Le groupe Sunwalk a l’intention d’investir 2 milliards de dollars dans le secteur des télécommunications pour le déploiement d’un réseau de fibres optiques couvrant une
Le groupe Sunwalk a l’intention d’investir 2 milliards de dollars dans le secteur des télécommunications pour le déploiement d’un réseau de fibres optiques couvrant une zone de 100 000 km sur une période donnée au Pakistan.
Une délégation de haut niveau du groupe Sunwalk, conduite par le président Hou Xingwang, a rencontré le ministre fédéral des technologies de l’information et des télécommunications, Syed Amin Ul Haque. La réunion a porté sur l’investissement dans l’infrastructure des télécommunications, le câble à fibre optique et le droit de passage (RoW).
Sunwalk (Pvt) Limited est une entreprise privée multinationale chinoise spécialisée dans les télécommunications et les technologies. Elle a développé de nombreux projets d’infrastructures de télécommunications et de communication en Chine et a acquis une licence TIP au Pakistan.
L’entreprise a déjà commencé le déploiement et investi environ 5 millions de dollars américains et prévoit de déployer 5000 km d’OFC dans une prochaine étape.
Le ministre des technologies de l’information et des télécommunications, Syed Amin Ul Haque, a informé la délégation que des consultations avec le ministère des chemins de fer et l’autorité chargée des autoroutes étaient en cours concernant le droit de passage pour la mise en place de l’OFC. Il a assuré que tous les obstacles à cet égard seraient bientôt levés.
M. Hou a déclaré que son entreprise entretenait des relations de longue date avec le Pakistan et qu’elle fournissait également des services à différents secteurs. Le président de Sunwalk a exprimé sa gratitude au ministre fédéral des technologies de l’information, Syed Amin Ul Haque, et à son équipe pour leur soutien et leur coopération.
La délégation de Sunwalk était composée du vice-président du groupe Sunwalk, de Tony Li (assistant du président), de Chen Dianbo (directeur de l’exploitation de Sunwalk Pakistan) et d’Afshaan Malik (directeur de l’exploitation de Sunwalk Pakistan).
Lors du Mobile World Congress (MWC) à Barcelone, le groupe Ooredoo originaire du Qatar a signé un partenariat avec la société chinoise Huawei. L’accord prévoit
Lors du Mobile World Congress (MWC) à Barcelone, le groupe Ooredoo originaire du Qatar a signé un partenariat avec la société chinoise Huawei. L’accord prévoit l’adoption par Ooredoo de technologies sans fil développées par Huawei, notamment la 5G, dans un certain nombre de ses filiales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les principaux États concernés seraient la Tunisie, Oman, l’Irak et le Koweït.
Ce partenariat complète la coopération déjà en place entre Ooredoo et Huawei depuis la signature en 2021 d’un accord pour un cadre de stratégie mondiale devant prendre effet pour une durée de cinq ans.
Ooredoo est aujourd’hui leader sur le marché des technologies financières au Moyen-Orient. Dans une période de déploiement à l’échelle mondiale du réseau 5G, le présent accord est particulièrement stratégique pour le géant chinois. La coopération avec Ooredoo pourrait ainsi permettre à Huawei de devenir un pionnier de l’installation de la 5G.
Lors du même événement, la filiale koweïtienne d’Ooredoo a également signé un accord avec Huawei. Celui-ci vise entre autres à développer une solution intelligente de détection de la fibre optique. Ooredoo s’est démarquée par ses nouvelles solutions permettant une couverture Internet résolument plus large qu’auparavant et un développement de technologies liées aux maisons intelligentes (capteurs intelligents, vidéosurveillance, etc). La demande en couverture Internet est toujours plus croissante au Koweït et l’accord signé permettra de stimuler la transformation numérique.
“Nous espérons que l’expansion de notre partenariat avec Ooredoo contribuera activement aux progrès réalisés par le Koweït pour renforcer son infrastructure numérique et devenir un leader mondial de la numérisation”, rapportai An Jian, président de Huawei Carrier Business Group au Moyen-Orient et en Asie centrale.
Xi Jinping et le prince héritier Mishal Al-Ahmad AI-Jaber AI-Sabah du Koweït lors du Sommet réunissant la Chine et le Conseil de Coopération du Golfe en décembre 2022
À la fin de l’année 2022, le président chinois rencontrait à Riyad le prince héritier du Koweït, Mishal Al-Ahmad AI-Jaber AI-Sabah. Xi Jinping garantissait alors au Koweït le soutien de Pékin à la mise en œuvre de la « Vision nationale 2035 » du Koweït et sa coopération dans la construction de projets dans les secteurs des nouvelles énergies, des services 5G et de l’économie numérique. L’accord signé entre les deux entreprises s’inscrit ainsi dans un renforcement de la transition numérique du Koweït.
Cet accord n’est pas le premier du genre en matière de numérique entre la Chine et le Koweït. Dans le cadre de la Silk City, le Koweït signait en 2018 un protocole d’accord avec Huawei afin de soutenir un projet de villes intelligentes. Le protocole d’accord se scindait en quatre volets d’investissement : le développement de réseaux d’infrastructure intelligents, la sécurité, les systèmes virtuels et la transformation numérique.
Par Alicia Tintelin, Cheffe du Pôle Proche-Orient à l’Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie (OFNRS)
En Egypte, la Chine tisse ses premiers liens dans les années 1950. Ces liens sont d’abord de nature économique et remontent à l’importation du coton égyptien par la Pékin, scellé par un accord datant de 1953. Des relations de nature politique émergeront un peu plus tard, notamment lors de la rencontre Nasser avec Zhou Enlai lors de la Conférence de Bandung en 1955. La position de non-alignement portée à Bandung et les principes qui en découlent étaient partagés par la Chine et l’Égypte, de même que l’ensemble des États du Moyen-Orient. En 1956, la Chine avait soutenu l’Égypte de Nasser lors de la crise du Canal de Suez. La même année, l’Égypte sera le premier État de la région à reconnaître internationalement la République Populaire de Chine. Témoignant de l’influence de l’Égypte dans sa région, cet acte avait poussé la reconnaissance du régime communiste chinois par d’autres États arabes.
La Chine montrera ensuite son soutien à l’Égypte en 1973 lors de la guerre du Kippour. La Chine et l’Égypte ont connu la colonisation occidentale, l’un depuis la Guerre de l’Opium en 1840, l’autre depuis la colonisation française jusqu’à celle des britanniques, de 1789 à 1882. L’ouverture économique de la Chine par Deng Xiaoping en 1979 permettra ensuite d’élargir les relations politiques et économiques entre les deux pays.
L’accord de coopération stratégique fut conclu en 1999 et constitua un élan particulièrement important pour les relations bilatérales dans de nombreux secteurs. Les investissements naissent et progressent entre les deux pays. Des compagnies égyptiennes importent des filiales en Chine, et inversement. Les liens entre les deux pays se tisseront plus nettement durant le mandat du président Moubarak. En 2009 s’ouvrait au Caire un bureau de représentation de la Banque de développement de la Chine (China Development Bank).
Les relations bilatérales se sont révélées capables de s’adapter aux mutations intérieures, régionales et internationales. En 2011, lors de la révolution égyptienne, le gouvernement chinois avait exprimé sa volonté d’un maintien de la stabilité sociale dans le pays, en soutenant implicitement la conservation du régime de Moubarak. L’absence de dogmatisme de la part de la Chine vis-à-vis des perturbations intérieures en Égypte permet une constance du discours des dirigeants chinois. Lors du coup d’État contre le président Morsi, en 2013, la Chine avait exprimé son soutien face au choix du peuple égyptien, ainsi que sa volonté de maintenir une coopération avec l’Égypte, indépendamment de l’issue de la situation. Le gouvernement chinois instaure rapidement un dialogue avec la nouvelle direction égyptienne qui cherche alors à prouver sa crédibilité devant le scepticisme des occidentaux. Après 2013, l’Égypte fait face à un besoin d’assistance économique et financière important. L’intérêt de la Chine pour l’Égypte s’accroît alors, de même qu’un tel rapprochement permettrait la diversification de ses opportunités économiques, par rapport à ses partenaires traditionnels.
Concernant les visites officielles, l’ancien président chinois Hu Jintao avait invité Mohammed Morsi à Pékin en 2012, faisant alors de la Chine le premier déplacement du nouveau président égyptien, quand jusqu’ici c’était Washington qui était privilégié. Une nouvelle manifestation de ce rapprochement se produisait également au début de l’année 2013, lors de la rencontre entre Xi Jinping et Mohammed Morsi, peu de tant après la tenue du 5e sommet des BRICS que le président égyptien envisageait alors de rejoindre.
