasienne.

Dans quelle mesure le 11 septembre a-t-il marqué un tournant dans les relations entre Moscou et Ankara ? Cet évènement est essentiel car il change radicalement la politique étrangère des États-Unis de George W. Bush envers la Russie. Celui qui qualifiait les indépendantistes tchétchènes de « combattants de la liberté » se convertit à une guerre sans merci contre « le terrorisme », ce qui permet à Vladimir Poutine de redéfinir opportunément le conflit tchétchène comme une composante du combat américain contre Al-Qaïda. La Turquie, membre de l’OTAN et elle-même ciblée par Al-Qaïda, soutient son allié américain. Le 11 septembre réunit donc temporairement Russie, États-Unis et Turquie dans une « guerre contre le terrorisme ». Ankara et Moscou restent néanmoins prudents vis-à-vis de Washington, notamment en raison de ses opérations en Afghanistan et en Irak entraînant sa présence constante au Moyen-Orient et en Asie centrale. Les deux pays s’accordent donc pour exercer une cogestion de la lutte contre le terrorisme dans leur sphère d’influence commune. Cet esprit de coopération perdure depuis. Les deux pays n’entrent pas en confrontation directe malgré leurs très nombreux sujets de discorde, priorisant le dialogue afin de limiter les ingérences euro-américaines. On a notamment pu le constater dans le cadre du processus d’Astana à propos de la Syrie ou dans la confiance accordée par la Russie à la Turquie, pourtant soutien de Kyiv, dans les négociations liées à la guerre en Ukraine.

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15.12.2025 à 15:35

État des lieux des attaques hybrides russes en Europe

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a marqué le retour de la guerre sur le continent européen. Au delà des évolutions sur le théâtre ukrainien, l’Europe est confrontée à diverses formes de conflictualité qui s’avèrent complexes à appréhender. Qualifiée d’hybrides, elles recoupent des moyens tels que l’influence, l’ingérence, l’intimidation ou la coercition. Touchant majoritairement l’Allemagne, la France, la Pologne, la mer Baltique ou encore la Finlande, les attaques hybrides attribuées à la Russie et au Bélarus sur le continent européen ont été multipliées par sept entre 2022 et 2024 (Bart Schuurman, 2024). Des tentatives ou actes de sabotages et de vandalisme aux opérations d’influence en passant par l’immigration, la nature de ces attaques est plurielle, tout comme leurs cibles – espaces publics, infrastructures militaires, énergétiques, sanitaires ou de communication, etc. – ou leurs objectifs – perturber la vie quotidienne des ressortissants, perturber l’aide (militaire) à l’Ukraine, infliger des dommages économiques, etc. L’occasion de dresser un état des lieux des attaques hybrides russes et de leurs conséquences en Europe en carte et graphiques.

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L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a marqué le retour de la guerre sur le continent européen. Au delà des évolutions sur le théâtre ukrainien, l’Europe est confrontée à diverses formes de conflictualité qui s’avèrent complexes à appréhender. Qualifiée d’hybrides, elles recoupent des moyens tels que l’influence, l’ingérence, l’intimidation ou la coercition. Touchant majoritairement l’Allemagne, la France, la Pologne, la mer Baltique ou encore la Finlande, les attaques hybrides attribuées à la Russie et au Bélarus sur le continent européen ont été multipliées par sept entre 2022 et 2024 (Bart Schuurman, 2024). Des tentatives ou actes de sabotages et de vandalisme aux opérations d’influence en passant par l’immigration, la nature de ces attaques est plurielle, tout comme leurs cibles – espaces publics, infrastructures militaires, énergétiques, sanitaires ou de communication, etc. – ou leurs objectifs – perturber la vie quotidienne des ressortissants, perturber l’aide (militaire) à l’Ukraine, infliger des dommages économiques, etc.

L’occasion de dresser un état des lieux des attaques hybrides russes et de leurs conséquences en Europe en carte et graphiques.

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15.12.2025 à 12:03

Le « service militaire » : une passion française ?

