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Journal d'investigation en ligne et d'information‑hacking

Abonnés Directrice de publication : Valérie Champagne

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24.03.2023 à 17:36

La police a désormais peur de la presse

Mais pourquoi ?

Une digue a clairement sauté durant ce mouvement social. La répression de la contestation du mouvement opposé à la réforme des retraites voit naitre une forme de violence à l'encontre de la presse. Hurlements, bousculades, méthodes pour empêcher la captation d'image, une vraie panoplie se déploie.

Si seulement certains policiers violents savaient lire ce qui est écrit sur ce brassard et comprendre le sens et l'intérêt de ce mot... - © Reflets

Les violences policières ne sont pas une nouveauté. Les journalistes ne sont pas toujours passés au travers de la violence que peuvent déployer les forces de l'ordre sur le terrain. Lors des manifestations des Gilets Jaunes, nombreux ont été blessés par des tirs de LBD alors même qu'ils arborent des casques siglés « presse » ou des brassards très spécifiques. Pourtant, un cap est franchi ces derniers jours. Comme une sorte de « libération » d'une grande partie des policiers. Un dernier verrou qui saute ? On peut désormais traiter toute personne présente sur une manifestation comme un « ennemi » : manifestants, casseurs, journalistes, service d'ordre, syndicalistes... Tous dans le même panier : matraque pour tout le monde, hurlements, invectives, coups de bouclier... Mais surtout, les policiers font maintenant tout pour empêcher les journalistes de fixer des images de leurs dérapages.

Pour cela, ils vont tenter de tenir les journalistes à l'écart, élargir au maximum le « périmètre » de leur intervention. Ils forment par exemple un mur humain autour de la personne interpellée qui empêche de voir ce qui se passe. Et si ce n'est pas suffisant, des policiers vont repousser physiquement les journalistes en leur hurlant dessus. Les moins expérimentés sont alors découragés et reculent.

La nuit, des lampes surpuissantes sont utilisées pour aveugler les caméras. Elles succèdent aux lasers qui avaient été employés durant les manifestations des...

24.03.2023 à 17:34

Manifestation du 23 mars 2023 : la réforme des retraites ne passe toujours pas

800.000 personnes à Paris selon les syndicats, 119.000 selon la police

Bastille-Opéra : le parcours était long. Des manifestants continuaient d'arriver deux heures après les premiers, donnant une idée de l'ampleur de la mobilisation. Des affrontements ont eu lieu à Opéra. La police a utilisé des gaz lacrymogènes sur la tête du cortège pourtant nassée et très compacte. Le soir, Paris s'est à nouveau enflammée.

La-La-Lère ! - © Reflets

Le « spectacle » donné par les forces de l'ordre est de plus en plus mauvais. Les critiques les éreintent... Au delà de la plaisanterie, les policiers sont de plus en plus tendus, mais aussi, de plus en plus violents. Les anciennes barrières sautent allègrement. Les services d'ordre et la presse sont désormais traités comme les autres manifestants dont le sort est quant à lui de plus en plus dur.

Les vidéos de violences policières se multiplient sur les réseaux sociaux, dans la droite ligne de la répression du mouvement contre la Loi Travail ou contre les Gilets Jaunes.

Le gouvernement et le président de la république s'enferment dans le déni, soutiennent publiquement les forces de l'ordre alors que chacun peut constater les violences illégitimes chaque jour. Le chaos souhaité et généré par l'exécutif commence à prendre forme et il ne fait plus de doute que l'objectif est de pouvoir à terme se poser en seul recours contre « la chienlit » chère au Général de Gaulle. C'est la stratégie du pire qui ne peut tenir que si un drame n'intervient pas avant.

En attendant le bus qui ne passera pas - © Reflets
En attendant le bus qui ne passera pas - Reflets

La colère s'installe. Elle s'empile même depuis des années. - © Reflets
La colère s'installe. Elle s'empile même depuis des années. - Reflets

Un cortège très fourni à Paris entre Bastille et Opéra - © Reflets
Un cortège très fourni à Paris entre Bastille et Opéra - Reflets

Où est Charlie ? - © Reflets
Où est Charlie ? - Reflets

Ce n'est pas ce que dit le peuple... - Copie d'écran
Ce n'est pas ce que dit le peuple... - Copie d'écran

Le choc des cultures - © Reflets
Le choc des cultures - Reflets

Partout dans Paris, de petits feux de poubelles. Les policiers arrivent systématiquement trop tard. - © Reflets
Partout dans Paris, de petits feux de poubelles. Les policiers...

