Lien du flux RSS
Site institutionnel de référence sur les questions européennes

Accès libre Hymnes européens

▸ les 12 dernières parutions

09.05.2025 à 12:27

Tour de France, Giro, Vuelta : les grands tours cyclistes en Europe

Juliette Verdes
img

Alors que le grand départ de la Vuelta Feminina a été donné à Barcelone (Espagne) le 4 mai, le peloton du Giro d'Italia s'élance ce vendredi 9 mai 2025, au départ de Tirana, la capitale de l'Albanie. Le slovène Tadej Pogačar, grand vainqueur du Giro et du Tour de France en 2024, ne participe pas […]

L’article Tour de France, Giro, Vuelta : les grands tours cyclistes en Europe est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (7458 mots)
Le slovène Tadej Pogačar a remporté le Tour d'Italie et le Tour de France en 2024 - Crédits : Hugo LUC / Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)

Alors que le grand départ de la Vuelta Feminina a été donné à Barcelone (Espagne) le 4 mai, le peloton du Giro d'Italia s'élance ce vendredi 9 mai 2025, au départ de Tirana, la capitale de l'Albanie. Le slovène Tadej Pogačar, grand vainqueur du Giro et du Tour de France en 2024, ne participe pas à cette 108e édition de la Corsa Rosa.

Forts de leur succès, les Grands Tours cyclistes ne cessent d'attirer de nouveaux participants et leurs parcours se diversifient d'années en années.

La naissance des grands tours

En 1903, afin d’augmenter les ventes de leur journal L’Auto, Henri Desgrange et Géo Lefèvre créent une compétition cycliste masculine : le Tour de France. Très vite, la Grande Boucle rencontre un véritable engouement, tandis que le journal bat des records de ventes.

Dès la première édition en 1903, des coureurs européens sont invités à participer. Cinq Belges, quatre Suisses, deux Allemands et un Italien s’élancent aux côtés des Français à partir de Villeneuve-Saint-Georges, dans le Val-de-Marne.  Il faudra néanmoins attendre 1909 pour qu’un coureur étranger remporte la compétition : le luxembourgeois François Faber. Mort au combat durant la Grande Guerre, il donnera son nom à l'épreuve cycliste du Grand Prix François-Faber, organisé au Luxembourg depuis 1918.

D'un peloton principalement français à ses débuts, le Tour s’internationalise progressivement et compte jusqu'à 40 nationalités aujourd’hui. Les coureurs européens restent largement vainqueurs, avec 99 éditions remportées sur 110. La France en 1964, l'Espagne en 2008 et le Royaume-Uni en 2018 sont d’ailleurs les seuls pays à avoir remporté les trois grands tours européens la même année.

S’inspirant du succès rencontré par l’événement sportif outre-alpes, le journal italien La Gazzetta dello Sport reprend ce modèle en 1909. Le Tour d’Italie, ou Giro, connaît lui aussi un grand succès populaire. Le podium revient aux Italiens pendant une longue période : c’est seulement en 1950 qu’un cycliste d’une autre nationalité, le Suisse Hugo Kobiet, remporte le Giro.

Inspiré par le succès de ses voisins, le journal Informaciones crée à son tour en 1935 la Vuelta ciclista a España, troisième grande compétition cycliste d’Europe. Dès la première édition, c’est le Belge Gustaaf Deloor qui sort vainqueur de la compétition.

Le parcours s’européanise

A partir des années 1950, en pleine construction européenne, les étapes du Tour de France hors de l’Hexagone se multiplient. C’est en 1954 que le premier grand départ a lieu à l’étranger, depuis le Stade olympique d’Amsterdam. Un an après la signature des traités de Rome, en 1958, le départ a lieu à Bruxelles qui accueille également cette année-là l'Exposition universelle. En 1992, année de signature du traité de Maastricht, le Tour traverse six pays de l’Union européenne, un record. Les cyclistes passent par l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, le Luxembourg puis l’Italie.

Il faudra attendre 2022 pour que l’un des Tours européens les plus prestigieux parte pour la première fois d’un pays d’Europe de l’est : la première étape du Giro se déroule en Hongrie, de Budapest à Visegràd. C’est également le Tour d’Italie qui a organisé les premières étapes d’Europe méridionale, en Grèce et en Croatie.

Depuis 2013, on compte 17 compétitions professionnelles (licence World Tour) disputées chaque année dans les pays membres de l’Union européenne (18 en comptant le Royaume-Uni) :

PaysAnnée de création
France 🇫🇷1903
Belgique 🇧🇪1908
Italie 🇮🇹1909
Allemagne 🇩🇪1911
Luxembourg 🇱🇺1918
Bulgarie 🇧🇬1924
Portugal 🇵🇹1927
Pologne 🇵🇱1928
Roumanie 🇷🇴1934
Espagne 🇪🇸1935
Royaume-Uni 🇬🇧1945
Slovaquie 🇸🇰1954
Grèce 🇬🇷1968
Danemark 🇩🇰1985
Slovénie 🇸🇮1993
Croatie 🇭🇷1994
République tchèque 🇨🇿2010
Estonie 🇪🇪2013

Quel est le palmarès du Tour de France ?

Si la dernière victoire tricolore sur le Tour de France remonte à près de 40 ans (1985), les Français demeurent largement en tête des nationalités les plus victorieuses sur l’épreuve, avec 36 maillots jaunes ramenés à Paris.

En 111 éditions disputées, 99 se sont conclues par la victoire d’un Européen. Pas étonnant donc de retrouver la Belgique, puis l’Espagne, sur les autres marches du podium des nations les mieux représentées.

AnnéeVainqueurNationalité
1903 (1re)Maurice GarinFrance 🇫🇷
1904 (2e)Henri CornetFrance 🇫🇷
1905 (3e)Louis TrousselierFrance 🇫🇷
1906 (4e)René PottierFrance 🇫🇷
1907 (5e)Lucien Petit-BretonFrance 🇫🇷
1908 (6e)Lucien Petit-BretonFrance 🇫🇷
1909 (7e)François FaberLuxembourg 🇱🇺
1910 (8e)Octave LapizeFrance 🇫🇷
1911 (9e)Gustave GarrigouFrance 🇫🇷
1912 (10e)Odile DefrayeBelgique 🇧🇪
1913 (11e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1914 (12e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1919 (13e)Firmin LambotBelgique 🇧🇪
1920 (14e)Philippe ThysBelgique 🇧🇪
1921 (15e)Léon ScieurBelgique 🇧🇪
1922 (16e)Firmin LambotBelgique 🇧🇪
1923 (17e)Henri PélissierFrance 🇫🇷
1924 (18e)Ottavio BottecchiaItalie 🇮🇹
1925 (19e)Ottavio BottecchiaItalie 🇮🇹
1926 (20e)Lucien BuysseBelgique 🇧🇪
1927 (21e)Nicolas FrantzLuxembourg 🇱🇺
1928 (22e)Nicolas FrantzLuxembourg 🇱🇺
1929 (23e)Maurice De WaeleBelgique 🇧🇪
1930 (24e)André LeducqFrance 🇫🇷
1931 (25e)Antonin MagneFrance 🇫🇷
1932 (26e)André LeducqFrance 🇫🇷
1933 (27e)Georges SpeicherFrance 🇫🇷
1934 (28e)Antonin MagneFrance 🇫🇷
1935 (29e)Romain MaesBelgique 🇧🇪
1936 (30e)Sylvère MaesBelgique 🇧🇪
1937 (31e)Roger LapébieFrance 🇫🇷
1938 (32e)Gino BartaliItalie 🇮🇹
1939 (33e)Sylvère MaesBelgique 🇧🇪
1947 (34e)Jean RobicFrance 🇫🇷
1948 (35e)Gino BartaliItalie 🇮🇹
1949 (36e)Fausto CoppiItalie 🇮🇹
1950 (37e)Ferdi KüblerSuisse 🇨🇭
1951 (38e)Hugo KobletSuisse 🇨🇭
1952 (39e)Fausto CoppiItalie 🇮🇹
1953 (40e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1954 (41e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1955 (42e)Louison BobetFrance 🇫🇷
1956 (43e)Roger WalkowiakFrance 🇫🇷
1957 (44e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1958 (45e)Charly GaulLuxembourg 🇱🇺
1959 (46e)Federico BahamontesEspagne 🇪🇸
1960 (47e)Gastone NenciniItalie 🇮🇹
1961 (48e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1962 (49e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1963 (50e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1964 (51e)Jacques AnquetilFrance 🇫🇷
1965 (52e)Felice GimondiItalie 🇮🇹
1966 (53e)Lucien AimarFrance 🇫🇷
1967 (54e)Roger PingeonFrance 🇫🇷
1968 (55e)Jan JanssenPays-Bas 🇳🇱
1969 (56e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1970 (57e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1971 (58e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1972 (59e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1973 (60e)Luis OcañaEspagne 🇪🇸
1974 (61e)Eddy MerckxBelgique 🇧🇪
1975 (62e)Bernard ThévenetFrance 🇫🇷
1976 (63e)Lucien Van ImpeBelgique 🇧🇪
1977 (64e)Bernard ThévenetFrance 🇫🇷
1978 (65e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1979 (66e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1980 (67e)Joop ZoetemelkPays-Bas 🇳🇱
1981 (68e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1982 (69e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1983 (70e)Laurent FignonFrance 🇫🇷
1984 (71e)Laurent FignonFrance 🇫🇷
1985 (72e)Bernard HinaultFrance 🇫🇷
1986 (73e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1987 (74e)Stephen RocheIrlande 🇮🇪
1988 (75e)Pedro DelgadoEspagne 🇪🇸
1989 (76e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1990 (77e)Greg LeMondÉtats-Unis 🇺🇲
1991 (78e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1992 (79e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1993 (80e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1994 (81e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1995 (82e)Miguel IndurainEspagne 🇪🇸
1996 (83e)Bjarne RiisDanemark 🇩🇰
1997 (84e)Jan UllrichAllemagne 🇩🇪
1998 (85e)Marco PantaniItalie 🇮🇹
1999 (86e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2000 (87e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2001 (88e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2002 (89e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2003 (90e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2004 (91e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2005 (92e)Lance Armstrong (retiré)États-Unis 🇺🇲
2006 (93e)Óscar PereiroEspagne 🇪🇸
2007 (94e)Alberto ContadorEspagne 🇪🇸
2008 (95e)Carlos SastreEspagne 🇪🇸
2009 (96e)Alberto ContadorEspagne 🇪🇸
2010 (97e)Andy SchleckLuxembourg 🇱🇺
2011 (98e)Cadel EvansAustralie 🇦🇺
2012 (99e)Bradley WigginsRoyaume-Uni 🇬🇧
2013 (100e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2014 (101e)Vincenzo NibaliItalie 🇮🇹
2015 (102e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2016 (103e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2017 (104e)Christopher FroomeRoyaume-Uni 🇬🇧
2018 (105e)Geraint ThomasRoyaume-Uni 🇬🇧
2019 (106e)Egan BernalColombie 🇨🇴
2020 (107e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
2021 (108e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
2022 (109e)Jonas VingegaardDanemark 🇩🇰
2023 (110e)Jonas VingegaardDanemark 🇩🇰
2024 (111e)Tadej PogačarSlovénie 🇸🇮
Les sept Tours de France remportés par Lance Armstrong entre 1999 et 2005 lui ont été retirés pour dopage.