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Dans la tradition politique républicaine, une défense globale dissuasive implique unengagement de tous dans tous les secteurs d’activités, une nation en arme, au propre commeau figuré. Le projet de service militaire volontaire semble ainsi répondre à deux objectifs :d’une part renforcer le lien armée nation, d’autre part augmenter les effectifs des armées. Cequi est positif. Pour sa pleine réussite une attention particulière doit être portée sur des sujetsmajeurs :

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Dans la tradition politique républicaine, une défense globale dissuasive implique un
engagement de tous dans tous les secteurs d’activités, une nation en arme, au propre comme
au figuré. Le projet de service militaire volontaire semble ainsi répondre à deux objectifs :
d’une part renforcer le lien armée nation, d’autre part augmenter les effectifs des armées. Ce
qui est positif. Pour sa pleine réussite une attention particulière doit être portée sur des sujets
majeurs :

  • Pour le lien armée nation, notons que le taux de satisfaction des Français dans leur armée est de 75 % et de 16 % dans leurs partis politiques ;
  • Pour le renforcement des effectifs, la brièveté (10 mois), les restrictions d’engagement (territoire national uniquement), soit une armée territoriale, pèseront sur l’efficacité, restreindront les manœuvres défensives possibles et pourraient créer une armée à deux vitesses, entachant la cohésion.

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15.12.2025 à 11:31

Attentat de Sydney : l’ignoble et l’indigne

stagiairedecomm@iris-france.org
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Dimanche 14 décembre a eu lieu un attentat terroriste antisémite sur la fameuse plage de Bondi à Sydney. Un père et son fils ont ouvert le feu sur des personnes venues célébrer le début de la fête juive d’Hanouka. Ces attaques ont fait, pour le moment, 15 morts et une quarantaine de blessés. Cet attentat témoigne d’une menace terroriste globale contre les Juifs et une montée, elle aussi globale, de l’antisémitisme. Ce drame choque d’autant plus que l’Australie a un des taux d’homicide les plus bas par armes à feu, que les tueries de masse y sont très rares et que la vente et la circulation d’armes à feu sont strictement régulées. Ce drame a suscité une émotion mondiale bien légitime mais aussi une quasi immédiate récupération politique. Benyamin Netanyahou a essayé d’en tirer parti politiquement et a mis en cause le Premier ministre australien, Anthony Albanese, à la suite de sa récente reconnaissance de l’État de Palestine. Pour le Premier ministre israélien, ces attentats sont la conséquence de cette décision. Or ceux qui condamnent la politique du gouvernement israélien, les bombardements sur les civils, le blocus humanitaire, etc. font bien la différence entre la critique politique d’un gouvernement et l’antisémitisme. C’est bien Benyamin Netanyahou qui à l’inverse mélange les deux. Il s’exonère ainsi de toute responsabilité dans la montée de l’antisémitisme. Nous devons faire preuve d’unité dans la lutte contre l’antisémitisme et pour cela faire bloc. Le risque est multiforme et il ne faut pas le nier. Il ne faut en revanche pas faire de l’accord avec le gouvernement de Netanyahou une condition de la lutte contre l’antisémitisme.

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Dimanche 14 décembre a eu lieu un attentat terroriste antisémite sur la fameuse plage de Bondi à Sydney. Un père et son fils ont ouvert le feu sur des personnes venues célébrer le début de la fête juive d’Hanouka. Ces attaques ont fait, pour le moment, 15 morts et une quarantaine de blessés.

Cet attentat témoigne d’une menace terroriste globale contre les Juifs et une montée, elle aussi globale, de l’antisémitisme. Ce drame choque d’autant plus que l’Australie a un des taux d’homicide les plus bas par armes à feu, que les tueries de masse y sont très rares et que la vente et la circulation d’armes à feu sont strictement régulées.