Fin 2014, la relation de « coopération stratégique » entre les deux États évolue en « partenariat stratégique intégral », à l’occasion du premier déplacement en Chine du président égyptien récemment élu, Abdel Fattah Al Sissi. Ce partenariat s’inscrit dans la stratégie de « diplomatie des partenaires », développée depuis 1993 par Pékin. La relation sino-égyptienne couvre alors tous les domaines d’une relation bilatérale, c’est-à-dire en matière politique, économique, sécuritaire, militaire, culturel, technologique, ainsi que d’investissement ou d’affaires extérieures. Les visites diplomatiques se succèdent et le commerce bilatéral s’accroît. Peu de temps après la signature du partenariat stratégique intégral, la Chine devient le premier partenaire commercial de l’Égypte, qui devient réciproquement son troisième partenaire commercial sur le continent africain.
Abdel Fattah Al-Sissi et Xi Jinping au Palais de l’Assemblée du Palais à Pékin à l’occasion de la signature du partenariat stratégique intégral, le 23 décembre 2014
L’Égypte, puissance régionale, possède de nombreux atouts pour la Chine. Située à la majorité de son territoire sur le continent africain et, par le biais de Péninsule du Sinaï, sur le continent asiatique, l’Égypte est un État transcontinental possédant une influence importante sur les États avec qui elle possède des similarités. L’Égypte est très présente au sein des deux initiatives multilatérales initiées par la Chine que sont le Forum de coopération sino-africain et le Forum de coopération sino-arabe. En 2014, durant le sommet consacré à la conclusion du partenariat stratégique global entre les deux États, le président Xi soulevait les multiples intérêts de l’Égypte basés sur son caractère à la fois « arabe », « africain », « islamique » et « en développement ». Ces quatre caractéristiques fondent les relations bilatérales des deux États.
Pour les entreprises chinoises, l’Égypte représente un marché de 85 millions de consommateurs et une plate-forme privilégiée vers l’Union européenne, le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) et les pays arabes, notamment. Le Canal de Suez fait à ce titre de l’Égypte un État clé pour le commerce avec l’Europe. De cette complémentarité économique et commerciale entre l’Égypte et la deuxième puissance mondiale, Le Caire peut espérer des débouchés importants pour son économie.
L’initiative des Nouvelles Routes de la Soie a accru la position stratégique de l’Égypte. Présent au bord de la Méditerranée et de la mer Rouge, l’Égypte est un des États prioritaires de la route maritime de la soie. En coopérant, l’Égypte et la Chine établissent des projets logistiques prompts à optimiser l’efficacité de la Route de la Soie maritime et du Canal de Suez.
Un an après le dévoilement du projet des Nouvelles Routes de la Soie par Pékin, le président al-Sissi officialisait la participation de l’Égypte en affirmant qu’il s’agissait d’une « occasion » de rendre encore plus importante et tangible la coopération entre les deux pays. Les intérêts communs de la Chine et de l’Égypte dans le monde arabe devraient servir de base à la coopération entre les deux États. Le Caire est ensuite devenu l’un des membres fondateurs de la Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (BAII), institution créée en 2015 par Pékin dans le but d’assurer une présence chinoise à l’intérieur du système financier international et dont le fonctionnement sert à financer des investissements dans les États impliqués dans la BRI.
L’Égypte est également présente auprès d’autres initiatives institutionnelles développées par la Chine. Le Caire a notamment déposé sa candidature au statut d’observateur de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) en 2015. Lors du 9e sommet des BRICS à Xiamen en 2017, Pékin insuffle l’initiative BRICS+ en faveur de l’accession de l’Égypte au sein de ce qui deviendrait un partenariat plus large des pays en développement du Sud et en développement, dévoilant encore une fois les sujets communs entre la Chine et l’Égypte.
État de l’avancement des travaux de la nouvelle capitale administrative égyptienne, située à 45km du Caire
La fragilité de l’économie égyptienne a imposé au pays d’élargir la base géographique de ses exportations. Le Caire s’est alors tourné vers les États asiatiques et l’immense marché qu’offrait cette région. Après la Révolution du 25 janvier 2011, l’économie égyptienne s’est effondrée, menant le pays à un nouveau renforcement de ses échanges, et ce, notamment avec la Chine. Le président Al-Sissi a cherché à rétablir la stabilité économique de son pays en mettant en place des plans de revitalisation économique. Il met au point des projets de développement tels que le projet de corridor du Canal de Suez, la construction d’une nouvelle capitale ou le projet de zone de développement du triangle d’or en Haute-Égypte. En 2016, il annonce officiellement le lancement de la Stratégie de développement durable « Vision 2030 pour l’Égypte » en y intégrant des projets de développement tels que ceux susmentionnés. Cette stratégie ambitieuse vise à voir l’Égypte se hisser parmi les 30 premiers pays du monde en termes de taille économique, de compétitivité de marché, de développement humain, de qualité de vie et de lutte contre la corruption d’ici 2030. Rapidement, les dirigeants chinois ont évoqué leur devoir de mettre en synergie les Routes de la Soie avec cette « Vision 2030 ». La Chine affirme ainsi sa volonté de mener de bonne intelligence sa coopération sur le long terme avec l’Égypte.
Les investissements chinois ont alors augmenté en Égypte, en permettant la construction d’importants projets pour le gouvernement égyptien. En finançant un prêt de 3 milliards de dollars, la Chine permet la construction d’une nouvelle capitale administrative à l’est du Caire via un accord passé avec la China State Construction Engineering. Le gouvernement chinois a également présenté une subvention à l’Égypte pour établir un processus de création d’un centre d’assemblage et d’essai de satellites au Caire. Il s’agit d’un premier centre de ce genre dans la région arabe, plaçant ainsi l’Égypte parmi les pays capables de réaliser la technique d’assemblage des satellites.
Le secteur de l’agriculture – un autre secteur clé de l’économie égyptienne – est également investi par la relation bilatérale. L’agriculture fait vivre 57% de la population en Egypte et participe à employer 26% de la main-d’œuvre. L’Egypte est un important exportateur de produits issus de l’agriculture, qui représentent 20% des recettes globales d’exportation. Parallèlement, la Chine possède une importante demande de produits agricoles, si bien que de nombreux projets communs peuvent être recensés. En 2018, le lancement du projet Canal Sugar visait à transformer 50 000 hectares de terres désertiques en terres agricoles dans le but d’accueillir des productions de betteraves sucrières. La Chine et l’Egypte ont œuvré conjointement afin de fournir suffisamment d’irrigation dans la région. Cette coopération a permis de réduire de moitié le temps nécessaire au forage d’un puits. A terme, un réseau d’irrigation de 330 à 350 puits devrait ainsi être créé sur une région qui autrefois était désertique.
Au début de la même année, une délégation d’experts égyptiens, tunisiens et libanais, ainsi que des fonctionnaires du Conseil arabe de l’eau (AWC), se sont rendus en Chine pour discuter de l’utilisation des technologies d’économie d’eau dans l’agriculture. Si les Etats d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient pointent du doigt des enjeux similaires quant aux problèmes liés à la sécurité alimentaire et aux pénuries d’eau, le vice-ministre égyptien des Affaires de l’irrigation, Khaled Madean, estiment que des similarités existent entre ces deux régions et les défis auxquelles la Chine a été confrontée durant les trente dernières années. Cette visite a permis la coordination de transferts de connaissances de la Chine vers l’Egypte. Les changements climatiques exacerbent le problème de production agricole en Egypte alors que la demande subit une augmentation. La volonté du Caire de faire de ses terres désertiques des terres exploitables pour le domaine agricole se couple avec la demande chinoise en produits agricoles.
Champ agricole situé aux abords de la route du désert Le Caire-Alexandrie
En 2021, par le biais d’un protocole d’accords, un laboratoire pour l’agriculture intelligente a été communément établi entre les institutions de recherche scientifique chinoises et égyptiennes. Cet engagement, dont le but est de stimuler les échanges de savoir entre les professeurs et les étudiants des deux pays, est porteur d’ambitions pour le développement de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, et complète le développement des projets de terrains. Ce laboratoire est le deuxième laboratoire de recherche conjoint établi sous l’égide de la BRI et rejoindra ainsi le laboratoire d’énergie renouvelable sino-égyptien.