L’article Tour de France, Giro, Vuelta : les grands tours cyclistes en Europe est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

08.05.2025 à 10:58

[Podcast] La fête de l'Europe marquée par les 75 ans de la déclaration Schuman

Eve Bachler
img

Pourquoi cette déclaration prononcée par Robert Schuman le 9 mai 1950 est-elle considérée comme fondatrice pour l’Europe ? Il s'agit d'une date clé. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose de mettre en commun le charbon et l’acier de la France et de l’Allemagne. Une idée simple, mais révolutionnaire […]

L’article [Podcast] La fête de l'Europe marquée par les 75 ans de la déclaration Schuman est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (1410 mots)
Drapeau européen à l'occasion de la fête de l'Europe - Crédits : Igor Vershinsky / iStock
Le 9 mai est la Journée de l'Europe, l'occasion pour l'Union européenne de se rapprocher de ses citoyens - Crédits : Igor Vershinsky / iStock

Pourquoi cette déclaration prononcée par Robert Schuman le 9 mai 1950 est-elle considérée comme fondatrice pour l’Europe ?

Il s'agit d'une date clé. Le 9 mai 1950, Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, propose de mettre en commun le charbon et l’acier de la France et de l’Allemagne. Une idée simple, mais révolutionnaire : coopérer pour éviter une nouvelle guerre.

C’est le point de départ de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), réunissant six pays autour de la table : France, Allemagne de l’Ouest, Italie, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. Ce projet pose les bases d'une coopération entre les six pays fondateurs de l'Union européenne.

Quelles sont les villes qui se mobilisent pour faire vivre cet anniversaire largement célébré ?

Comme chaque année, il y a une grande mobilisation. À Paris, Strasbourg, Marseille, Lille, Lyon… plus de 640 événements sont prévus dans toute la France, y compris en Outre-mer. On retrouvera des concerts, des débats, des expositions, des projections, des dégustations culinaires.

Mai est un mois festif et pédagogique, à destination de tous les publics. Par exemple, à Strasbourg, une grande kermesse européenne aura lieu place du Château. Marseille organise, le 17 mai, la première édition de l’Europa Festival, un événement mêlant musique électro et débats citoyens pour toucher les jeunes, tandis que Lille prévoit un blind test spécial Eurovision !

Qu'en est-il à Paris, où un changement de lieu et un programme particulièrement dense ont été annoncés ?

Habituellement, la fête se tenait sur le parvis de l’Hôtel de Ville, mais cette année, direction la place de la République, de 9h30 à 22h30, pour une vraie immersion européenne. Un grand village européen sera installé avec des stands, des animations pour les enfants, et des concerts gratuits.

Il y aura également trois grandes tables rondes sur les carrières dans l’Union européenne, les enjeux du climat et du logement, et la question de la puissance géopolitique de l’Europe. La journée se terminera avec les concerts de Terrenoire, Oxford Drama et Alo Wala. Tout est gratuit et ouvert à tous !

Un lieu emblématique de la diplomatie française ouvre-t-il ses portes pour l’occasion…

À l’occasion de la Journée de l’Europe et des 75 ans de la déclaration Schuman, le Quai d’Orsay vous ouvre exceptionnellement ses portes vendredi 9 mai de 14h à 18h30 ! Au programme : une déambulation immersive dans l’Hôtel du Ministre, une visite du mythique salon de l’Horloge où Robert Schuman a marqué l’histoire, ainsi que des animations culturelles, rencontres et tables rondes.

Au-delà des grandes villes, comment ce « Joli mois de l’Europe » permet-il de rapprocher l’Union européenne des citoyens dans les territoires ?

Rapprocher l'Union de ses citoyens est l’objectif principal. Depuis 15 ans, le Joli mois de l’Europe met en lumière les projets soutenus par l’Union européenne dans chaque région. Il est coordonné par l’Agence nationale de la cohésion des territoires et l’initiative "L’Europe s’engage en France". Des événements sont organisés au plus près des citoyens, dans les lycées, les médiathèques, et les places de villages. Cette année en particulier, avec la commémoration des 75 ans de paix, la dimension de mémoire est très forte, notamment à Lyon, qui lie l’Europe d’aujourd’hui à celle née des cendres de la Seconde Guerre mondiale.

L'Europe c'est vous ! 

Strasbourg, Bruxelles, Francfort. L'action de l'Europe paraît parfois lointaine ! Mais où est l'Europe dans nos quotidiens ? Quel est l'impact des politiques européennes sur nos vies ? Retrouvez-nous tous les jeudis sur la radio RCF et en replay sur notre site pour notre chronique “L'Europe, c'est vous”.

Pour en savoir plus, retrouvez également tous nos podcasts “L'Europe en 3 minutes”.

En partenariat avec

Radio RCF

L’article [Podcast] La fête de l'Europe marquée par les 75 ans de la déclaration Schuman est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 17:30

[Fact-checking] L'Union européenne est-elle toujours dépendante des énergies fossiles russes ?

Arthur Olivier
img

Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Avant la […]

L’article [Fact-checking] L'Union européenne est-elle toujours dépendante des énergies fossiles russes ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (3101 mots)
L'Union européenne a importé plus de gaz naturel liquéfié (GNL) pour combler le manque de gaz russe
L'Union européenne a importé plus de gaz naturel liquéfié (GNL) pour combler le manque de gaz russe - Crédits : Axel Heimken / Commission européenne

Les Européens sont-ils sevrés des énergies fossiles russes ? Sur le papier, les chiffres sont assez clairs. Début 2022, "une unité sur cinq de l'énergie consommée dans l'Union européenne provenait des combustibles fossiles russes. Aujourd'hui, c'est une sur vingt", se félicitait mi-février 2024 la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Avant la guerre, l'UE dépendait pour 45 % des importations de gaz naturel venu de Russie. Cette part est descendue à 15 % en 2023 avant d'enregistrer un rebond l'an passé, pour atteindre 19 % des achats totaux de gaz de l'Union. Les Européens ont également arrêté d'acheter du charbon russe et ont drastiquement réduit leurs importations de pétrole russe. En août 2021, l'UE achetait 14,9 millions de tonnes de pétrole à la Russie, un chiffre qui s'est effondré à 1,7 million au même mois de 2023. Ce chiffre a atteint 13 millions de tonnes en 2024, soit 3 % de la consommation européenne (contre 27 % avant la guerre).

Face à l'attitude de Moscou en Ukraine et aux incertitudes sur l'approvisionnement, la Commission européenne a publié en mai 2022 le plan REPowerEU, avec l'objectif de se passer des énergies fossiles en provenance de Russie d'ici à 2027. Trois actions structurent cette stratégie qui approfondit certains aspects du Pacte vert européen : diversifier l'approvisionnement, économiser de l'énergie et parier sur les énergies renouvelables.

C'est dans ce contexte que le commissaire européen à l'énergie, Dan Jørgensen, a dévoilé au Parlement européen à Strasbourg une nouvelle feuille de route pour "débarrasser" l'UE de sa dépendance historique à l'égard du gaz russe, mercredi 6 mai 2025. "Aujourd'hui, l'UE fait preuve de force et de résolution. Le message à la Russie est clair : vous ne ferez plus de chantage à nos États membres. Les euros n'entreront plus dans votre coffre de guerre. Votre gaz sera interdit", a déclaré le Danois.