Ce drame a suscité une émotion mondiale bien légitime mais aussi une quasi immédiate récupération politique. Benyamin Netanyahou a essayé d’en tirer parti politiquement et a mis en cause le Premier ministre australien, Anthony Albanese, à la suite de sa récente reconnaissance de l’État de Palestine. Pour le Premier ministre israélien, ces attentats sont la conséquence de cette décision. Or ceux qui condamnent la politique du gouvernement israélien, les bombardements sur les civils, le blocus humanitaire, etc. font bien la différence entre la critique politique d’un gouvernement et l’antisémitisme. C’est bien Benyamin Netanyahou qui à l’inverse mélange les deux. Il s’exonère ainsi de toute responsabilité dans la montée de l’antisémitisme. Nous devons faire preuve d’unité dans la lutte contre l’antisémitisme et pour cela faire bloc. Le risque est multiforme et il ne faut pas le nier. Il ne faut en revanche pas faire de l’accord avec le gouvernement de Netanyahou une condition de la lutte contre l’antisémitisme.

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12.12.2025 à 12:52

La guerre Netflix-Paramount, ou comment Trump veut museler CNN

Déborah Yapi
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Vendredi 5 décembre, Netflix annonçait le rachat de Warner Bros Discovery pour 82,7 milliards de dollars. Lundi 8 décembre, Paramount Skydance ripostait avec une offre hostile de 108,4 milliards, entièrement en cash. À première vue, une bataille classique de titans hollywoodiens pour s’emparer des franchises Harry Potter, DC Comics et HBO. En réalité, cette guerre cache un enjeu bien plus politique : qui contrôlera CNN, la bête noire de Donald Trump ? Car derrière les communiqués lénifiants sur la « valeur actionnariale » et la « synergie des contenus », se joue une partie d’échecs dont Trump tire déjà les ficelles. Et le président a tout à y gagner, quel que soit le vainqueur final. L’offre Netflix : CNN n’est pas dans le paquet Dans la proposition de Netflix, il n’est pas question d’acheter CNN. La chaîne d’information, avec les autres chaînes de télévision linéaires (TNT, Discovery Channel), sera séparée dans une entité indépendante baptisée « Discovery Global » avant la finalisation du rachat. CNN deviendra donc une société cotée en bourse, détachée de Warner Bros et de Netflix. Mais cette mise à l’écart de CNN ne protège nullement Netflix de Donald Trump. Le président a déjà fait savoir que l’union Netflix-Warner « pourrait être un problème » en raison de la position déjà dominante sur le marché du streaming de Netflix. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a immédiatement dénoncé un « cauchemar anti-monopole ». En abandonnant CNN, Netflix pensait s’épargner des ennuis. Il pourrait bien découvrir que Trump a d’autres plans. L’offre Paramount : CNN sur un plateau pour la Maison-Blanche L’offre de Paramount Skydance ne fait aucune concession : 108,4 milliards de dollars pour racheter l’intégralité de Warner Bros Discovery, CNN inclus. Et c’est précisément là que les choses deviennent explosives. Qui finance cette offre pharaonique ? Larry Ellison, deuxième fortune mondiale avec 270 milliards de dollars et ami personnel […]

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Texte intégral (1071 mots)

Vendredi 5 décembre, Netflix annonçait le rachat de Warner Bros Discovery pour 82,7 milliards de dollars. Lundi 8 décembre, Paramount Skydance ripostait avec une offre hostile de 108,4 milliards, entièrement en cash. À première vue, une bataille classique de titans hollywoodiens pour s’emparer des franchises Harry Potter, DC Comics et HBO. En réalité, cette guerre cache un enjeu bien plus politique : qui contrôlera CNN, la bête noire de Donald Trump ?

Car derrière les communiqués lénifiants sur la « valeur actionnariale » et la « synergie des contenus », se joue une partie d’échecs dont Trump tire déjà les ficelles. Et le président a tout à y gagner, quel que soit le vainqueur final.

Dans la proposition de Netflix, il n’est pas question d’acheter CNN. La chaîne d’information, avec les autres chaînes de télévision linéaires (TNT, Discovery Channel), sera séparée dans une entité indépendante baptisée « Discovery Global » avant la finalisation du rachat. CNN deviendra donc une société cotée en bourse, détachée de Warner Bros et de Netflix.