22.03.2023 à 10:03

Bassines #8 : La justice d’aujourd’hui sera-t-elle l’injustice de demain…

Le porte-parole du collectif Bassine non merci placé en garde à vue

Venues s’intercaler entre deux journées de grève contre la réforme des retraites, les manifestations annoncées pour les 25 et 26 mars par les opposants aux bassines semblent irriter tout autant les instances dirigeantes. Mais qui va se charger d’éteindre ce départ de feu là : l’Élysée, l’intérieur, la justice, les préfectures, ou les quatre à la fois ?

Une convocation officielle ou un jeu de rôle ministériel ? - Reflets

Julien Le Guet, le porte-parole de collectif ne retient plus ses mots : « Une fois de plus la préfète, en accord et en collusion avec le procureur, monte des opérations qui visent à nous intimider; les faits qui me sont reprochés datent de six mois et on me convoque une semaine avant la grande manifestation…  ». Retour sur cette journée du 17 mars durant laquelle l’ordre judiciaire s’est passablement paré des attributs d’une justice de maintien de l’ordre.

9 h : J. Le Guet est attendu à la gendarmerie de Niort - Reflets
9 h : J. Le Guet est attendu à la gendarmerie de Niort - Reflets

Tout à débuté à 9HOO, devant les bâtiments de la gendarmerie de Niort où J. Le Guet était convoqué pour répondre des accusations de : « Participation à un groupement formé en vue de la préparation de violence contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens - Dégradation ou détérioration du bien d’autrui commise en réunion  ». Les faits qui lui sont reprochés remontent au mois d’octobre 2022, soit environ cinq mois auparavant. Cette convocation posée à quelques jours seulement de trois manifestations internationales frôle le coup de théâtre, sinon le coup de com’ à peine dissimulé. Autant dire que cette procédure semble davantage tenir de la mise au pas des réfractaires que d’un simple hasard du calendrier.

Un comité de soutien s’organise devant la gendarmerie. - Reflets
Un comité de soutien s’organise devant la gendarmerie. - Reflets

Et les grandes manœuvres commencent! Julien le Guet est tout de suite placé en garde à vue dans le cadre de l’enquête en cours, il s’est ensuite vu...

19.03.2023 à 11:38

Le quinquennat de la matraque

Gaz lacrymogène, matraque et garde à vue arbitraire, une méthode de gouvernement

C'est une véritable plongée dans une dystopie qu'Emmanuel Macron impose aux Français, année après année. La violence physique via un maintien de l'ordre désormais sans limites n'est que l'aboutissement d'une violence psychologique bien plus pernicieuse.

Invalides, le 16 février 2019 - © Reflets

Il faut se souvenir de l'émission de Mediapart dans laquelle Emmanuel Macron était invité en 2016 pour expliquer son programme. Un vrai ChatGPT avant l'heure. Des tombereaux de bla-bla et au sortir de plusieurs heures d'interview : un vide sidéral. Emmanuel Macron a énormément parlé pour, au final, ne rien dire du tout. Cela aurait dû alerter les observateurs et les électeurs. Le personnage s'est révélé dans cette entrevue. On pouvait entendre là, au pire, un vendeur de snake oil, et au mieux, un startupper pitchant son projet creux devant la BPI.

A peine élu, je me revois discutant de ses choix de ministres avec un journaliste du Canard Enchaîné. J'étais effaré du niveau et des déclarations de l'époque. « Ils sont tout simplement incompétents, je n'ai jamais vu ça », lance mon interlocuteur qui a une longue expérience en ce domaine. Il n'avait pas tort. Emmanuel Macron s'est entouré d'incompétents durant tout son premier et son second quinquennat. La technique est connue de tous les jupitériens en herbe : cela trahit une volonté de tout contrôler sans que personne ne puisse devenir un potentiel challenger.