Fermeture des robinets, approvisionnement diversifié

L’Union européenne s’est donc tournée vers d’autres pays afin de diversifier son approvisionnement. L'Europe a massivement acheté du gaz naturel liquéfié (GNL) américain, transporté par bateau. Entre 2021 et 2022, les importations de GNL en provenance des États-Unis ont plus que doublé. Et au troisième trimestre 2023, la Russie n'était que le quatrième fournisseur des Européens en gaz, derrière les États-Unis (23 %), l'Algérie (19 %) et la Norvège (18 %). La Russie devrait représenter seulement 13 % des importations de gaz de l'UE en 2025, alors que Kiev a mis fin à l’acheminement de ce mélange d'hydrocarbures russe via l’Ukraine.

Le plan européen présenté par la Commission début mai prévoit que d’ici à la fin de 2025, aucun nouveau contrat d’achat de gaz ne sera autorisé. Les contrats anciens pourront continuer à courir. Mais les pays membres devront élaborer un plan pour y mettre un terme d’ici à la fin de 2027. "Il est temps pour l’Europe de rompre complètement ses liens énergétiques [avec la Russie]", a lancé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. "Nous le devons à nos citoyens, à nos entreprises et à nos courageux amis ukrainiens".

Si les Européens ont décidé de se coordonner pour moins acheter de gaz, la baisse du transit est, au départ, une décision de Moscou. Déjà fin 2021 puis au début de la guerre en Ukraine, le Kremlin a coupé les robinets vers l'ouest afin de faire pression sur les Européens. "Les Russes ont pris la décision d'interrompre le trafic via le gazoduc Yamal, entre la Pologne et la Biélorussie", rappelle ainsi Céline Bayou, chercheuse associée au centre de recherches Europe-Eurasie de l'INALCO. Fin septembre 2022, les pipelines de Nord Stream ont par ailleurs fait l'objet d'un sabotage, dont les auteurs restent à ce jour inconnus.

Pour le pétrole, l'UE a principalement regardé du côté des États-Unis, de la Norvège et de l’Arabie saoudite. Elle a même trouvé des partenaires moins traditionnels en la matière, à l’image du Brésil. Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, le pétrole russe importé en France a par exemple diminué de 22 % entre 2021 et 2022. À l’inverse, l’Hexagone s'est tourné vers l'Angola (+570 %), le Koweït (+150 %), ou encore les États-Unis (+28 %). D'après les informations de l'Insee et du ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, la part du pétrole brut russe importé en France était nulle en 2023.

En plus de diversifier leur approvisionnement, les Européens ont réalisé d'importantes économies d'énergie. Entre 2022 et 2023, la demande en gaz naturel a chuté de 10 % en Italie et de 11,7 % en France. De façon générale, "on observe une baisse de 8 % de la consommation de gaz entre 2022 et 2023, et même jusqu'à 20 % si l'on compare à la moyenne des années 2017 et 2021", note Phuc-Vinh Nguyen, chercheur à l'institut Jacques Delors. Cette diminution est liée à la hausse des prix, à une politique active des États membres de l'UE pour économiser de l'énergie, "mais aussi à une destruction de la demande industrielle", souligne l'expert. Une situation dont il est difficile de savoir si elle est structurelle ou conjoncturelle, selon lui.

Enfin, les énergies renouvelables ont aussi contribué à ce que les Européens consomment moins de gaz. La part de ces énergies vertes dans le mix électrique européen a atteint 44 % en 2023, pour la première fois au-dessus de la barre des 40 %. De quoi faire dire à Ursula von der Leyen, le 13 février 2024, que "la tentative de Vladimir Poutine de faire chanter notre Union a totalement échoué […] Au contraire, il a vraiment poussé la transition verte". Cette part augmenté l'année suivante, pour atteindre 47 % selon un rapport du groupe de réflexion Ember rendu public le 23 janvier 2025.

L'Europe achète toujours à la Russie

Les Européens continuent toutefois d'importer de l'énergie russe, même si les quantités sont moindres. En 2022, l'Union européenne était encore le premier importateur mondial d'énergies fossiles de Russie. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’UE a versé davantage d’argent à la Russie pour ses importations d’énergies fossiles qu’elle n’en a accordé à Kiev sous forme d’aide selon Dan Jørgensen. Le Commissaire estime le montant global des achats de gaz russe à près de 200 milliards d’euros - soit, "l’équivalent de 2 400 avions de chasse F-35" - contre 135 milliards d’euros d’aide européenne à l’Ukraine.

Depuis le 1er janvier 2025, le transit de gaz russe via le territoire ukrainien n'est plus possible. Après "une hausse notable de 36 %" des importations de GNL provenant de Russie par bateau, selon le centre pour la recherche sur l'énergie et la propreté de l'air (CREA), l'UE a importé 18 milliards de mètres cubes de gaz russe via des méthaniers en 2023, principalement par le biais d'accords à long terme signés avant le début de la guerre. Un chiffre tiré du rapport de l'Agence de coopération des régulateurs de l'énergie (ACER), publié fin avril 2024. Les Vingt-Sept ont encore importé 52 milliards de mètres cubes de gaz russe en 2024 (les deux tiers par gazoduc et un tiers en GNL).

La situation pourrait-elle changer ? Le 24 février 2025, l'Union européenne a adopté un 16e paquet de sanctions contre la Russie. En matière d'énergie, celui-ci étend notamment "l'interdiction de fournir des biens, des technologies et des services pour l'achèvement des projets liés au pétrole brut en Russie, tels que le projet pétrolier Vostok, tout comme pour l'achèvement des projets liés au GNL qui sont en cours".

Par ailleurs, si les Européens se sont notamment tournés vers l'Azerbaïdjan pour leur approvisionnement, une partie du gaz que l’UE fait venir depuis ce pays du Caucase provient de Russie. "On ne lui achète pas directement, mais la molécule est quand même russe", résume Céline Bayou.

En ce qui concerne le pétrole, les Vingt-Sept ont imposé des restrictions sur les importations de Russie. Mais ce n’est pas le cas de tous les pays, à l'image de l'Inde ou la Turquie. Aux confins de la Syrie et de la mer Méditerranée, le terminal turc de Dörtyol envoie par exemple à ses voisins européens du diesel ou du kérosène issus du pétrole russe. "En 2023, environ 85 % du pétrole expédié depuis Dörtyol était destiné à l'Europe, principalement à la Grèce, à la Belgique et aux Pays-Bas, contre 53 % en 2022", écrit le Financial Times. De son côté, l’Inde aussi a augmenté ses importations venues de Russie. Le pétrole y est raffiné avant d’être expédié vers l’Europe, qui a vu bondir de 115 % le nombre de barils indiens entre 2022 et 2023.

L'Europe toujours dépendante aux énergies fossiles

Tous les pays européens n'ont pas le même niveau de dépendance à la Russie. Au moment où l'UE décidait d'interdire l'importation de pétrole russe, la Bulgarie et la Croatie ont par exemple bénéficié de dérogations temporaires. Les pays baltes ou la Finlande étaient quant à eux largement irrigués par le gaz de leur grand voisin, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. La France, elle, est en première ligne. Selon l'Institut pour l'économie de l'énergie et l'analyse financière (IEEFA), l'Hexagone a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024, et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie.

Aujourd'hui, dix États membres continuent d'acheter du GNL russe. À commencer par la Hongrie et la Slovaquie, connues pour leur inclinaison prorusse, ou encore la Grèce. Mais aussi l’Espagne, la France et la Belgique, dont les ports réceptionnent ce GNL avant que des usines le regazéifient et qu'il soit réinjecté dans le réseau européen.

Pour se déplacer, se chauffer ou produire de l’électricité, les Européens restent dépendants des énergies fossiles, bien que leur part dans la production d'électricité ait diminué. Selon le dernier rapport publié par l'Agence internationale de l'énergie (AIE) fin mars, la part des fossiles dans la production d'électricité dans l'UE a atteint 29 % en 2024 contre 39 % en 2019, preuve d'une prise de conscience et de nombreux efforts.

La consommation de gaz naturel, elle, a augmenté d’environ 1 % dans l’Union européenne en 2024, tirée par une reprise dans l’industrie et stimulée par des prix plus faibles. Mais la tendance reste bien différente de celle constatée au niveau mondial, où la consommation de gaz a le plus progressé avec une hausse de 115 milliards de mètres cubes (+ 2,7 %).

"L'UE a réussi à retrouver les ressorts pour faire face à la baisse de l'offre en gaz russe, de manière très rapide. Il s'agit désormais de pérenniser ces politiques", insiste Phuc-Vinh Nguyen. Et le chercheur de citer plusieurs leviers, dont les énergies renouvelables, l'amélioration de l'efficacité énergétique et la sobriété.

L’article [Fact-checking] L'Union européenne est-elle toujours dépendante des énergies fossiles russes ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 15:40

Allemagne : qui sont les chanceliers depuis 1949 ?