Mais cette mise à l’écart de CNN ne protège nullement Netflix de Donald Trump. Le président a déjà fait savoir que l’union Netflix-Warner « pourrait être un problème » en raison de la position déjà dominante sur le marché du streaming de Netflix. La sénatrice démocrate Elizabeth Warren a immédiatement dénoncé un « cauchemar anti-monopole ». En abandonnant CNN, Netflix pensait s’épargner des ennuis. Il pourrait bien découvrir que Trump a d’autres plans.

L’offre de Paramount Skydance ne fait aucune concession : 108,4 milliards de dollars pour racheter l’intégralité de Warner Bros Discovery, CNN inclus. Et c’est précisément là que les choses deviennent explosives.

Qui finance cette offre pharaonique ? Larry Ellison, deuxième fortune mondiale avec 270 milliards de dollars et ami personnel de Trump. Son fils David Ellison, patron de Skydance, qui a obtenu en juillet le feu vert de la FCC pour racheter Paramount après avoir promis « une modification de la ligne éditoriale de CBS ». RedBird Capital. Et surtout, selon le Wall Street Journal, Affinity Partners – la société d’investissement de Jared Kushner, gendre de Donald Trump – accompagnée de plusieurs fonds souverains du Moyen-Orient : Arabie saoudite, Qatar, Abu Dhabi.

Autrement dit : l’argent saoudien, les amis de Trump, et la promesse explicite de « changements radicaux au sein de CNN ». David et Larry Ellison ont mené, selon le WSJ, « une campagne de plusieurs semaines pour convaincre Donald Trump » de soutenir leur offre. Leur argument massue ? Ils promettent de « refondre la programmation » de la chaîne détestée par le président.

Trump, interrogé lundi, a joué l’innocent : « Aucun d’eux n’est un de mes amis proches. Je veux faire ce qui est juste. » Il prétend n’avoir pas parlé à Kushner du dossier Warner. Personne à Washington n’est dupe.

Voilà le génie pervers de cette configuration. Si Paramount l’emporte, le 47e président des États-Unis obtient directement ce qu’il veut : CNN sous contrôle de ses alliés financiers et politiques, avec une ligne éditoriale « refondue » – autrement dit, muselée.

Mais si Netflix l’emporte ? Trump ne perd rien. Au contraire. Il peut user de son pouvoir de nuisance réglementaire pour mettre Netflix sous pression. « Vous avez une position dominante. Cela pourrait être un problème antitrust. À moins que… vous ne rachetiez finalement CNN à Discovery Global, cette nouvelle entité indépendante. Et que vous acceptiez quelques ajustements éditoriaux. » Netflix, acculé, pourrait bien finir par céder – soit en rachetant CNN malgré tout, soit en facilitant son acquisition par un tiers ami de l’administration.

Elizabeth Warren a beau dénoncer un « trafic d’influence, du favoritisme politique et des risques pour la sécurité nationale », elle prêche dans le désert. Les républicains contrôlent le Congrès. La FCC est aux ordres. Le ministère de la Justice appliquera la politique antitrust selon les desiderata présidentiels. Et les fonds souverains moyen-orientaux, déjà sous influence trumpiste depuis les Accords d’Abraham et le rapprochement avec Riyad, sont des partenaires dociles.

Arrêtons de nous raconter des histoires. Cette bataille pour Warner Bros n’a rien d’une guerre industrielle classique. C’est une prise d’otage politique orchestrée depuis la Maison-Blanche, avec l’argent saoudien et les réseaux trumpistes comme bras armés. CNN, symbole d’une presse indépendante que Donald Trump rêve de voir disparaître depuis 2015, est le véritable trophée de cette partie d’échecs.

Que Paramount ou Netflix l’emporte, Trump a compris que le contrôle des médias passe désormais par le contrôle des plateformes de streaming et des studios. CNN aujourd’hui, demain HBO, Warner Bros, et pourquoi pas Netflix si l’entreprise ne se montre pas coopérative ?