L'homme est un fin connaisseur, il a éjecté François Hollande de la course à l'Elysée avant même qu'elle ne commence. L'enfant-roi, incapable d'entendre la moindre critique, persuadé de tout savoir et de tout faire mieux que les autres va laisser libre cours à ses élucubrations ultra-libérales...

18.03.2023 à 15:20

Jacques Trentesaux, investigateur tout-terrain

Dessous Choc #12

Dans ce nouveau numéro de "Dessous chocs" nous laissons la parole à Jacques Trentesaux. Ce natif d'Armentières, cité ouvrière du Nord, évoque, au micro d'Antoine Bellier, sa vocation de journaliste qui n'est pas étrangère à sa passion de la transmission, héritée de ses parents instituteurs.

Après être passé par différents titres de presse régionaux et nationaux dont La Voix du Nord, La Croix ou encore La Tribune, il est devenu rédacteur en chef des numéros « régions » de L'Express. Farouchement attaché à la liberté de la presse, il a un beau jour décidé de quitter le navire quand l'hebdomadaire a été racheté par la patron de SFR, notre Patoche national, bien connu des lecteurs de Reflets, je veux bien sûr parler de Patrick Drahi.

Agé de 50 ans, Jacques Trentesaux eut alors l'idée un peu folle de fonder, avec certains de ses confrères, Mediacités, un pure player dont le credo résonne à la fois comme un avertissement adressé aux barons de tous bords et comme une promesse pour les citoyens attachés à une information digne de ce nom : « l'investigation sans concessions ».

Ce média qui a pour spécificité d'être enraciné localement, est à l'origine de plusieurs affaires retentissantes dont celle mettant en cause le président de la métropole lilloise. Pour autant, ce n'est pas le scoop à tout prix que recherche Mediacités. Son objectif est d'abord de remplir une mission d'intérêt général en informant au sens plein du terme, c'est-à-dire en déjouant les pièges du story telling, contribuant ainsi à renouer la confiance entre les citoyens et les médias.

15.03.2023 à 10:17

Cyber mercenaires russes : le péril rouge

Миграция в качестве красной команды

L’hiver est rude en Russie, même pour les hackers, pourtant privilégiés car exemptés de conscription, certains de ne pas finir les tripes à l’air au fond d’une tranchée dans le Donbass. Mais face à un avenir de plus en plus incertain, ils sont de plus en plus nombreux à choisir le chemin de l’exil. Un flux migratoire dont on parle peu, mais qui devrait pourtant nous alarmer.

Vol Moscou-Dubaï, plusieurs départs chaque jour de la semaine à partir de 200$ en classe éco - Copie d'écran

Si de nombreux russes choisissent avec plus ou moins d'enthousiasme la voie du mercenariat proposée par Prigozhin, il en est de même, plus discrètement, chez les hackers, mais dans une version bien plus confortable que celle offerte par Wagner : au soleil à Dubaï, au sein de la cyber armée émiratie.

This is cyber Sparta

Our arrows will blot out the sun - Then we will fight in the shade.
Our arrows will blot out the sun - Then we will fight in the shade.

L’histoire de la cyber armée émiratie remonte a 2005, quand Richard Clarke, qui avait initié au lendemain du 11 septembre 2001 le renouveau cyber aux Etats-Unis, rejoint les Emirats pour se mettre au service de Mohammed ben Zayed, une vieille connaissance.

Beacon Red, Dread, Darkmatter ou encore Project Raven sont autant de divisions - mythiques chez les blackhats - de cette cyber armée assemblée par les Emirats Arabes Unis depuis bientôt vingt ans.

La cyber Sparte qu’est devenue Dubaï entrera dans l’Histoire pour avoir embauché dès 2008 des bataillons de mercenaires issus des rangs de la NSA, et pour avoir, sous couvert d’anti-terrorisme, lutté dès les débuts du Printemps Arabe contre toute velléité de démocratie ou de droits de l’Homme dans le monde arabe, et ce partout dans le monde.