En février 2023, Pékin se disait prêt à coopérer avec l’Egypte sur un projet de cultivation de riz dans le désert. Ce projet permettrait au Caire d’augmenter sa production de riz qui jusqu’à présent ne suffit pas à satisfaire aux besoins globaux de sa population.
Méga-projet de serres agricoles, dont la seconde phase inaugurée en 2019 prévoyait l’installation de 100 000 serres dans plusieurs gouvernorats
La Chine mène également un important projet de serres agricoles en Egypte. Ce projet permettra de stabiliser la production et les prix de certains aliments, de même qu’il fournira un nombre important d’emplois pour les égyptiens. L’ancien chef de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Graziano Da Silva, soulignait que ce méga-projet porté par Al-Sissi participera à faire en sorte que le pays « récupère son rôle comme grand producteur agricole ».
Zone économique du canal de Suez
Le canal de Suez est central dans la coopération sino-égyptienne. La zone économique de Suez s’inscrit dans un large projet dédié au « nouveau canal de Suez », présenté par le président Al-Sissi en 2015. La zone devrait ainsi accueillir davantage d’installations d’entreprises étrangères. Composée de ports et de domaines industriels, la région du canal prévoit déjà une importante coopération entre la Chine et l’Égypte par le biais du groupe chinois TEDA qui a donné naissance à un nouveau domaine, la TEDA City, regroupant plus de 50 usines chinoises où pourront se produire des produits destinés à l’exportation vers la Chine mais aussi l’Europe et le Moyen-Orient. Ce projet est également porteur d’emplois pour les travailleurs égyptiens puisqu’il aurait créé environ 30.000 postes. Le déplacement de l’investissement chinois des secteurs énergétiques vers des secteurs de production tels que le textile ou l’automobile est un signe encourageant pour lutter contre l’important taux de chômage en Égypte, notamment chez les populations jeunes. Cette zone est donc un espoir de croissance économique auquel participe la Chine, bien que ses investissements soient encore en-deçà de l’objectif de 15 milliards de dollars affiché par Xi Jinping lors de sa visite au Caire en 2016.
Vue aérienne du canal de Suez aux lacs Amers
Le ministère des transports égyptien a également lancé plusieurs projets de trains électriques à grande vitesse dans le but d’ajouter l’Égypte à la liste des États utilisant cette technologie. Une ligne connectant la mer Rouge à la Méditerranée en passant d’Ain Al-Sokhna à Matrouh permettrait de contourner le canal de Suez via les rails pour le transport de marchandises. Si le contrat pour la construction de cette ligne a été remporté par la compagnie allemande Siemens, la China Railway Engineering Corporation (CREC) a déjà été en charge de la production du premier train électrique égyptien.
En recherchant le développement des Routes de la Soie, de la « Vision 2030 » et du Canal de Suez, les deux États seront amenés à coopérer davantage sur la question sécuritaire et la lutte contre le terrorisme. En contrepartie de son engagement dans tous ces méga-projets, la Chine a pu compter sur le soutien de l’Égypte à sa politique « antiterroriste » dans le Xinjiang dans une déclaration commune présentée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU en 2020.
Par ailleurs, si la Chine investit dans le réaménagement du Canal du Suez et de Port-Saïd, elle finance également en partie la construction d’un nouveau port à Haïfa, en Israël. Cette construction pourrait potentiellement faire concurrence à l’Égypte et avoir un impact négatif sur le Canal de Suez. Contrairement aux États les plus riches de la région comme l’Arabie Saoudite ou les Émirats Arabes Unis, l’Égypte n’est donc pas toujours si largement gagnante dans les retombées incitées par son partenariat avec la Chine dans le cadre de la Route de la Soie. Il est du moins nécessaire de contraster parfois cette vision.
La route maritime crée également des enjeux géostratégiques entre les deux pays hors de leurs frontières respectives. Entre le Yémen et la Somalie, le golfe d’Aden fait partie de cette route qui constitue une voie navigable importante avant de passer par le Canal de Suez et arriver en Europe. La stabilité de cette région est donc importante, tant pour la prospérité de la BRI que pour les recettes générées par le Canal de Suez. Le principal enjeu provient des menaces causées par des rebelles houthistes au Yémen. Le détroit de Bab al-Mandeb est particulièrement sujet à la déstabilisation. Dès 2008, la Chine déployait des flottes anti-piraterie autour du golfe d’Aden et des côtes somaliennes afin de veiller à la sécurisation de la région. Une partie importante de la côte ouest du Yémen, longeant la mer Rouge, est toujours contrôlée par les Houthis et plusieurs attaques terroristes en zone maritime ont été recensées contre des navires étrangers. L’enjeu pour l’expansion de la BRI sera alors que la sécurité de certains ports accueillant des marchandises soit assurée et que la circulation aux abords du détroit de Bab al-Mandeb soit contrôlée.
Le ministre des Affaires étrangères chinois, Qin Gang, a effectué début 2023 une tournée diplomatique à travers l’Afrique afin de promouvoir les intérêts de la RPC sur le continent. Cette tournée a pris fin au Caire, où le ministre a pu s’entretenir avec le président Abdel Fattah al-Sissi et le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul-Gheit, avec qui il a pu discuter des modalités de la mise en oeuvre des décisions qui avaient été prises lors de la tenue du premier sommet sino-arabe à Riyad en décembre 2022.
L’Égypte est un État fortement dépendant économiquement à des recettes dites volatiles liées à son tourisme, aux profits du canal du Suez et aux capitaux spéculatifs, ainsi qu’à ses importants besoins d’importations d’intrants. Le secteur du tourisme, qui a souffert de la pandémie de Covid-19, est un important levier de reprise économique pour le pays. La Chine souhaite donc apporter sur la table des négociations sa capacité à envoyer des touristes chinois en Égypte.
Visite du ministre chinois des Affaires étrangères Qin Gang, reçu au Caire par le président Al-Sissi le 15 janvier 2023
La Chine souhaite affirmer sa présence sur le continent africain et cette visite agit en réponse au Sommet afro-américain qui s’est tenu en décembre 2022. Pékin développe une stratégie basée sur l’extraction de ressources et le développement d’infrastructures en Afrique. Le secrétaire adjoint au Commerce des États-Unis, Don Graves, reconnaissait à ce titre que « Les États-Unis d’Amérique ont pris du retard après que la Chine eut dépassé les investissements étrangers américains en Afrique ».
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La Chine possède des avantages en termes de développement technologiques et d’énergie, lorsque l’Égypte possède un large marché ouvert aux perspectives de développement. Pékin procède à un effort de coopération sur la base du développement et qui ne se fixe pas sur la situation politique intérieure tandis que la « Vision 2030 » englobe un important déploiement en infrastructures. Les partenariats en termes d’investissements s’engagent donc sur le moyen et long terme. La suite de la coopération devrait entre autres dépendre de la consolidation économique et sécuritaire de l’Égypte, et de sa capacité de remboursement des prêts.
La Chine investit donc massivement dans une économie égyptienne qui reste encore fragile. L’accomplissement de tous les méga-projets prévus par Le Caire n’est pas encore assuré. Pour autant, l’Égypte semble se montrer capable d’attirer de nouveaux investissements étrangers qui stimulent la tendance économique. La Chine prend la mesure des besoins économiques et financiers de l’Égypte et semble pouvoir en partie y répondre. En démontrant son soutien économique dans un pays où la situation politique et économique est encore troublée, Pékin se montre être un allié solide et compte bien sur cette influence pour se constituer un capital politique qui lui sera utile à l’avenir, en témoigne déjà le soutien du Caire sur certains enjeux.
Par Alicia Tintelin, Cheffe du Pôle Proche-Orient à l’Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie (OFNRS)
L’Honduras a annoncé courant Mars 2023 vouloir nouer des relations diplomatiques avec Pékin, et ainsi adhérer à la politique d’une seule Chine, au détriment de
L’Honduras a annoncé courant Mars 2023 vouloir nouer des relations diplomatiques avec Pékin, et ainsi adhérer à la politique d’une seule Chine, au détriment de son allié jusqu’à lors, Taiwan. Au coeur de ce revirement, la place d’un projet d’infrastructure lourd, la centrale hydroélectrique de Patuca III. Revenons dans cet article sur les caractéristiques de ce projet et les acteurs chinois engagés.