Nous verrons qui remporte la mise. Mais le Donald, lui, a déjà gagné.


Romuald Sciora dirige l’Observatoire politique et géostratégique des États-Unis de l’IRIS, où il est chercheur associé. Essayiste et politologue franco-américain, il est l’auteur de nombreux ouvrages, articles et documentaires et intervient régulièrement dans les médias internationaux afin de commenter l’actualité. Il vit à New York.

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12.12.2025 à 11:58

La Chine peut-elle s’imposer comme première puissance mondiale ?

Déborah Yapi
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Forte d’une croissance économique soutenue, d’avancées technologiques majeures et d’une diplomatie d’influence de plus en plus affirmée, Pékin s’impose désormais comme un acteur central d’un ordre international en recomposition. À travers la Belt and Road Initiative, qui redessine les routes du commerce mondial, et l’élargissement du cadre des BRICS, la Chine cherche à promouvoir un modèle alternatif de gouvernance et de coopération. Cette trajectoire ascendante se heurte toutefois à des vulnérabilités internes et à une compétition stratégique croissante avec les États-Unis. Dans quelle mesure la Chine peut-elle s’imposer comme première puissance mondiale, selon quelles modalités, dans quels domaines, et avec quelles implications pour la structure même de l’ordre international ? Valérie Niquet, maîtresse de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu à nos questions à l’occasion de la première édition des Géopolitiques de Grenoble organisées par l’IRIS et Grenoble École de Management, des conférences et débats sur les enjeux géopolitiques d’aujourd’hui :

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Forte d’une croissance économique soutenue, d’avancées technologiques majeures et d’une diplomatie d’influence de plus en plus affirmée, Pékin s’impose désormais comme un acteur central d’un ordre international en recomposition. À travers la Belt and Road Initiative, qui redessine les routes du commerce mondial, et l’élargissement du cadre des BRICS, la Chine cherche à promouvoir un modèle alternatif de gouvernance et de coopération. Cette trajectoire ascendante se heurte toutefois à des vulnérabilités internes et à une compétition stratégique croissante avec les États-Unis. Dans quelle mesure la Chine peut-elle s’imposer comme première puissance mondiale, selon quelles modalités, dans quels domaines, et avec quelles implications pour la structure même de l’ordre international ?

Valérie Niquet, maîtresse de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, a répondu à nos questions à l’occasion de la première édition des Géopolitiques de Grenoble organisées par l’IRIS et Grenoble École de Management, des conférences et débats sur les enjeux géopolitiques d’aujourd’hui :

  • Comment la Chine est-elle parvenue historiquement à effectuer une montée en puissance sur la scène internationale et à se positionner au cœur de la civilisation mondiale ?
  • Dans quelle mesure la Chine pourrait-elle s’imposer comme première puissance mondiale face aux États-Unis ?
  • Quelle place occupe la question taïwanaise dans cette montée en puissance de la Chine ? Peut-elle constituer une limite au déploiement de la puissance militaire chinoise ?

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11.12.2025 à 14:49

Which Type of Armament Cooperation Do We Want/Need? The Case of Spain

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This ARES Group commentary examines how Spain perceives and approaches armament cooperation within the European Union (EU) level, asking “Which type of armament cooperation do we want and need?”. It argues that Spain views armament cooperation as a means to strengthen European strategic autonomy, industrial competitiveness and interoperability while improving cost efficiency. It finds that Spain’s performance in research cooperation under the European Defence Fund has been strong, but translating these successes into major joint procurement programmes remains a challenge. Persistent obstacles include a fragmented industrial coordination, limited managerial capacity and regulatory divergences. The commentary concludes that Spain seeks pragmatic but ambitious cooperation: capability-led, lifecycle-oriented and financially sustainable, with fair industrial returns and alignment between EU and NATO priorities. For EU joint defence procurement to be a success for Spain, Madrid must align its national strategy with EU instruments and strengthen domestic capacity to lead future cooperative programmes.