Auguste Beaud-Blanckaert
img

Depuis 1949, la République fédérale d'Allemagne (RFA) a vu 10 chanceliers se succéder à sa tête. Jusqu'à la réunification en 1990 avec l'Allemagne de l'Est (RDA), la RFA ne désignait que l'Allemagne de l'Ouest. Celle-ci a toujours élu ses chanceliers successifs par un processus électoral démocratique, contrairement à la République démocratique d'Allemagne (RDA). C'est pour […]

L’article Allemagne : qui sont les chanceliers depuis 1949 ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (4821 mots)
Les chanceliers allemands depuis 1949

Depuis 1949, la République fédérale d'Allemagne (RFA) a vu 10 chanceliers se succéder à sa tête. Jusqu'à la réunification en 1990 avec l'Allemagne de l'Est (RDA), la RFA ne désignait que l'Allemagne de l'Ouest. Celle-ci a toujours élu ses chanceliers successifs par un processus électoral démocratique, contrairement à la République démocratique d'Allemagne (RDA). C'est pour cela que ses chefs de gouvernement sont considérés comme les prédécesseurs de ceux qui ont dirigé l'Allemagne réunifiée depuis 1990.

1949-1963 : Konrad Adenauer (Union chrétienne-démocrate, CDU)

Premier chancelier de la République fédérale d'Allemagne (RFA), Konrad Adenauer a consacré sa vie à la politique. Né en 1876 à Cologne, il en devient le maire en 1917 en tant que membre du parti catholique "Zentrum". Un poste qu'il occupe jusqu'en 1933 et l'arrivée au pouvoir du régime nazi.

Hostile à ces idées, il est démis de ses fonctions. Durant le Troisième Reich, Konrad Adenauer est arrêté à plusieurs reprises et emprisonné plusieurs mois après l'opération Walkyrie, un attentat raté qui visait Adolf Hitler en juillet 1944.

Une fois la guerre terminée, Konrad Adenauer participe à la création de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et se voit confier le premier poste de chancelier de la République fédérale d'Allemagne (RFA, alors Allemagne de l'Ouest) en 1949, une fonction qu'il occupe jusqu'en 1963.

Considéré comme étant l'un des pères fondateurs de la construction européenne, Konrad Adenauer a signé en 1951, aux côtés de ses homologues français, belge, néerlandais, italien et luxembourgeois, le traité de Paris instituant la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA), puis le traité de Rome instituant la Communauté économique européenne (CEE), en 1957.

Ses 14 années passées à la tête de l'Allemagne de l'Ouest ont notamment été marquées par sa volonté de réconcilier la France et l'Allemagne. Il a signé, en 1963, aux côtés du général de Gaulle, le traité d'amitié franco-allemand, aussi connu sous le nom de traité de l'Elysée, qui a posé les jalons d'une nouvelle relation entre les deux puissances européennes.

1963-1966 : Ludwig Erhard (CDU)

Né en 1897 à Fürth, Ludwig Erhard est considéré comme étant l'artisan du "miracle économique allemand". De 1949 à 1963, en tant que ministre de l'Economie sous Konrad Adenauer, il s'est engagé dans la refonte de l'économie allemande en mettant en place une réforme monétaire ainsi qu'en initiant une "économie sociale de marché". Il applique alors une politique reposant sur un système économique combinant des mesures spéciales pour l'agriculture et le logement ainsi que des politiques sociales.

Succédant comme chancelier à Konrad Adenauer en 1963, il occupe cette fonction jusqu'en 1966. Son mandat est marqué par sa volonté de réunifier l'Allemagne et de se rapprocher des pays du pacte de Varsovie. Parallèlement, l'Allemagne s'éloigne de la France, en raison de désaccords avec le général de Gaulle, et se rapproche des Etats-Unis.

Fragilisé par une crise budgétaire, une hausse du chômage et des désaccords au sein de son parti, la CDU, Ludwig Erhard démissionne le 30 novembre 1966, après trois années passées au pouvoir.

1966-1969 : Kurt Georg Kiesinger (CDU)

Troisième chancelier de la République fédérale d'Allemagne, Kurt Georg Kiesinger a succédé à Ludwig Erhard en 1966. Né en 1904 à Ebingen, il a adhéré au parti nazi d'Adolf Hitler (NSDAP, Parti national-socialiste des travailleurs allemands) dès 1933, devenant directeur adjoint du département de la propagande radiophonique au ministère des Affaires étrangères du Troisième Reich.

Emprisonné dans un camp d'internement en 1945, il a été libéré en 1948. La publication, dans les années 1960, des archives du NSDAP, vient confirmer la version de Kurt Georg Kiesinger quant à son implication dans le régime nazi. S'il y a bien pris part, il n'aurait jamais entretenu de sentiment antisémite et aurait été dénoncé par ses collaborateurs comme un obstacle à la mise en œuvre de la politique antisémite au sein du département de la propagande radiophonique.

Après la Seconde Guerre mondiale, Kurt Georg Kiesinger rejoint la CDU et est élu député au sein du premier Bundestag, en 1949. Arrivé au pouvoir en 1966, il gouverne l'Allemagne en s'appuyant sur une "grande coalition" entre le Parti social-démocrate (SPD) de Willy Brandt et la CDU/CSU. Son mandat est marqué par des réformes économiques ainsi qu'une réforme importante du mode d'élection du Bundestag. Son passé sous le régime nazi lui vaudra de nombreuses critiques au cours de son mandat.

1969-1974 : Willy Brandt (Parti social-démocrate, SPD)

Né en 1913 sous le nom de Karl Herbert Frahm, Willy Brandt a adopté son pseudonyme en 1933, alors en exil en Norvège où il fuyait le régime nazi. Après la guerre, il est revenu en Allemagne, s'engageant au sein du Parti social-démocrate (SPD). Bourgmestre-gouverneur (maire) de Berlin-Ouest de 1957 à 1966, il s'est attaché à en faire un "bastion du monde libre". En 1966, le SPD rejoint la "grande coalition" gouvernementale du chancelier Kurt Georg Kiesinger et Willy Brandt devient ministre fédéral des Affaires étrangères.

Le SPD remporte les élections législatives de 1969, permettant ainsi à son leader, Willy Brandt, de devenir le premier chancelier social-démocrate de la République fédérale d'Allemagne. Il initie l'Ostpolitik, une politique visant à normaliser les relations avec l'URSS et l'Allemagne de l'Est afin d'assurer la paix sur le continent européen. Cela l'amène à signer des accords historiques avec la RDA, la Pologne et l'URSS, notamment le Traité fondamental entre les deux Allemagne, en 1972.

Lors d'une visite à Varsovie (Pologne) en 1970, Willy Brandt s'agenouille devant le mémorial du ghetto de Varsovie. Un geste symbolisant la reconnaissance de la responsabilité de l'Allemagne et la demande de pardon pour les crimes allemands commis durant la Seconde Guerre mondiale. En 1971, il reçoit le prix Nobel de la paix pour ses efforts de réconciliation en Europe, notamment via l'Ostpolitik.

1974-1982 : Helmut Schmidt (SPD)

L'arrivée d'Helmut Schmidt au poste de chancelier en 1974 est concomitante à celle de Valéry Giscard d'Estaing à la tête de l'Etat français. Ensemble, les deux hommes initient un nouveau rapprochement franco-allemand et contribuent à la relance du projet de construction européenne. Helmut Schmidt mène une politique étrangère résolument européenne et atlantiste, tout en poursuivant la fameuse Ostpolitik de son prédécesseur.

En 1975, Helmut Schmidt est l'un des signataires des accords d'Helsinki, qui ont institué la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe, ancêtre de l'actuelle OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe). Le couple franco-allemand va ensuite permettre la création du Système monétaire européen et de l'ECU (European currency unit) en 1979.

Reconduit comme chancelier après les élections fédérales de 1976 puis 1980, il est contraint de quitter le pouvoir en septembre 1982, après l'éclatement de sa coalition formée avec les libéraux (FDP). Une fois retiré de la vie politique, Helmut Schmidt continue de s'engager en faveur de l'intégration européenne, plaidant notamment pour une Union monétaire européenne, une Banque centrale européenne (BCE) ou encore la création de l'euro.

1982-1998 : Helmut Kohl (CDU)

Marquant le retour des chrétiens-démocrates de la CDU au pouvoir, Helmut Kohl a consolidé l'amitié entre l'Allemagne et la France en formant avec son homologue français François Mitterrand l'un des couples franco-allemands les plus emblématiques. Grand architecte de la réunification allemande en 1990 et de l'adoption de l'euro, "le chancelier de l'unité", tel qu'il était surnommé, explique en 1989 que "l'unité allemande et l'unification européenne sont les deux faces d'une même médaille".

Au niveau européen, le "moteur" franco-allemand, incarné par le trio Helmut Kohl, François Mitterrand et Jacques Delors (président français de la Commission européenne de 1985 à 1995) a considérablement accéléré l'intégration européenne et permis la signature de l'Acte unique européen, en 1986. C'est également sous leurs mandats que sont signés l'accord de Schengen (1985) et le traité de Maastricht (1992).

En tant que partisan du fédéralisme européen, Helmut Kohl a même souhaité aller plus loin, faisant adopter à l'unanimité au congrès de la CDU de 1992 une motion en faveur de l'adoption d'une constitution fédérale pour l'Europe. Après 16 ans au pouvoir, Helmut Kohl quitte la chancellerie en 1998 à la suite de la défaite de la CDU aux élections fédérales.