Le gouvernement hondurien a annoncé que Patuca III sera la deuxième plus grande centrale hydroélectrique du Honduras, générant 104 mégawatts d’énergie propre, ce qui mettra fin à la crise énergétique historique dans le département d’Olancho.
Cette centrale hydroélectrique, la deuxième en importance après El Cajón, représente un investissement de 460 millions de dollars et profitera à la population d’Olancho et, plus tard, au reste du pays. En outre, cet important projet a généré 1 500 emplois directs et 7 000 emplois indirects. Il stimulera également le développement du département d’Olancho grâce à un approvisionnement énergétique stable et fiable.
La centrale hydroélectrique Patuca III est un projet promu par le gouvernement du président Hernández et l’entreprise chinoise Sinohydro.
La Président de l’Honduras, Xiomara Castro, avait dit en 2021 son souhait de nouer des relations avec la Chine si elle remportait l’élection présidentielle de 2021
Patuca III dispose de deux puissantes turbines Kaplan verticales d’une capacité de production de 52 mégawatts chacune. Elle doit stocker et détourner l’eau de la rivière Patuca au moyen d’un barrage-poids en béton de 57 mètres de haut, d’une prise d’eau et d’une conduite de refoulement créant une hauteur de chute brute de 43,5 mètres.
Patuca III ouvre la voie à la construction de Patuca II et Patuca II A ; le complexe produira plus de 500 mégawatts.
En outre, Patuca III a la capacité future de multiplier par trois sa production initiale grâce à la série de centrales hydroélectriques Piedras Amarillas.
Dans le cadre des travaux de construction de la centrale hydroélectrique, la construction de la ligne de transmission et l’expansion de la sous-station de Juticalpa, qui reçoit et transmet l’énergie par l’intermédiaire du système national d’interconnexion (SIN), ont été réalisées.
Il y a presque 3 ans, le 23 mars 2019, les gouvernements italiens et chinois signaient un memorandum d’entente suite à la visite officielle du Président chinois Xi Jinping à Rome quelques jours plus tôt. Cet accord a posé le cadre pour les futures relations bilatérales entre les deux pays, dans le contexte des Nouvelle Routes de la Soie en Europe. Depuis cette date, donc, l’Italie est officiellement partie prenante de l’initiative chinoise une ceinture une route. Néanmoins, après les élections parlementaires italiennes de 2022, et la nomination de Giorgia Meloni à la tête du gouvernement, l’Italie pourrait être le premier pays à rompre avec l’initiative chinoise. Pourquoi un tel revirement ? l’objectif de cet article est d’offrir quelques éléments de réponses.
D’abord, il convient de revenir sur l’ampleur de cet accord. Celui-ci promeut une coopération entre les deux pays autour de six différents aspects.
Mémorandum entre la Chine et l’Italie, dans le cadre des nouvelles routes de la soie
Cet accord est donc général et veut servir de base pour de futures associations plus spécifiques. L’objectif majeur pour la Chine est en outre de promouvoir sa politique étrangère au sein des pays d’europe de l’ouest et d’accéder aux marchée européens. L’Italie fut ainsi le premier membre du G7, et membre important de l’OTAN à rejoindre l’initiative chinoise, sous les yeux quelque peu inquiets de ses partenaires historiques. Néanmoins, Rome l’a affirmé, cette participation à cette initiative ne remet pas en cause ses alliances passées, hautement symbolique, cette signature n’est pas une signature de Traité, celle-ci n’a donc pas de valeur légale et n’est donc pas juridiquement contraignante.
De plus, la collaboration entre Rome et Pékin n’est pas nouvelle. Sans se référer aux anciennes routes de la Soie et aux relations entre l’Empire Romain et la Dynastie Han, déjà en 2015, l’Italie commençait à observer de loin la possibilité de s’engager au sein de l’initiative chinoise, qui on le rappelle, fut lancée en 2013. Le 15 mai 2017, Paolo Gentiloni, alors Premier ministre italien participe à Pékin au premier “Belt and Road Forum for International Cooperation”. Aussi en mai 2017. Les premiers ministres italiens et Chinois, Paolo Gentiloni et Li Keqiang ont remis à jour un plan d’action dont le but est d’améliorer et de promouvoir la collaboration sino-italienne dans le commerce, la recherche ou encore le tourisme.
L’objectif et les attentes de l’Italie quant à l’adhésion officielle aux nouvelles routes de la soie sont de stimuler son économie domestique, de devenir un partenaire commercial majeur de la Chine et d’attirer les investissements chinois. Au total, pas moins de 29 différents accords d’une valeur qui s’élève à 2.8 milliards de dollars ont été signé par des investisseurs chinois. Les exemples les plus notables sont la signature de deux accords de coopération entre les ports et de Trieste et de Gènes avec la compagnie chinoise China Communication Construction Company. Les accords couvrent aussi une collaboration entre entreprises italiennes et chinoises dans des pays tiers. Par exemple, la compagnie italienne a signé un accord avec la compagnie China Industry International pour fournir des équipements techniques et une assistance technique pour un complexe de production d’acier en Azerbaïdjan. Dans le cadre des nouvelles routes de la soie, la collaboration prend aussi une tournure culturelle. Les deux pays occupent les deux premières classes du classement du patrimoine mondial de L’UNESCO, 58 sites sont reconnus en Italie, 56 en Chine. Avant la Crise Covid, en 2018, l’Italie était la destination européenne préférée des Chinois et un accord (suspendu, Cause Covid) entre l’authorité de l’aviation civile italienne et son équivalent chinois avait pour projet d’augmenter le nombre de routes aériennes entre les deux pays. De plus, les deux pays collaborent autour d’exhibitions dans différents musées et pour la restauration d’oeuvre d’arts, en 2020 a par ailleurs eu lieu l’année de la culture et du tourisme Chine-Italie. Au niveau du commerce entre les deux pays, en 2021, l’Italie a exporté pour 18.4 milliards de marchandise à la Chine, soit 3.06 % de ses exports. Bien que ce volume soit inférieur que celui exporté vers ces partenaires historiques, la tendance est à l’augmentation.
Statistiques des exportations de l’Italie vers la Chine
En termes d’import, en 2021, la Chine est le troisième partenaire de l’Italie qui importe de la Chine pour 45.63 milliards de marchandise en 2021 soit 8.1% du total de ses imports en 2021. Cette relation commerciale compte beaucoup pour Rome qui espérait réduire son déficit commercial avec Pékin en rejoignant l’initiative chinoise.
Concernant le contexte global dans lequel a eu lieu la signature de cet accord, il convient de noter que la même année, 2019, la Commission européenne publie un document dans lequel elle qualifie la Chine de rival systémique. Cette signature a de fait accélérer la construction d’une approche européenne commune vis-à-vis de la Chine, quelques jours après la visite du président chinois en Italie, Emmanuel Macron a invité Angela Merkel et Jean-Claude Junker afin d’organiser une rencontre à Paris avec Xi Jinping. En tant que membre de l’OTAN, l’appareil militaire et stratégique italien est fortement inséré dans la stratégie globale de Washington en Méditerrannée. Le gouvernement américain avait par ailleurs indiqué à l’Italie que son association aux nouvelles routes de la Soie endommagerait sa réputation internationale.
Par ailleurs, il est important de prendre en compte le contexte domestique au sein duquel s’est déroulé la signature de cet accord. Celui-ci a été signé par un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la parti Lega per Salvini Premier. Ce gouvernement, bien que dirigé formellement par le Premier ministre Giuseppe Conte, était essentiellement influencé par les deux vice-premiers ministre Matteo Salvini (Lega) et Luigi Di Maio (5 étoiles). Alors que Salvini se montrait sceptique vis-à-vis d’un approfondissement des relations avec la Chine, Di Maio pris l’initiative de lancer les discussions avec la Chine. Cette signature a donc eu lieu malgré des divergences profondes au sein même de la coalition italienne. Néanmoins, cette coalition ne résista pas à l’épreuve du temps. En aout 2019, la liga décide de se retirer de la coalition, mettant le gouvernement en minorité. Le Premier ministre Comte se voit contraint de donner sa démission. En septembre, une nouvelle coalition se forme, Comte est nommé Premier ministre. Néanmoins, le 13 janvier 2021, suite à une nouvelle crise parlementaire, la coalition se dissout, Comte est contraint de démissionner de nouveau le 26 janvier. Le 18 février, un nouveau gouvernement de coalition se forme, avec Mario Draghi, ancien président de la banque européenne, à sa tête. Au cours de l’année 2021, l’Italie de Mario Draghi semble s’éloigner quelque peu de la Chine et renoue avec ses alliés européens. Le gouvernement italien reste pragmatique et continue de coopérer avec la Chine, mais autour d’une approche globale centrée autour des interets européens.