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This ARES Group commentary examines how Spain perceives and approaches armament cooperation within the European Union (EU) level, asking “Which type of armament cooperation do we want and need?”. It argues that Spain views armament cooperation as a means to strengthen European strategic autonomy, industrial competitiveness and interoperability while improving cost efficiency. It finds that Spain’s performance in research cooperation under the European Defence Fund has been strong, but translating these successes into major joint procurement programmes remains a challenge. Persistent obstacles include a fragmented industrial coordination, limited managerial capacity and regulatory divergences. The commentary concludes that Spain seeks pragmatic but ambitious cooperation: capability-led, lifecycle-oriented and financially sustainable, with fair industrial returns and alignment between EU and NATO priorities. For EU joint defence procurement to be a success for Spain, Madrid must align its national strategy with EU instruments and strengthen domestic capacity to lead future cooperative programmes.

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11.12.2025 à 11:37

Armements et arsenalisations : moyens et mots de la guerre

Déborah Yapi
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La guerre a fait son retour dans la réalité politique européenne et la métaphore guerrière continue de s’affirmer comme outil rhétorique. Depuis 2022, le réarmement – démographique, moral, intellectuel – s’impose comme motif récurrent des discours politiques et médiatiques, en miroir d’un effort de préparation militaire et capacitaire à l’échelle du continent : une nouvelle « course aux armements », à la fois qualitative et quantitative. Les moyens de la conflictualité évoluent également et l’enchevêtrement des domaines, des temporalités et des intensités crée une complexité inédite, imparfaitement reflétée par l’inflation théorique et linguistique que représente la multiplication des « guerres » immatérielles – informationnelles, cognitives, etc. – et des « armes » associées. À l’occasion de la parution du n°140 de La Revue internationale et stratégique sur « Armements et arsenalisations : moyens et mots de la guerre », Louise Souverbie, chercheuse à l’IRIS, responsable du Programme Europe, UE, OTAN sur les évolutions politiques des pays européens, répond à nos questions: 📕 Se procurer la RIS : https://www.iris-france.org/produit/armements-et-arsenalisations-moyens-et-mots-de-la-guerre/

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La guerre a fait son retour dans la réalité politique européenne et la métaphore guerrière continue de s’affirmer comme outil rhétorique. Depuis 2022, le réarmement – démographique, moral, intellectuel – s’impose comme motif récurrent des discours politiques et médiatiques, en miroir d’un effort de préparation militaire et capacitaire à l’échelle du continent : une nouvelle « course aux armements », à la fois qualitative et quantitative. Les moyens de la conflictualité évoluent également et l’enchevêtrement des domaines, des temporalités et des intensités crée une complexité inédite, imparfaitement reflétée par l’inflation théorique et linguistique que représente la multiplication des « guerres » immatérielles – informationnelles, cognitives, etc. – et des « armes » associées.

À l’occasion de la parution du n°140 de La Revue internationale et stratégique sur « Armements et arsenalisations : moyens et mots de la guerre », Louise Souverbie, chercheuse à l’IRIS, responsable du Programme Europe, UE, OTAN sur les évolutions politiques des pays européens, répond à nos questions:

  • Pourquoi s’intéresser aux mots de la guerre aujourd’hui ? Comment reflètent-ils l’évolution des conflictualités ?
  • Pourquoi avoir choisi de partir des moyens pour étudier les nouvelles conflictualités ?
  • Dans quelle mesure assiste-t-on à une dégradation du système sécuritaire ?

📕 Se procurer la RIS : https://www.iris-france.org/produit/armements-et-arsenalisations-moyens-et-mots-de-la-guerre/