Consultez un mini-docu sur la naissance de la cyber armée émiratie sur Youtube :

Installés depuis longtemps à Dubaï, ces cyber mercenaires dont les revenus sont très conséquents, profitent d’un univers fait de luxe, de soleil et de sable fin, popularisé sur Instagram par nos influenceurs nationaux....

14.03.2023 à 20:18

Patrick Drahi : « Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille »

St. Kitts & Nevis, le petit paradis du milliardaire, victime d’un ransomware

Payera ? Payera pas ? Le gouvernement de St. Kitts & Nevis a été piraté par le groupe de ransomware « Ransom House ». Celui-ci menace de publier des téraoctets de données confidentielles. Patrick Drahi va-t-il se retrouver dans un nouveau leak ?

Annonce du piratage de St. Kitts & Nevis - Copie d'écran

C’est quand même pas de chance… Comme disait Jacques Chirac, «Les emmerdes, ça vole toujours en escadrille». Flash-back: les données confidentielles du groupe Altice et de son propriétaire, le milliardaire Patrick Drahi, s’étaient retrouvées sur Internet en août 2022. Nous en avions tiré une série d’articles dont une partie en collaboration avec Street Press et Blast. Patrick Drahi avait tout fait, y compris plusieurs procédures judiciaires pour nous interdire de rendre compte de cette fuite de données. Alors qu’il devait imaginer que la tempête était passée, voici qu’un autre groupe de ransomware annonce avoir piraté cette fois les données confidentielles d’une petite île des caraïbes: St. Kitts & Nevis. Or, il se trouve que St. Kitts & Nevis est le petit paradis du milliardaire. Il y a investi une petite fortune. Tout d’abord en achetant des terrains sur lesquels il possède désormais de très belles villas. Mais aussi en faisant une drôle de proposition au gouvernement: allonger la piste d’atterrissage de Nevis, comme nous l’avions révélé dans cet article, en échange de revenus sonnants et trébuchants, ce qui lui permettra accessoirement d’y faire enfin atterrir son (gros) jet privé. Que va-t-on trouver dans ce futur leak, si St. Kitts & Nevis ne paye pas la rançon? Patrick Drahi sera-t-il présent dans les documents internes du gouvernement de l’île?

Les pirates laissent entendre que de nombreuses informations confidentielles figurent dans les documents qu’ils...

13.03.2023 à 11:21

Bassines #7 : Un sujet plus brûlant que la réforme des retraites ?

La conférence interdite de l’université rochelaise

Le photo-reporter Gilles Caron rappelait en 1968 combien il était inutile et vain de tenter d’interdire la parole dans les amphis de Nanterre. L’université de La Rochelle belle-belle aurait-elle oublié que la vitalité sort de la bouche des étudiants diants-diants…

Gilles Caron, une mémoire photographique - Capture d'écran

Est-il utile de rappeler que les manifestations estudiantines ont toujours inquiété les politiques lors des grands mouvements sociaux. Cette réforme des retraites, suivie de l’annonce d’une grève généralisée, vient peut-être de réactiver de vieux réflexes autoritaires dans le milieu universitaire. Ainsi à Paris on a préféré fermer Tolbiac pour éviter d’éventuels débordements, sinon pour se protéger d’une indéracinable occupation des lieux ; idem à Montpellier où la direction annonce clairement : « Si nous ouvrons, l’université va être bloquée. Le plus simple c’est de fermer ».

Nous avons pris la température de l’université rochelaise dont la première pierre fut symboliquement posée en 1992 par François Mitterrand, Helmut Kohl, et Michel Crépeau, le député-maire d’une ville qualifiée de belle et de rebelle à travers l’histoire. Direction la fac de lettres pour juger d’éventuelles traces de rébellion...

La Rochelle le 7 mars : la fac de lettres se déclare - Reflets
La Rochelle le 7 mars : la fac de lettres se déclare - Reflets

Sur place un groupe d’étudiants s’est rassemblé dans un amphi pour décider des actions collégiales à mener. Leurs revendications sont affichées, larges et sans retenues. La réforme, bien sûr, mais quitte à s’engager davantage autant que le message soit à hauteur de leur colère multiple : oui aux méga-retraites, non aux méga-bassines! Croisé sur le parvis de l’université un étudiant perdu dans ses pensées nous fera part de toutes ses inquiétudes : « C’est un vrai ras-le-bol de plein de choses, j’ai...