Depuis octobre 2022, Giorgia Meloni est la nouvelle première ministre italienne, à la tête d’une coalition de droite et d’extrême droite. Aux commandes d’un parti élu sur des positions anti-immigration et, ce serait un euphémisme de le dire, eurosceptique, le nouveau gouvernement italien veut dire non à la finance internationale et non aux bureaucrates de Bruxelles.
“Alors que cet accord entre l’Italie et la Chine est censé se renouveler automatiquement en mars 2024, le gouvernement italien a toujours la possibilité de le révoquer entre-temps“
Lors de sa campagne électorale, la candidate du “Made in Italy” a tenu une position sceptique vis-à-vis de la Chine. Elle a pris part à une interview avec la Central News Agency, principale agence de presse taïwanaise, et considère comme une grosse erreur diplomatique la signature en 2019 du memorandum avec la Chine. Malgré la rencontre entre Xi Jinping et Giorgia Meloni à Bali lors du sommet du G7, la dirigeante italienne n’est pas enthousiaste à l’idée de poursuivre l’engagement de l’Italie au sein des nouvelles routes de la soie. Alors que cet accord entre l’Italie et la Chine est censé se renouveler automatiquement en mars 2024, le gouvernement italien a toujours la possibilité de le révoquer entre-temps.
Tandis que l’Italie s’engage sur une voie de protectionnisme économique et semble méfiante à tout nouvel investissement chinois, Giorgia Meloni, malgré elle, emprunte le chemin ouvert par Mario Draghi et renoue plus que jamais avec ses partenaires européens mais aussi avec Washington. La première ministre a déclaré que l’Italie faisait pleinement partie de l’Union européenne et a l’intention d’utiliser les fonds du programme REPowerEU afin de rénover et de perfectionner son infrastructure gazière. A termes, l’Italie a pour ambition de devenir le nouveau hub gazier européen, servant de pont entre l’Afrique et l’Europe. Autour du bassin méditerranéen, Meloni veut developper les infrastructures gazières, c’est ainsi qu’en décembre dernier, la première ministre a présenté lors du sommet Rome MED 2022 son plan Mattei pour l’Afrique.
Giorgia Meloni lors du sommet Rome MED 2022
Autour de ce plan de coopération, qui concerne l’Afrique du Nord en particulier, Giorgia Meloni affirme vouloir adopter une attitude non prédatrice à l’égard du marché africain et critique l’approche de certains pays européens, notamment celle de la France vis à vis du continent Africain. A travers ce plan, qui concerne avant tout l’énergie, l’Italie veut devenir la plaque tournante du gaz en Europe. Depuis, Giorgia Meloni a entamé différentes visites en Afrique du Nord, notamment en Algérie et en Libye. Le 22 janvier, le Premier ministre Algérien a rencontré Giorgia Meloni afin d’augmenter les livraisons de gaz vers l’Italie et pour discuter de contrats entre le secteur gazier algérien et la compagnie italienne ENI. Alors que l’Italie et la Chine aurait pu collaborer, dans le cadre des nouvelles routes de la soie, au développement d’infrastructure en Méditerranée, Rome semble vouloir donner priorité à la nouvelle stratégie européenne du Global Gateway (lien article à ce sujet).
“Le besoin d’investissement en infrastructure reste immense, et malgré ses ambitions, après plus d’un an de Global Gateway, peu de projets concrets semble se matérialiser“
Après l’effondrement en 2018 du viaduc de Genes, la lumière a été faite non seulement sur le vieillissement des infrastructures italiennes mais aussi sur l’écart de développement entre le Nord et le Sud de l’Italie. L’infrastructure fut un point clé de la campagne de Meloni et est actuellement un enjeu majeur, en particulier pour Salvini devenu ministre des infrastructures. Différents projets sont ainsi en cours, pour en citer quelques uns, depuis janvier 2023, une nouvelle ligne de train relie Milan et Rome et permet de parcourir les 565 kilomètres en environ 2h45, à Trento, des travaux sont en cours pour la construction d’une nouvelle ligne ferroviaire à double voie d’environ 13 kilomètres pour le contournement ferroviaire de la ville. Le projet de liaison entre Turin et Lyon est quant à lui toujours en suspens, du coté français des voix s’élèvent contre ce projet alors que Matteo Salvini pousse la concrétisation de ce projet. Déjà en 2019, alors vice premier ministre, Salvini considérait que cette ligne devait absolument être construite. D’autres projets d’infrastructure à portée européennes et soutenus par l’UE sont en cours, notamment une ligne Rome-Munich et une ligne Paris-Venise. Néanmoins, le besoin d’investissement en infrastructure reste immense, et malgré ses ambitions, après plus d’un an de Global Gateway, peu de projets concrets semble se matérialiser.
Projet de liaison Lyon-Turin, défendu par Salvini, symbole du corridor manquant au sud de l’Europe
Aussi, l’Italie revendique son rôle essentielle au sein de L’OTAN, la victoire électorale de Meloni en Italie a par ailleurs été encensé aux Etats-Unis par le Parti Républicain qui considère Rome comme un nouvel allié conservateur. Son fervent soutien à l’Ukraine le démontre une nouvelle fois.
C’est dans ce contexte que le 17 février dernier, Wang Yi, ancien ministre chinois des affaires étrangères et désormais directeur du bureau de la commission des affaires étrangères du Parti Communiste Chinois a rencontré Antonio Tajani, Ministre italien des Affaires étrangères ainsi que Sergi Mattarella Président italien. Lors de cette rencontre Wang Yi a indiqué l’importance de l’Italie pour la Chine et a apprécié les efforts Italien pour promouvoir le multi-latéralisme. Il a en outre encouragé les deux pays à relancer les échanges et la coopération dans divers domaines.
Jia Guide, nouvel ambassadeur chinois en Italie depuis janvier 2023, remettant ses lettres de créances ici auPrésident Mattarella
Néanmoins, Le scepticisme à l’égard de la Chine semble plus fort que son euroscepticisme, et malgré ses premières positions anti-européennes, le mandat de Meloni pourrait de fait renforcer les positions européennes contre la Chine et servir d’appui aux Etats-Unis en mer méditerranée, du moins jusqu’aux prochaines élections…
Par Théo Letsis, analyste au pôle europe de l’OFNRS
Le gouvernement de l’Angola multiplie les initiatives pour accélérer le développement du secteur télécom national et du numérique. Le pays s’est récemment doté d’un satellite
Le gouvernement de l’Angola multiplie les initiatives pour accélérer le développement du secteur télécom national et du numérique. Le pays s’est récemment doté d’un satellite de télécommunications en partenariat avec la Russie.
L’Angola a mis en orbite son 2ème satellite de télécommunications en octobre 2022 en partenariat avec la Russie. L’infrastructure devrait contribuer au développement des télécoms, de l’agriculture et d’autres secteurs de l’économie angolaise.
Le président angolais João Lourenço a autorisé par le décret présidentiel nº11/23, la commercialisation d’AngoSat-2, le 2ème satellite de télécommunications angolais, après l’achèvement de sa phase d’essai. Le décret émane d’un communiqué de presse publié la semaine dernière par l’Office national de gestion du programme spatial angolais (GGPEN).
Il habilite le ministère des Télécommunications, des Technologies de l’information et de la Communication sociale à superviser, en tant que subdélégué, les processus nécessaires à la gestion et à la commercialisation du satellite, conformément à la législation et à la réglementation prescrites. Le président a également inauguré un centre de contrôle de satellites à Luanda.
Satellite AngoSat-1, première version d’une coopération russo-angolaise
La commercialisation d’AngoSat-2 débute environ 3 mois après sa mise en orbite. Sa construction est le fruit d’un accord signé en avril 2018 avec la Russie pour compenser la perte d’AngoSat-1, le premier satellite télécoms angolais lancé en décembre 2017. Le projet a d’abord été confié à la société russe RSC Energia. Il lui a finalement été retiré sur demande des autorités angolaises, puis confié à Reshetnev Information Satellite Systems Company (ISS-Reshetev).