1998-2005 : Gerhard Schröder (SPD)

Après leur victoire aux élections fédérales, les sociaux-démocrates reviennent au pouvoir en 1998 avec leur leader Gerhard Schröder à la tête d'une coalition formée par le SPD et die Grünen (parti écologiste). Le chancelier instaure une politique économique qualifiée de "sociale-libérale", souhaitant conjuguer le libéralisme économique et des politiques sociales ambitieuses.

Sur le plan européen, Gerhard Schröder propose avec Jacques Chirac une double présidence pour l'Union européenne (Commission et Conseil européen). Il poursuit également le travail de ses prédécesseurs en soutenant l'intégration des anciennes "démocraties populaires" d'Europe de l'Est dans l'UE, ainsi qu'en appelant les électeurs français à voter "oui" au référendum de 2005 sur la Constitution européenne.

En matière de politique étrangère, il s'oppose fermement à l'invasion de l'Irak en 2003, tout comme Jacques Chirac et Vladimir Poutine. Il entretient d'ailleurs une amitié avec le président russe, ce qui lui a été vivement reproché après l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février 2022, tout comme sa politique de sortie du nucléaire au profit du gaz russe. En 2005, le SPD perd de justesse les élections fédérales anticipées face à la CDU/CSU d'Angela Merkel, évinçant ainsi Gerhard Schröder du pouvoir.

2005-2021 : Angela Merkel (CDU)

Physicienne de formation, Angela Merkel a débuté en politique après la chute du mur de Berlin. Membre de la CDU, elle entre au gouvernement d'Helmut Kohl en 1991 en tant que ministre des Femmes et de la Jeunesse, avant de devenir ministre de l'Environnement, de la Protection de la nature et de la Sécurité nucléaire en 1994. Après la défaite de la CDU aux élections fédérales de 1998, le gouvernement d'Helmut Kohl démissionne.

Elle est élue quelques jours plus tard secrétaire générale de son parti, puis présidente de la CDU en 2000, devenant la première femme à occuper ces fonctions. Vainqueur des élections fédérales de 2005 avec l'union CDU/CSU, Angela Merkel accède ainsi à la chancellerie, devenant encore une fois la première femme à le faire. Au cours de ses 16 années passées au pouvoir, elle est régulièrement qualifiée de "femme la plus influente du monde" par le magazine Forbes, s'imposant comme la personnalité forte au sein de l'Union européenne.

Partisane d'une certaine rigueur budgétaire, notamment dans le cadre de la crise financière de 2008 où elle envisage la sortie de la Grèce de la zone euro, Angela Merkel est reconnue pour sa gestion des crises. En 2015, alors que l'Europe fait face à une importante crise migratoire, Merkel ouvre les frontières allemandes à plus d'un million de réfugiés. En 2020, en pleine pandémie de Covid-19, elle propose avec Emmanuel Macron un plan de relance au nom de l'Union européenne à hauteur de 500 milliards d'euros.

Après quatre mandats, Angela Merkel décide de se retirer de la vie politique à l'issue des élections fédérales de 2021.

2021-2025 : Olaf Scholz (SPD)

Membre du SPD, ancien maire de Hambourg, Olaf Scholz devient ministre des Finances et vice-chancelier en 2018, dans le gouvernement d'Angela Merkel. En 2021, le Parti social-démocrate en fait son chef de file pour les élections fédérales, qu'il remporte. Il devient alors chancelier, à la tête d'une coalition tripartite formée avec les libéraux (FDP) et les écologistes (Die Grünen).

Son début de mandat est rapidement troublé par l'invasion russe en Ukraine, entamée le 24 février 2022. Olaf Scholz décide d'augmenter considérablement le budget de l'armée allemande en le portant à 2 % du PIB et de sortir le pays de sa dépendance vis-à-vis du gaz russe. Face au retour de la guerre sur le continent européen, Olaf Scholz plaide, à l'instar d'Emmanuel Macron, pour une Union européenne "géopolitique, élargie, réformée, ouverte sur l’avenir". Il se veut ainsi partisan d'un élargissement aux Balkans, à l'Ukraine et à la Moldavie.

Des deux côtés du Rhin, des sujets créent des crispations au cœur du couple franco-allemand, tels que les questions de défense. Le 16 décembre 2024, après des semaines de désaccords avec ses alliés libéraux du FDP, Olaf Scholz perd un vote de confiance au Bundestag, ouvrant ainsi la voie à des élections législatives anticipées en février 2025. Dans un contexte économique et social tendu où le candidat de la CDU/CSU, Friedrich Merz, est en tête des sondages, le scrutin pourrait redessiner le paysage politique allemand et européen.

2025 : Friedrich Merz (CDU/CSU)

Chef de file de "l'Union" composée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et de l'Union chrétienne-sociale (CSU) lors des élections fédérales du 23 février 2025, Friedrich Merz est devenu chancelier d'Allemagne le 6 mai 2025, après un scrutin mouvementé et des décennies d'attente. Le dixième chancelier allemand incarne un virage conservateur qui séduit une partie de l’électorat, mais qui reste clivant.

Juriste de formation, il est élu au Parlement européen en 1989 sous l'étiquette du Parti populaire européen, à seulement 34 ans. Il intègre ensuite en 1994 le Bundestag sous l'influence du chancelier Helmut Kohl. Reconnu pour son expertise économique et son positionnement ultra-libéral, Merz est réélu en 1998 sous la 14e législature du Bundestag, une ascension stoppée net en 2002 par Angela Merkel. Dans un contexte de scandale financier au sein de la CDU, la future chancelière évince Merz de la tête du groupe parlementaire CDU/CSU. Contraint de quitter la scène politique, il se lance alors dans les affaires en 2009, qui rencontrent un franc succès.

En 2018, Friedrich Merz tente de prendre la tête de la CDU après l’annonce d'Angela Merkel de quitter ses fonctions de présidente fédérale du groupe. Ce n’est finalement qu’au bout de trois tentatives, en 2022, qu’il arrache la direction de la CDU aux héritiers d'Angela Merkel. Depuis son accession à la présidence du parti, Friedrich Merz s’est attaché à faire rupture avec l'ancienne chancelière et à redéfinir les orientations de son parti. Il incarne alors une CDU délibérément tournée à droite, ultra-libérale sur le plan économique, et résolument conservatrice sur les questions de société. Si Merz se réclame défenseur de l'amitié franco-allemande, celui-ci a critiqué ouvertement la politique européenne d’Olaf Scholz, et a dénoncé des relations détériorées entre Paris et Berlin. Le nouveau chancelier estime également que l'Allemagne doit largement renforcer ses capacités de défense et que les Européens doivent devenir "véritablement indépendants des États-Unis".

En tant que dixième chancelier d'Allemagne, son défi sera d’unir la CDU, de convaincre au-delà de son camp et de démontrer qu’il est capable de gouverner un pays en pleine mutation.

NomPartiDate
Konrad AdenauerCDU1949-1963
Ludwig ErhardCDU1963-1966
Kurt Georg KiesingerCDU1966-1969
Willy BrandtSPD1969-1974
Helmut SchmidtSPD1974-1982
Helmut KohlCDU1982-1998
Gerhard SchröderSPD1998-2005
Angela MerkelCDU2005-2021
Olaf ScholzSPD2021-2025
Friedrich MerzCDU/CSU2025

L’article Allemagne : qui sont les chanceliers depuis 1949 ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 15:10

Le Parlement européen plaide pour un budget à long terme plus ambitieux

Juliette Verdes
img

Réuni en session plénière, le Parlement européen a adopté ce mercredi 7 mai à Strasbourg, ses grandes orientations pour le prochain budget à long terme de l’Union, avec 317 voix pour, 206 voix contre et 123 abstentions. Une fois tous les sept ans, les Vingt-Sept adoptent un "cadre financier pluriannuel". Il fixe les montants que l'UE […]

L’article Le Parlement européen plaide pour un budget à long terme plus ambitieux est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (1253 mots)
Lors d'une session plénière à Strasbourg mercredi 7 mai, les députés européens ont adopté de grandes orientations qui alimenteront les réflexions autour du prochain cadre financier pluriannuel - Crédits : Denis Lomme / Parlement européen

Réuni en session plénière, le Parlement européen a adopté ce mercredi 7 mai à Strasbourg, ses grandes orientations pour le prochain budget à long terme de l’Union, avec 317 voix pour, 206 voix contre et 123 abstentions.

Une fois tous les sept ans, les Vingt-Sept adoptent un "cadre financier pluriannuel". Il fixe les montants que l'UE pourra dépenser chaque année pour financer ses grandes politiques : agriculture, environnement, économie, frontières extérieures… Le rapport échafaudé par la commission du budget (BUDG) du Parlement européen vise à définir de nouvelles priorités et à anticiper les besoins des Européens sur la période 2028-2034. Et nécessite donc de s’adapter à la nouvelle donne géopolitique, économique et environnementale.

Dans ce sens, les députés européens appellent à un budget plus ambitieux pour "répondre aux attentes croissantes des citoyens de l’Union, dans un contexte d’instabilité mondiale". Le rapport adopté aujourd'hui remet en question un certain nombre de propositions formulées par la Commission européenne en février dernier, promettant des négociations musclées sur le prochain budget.

Non aux "mégafonds" et au plan national unique

Le Parlement a rejeté l'idée d'un "plan national unique" pour chaque pays. Depuis quelques mois, la question d'une possible recentralisation des fonds européens agite les institutions. En France, ces fonds sont gérés en grande partie par les régions, autorités de gestion depuis 2014.