12.03.2023 à 14:23

Carnet de route en Ukraine

Un an après le début de la guerre, notre reporter raconte le quotidien

Notre journaliste, Jacques Duplessy, est retourné en Ukraine après un an de conflit. Il partage ici son quotidien, ses rencontres et ce qu'il perçoit de la société ukrainienne.

Le début d'un long parcours. Retour en Ukraine pour Jacques Duplessy. - © Reflets

Comment se rendre en Ukraine ? La question m'est souvent posée. Il n'y a plus de vols pour l'Ukraine. Il faut donc passer par un pays limitrophe : la Pologne, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie ou la Moldavie. Tout dépend où l'on se rend ensuite.

Commençant mon périple par Uzhgorod, le plus simple est de passer par la Hongrie. Et vu le prix des billets d'avion pour Budapest, j'ai chois d'expérimenter le train de nuit. Et puis c'est bon pour la planète.

C’était aussi l’occasion d’emprunter le train de nuit que je prenais régulièrement pour aller en Pologne dans les années 80-90. Le Paris-Vienne reprend le parcours de l’Orient Express et a été rebaptisée NightJet. Plus moderne mais moins mythique. Départ à 19h, arrivée le lendemain matin vers 10h. C’est parti! Côté nostalgie, je ne vais pas être déçu: mon wagon est à peine plus confortable que celui avec lequel je passais le «rideau de fer». Deux prises de courant pour six, couchettes dures, chauffage à la régulation sommaire… Peut mieux faire. Mais c’est un peu la loterie comme je le découvre en remontant rapidement le train. D’autres wagons ont été réellement modernisés et semblent plus confortables. Certains ont une douche partagée. Il existe même une première classe avec un vrai lit deux personnes et une douche privée!

Mais la joie du train de nuit, c’est la rencontre. La vraie surprise est que la rame affiche presque complet. Je me retrouve avec un jeune Français et quatre étrangers....

08.03.2023 à 16:41

(In)sécurité dans les airs ?

Quand sonnent les alarmes de la compagnie Air France

Le site de référence AirlineRatings.com a livré son Top 20 des compagnies les plus sûres : Air France n’en fait pas partie. Des incidents stupéfiants, une sécurité des vols défaillante, le Bureau Enquêtes Analyses, avait déjà pointé dans un rapport une culture irresponsable de certains pilotes.

Pilotes d'Air France - Photothèque Air France

A l’instar du Guide Michelin, le site AirlineRatings.com distribue les bonnes étoiles en matière de sécurité des vols. Qantas a détrôné Air New Zealand, sur la plus haute marche du podium en 2022. Air France est, elle, absente du top 20. Plus étrange, la compagnie avec qui elle est commercialement « mariée » au sein du même groupe, la hollandaise KLM, fait partie du palmarès et n’a connu qu’un crash. Que penser du taux d’accident anormalement élevé d’Air France ? Selon la base de données spécialisée ASN , la compagnie a connu 158 incidents graves et accidents (hors Air Inter) depuis 1946, soit 5 tous les deux ans. Cette statistique exclue les crashs des filiales d’Air France : Britair, Regional Airlines (intégrées depuis dans Hop).

Au-delà des statistiques que l’on peut contester à loisir, la nature de certains incidents laisse pantois. C’est ce qui a poussé le Bureau d’Enquêtes et d’Analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), le 23 aout dernier, à tirer la sonnette d’alarme dans un rapport accablant. Il décrit un incident géré de façon hallucinante sur le vol AF 735V Brazzaville-Paris CDG le 31 décembre 2020 et qui aurait pu donner lieu, pour cette Saint-Sylvestre d’un genre particulier, à un beau feu d’artifice.

Une fuite de kérosène est détectée alors que l’avion est en croisière et l’équipage décide de se dérouter sur N’Djamena. Un enfant comprendrait le bien-fondé de la procédure de fuite de carburant : il est impératif de couper le réacteur concerné afin...

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