L’autorisation de la commercialisation d’AngoSat-2 et l’inauguration du centre de contrôle des satellites s’inscrivent dans le cadre de la Stratégie spatiale nationale de l’Angola. Le gouvernement ambitionne de mettre à profit la technologie spatiale pour améliorer la qualité et la couverture des services de télécommunications dans le pays.
« Par conséquent, d’autres investissements pour que nos télécommunications contribuent au développement du pays et des services de notre économie, et pas seulement de la société angolaise, continueront à être faits. […] en termes de fibre optique et donc de transmission par câble et d’investissements que nous faisons aujourd’hui pour connecter l’Angola au pays voisin, spécifiquement la RDC », a déclaré João Lourenço.
Prêt chinois pour le haut débit
L’Angola va bénéficier d’un prêt de 249 millions de dollars de la part de la République populaire de Chine pour financer un projet national de haut débit. Un accord a été signé à cet effet par Vera Daves, ministre angolaise des Finances, et Gong Tao, ambassadeur de Chine en Angola.
Selon les termes de l’accord, les fonds seront décaissés par la Banque d’exportation et d’importation de Chine. Ils serviront à construire un réseau de câble optique terrestre de 2 000 kilomètres à travers l’Angola ainsi qu’une ligne sous-marine ralliant l’enclave de Cabinda. Une partie de l’argent sera également utilisée pour moderniser le réseau de télécommunications du pays.
Enclave de Cabinda en Angola
Ce partenariat s’inscrit dans le cadre des actions engagées par l’angola pour accélérer le développement du secteur numérique, notamment des télécommunications dans un contexte marqué par l’accélération de la transformation de ce secteur et la demande croissante en services télécoms à haut débit. Selon Mme Daves, « ce financement est totalement conforme à la stratégie adoptée par le gouvernement en matière d’endettement et de gestion de la dette publique, contribuant ainsi à sa durabilité ».
Le projet national de haut débit devrait permettre de renforcer l’infrastructure télécoms du pays et d’apporter des services de réseau à haut débit dans les zones reculées. Il devrait également permettre de réduire les coûts d’accès et d’accélérer les ambitions d’économie numérique de Luanda.
Avec les Emirats Arabes unis également
Signature de l’accord pour la transformation numérique avec les Emirats arabes unis
Le gouvernement angolais a signé un accord de financement vert d’une valeur de 330 millions de dirhams des Emirats arabes unis (90 millions USD) avec l’Abu Dhabi Exports Office (ADEX) pour accélérer la transformation numérique en Angola. L’accord porte notamment sur l’acquisition d’une plateforme analytique, d’un centre de données principal, d’un centre de données de secours et d’une plateforme nationale de cloud computing. Le financement du projet est fourni en coopération avec la Standard Chartered Bank, tandis que sa réalisation est confiée à Presight, une filiale du groupe G42.
Par Adrien MUGNIER, Directeur de l’Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie
Le 1er mars, dans le cadre d’une visite officielle en Chine, une délégation de Kazakhstan Temir Zholy (Chemins de fer du Kazakhstan) a tenu une réunion avec les représentants de l’administration de la ville de Xi’an, en Chine, dirigée par le maire Li Mingyuan, a appris Kazinform du service de presse de KTZ. Le média local Xi’an Release a également rapporté la rencontre entre les deux parties.
Les parties ont discuté du développement des voies de transport et des infrastructures.
Li Mingyuan, maire de Xi’an, a déclaré que depuis la mise en service du train de marchandises Chine-Europe, les chemins de fer du Kazakhstan et le parc international de commerce et de logistique de Xi’an ont maintenu une coopération étroite et que le nombre de trains Chine-Europe passant par le Kazakhstan n’a cessé d’augmenter. “Nous espérons que les deux parties saisiront l’occasion de continuer à approfondir la coopération dans la construction d’infrastructures telles que les ports, les terminaux et les chantiers navals, et s’efforceront d’obtenir des avantages mutuels et des résultats gagnant-gagnant”.
Kazakhstan Temir Zholy est le plus grand employeur du Kazakhstan avec 119 071 employés. Environ 1% de la population kazakhe est employée par les chemins de fer et les sociétés affiliées
Nurlan Sauranbayev, président du conseil d’administration du Kazakhstan Temir Zholy, a déclaré : “La ville de Xi’an se développe rapidement sur le plan économique et social, et l’exploitation du train de fret Chine-Europe a atteint régulièrement de bonnes performances. Nous allons encore renforcer la coopération avec le parc international de commerce et de logistique et promouvoir la mise en œuvre rapide du projet”.
La ville de Xi’an est l’une des plus grandes plateformes de transport et de logistique de Chine. 40 % des cargaisons de ce port sec proviennent du Kazakhstan, et 30 % des conteneurs sont formés ici du volume total des trains de conteneurs expédiés de la Chine vers l’UE.
La réunion s’est terminée par la signature d’un accord, en vertu duquel la partie chinoise fournira un terrain de 8 hectares pour la construction d’un terminal dans la zone du parc international de commerce et de logistique de Xi’an. L’administration de Xi’an a confirmé sa volonté de soutenir le Kazakhstan Temir Zholy dans la mise en œuvre d’un nouveau projet logistique.
Ethiopian Airlines, la compagnie nationale de l’Ethiopie, a annoncé avoir ajouté les villes de Xiamen et Shenzhen, dans le sud de la Chine, à ses destinations de fret.
Dans un communiqué de presse, la compagnie aérienne a affirmé avoir déjà mis en service deux vols hebdomadaires de fret reliant Xiamen à la ville brésilienne de Sao Paulo et à la capitale chilienne de Santiago via la capitale Addis-Abeba en Ethiopie.
Le communiqué précise également qu’Ethiopian Airlines prévoit de lancer deux vols hebdomadaires entre Shenzhen et la ville belge de Liège. Sur ces nouvelles liaisons, la compagnie prévoit de déployer des avions de fret Boeing 777.
“Les nouveaux vols de fret contribueront à faciliter les expéditions de marchandises dans le monde entier en améliorant la connectivité aérienne entre la Chine, l’Afrique, l’Europe et l’Amérique du Sud“, a expliqué la compagnie aérienne.
Ethiopian Airlines assure déjà des vols de fret vers les villes chinoises de Guangzhou, Shanghai, Zhengzhou, Changsha et Wuhan.
En janvier, Ethiopian Airlines a annoncé que ses vols de passagers vers la Chine retrouveraient leur niveau d’avant la pandémie de COVID-19 d’ici mars 2023.
L’expansion des destinations chinoises existantes coïncide avec le 50e anniversaire du lancement du service aux passagers d’Ethiopian Airlines vers la Chine.
Diplomatie aérienne avec le C919
Le PDG de la société Ethiopian Airlines (ET), Tewolde Gebremariam, a déclaré en 2019 que la compagnie aérienne envisageait d’ajouter les avions de ligne chinois C919 à sa flotte. Gebremariam a confié que sa compagnie avait établi un comité conjoint avec ses homologues chinois pour suivre le progrès des avions de ligne C919. La Commercial Aircraft Corp. of China (COMAC) est le principal constructeur d’avions commerciaux en Chine.
Pour rappel, le C919, premier avion de ligne développé par la Chine, a mené avec succès son premier vol le 5 mai 2017 à l’aéroport international Pudong de Shanghai
La Chine et l’Albanie ont signé à Tirana un protocole d’entente en matière de coopération touristique bilatérale. Ce document a été signé par l’ambassadeur de
La Chine et l’Albanie ont signé à Tirana un protocole d’entente en matière de coopération touristique bilatérale. Ce document a été signé par l’ambassadeur de Chine en Albanie Zhou Ding et la ministre albanaise du Tourisme et de l’environnement, Mirela Kumbaro.
La signature de ce document constitue la dernière réalisation de la coopération concrète entre les deux pays suite à la conclusion de l’accord d’exemption mutuelle de visas signé en début d’année. Des représentants des gouvernements chinois et albanais ont signé à Tirana un accord portant sur l’exemption mutuelle de visas pour les fonctionnaires et les citoyens.
L’accord, grâce auquel les citoyens chinois et albanais peuvent entrer dans l’autre pays sans visa quel que soit le type de passeport qu’ils détiennent, a été paraphé par Zhou Ding, l’ambassadeur de Chine en Albanie, et Megi Fino, le vice-ministre albanais de l’Europe et des Affaires étrangères.