La feuille de route de la Commission pour le prochain budget envisageait de fusionner les fonds de la Politique agricole commune (PAC) et le Fonds de cohésion - soit plus des deux tiers des dépenses actuelles de l’Union - qui seraient mis en œuvre via des plans nationaux. Les députés appellent de leur côté à une structure associant les autorités régionales et locales.

Ils ont aussi manifesté leur opposition à la création de "mégafonds", comme l’explique le communiqué, qui fusionneraient plusieurs programmes existants. La Commission européenne a en effet proposé la création d’un nouveau fonds pour la compétitivité, regroupant des programmes sectoriels comme Horizon Europe ou bien le programme de l'UE pour la santé (EU4Health). Les députés appellent de leur côté à créer un nouveau fonds distinct, dédié à l'innovation.

Relever le niveau des dépenses

Les contributions des États membres, ou "revenu national brut" (RNB), constituent la principale manne financière de l'Union européenne. Ces montants alimentent, selon les années, entre deux tiers et trois quarts du budget européen.

"Alors que les États-Unis se retirent de leur rôle sur la scène mondiale, les dépenses devront permettre de faire face à la guerre d’agression menée par la Russie contre l’Ukraine, à un contexte économique et social très difficile, à un déficit de compétitivité et à l’aggravation de la crise du climat et de la biodiversité", expliquent les députés européens. Ainsi, "le plafond actuel de dépenses, correspondant à 1 % du revenu national brut de l’UE à 27 ne suffit pas à faire face au nombre croissant de crises et d’enjeux", estime le Parlement européen.

L'institution alerte enfin sur la nécessité d’accroître les investissements dans la défense sans compromettre les dépenses sociales et environnementales, et demande à être plus impliquée dans l'allocation et la traçabilité des fonds. 

La Commission européenne devrait présenter sa proposition formelle sur le budget d'ici la mi-juillet 2025, ont indiqué les services du Parlement, en vue d’une adoption en 2027.

L’article Le Parlement européen plaide pour un budget à long terme plus ambitieux est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 12:09

L'Union européenne dévoile son plan pour mettre fin aux importations d'énergie russe d'ici 2027

Juliette Verdes
img

"Pour la fin de 2027, nous serons complètement libérés du gaz russe", prévoit le commissaire européen à l'Énergie, Dan Jørgensen [L'Echo]. L'exécutif européen a dévoilé hier au Parlement européen, à Strasbourg, une nouvelle feuille de route pour "débarrasser définitivement [l'UE] de sa dépendance historique à l'égard du gaz russe, un mouvement déjà amorcé dans le […]

L’article L'Union européenne dévoile son plan pour mettre fin aux importations d'énergie russe d'ici 2027 est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (2093 mots)
"Le message de l'UE à la Russie est clair : plus aucun chantage envers nos États membres. Plus aucun euro dans votre coffre de guerre", a déclaré le commissaire européen à l'Énergie, Dan Jørgensen, au Parlement européen de Strasbourg, mardi 6 mai 2025 - Crédits : Valentine Zeler / Commission européenne

"Pour la fin de 2027, nous serons complètement libérés du gaz russe", prévoit le commissaire européen à l'Énergie, Dan Jørgensen [L'Echo]. L'exécutif européen a dévoilé hier au Parlement européen, à Strasbourg, une nouvelle feuille de route pour "débarrasser définitivement [l'UE] de sa dépendance historique à l'égard du gaz russe, un mouvement déjà amorcé dans le cadre du plan RePowerEU en 2022, au lendemain de l'invasion de l'Ukraine", rappellent Les Echos.

Ce plan de diversification des sources d'approvisionnement a en partie porté ses fruits. "Les importations en provenance de Russie ont chuté, mais elles [s'établissaient] encore à environ 19 % des achats totaux de gaz de l'UE l'année dernière - contre plus de 45 % avant la guerre", poursuit le quotidien économique. "Malgré les progrès significatifs accomplis […] l'UE a enregistré un rebond des importations de gaz russe en 2024", indique la Commission européenne dans un communiqué.

Or, en continuant d'acheter des produits énergétiques russes, l'UE "aura, par ces achats, fourni plus de devises à Moscou que d'aide à Kiev" depuis le début de la guerre en 2022, assène L'Echo. La France n'est pas en reste, explique Ouest-France : "selon le groupe de réflexion IEEFA, elle a augmenté de 81 % ses importations de GNL russe entre 2023 et 2024 et versé 2,68 milliards d’euros à la Russie".

Face à ce constat, la Commission "n'y va pas par quatre chemins : il faut, assume-t-elle, interdire les importations de gaz russe d'ici à fin 2027" [Les Echos].

Mettre fin aux contrats gaziers

Pour achever le divorce avec les fournisseurs russes, "la Commission a déclaré qu'elle publierait [en juin prochain] une législation visant à interdire les nouveaux contrats gaziers avec la Russie - une interdiction qui entrerait en vigueur à la fin de 2025 pour les achats sur le marché à court terme, et à la fin de 2027 pour les contrats à long terme" [Politico].

Les entreprises européennes pourraient toutefois "invoquer des clauses de 'force majeure' pour dénoncer [ces contrats] sans être sanctionnées, même si certains experts estiment cette solution fragile juridiquement" [Les Echos].

"S'agissant du nucléaire, l'opération apparaît plus délicate" car "en 2024, sept États membres de l'UE ont acheté pour plus de 700 millions d'euros d'uranium à la Russie" [L'Echo]. "Le plan de la Commission inclut également l'élimination progressive des importations de matières nucléaires russes, […] une source de revenus importante pour Moscou", complètent Les Echos, mais sans fixer de date butoir.

Clash inévitable

"Les États membres devraient préparer des plans nationaux, dès cette année, détaillant la manière dont ils vont contribuer à la sortie des combustibles russes", ajoute L'Echo. "Certains États ont banni le gaz russe, mais d'autres continuent d'en acheter par pipelines (Hongrie, Slovaquie, Grèce notamment)". Le quotidien belge rappelle aussi la dépendance des pays de l'UE au gaz liquéfié russe (GNL), "dont la Belgique, qui abrite à Zeebruges le premier terminal maritime d'importation de gaz d'Europe".

Avec cette nouvelle feuille de route, "les fonctionnaires européens s'exposent ainsi à un conflit avec des pays moins désireux de perdre leurs approvisionnements en importations russes, historiquement moins chères, comme la Hongrie et la Slovaquie", alerte Politico.

"Si l'UE propose ces mesures aujourd'hui, c'est parce qu'elle compte les faire passer à la majorité qualifiée lors du vote des États membres", précisent Les Echos, alors que de nouvelles sanctions à l'encontre de Moscou auraient nécessité un vote à l'unanimité au Conseil européen.

D'une dépendance à une autre ?

La réussite du plan "dépend également de la capacité de l'UE à s'approvisionner encore plus en GNL auprès de pays comme le Qatar, le Canada, […] mais aussi et surtout les États-Unis, ce que Donald Trump réclame depuis longtemps", poursuivent Les Echos.

Selon L'Opinion, "l'UE avait évoqué il y a plusieurs mois la possibilité d’augmenter encore ses importations de GNL américain. Mais les tensions commerciales avec […] Donald Trump ont brouillé les cartes".

"La Commission risque de remplacer une dépendance désastreuse par une autre - débrancher le gaz de Poutine et brancher celui de Trump", s'alarme l’organisation environnementale Greenpeace, qui plaide pour des économies d’énergie et le développement des renouvelables [Ouest-France].

Le plan réaffirme l'ambition de l'Union d’électrifier son économie et envisage "de développer une plateforme permettant aux entreprises d'acheter conjointement des fournitures telles que le biométhane" [Politico]. Avant une proposition législative en juin, les pays de l'UE examineront cette première mouture jeudi 8 mai, conclut le média.

Les autres sujets du jour

Brexit

Budget

Commerce

Commission européenne

Transport

L’article L'Union européenne dévoile son plan pour mettre fin aux importations d'énergie russe d'ici 2027 est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 11:58

Conclave : tout ce qu'il faut savoir sur l'élection du nouveau pape

Florian Chaaban
img

Le grand jour est arrivé. À partir de ce mercredi 7 mai, isolés du monde extérieur, les cardinaux électeurs du Vatican se réunissent dans la chapelle Sixtine pour désigner le successeur du pape François, décédé lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans. Le conclave, qui désigne le processus d’élection du nouveau souverain pontife […]

L’article Conclave : tout ce qu'il faut savoir sur l'élection du nouveau pape est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (1487 mots)
C'est dans la chapelle Sixtine du Vatican que les cardinaux électeurs se réunissent pour élire le nouveau pape - Crédits : JordiRamisa / iStock
C'est dans la chapelle Sixtine du Vatican que les cardinaux électeurs se réunissent pour élire le nouveau pape - Crédits : JordiRamisa / iStock

Le grand jour est arrivé. À partir de ce mercredi 7 mai, isolés du monde extérieur, les cardinaux électeurs du Vatican se réunissent dans la chapelle Sixtine pour désigner le successeur du pape François, décédé lundi 21 avril 2025 à l’âge de 88 ans. Le conclave, qui désigne le processus d’élection du nouveau souverain pontife et qui se poursuivra jusqu’à ce qu’un pape soit élu, s'ouvre avec de nombreux enjeux.