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11.12.2025 à 11:27

Anatomie de la pensée trumpienne sur l’OTAN… et sur l’UE

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Au cours des deux dernières décennies, l’Histoire a connu plusieurs accélérations brutales que les Européens n’ont pas vues venir, et qui les ont laissés tétanisés. Le dernier drame en date est la rupture de la relation transatlantique, officiellement entérinée, pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris, le 4 décembre 2025. En publiant, en cette fin d’année, une nouvelle Stratégie de sécurité nationale, les États-Unis de Donald Trump ont adressé plusieurs messages à leurs soi-disant partenaires atlantiques. Certains sont d’ordre idéologique et portent sur des thèmes comme l’immigration ou l’identité nationale. D’autres, en revanche, sont beaucoup plus concrets et opérationnels : ils dessinent une véritable feuille de route. Dans les domaines géopolitique et stratégique, le message adressé au Vieux Continent est on ne peut plus concret, et il est double. Premièrement, les Européens doivent « européaniser l’OTAN ». Deuxièmement, ils doivent mettre de côté l’Union européenne (UE), voire la dissoudre. Or, ces deux injonctions sont étroitement liées entre elles. Ce serait une erreur de les analyser séparément. Européaniser l’OTAN L’idée d’européaniser l’OTAN ne vient en réalité pas de Washington. Elle a d’abord germé à Bruxelles, avant d’être subtilement détournée par le locataire de la Maison-Blanche. Pour comprendre ce que le président des États-Unis entend par européanisation de l’OTAN, il faut d’abord distinguer ce concept d’une autre notion, qui l’a précédé et qui est elle aussi d’origine européenne : celle de pilier européen de l’OTAN. Dans un passé encore récent, la notion de pilier européen de l’OTAN ne prenait pas en compte l’hypothèse d’un désengagement américain. Les Européens se demandaient plus simplement comment ils pouvaient renforcer leurs capacités militaires, afin de mieux contribuer à l’Alliance et rééquilibrer ainsi le partage du fardeau sécuritaire avec les États-Unis. Au fond, pour qu’une institution repose sur des bases solides, se disaient les Européens, elle […]

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Texte intégral (1053 mots)

Au cours des deux dernières décennies, l’Histoire a connu plusieurs accélérations brutales que les Européens n’ont pas vues venir, et qui les ont laissés tétanisés. Le dernier drame en date est la rupture de la relation transatlantique, officiellement entérinée, pour ceux qui ne l’avaient pas encore compris, le 4 décembre 2025. En publiant, en cette fin d’année, une nouvelle Stratégie de sécurité nationale, les États-Unis de Donald Trump ont adressé plusieurs messages à leurs soi-disant partenaires atlantiques. Certains sont d’ordre idéologique et portent sur des thèmes comme l’immigration ou l’identité nationale. D’autres, en revanche, sont beaucoup plus concrets et opérationnels : ils dessinent une véritable feuille de route.

Dans les domaines géopolitique et stratégique, le message adressé au Vieux Continent est on ne peut plus concret, et il est double. Premièrement, les Européens doivent « européaniser l’OTAN ». Deuxièmement, ils doivent mettre de côté l’Union européenne (UE), voire la dissoudre. Or, ces deux injonctions sont étroitement liées entre elles. Ce serait une erreur de les analyser séparément.

L’idée d’européaniser l’OTAN ne vient en réalité pas de Washington. Elle a d’abord germé à Bruxelles, avant d’être subtilement détournée par le locataire de la Maison-Blanche. Pour comprendre ce que le président des États-Unis entend par européanisation de l’OTAN, il faut d’abord distinguer ce concept d’une autre notion, qui l’a précédé et qui est elle aussi d’origine européenne : celle de pilier européen de l’OTAN.

Dans un passé encore récent, la notion de pilier européen de l’OTAN ne prenait pas en compte l’hypothèse d’un désengagement américain. Les Européens se demandaient plus simplement comment ils pouvaient renforcer leurs capacités militaires, afin de mieux contribuer à l’Alliance et rééquilibrer ainsi le partage du fardeau sécuritaire avec les États-Unis. Au fond, pour qu’une institution repose sur des bases solides, se disaient les Européens, elle doit s’appuyer sur des piliers de taille comparable. L’enjeu était donc de se mettre à niveau par rapport à l’effort fourni par les États-Unis.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a bouleversé ce paradigme et contraint les Européens à revoir leur logiciel stratégique. Craignant que les États-Unis ne se désengagent complètement du continent, ils ont élaboré le concept d’ « européanisation » de l’OTAN, dans l’espoir de les maintenir à bord. Cette notion ne se limite pas à un simple rééquilibrage des rôles entre Européens et Américains : elle postule que les forces engagées au sein de l’Alliance soient principalement européennes, tout en conservant les États-Unis au cœur du dispositif otanien.