En 2018 et 2019, l’Albanie avait déjà mis en place une politique d’exemption de visas pour les citoyens chinois qui venaient dans le pays pour de courtes visites pendant les saisons touristiques de pointe. L’année suivante, Tirana avait les visites de courte durée sans visa aux citoyens chinois.
Il a déclaré que la signature de deux documents stimulerait le potentiel de la coopération touristique et promouvrait les liaisons entre les deux peuples. L’ambassadeur a dit souhaiter que les entreprises touristiques chinoises et albanaises profitent de cette occasion pour consolider leur coopération, attirant davantage de touristes chinois en Albanie et vice versa.
Pour sa part, Mme Kumbaro a souligné le redressement rapide du secteur touristiques albanais, l’un des piliers de l’économie nationale. Sept millions de voyageurs sont arrivés l’année dernière en Albanie, dépassant les niveaux d’avant l’apparition de la COVID-19.
La ministre albanaise a affirmé que l’Albanie était impatiente d’accueillir davantage de touristes chinois, dès l’année 2023.
Avant même que l’Arabie Saoudite ne devienne un État en tant que tel, la région du Golfe et le Moyen-Orient constituaient un carrefour important d’échanges
Avant même que l’Arabie Saoudite ne devienne un État en tant que tel, la région du Golfe et le Moyen-Orient constituaient un carrefour important d’échanges avec la Chine. La ville de Djeddah, ville portuaire au bord de la mer Rouge, permettait le transit des échanges par les mers. La naissance puis l’expansion de l’islam permettra ensuite le développement des relations culturelles et économiques entre la Chine et l’Arabie Saoudite. Pour autant, l’officialisation des relations diplomatiques entre les deux pays n’interviendra qu’en 1990. Leur alignement opposé durant la Guerre froide n’avait auparavant pas favorisé leur rapprochement. Le Royaume d’Arabie Saoudite, hostile au communisme, avait depuis Mao puis Deng Xiaoping été méfiant envers la République Populaire de Chine.
Xi Jinping et Mohammed Ben Salman à Hangzhou lors du sommet du G20 en 2016
La coordination de la relation bilatérale a par la suite été facilitée par des visites officielles successives. Les chefs d’État chinois Jiang Zemin, Hu Jintao et Xi Jinping ont effectué des visites d’État en Arabie Saoudite, respectivement en 1999, 2006 et 2009, et 2016. En cohérence avec la stratégie diplomatique chinoise, toutes ces visites ont mené à la signature d’engagements et d’ententes. La plus importante de ces visites fut celle du président Xi Jinping en 2016, puisqu’elle a abouti à l’établissement du partenariat stratégique global entre la Chine et l’Arabie Saoudite. La même semaine, Pékin signait ce même type d’accord avec l’Iran.
Durant la même année, Riyad proposait sa « Vision 2030 » , présentée lors du sommet du G20 à Hangzhou en 2016. Pékin et Riyad ont alors décidé d’établir une commission conjointe de haut niveau pour accorder stratégiquement la BRI et la Vision 2030.
Cette stratégie « Saudi Vision 2030 » mise en place par Riyad succède à d’autres initiatives pour diversifier l’économie, contrairement au modèle actuel, très concentré et dépendant de l’énergie pétrolière. Certains experts chinois ont néanmoins exprimé leur scepticisme à l’encontre de la Vision 2030 annoncée par Riyad. Si ce programme permettrait effectivement des réformes économiques utiles, sa mise en œuvre n’est pas assurée compte tenu des conditions structurelles du pays qui ne garantissent pas encore la réussite d’un tel plan de réforme. L’Arabie Saoudite manque notamment cruellement de main d’œuvre et de ressources humaines. La stratégie de diversification des partenaires économiques et financiers du pays permettrait de créer un contexte plus favorable à la mise en place de ses réformes. Des flux massifs d’investissements directs étrangers sont attendus pour soutenir cette ambition. La Chine a joué un rôle important à cet endroit concernant la composante numérique de la Vision 2030, en se basant sur l’établissement d’une économie du savoir. Huawei a signé des protocoles d’entente avec l’Arabie Saoudite pour renforcer ses capacités en matière de numérisation « intelligente ». L’entreprise chinoise a également signé un protocole d’entente avec l’ACWA Power, une firme saoudienne, pour coopérer dans les domaines de l’intelligence artificielle et des métadonnées 1.
Plusieurs entreprises chinoises sont engagées dans des projets de construction d’infrastructures en Arabie Saoudite antérieurs à l’annonce de la BRI. La China Railway Construction Company intervient par exemple dans la construction d’un train à grande vitesse Mecca-Medina-Djeddah pour le transport des visiteurs effectuant le hajj, ainsi que dans la centrale électrique au nord de Djeddah, la plus grande du Moyen-Orient. La construction d’une zone industrielle dans le projet de ville économique de Jazan va également faire intervenir des fonds chinois. En 2009, la coopération entre la Chine et l’Arabie Saoudite sur ce site avait débuté par l’accord de Hu Jintao et du roi Abdallah, prévoyant un investissement chinois de 1.2 milliards de dollars pour la construction d’une fonderie d’aluminium. La ville héberge également un port stratégiquement situé sur la BRI et capable de desservir l’Afrique orientale.
Ville économique de Jazan
La Vision 2030 est également porteuse d’une « Initiative verte » fixée par le gouvernement saoudien. L’Initiative engendre des investissements massifs pour le Royaume et s’inscrit dans une perspective très large de changement économique. « The Line », le projet de construction d’une ville du futur à l’intérieur de NEOM, alimentée à 100% à l’aide d’énergies renouvelables, témoigne des ambitions du pays.
Projet NEOM
L’Initiative verte saoudienne n’est pas un projet isolé puisqu’elle est contenue dans l’Initiative verte du Moyen-Orient. Cette Initiative plus large visant à accompagner les actions en faveur de l’environnement dans la région, est dirigée par l’Arabie Saoudite elle-même. À Sharm el-Sheikh, durant la COP27, l’Arabie Saoudite avait annoncé contribuer à l’Initiative verte du Moyen-Orient à hauteur de 2.5 milliards de dollars sur une période de 10 ans. « L’ambition, l’engagement et la solidarité démontrés par l’Initiative verte au Moyen-Orient envoient les bons messages à la communauté internationale. […] C’est la décennie pour ralentir et inverser le changement climatique et les pertes de terres productives et de diversité biologique, si nous cherchons un avenir sûr, juste et prospère », a alors déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CLD).
Pour la Chine, l’Arabie Saoudite possède plusieurs attributs majeurs que sont notamment son rôle de puissance énergétique, sa place dans le monde musulman et son emplacement géostratégique important. Le pays est en effet placé sur les axes terrestres et maritimes de la BRI. Occupant à lui-seul 80% du territoire de la péninsule arabique, l’Arabie Saoudite est le seul pays possédant des côtes maritimes à la fois au golfe Persique et à la mer Rouge. En possédant les détroits d’Hormuz et de Bab el-Mandeb, l’Arabie Saoudite offre un accès de transit par les mers.
Concernant le commerce de marchandises en provenance de Chine vers l’Arabie Saoudite et le Moyen-Orient, le terme de « business Ali Baba » est parfois employé pour qualifier la pratique commerciale de la Chine 2. Cette pratique consiste à utiliser l’avantage comparatif de l’identité musulmane des pays asiatiques dans le but de réaliser davantage d’échanges commerciaux avec les États du Moyen-Orient. Cette stratégie s’établit en lien avec la Malaisie, dont la religion officielle est l’islam. La Chine fait transiter ses produits en Malaisie où ils sont transformés et expédiés au Moyen-Orient avec le certificat halal malaisien. Tant les malais que les chinois – qui exercent par là-même des échanges plus importants avec les pays arabes du Moyen-Orient – trouvent leur compte dans ce système.
Par ailleurs, la composante énergétique demeure centrale dans l’appréhension des relations sino-saoudiennes. Les réserves officielles de pétrole de l’Arabie Saoudite sont les deuxièmes plus importantes au monde. Selon l’OPEP, le pays possède 267 milliards de barils, soit une part de 22% des réserves mondiales3. L’Arabie Saoudite représente pour la Chine l’un des deux plus grands fournisseurs de pétrole, avec la Russie. Les sanctions américaines contre l’Iran avaient d’ailleurs grandement favorisé les importations chinoises en provenance de l’Arabie Saoudite et ces importations n’ont pas diminué sous l’effet de la pandémie de Covid-19.