Qui y participe ? Quelles sont les règles appliquées ? Combien de scrutins sont prévus ? Voici ce qu’il faut savoir sur ce moment décisif de la vie de l’Église.

Qu’est-ce que le conclave et quand a-t-il lieu ?

Le conclave est la réunion des cardinaux visant à élire le nouveau pape. Il débute entre 15 et 20 jours après le début de la période de sede vacante, c’est-à-dire la vacance du siège apostolique. En 2025, après la mort du pape François le 21 avril, le conclave s’est ouvert ce 7 mai à 10 heures, après une messe solennelle à la basilique Saint-Pierre. Les cardinaux ont ensuite rejoint la chapelle Sixtine, fermée au public, où ils doivent prêter serment avant le début des votes.

Qui participe à l’élection du pape ?

Seuls les cardinaux de moins de 80 ans peuvent participer. En 2025, ils sont au nombre de 133, un record (il y en avait seulement 115 lors du scrutin de 2013). La majorité va découvrir le fonctionnement très ritualisé du conclave, puisque deux tiers d'entre eux ont été nommés par François au cours de son pontificat, entre 2013 et 2025. 

Ces électeurs viennent de tous les continents. L’Europe est le continent le mieux représenté avec 51 cardinaux, dont 17 Italiens et 5 Français. Si tout cardinal peut être élu pape, même ceux hors du Collège, en pratique, seuls les membres présents sont choisis. Les cardinaux jurent de respecter la Constitution apostolique et de ne pas se laisser influencer par des pressions extérieures ou des intérêts personnels.

Quelles règles strictes encadrent le scrutin ?

Le mot conclave signifie littéralement "avec clé" : les cardinaux sont coupés du monde extérieur pendant toute la durée du processus. Aucun téléphone, ordinateur ou journal n’est autorisé. Ils logent à la résidence Sainte-Marthe, mais ne peuvent interagir qu’entre eux. Le secret absolu est exigé, sous peine d’excommunication. Cette rigueur vise à garantir une élection libre, sans ingérence.

La première journée commence par une messe, suivie d’une procession vers la chapelle Sixtine. Là, les cardinaux prêtent serment en latin, puis l’ordre "Extra omnes" ("tous dehors") est donné pour évacuer les non-électeurs. Ensuite, le vote commence. Dès le deuxième jour, deux scrutins sont organisés le matin et deux l’après-midi. Les résultats sont communiqués au monde entier par la couleur de la fumée s’échappant de la cheminée : noire si aucun pape n’est élu, blanche si un nouveau souverain pontife a été choisi.

Quels sont les enjeux et les favoris ?

Le choix d’un pape dépasse la simple figure religieuse : il incarne une orientation spirituelle, diplomatique et politique de l’Église universelle. Des noms de favoris, appelés papabili, circulent à chaque élection. En 2025, Pietro Parolin, Matteo Maria Zuppi ou encore Jean-Marc Aveline (France) sont régulièrement mentionnés. Mais les pronostics sont souvent trompeurs, tant les dynamiques internes peuvent déjouer les attentes.

Cinq cardinaux français vont participer à la désignation du nouveau pape, soit un de plus qu’en 2013. Il s'agit de Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et président de la Conférence des évêques de France, Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon, François Bustillo, évêque d’Ajaccio, Dominique Mamberti, responsable du Tribunal suprême du Vatican et chargé de proclamer le Habemus papam, ainsi que Christophe Pierre, ambassadeur du Saint-Siège aux États-Unis.

Combien de temps le conclave peut-il durer et comment le résultat est annoncé ?

Aucune durée n’est fixée, mais les conclaves "modernes" sont généralement rapides. La moyenne des dix derniers est de 3,2 jours. En 2013, l’élection du pape François n’a demandé que deux jours et cinq scrutins. Toutefois, des blocages peuvent survenir : après plusieurs séries de votes infructueux, seuls les deux candidats ayant obtenu le plus de voix restent en lice. Historiquement, le plus long conclave a duré près de trois ans (1268–1271) - un scénario désormais impossible avec les règles actuelles.

Une fois l’élection validée, la cloche de la basilique Saint-Pierre retentit, sous le regard solennel de l’assemblée cardinalice. L’élu est alors invité à donner son accord : "Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ?", lui est-il demandé. Si la réponse est oui, il choisit alors le nom sous lequel il régnera. La fumée blanche s’élève de la chapelle Sixtine, filmée par les caméras du monde entier. La sede vacante prend fin, et le cardinal le plus ancien – en l’occurrence Dominique Mamberti – proclame la célèbre formule "Habemus papam" ("Nous avons un pape") depuis le balcon central de la basilique. Le nouveau pape y apparaît à son tour pour sa première bénédiction apostolique.

L’article Conclave : tout ce qu'il faut savoir sur l'élection du nouveau pape est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

07.05.2025 à 10:33

Friedrich Merz élu chancelier : les dirigeants européens saluent un "connaisseur" de l'UE et espèrent une Allemagne "encore plus forte"

Florian Chaaban
img

Tout vient à point à qui sait attendre. Le président de la CDU Friedrich Merz a finalement été élu chancelier d’Allemagne mardi 6 mai, à l'issue d’un second tour de vote inédit au Bundestag - une situation inédite dans le pays. Le Rhénan de 69 ans a rapidement reçu un concert de félicitations de la […]

L’article Friedrich Merz élu chancelier : les dirigeants européens saluent un "connaisseur" de l'UE et espèrent une Allemagne "encore plus forte" est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (1697 mots)
Mardi 6 mai, Friedrich Merz a été élu chancelier de l’Allemagne. Les dirigeants européens n’ont pas tardé à le féliciter pour ce nouveau mandat - Crédits : Parti populaire européen / Flickr
Mardi 6 mai, Friedrich Merz a été élu chancelier de l’Allemagne. Les dirigeants européens n’ont pas tardé à le féliciter pour ce nouveau mandat - Crédits : Parti populaire européen / Flickr

Tout vient à point à qui sait attendre. Le président de la CDU Friedrich Merz a finalement été élu chancelier d’Allemagne mardi 6 mai, à l'issue d’un second tour de vote inédit au Bundestag - une situation inédite dans le pays. Le Rhénan de 69 ans a rapidement reçu un concert de félicitations de la part des grandes capitales européennes.

Si son arrivée au pouvoir marque un tournant pour la politique allemande, elle est aussi perçue comme une opportunité pour renforcer la cohésion et la compétitivité du continent. Plusieurs dirigeants ont exprimé leur volonté de travailler étroitement avec lui, entre espoir et ambition.

Bâtir "une Europe forte et plus compétitive"

Depuis Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a salué l’élection d’un "connaisseur de l’Europe" et fait part de son enthousiasme à l’idée de collaborer avec l'ancien eurodéputé pour bâtir "une Europe forte et plus compétitive". Le président du Conseil européen, António Costa, a également affiché sa volonté d’œuvrer à un "agenda européen commun ambitieux", insistant sur la nécessité d’un leadership partagé au sein de l’UE.

À l’est, le président ukrainien Volodymyr Zelensky voit dans cette élection une opportunité de renforcer l’influence allemande sur la scène internationale. Dans un contexte de guerre prolongée avec la Russie, il a exprimé l’espoir de voir "davantage le leadership allemand" s’affirmer, tant en Europe que dans les relations transatlantiques. L’Ukraine, plus que jamais, compte sur une Allemagne proactive face aux défis géopolitiques. "L'Ukraine est profondément reconnaissante du soutien de l'Allemagne et de son peuple. Votre aide a sauvé des milliers de vies ukrainiennes", a notamment souligné le chef d’État.

Du côté de Paris, Emmanuel Macron a immédiatement tendu la main à son nouvel homologue en l’invitant dans la capitale dès le lendemain de son investiture. Le président français a appelé à "rendre le moteur franco-allemand plus fort que jamais" et a insisté sur l’importance de relancer l’agenda européen en matière de souveraineté, de sécurité et de compétitivité.

Enfin, en Italie, la Première ministre Giorgia Meloni a mis l’accent sur les enjeux économiques. Selon elle, la coopération entre l’Allemagne et l’Italie, les deux premières puissances industrielles de l’UE, est "fondamentale" pour dynamiser la compétitivité européenne, notamment dans le secteur clé de l’automobile. "L'Allemagne et l'Italie, les deux économies manufacturières les plus importantes d'Europe, peuvent faire la différence pour relancer la compétitivité, en particulier dans la filière automobile", a déclaré la dirigeante transalpine.

De ces différentes réactions se dégage une attente forte : que Friedrich Merz imprime une nouvelle dynamique, capable de répondre aux multiples défis européens. Entre ambitions industrielles, coopération politique et leadership stratégique, l’Allemagne et son nouveau chancelier sont déjà attendus au tournant.

L’article Friedrich Merz élu chancelier : les dirigeants européens saluent un "connaisseur" de l'UE et espèrent une Allemagne "encore plus forte" est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

06.05.2025 à 16:50

Comment les Européens commémorent-ils le 8 mai ?