Donald Trump a repris cette idée à son compte, en y ajoutant un détail non insignifiant. À ses yeux, l’Europe doit certes réapprendre à se défendre seule, mais elle doit le faire en dehors de toute ambition politique d’intégration ou d’autonomie stratégique. Les Européens sont ainsi invités à demeurer au sein d’une Alliance dont les États-Unis entendent se tenir à distance, tout en continuant à la superviser. Cette posture leur permettrait au passage de garder la main sur le réarmement du continent, appelé à se poursuivre principalement par l’achat de systèmes militaires américains. En contrepartie, les États-Unis s’engageraient à ne pas abandonner l’Alliance et à soutenir les Européens en cas de conflit en appliquant le principe « leading from behind », déjà mis en œuvre en Libye.

Dans ce schéma, l’Union européenne n’a pas sa place. Elle est sommée de se mettre en retrait, voire de disparaître de l’équation. Depuis quelques années, en effet, elle a eu l’impertinence d’esquisser une nouvelle politique industrielle à visée stratégique, interventionniste et protectionniste, susceptible de concurrencer les entreprises américaines des secteurs militaire et dual. Cette politique, qui concerne d’abord la défense, reste certes embryonnaire et lacunaire, mais elle pourrait s’avérer prometteuse. Elle marque en tout cas une étape importante dans la longue et tourmentée histoire de l’intégration européenne et dans la quête d’autonomie stratégique.

En attaquant frontalement l’Union européenne tout en demandant, parallèlement, d’européaniser l’OTAN, Donald Trump cherche à enrayer cette dynamique. Il veut que les Européens coopèrent dans le cadre de l’Alliance afin d’éviter qu’ils ne s’intègrent politiquement, au sein de l’UE.

La plupart des capitales européennes, de leur côté, ne voient pas cette option d’un si mauvais œil. Elles ont toujours eu une attitude bipolaire face au processus d’intégration : elles l’appellent de leurs vœux le jour et le redoutent la nuit, surtout lorsqu’il s’adresse au secteur de la défense. L’européanisation de l’OTAN leur apparaît dès lors comme une solution commode, puisqu’elle leur permettrait de coopérer militairement dans le cadre intergouvernemental de l’Alliance, tout en contournant l’UE et en continuant ainsi à cultiver l’illusion de leur souveraineté nationale. À travers cette approche, toutefois, c’est la pérennisation de la souveraineté des États-Unis sur leur continent qu’ils finiraient par cultiver.

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10.12.2025 à 19:28

La protection environnementale par le droit dans un contexte de conflit

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Au delà des enjeux sécuritaires et humains, les conflits engendrent également de nombreuses dégradations sur le plan environnemental impactant ainsi les sols, l’air, l’eau, la biodiversité et les écosystèmes. Comment ces dégradations sont-elles encadrées par le droit international ? Comment le droit international a-t-il évolué en matière de protection de l’environnement en temps de guerre ? Tour d’horizon sur la protection juridique de l’environnement et les opérations militaires en contexte de conflit avec Charlotte Touzot-Fadel, docteure et chercheuse en droit, membre de la société française pour le droit de l’environnement (SFDE).

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Au delà des enjeux sécuritaires et humains, les conflits engendrent également de nombreuses dégradations sur le plan environnemental impactant ainsi les sols, l’air, l’eau, la biodiversité et les écosystèmes. Comment ces dégradations sont-elles encadrées par le droit international ? Comment le droit international a-t-il évolué en matière de protection de l’environnement en temps de guerre ?

Tour d’horizon sur la protection juridique de l’environnement et les opérations militaires en contexte de conflit avec Charlotte Touzot-Fadel, docteure et chercheuse en droit, membre de la société française pour le droit de l’environnement (SFDE).

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