L’Arabie Saoudite possède d’importantes réserves de pétrole brut « acide » et la Chine se montre prête à construire de nouvelles raffineries pour le transformer. Depuis la fin des années 1990, Pékin et Riyad se sont engagés à investir conjointement dans la construction de raffineries de pétrole en Chine.
Le pétrole n’est pas la seule source d’énergie exportée en Chine par Riyad. Les deux pays coopèrent concernant les projets pétrochimiques et gaziers, mais également dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Dans un accord signé par le premier ministre chinois, Wen Jiabao, lors d’une visite en Arabie saoudite en janvier 2012, Pékin et Riyad ont convenu de renforcer leur coopération dans le développement et l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques.
Bien qu’en 2015, l’Arabie Saoudite soit devenue l’un des membres fondateurs de la Banque Asiatique pour les Investissements dans les Infrastructures (BAII), le pays n’est pas nettement intégré au système financier chinois. Ce « retard » relatif contraste avec l’intégration de certains de ses voisins du Golfe qui participent à investir financièrement en Chine, à l’instar des Emirats Arabes Unis. Pour autant, les échanges entre Pékin et Riyad devraient accroître à l’avenir leur coopération financière. Si l’Iran utilise le yuan comme monnaie d’échanges dans ses exportations de pétrole avec la Chine, d’autres Etats, dont l’Arabie Saoudite, souhaiteraient pouvoir en faire de même. Lors du sommet réunissant la Chine aux pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), le président Xi Jinping a appelé à « utiliser pleinement le Shanghai Petroleum and Gas Exchange pour vendre du pétrole et du gaz en utilisant la monnaie chinoise ». Riyad, pour qui le sujet de l’adoption du yuan a régulièrement été remis sur la table ces dernières années, considère actuellement accepter cette perspective, amoindrissant ainsi l’importance de la monnaie américaine dans la région. Une telle mesure permettrait à Pékin d’accroître la prépondérance de sa monnaie sur la scène internationale, conformément à la stratégie de développement de la présence du yuan dans le système financier international. Lors du forum de Davos, le ministre saoudien des Finances, Mohammed Al-Jadaan, annonçait que le pays était maintenant prêt à se détacher du dollar et de l’euro. Cet annonce s’inscrit également dans une perspective visible à l’échelle de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Les pays membres de cette Organisation ont en effet déclaré leur intention d’établir une « feuille de route pour l’augmentation progressive de la part des monnaies nationales dans les règlements mutuels », ainsi que des accords pour « renforcer la coordination en matière d’énergie (pétrole, gaz naturel, exploration nucléaire et politique ». Une plus grande utilisation du yuan dans la relation sino-saoudienne, si celle-ci venait à progresser, serait donc un développement cohérent et serait suivie probablement par d’autres États du Golfe.
Le 8 décembre 2022, Xi Jinping était reçu à Riyad par le roi Salman et son fils héritier. Cette visite marque le premier déplacement du président chinois en Arabie Saoudite depuis l’instauration du partenariat stratégique global en 2016. Pékin assoit son influence dans la région du Golfe et se place face à la relation historique qu’elle possédait jusque-là avec l’Occident. Cette visite fut l’occasion de signer une vingtaine d’accords, d’une valeur de plus de 27,8 milliards d’euros. L’Arabie Saoudite prévoit notamment d’attribuer des contrats à des firmes chinoises concernant des projets stratégiques. L’expertise de la Chine sur les technologies liées à la reconnaissance faciale et au technologies de surveillance devrait être sollicitée par Riyad pour accompagner le projet de NEOM, chiffré à 500 milliards de dollars.
Xi Jinping et Mohammed Ben Salman le 8 décembre 2022 à Riyad
À l’issue de cette visite, la Chine et l’Arabie Saoudite ont publié une déclaration conjointe décrivant les domaines sur lesquels leur coopération serait réaffirmée. La déclaration fait également état de considérations politiques sur lesquelles les deux États se sont entendus, faisant notamment référence au conflit en Ukraine. Certains points de friction sont pour autant bien connus de la relation sino-saoudienne. La politique régionale très affirmée de l’Arabie Saoudite s’oppose à la préférence prononcée de Pékin pour la stabilité, qui pourrait se montrer sceptique face aux perturbations régionales auxquelles contribue Riyad.
La visite de Xi Jinping en Arabie Saoudite n’est encore une fois pas due au hasard puisque le lendemain de la rencontre avec les dirigeants saoudiens se tenait à Riyad le sommet du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) auquel la Chine était conviée afin de renforcer le partenariat entre Pékin et les six États membres du Conseil, notamment en vue du potentiel futur accord de libre-échange Chine-CCG, pour lequel les relations diplomatiques tendus entre l’Arabie Saoudite et le Qatar avaient retardé les négociations. L’intégration de la Chine au sein des discussions d’une instance régionale s’inscrit dans la vision de Pékin selon laquelle « la meilleure façon de défendre son intérêt est de faire entendre sa propre voix dans les processus décisionnels ». 4
Sommet Chine-CCG
La déclaration commune publiée à l’issue du sommet témoigne de prise de position commune sur des enjeux régionaux et internationaux, de même que l’adoption d’un plan d’action sur quatre ans dans le but de renforcer la coopération stratégique entre la Chine et le CCG. Le président chinois a affirmé vouloir renforcer la coopération énergétique de la Chine avec les Etats du Golfe.
Si la relation entre ces deux acteurs semble mettre du temps à s’établir, il n’en paraît pas moins certain que cette coopération risquerait de s’installer sur le long terme. Elle ne s’instaurerait pas simplement vis-à-vis des enjeux économiques mais engloberait également les domaines diplomatique ou technologique. Les pays du Golfe, aujourd’hui majoritairement dépendants de la production et de la vente de pétrole, cherchent à diversifier leur économie et à attirer de nouveaux investissements directs étrangers. Bien que le pétrole reste central dans les relations avec ces États, la Chine saisit cette ambition et amorce une coopération basée sur les investissements dans les énergies renouvelables, la technologie et les infrastructures. C’est en Arabie Saoudite que les investissements de la Chine se sont particulièrement diversifiés, annonçant ainsi plus pérenne la coopération entre les deux États.
La visite a été critiquée du côté des États-Unis. L’Arabie Saoudite est sous l’influence du Pacte du Quincy, en vertu duquel le pays s’engage à fournir du pétrole à Washington en échange de sa protection militaire et de son soutien dans les affaires régionales. Riyad, qui craint de plus en plus de ne pas pouvoir compter sur le soutien américain en cas de tensions régionales, et en cohérence avec sa stratégie de diversification, considère s’éloigner de cet accord. Aujourd’hui, l’Arabie Saoudite se montre même prête à coopérer avec Pékin concernant le domaine de la sécurité et de la défense, jusque-là exclusivement réservé aux Etats-Unis. Pour autant, même si la Chine coopère avec l’Arabie Saoudite sur la vente et la production d’armes, elle ne cherche pas à renverser le statu quo. Le système de sécurité régionale garanti par les Américains est pour la Chine une assurance de stabilité de la région. Cependant, les routes maritimes commerciales entre la Chine et les pays du CCG sont principalement sous la domination sécuritaire des États-Unis, ce qui pourrait à terme poser problème à Pékin.
Si le rapprochement stratégique entre l’Arabie Saoudite et la Chine semble témoigne d’un phénomène, observable sur le long terme, de changement d’influence entre la Chine et les États-Unis, il témoigne d’abord d’une volonté de l’Arabie Saoudite et plus généralement des pays du Golfe de diversifier ses partenaires. Pour Riyad, cette diversification s’inscrit dans sa perspective de « Regard vers l’Est » (« Looking East » ). Bien que l’Arabie Saoudite et la Chine discutent d’une coopération dans le domaine sécuritaire, Riyad reste encore sous l’influence et la protection des Etats-Unis.
Par Alicia Tintelin, Cheffe du Pôle Proche-Orient à l’Observatoire Français des Nouvelles Routes de la Soie (OFNRS)
1Huawei signs 5 MoUs with Saudi Arabia ministries to develop ICT infrastructure, TelecomReview. 2019.
2 D Delfolie, Nathalie Fau, E Lafaye de Micheaux, Malaisie -Chine : une « précieuse »
relation. 2016.
3Organization of the Petroleum Exporting Countries, OPEC share of world Crude Oil Reserves. 2021.
4 Xinbo Wu, « China: Security Practice of a Modernizing and Ascending Power ». 1998.