Juliette Verdes
img

Que commémore-t-on le 8 mai ? Le 8 mai 1945 est la date à laquelle les forces alliées obtiennent la reddition de l'Allemagne nazie, marquant la fin des combats en Europe (mais pas la fin de la Seconde Guerre mondiale qui se poursuit en Asie). Le Troisième Reich a terminé de s'effondrer quelques jours plus […]

L’article Comment les Européens commémorent-ils le 8 mai ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (1762 mots)
Foule célébrant la libération du Danemark le 5 mai 1945, à Copenhague, avant la capitulation allemande - Crédits : Flickr National Museum of Denmark

Que commémore-t-on le 8 mai ?

Le 8 mai 1945 est la date à laquelle les forces alliées obtiennent la reddition de l'Allemagne nazie, marquant la fin des combats en Europe (mais pas la fin de la Seconde Guerre mondiale qui se poursuit en Asie). Le Troisième Reich a terminé de s'effondrer quelques jours plus tôt, le 2 mai 1945, après la victoire soviétique sur les troupes allemandes à Berlin. Les représentants du haut commandement allemand signent un acte de capitulation le 8 mai à 23h01, en présence des représentants de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France.

En France, le 8 mai devient un jour férié en 1953, mais il est supprimé en 1959. Une journée de commémoration est rétablie en 1968, mais elle est abandonnée en 1975 au profit du 9 mai, en souvenir du discours de Robert Schuman sur la construction européenne. Le 8 mai est finalement rétabli comme jour férié en 1981, aux côtés de la Journée de l'Europe le 9 mai.

À noter que le "Victory in Europe Day" est commémoré le 8 mai dans de nombreux pays, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, mais il n'est pas férié.

Comment la Libération est-elle commémorée dans le reste de l'Europe ?

Une date débattue en Allemagne

En 1985, le président de la République fédérale d'Allemagne Richard von Weizsäcker qualifiait le 8 mai de "jour de libération", transformant par ces mots une date jusque-là honteuse. Mais du fait de sa responsabilité dans la Seconde Guerre mondiale et parce qu'elle a été scindée en deux durant 40 ans, l'Allemagne ne célèbre pas officiellement la capitulation du régime nazi le 8 mai 1945. S'il n'est pas question d'en faire un jour férié, l'idée d'une commémoration est néanmoins débattue depuis de nombreuses années.

Une "Fête de la joie" controversée en Autriche

À Vienne, le jour de la Libération et la mémoire des victimes sont commémorés à travers la "Fête de la joie" (Fest der Freude) organisée par le comité mémoriel Mauthausen. Depuis 2013, l'Orchestre philharmonique de Vienne organise un concert sur la Heldenplatz à cette occasion. La parole est également donnée à des personnalités ayant subi l'occupation nazie, qui viennent apporter leur témoignage. Ces festivités ont pu susciter la controverse, notamment en 2000 lors d'un concert organisé dans l'ancien camp de concentration de Mauthausen.

En Belgique, le 8 mai n'est plus un jour férié depuis 1983

Le 8 mai n'était pas célébré dans les mêmes proportions en Belgique, les Allemands ayant quitté le pays dès la fin de l'année 1944. Dans les mois suivants, la question du retour des prisonniers et du retour du roi a divisé la société belge.

Par ailleurs, dans une logique de réconciliation européenne, le 8 mai n'est plus un jour férié en Belgique depuis 1983. Néanmoins, en 2022, le Parlement de la région de Bruxelles-capitale a adopté une résolution dans laquelle il demande à ce que le 8 mai devienne férié et payé, "et que lors d'un tel jour férié les valeurs démocratiques sur lesquelles sont bâtis le pays et la Région bruxelloise soient mises en valeur", explique la RTBF. La question y est toujours débattue, les partis politiques de gauche considérant par exemple que cette date permettrait d'alerter sur la montée de l'extrême droite.

Une "Fête de la Libération" le 25 avril en Italie

En Italie, la Festa Della Liberazione est célébrée chaque 25 avril, en souvenir d'un offensive de la Résistance mettant fin à l’occupation nazie dans plusieurs villes du nord (Milan, Turin et Gênes) en 1945.

Une commémoration le 5 mai aux Pays-Bas et au Danemark

Aux Pays-Bas, le jour de la Libération est fêté le 5 mai, qui correspond à la date des pourparlers de la capitulation allemande. Cette date n'est pas nécessairement chômée. Le jour de la Libération du joug nazi est également commémoré le 5 mai au Danemark, sans pour autant que cette date ne soit fériée.

En Pologne, le 8 mai est célébré depuis 2015

Héritage de son passé soviétique, la Pologne célébrait auparavant le jour de la victoire le 9 mai. C'est en effet la date officielle en Russie, due au décalage horaire lors de la capitulation allemande qui s'est produite simultanément le 8 mai 1945 à 23h01 (heure locale) et le 9 mai à 1h01 (heure de Moscou). À l'occasion du 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le décret soviétique datant de l'après-guerre est abrogé par le Parlement polonais le 24 avril 2015 et remplacé par une nouvelle loi instaurant la date du 8 mai.

La Slovénie commémore la fin de la Seconde Guerre mondiale le 9 mai

La Slovénie est l'un des rares pays, tout comme la Russie et la Biélorussie, à célébrer encore aujourd'hui le "jour de la Victoire" le 9 mai. Le Premier ministre Robert Golob rappelait dans un discours dans l'hémicycle du Parlement européen, en 2023, que "la Journée de l'Europe est également le jour de la victoire sur le nazisme et le fascisme".

L’article Comment les Européens commémorent-ils le 8 mai ? est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

06.05.2025 à 16:33

Allemagne : Friedrich Merz, de l'ombre d'Angela Merkel à la chancellerie

Florian Chaaban
img

L'intarissable quête du pouvoir. Chef de file de "l'Union" composée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et de l'Union chrétienne-sociale (CSU) lors des élections fédérales du 23 février 2025 - où il s'est imposé avec 28,52 % des voix - Friedrich Merz a concrétisé le rêve après lequel il court depuis plus de vingt ans : devenir […]

L’article Allemagne : Friedrich Merz, de l'ombre d'Angela Merkel à la chancellerie est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

Texte intégral (3293 mots)
Né en 1955 près de Dortmund, Friedrich Merz, chrétien-démocrate conservateur qui portera les couleurs de la CDU-CSU aux élections allemandes du 23 février 2025, est le grand favori pour devenir le nouveau chancelier du pays - Crédits : Parti populaire européen / Flickr
Né en 1955 près de Dortmund, Friedrich Merz, chrétien-démocrate conservateur incarne aujourd'hui une CDU délibérément tournée à droite - Crédits : Parti populaire européen / Flickr

L'intarissable quête du pouvoir. Chef de file de "l'Union" composée de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) et de l'Union chrétienne-sociale (CSU) lors des élections fédérales du 23 février 2025 - où il s'est imposé avec 28,52 % des voix - Friedrich Merz a concrétisé le rêve après lequel il court depuis plus de vingt ans : devenir chancelier d'Allemagne.

Le 6 mai, le leader conservateur a officiellement été élu par les députés du Bundestag, au terme d'une journée mouvementée. Après avoir essuyé un premier revers le matin, il a finalement été approuvé par les membres du Bundestag dans l'après-midi (325 voix pour, 289 contre). Un moment clé, survenu au lendemain de la signature du contrat de coalition élaboré avec le Parti social-démocrate (SPD, centre gauche) de l’ex-chancelier Olaf Scholz.

Qualifié de fougueux, le dirigeant de 69 ans incarne un virage à droite pour la CDU, bien loin de l'ère "centriste" d’Angela Merkel. Connu pour son abnégation, son parcours a été jalonné d’obstacles, de rivalités et de retours politiques étonnants. Portrait du nouveau chancelier allemand.

Merz et Merkel, rivaux éternels

Né en 1955 à Brilon dans la région vallonnée du Sauerland, Friedrich Merz grandit dans une famille influente. Fils d’un juge respecté et petit-fils d’un ancien maire, il baigne dès son plus jeune âge dans un environnement où politique et rigueur se côtoient.

Juriste de formation, il fait ses armes en politique dès les années 1980. En 1989, ce géant d'1,98 m est élu au Parlement européen sous l'étiquette du Parti populaire européen, à seulement 34 ans. Durant les cinq ans de sa mandature, Merz siège au sein de la commission économique, monétaire et de la politique industrielle. La page européenne tournée, il intègre en 1994 le Bundestag sous l'influence d'Helmut Kohl, réélu chancelier trois ans plus tôt.

Friedrich Merz sur les bancs du Parlement européen en 1992 – Crédits : Parlement européen
Friedrich Merz sur les bancs du Parlement européen en 1992 – Crédits : Parlement européen

Rapidement, Friedrich Merz se fait remarquer pour son expertise économique et son positionnement ultra-libéral, promettant notamment une simplification radicale des déclarations fiscales. Réélu comme député en 1998 sous la 14e législature du Bundestag, son ascension est stoppée net en 2002 par Angela Merkel. A cette époque, la CDU est en pleine zone de turbulences.

Confronté au vaste scandale des "caisses noires" relatif à l'existence de comptes occultes, le parti traverse une période sombre. La future chancelière s’impose comme la figure de la reconstruction, éclipsant Merz, qui se voyait pourtant en leader naturel du parti. La rivalité entre les deux sera l’un des fils rouges de sa carrière : Angela Merkel finit par l'évincer de la tête du groupe parlementaire CDU/CSU, l’obligeant à un repli progressif de la scène politique.

Homme d'affaires aguerri

Pourtant réélu pour un troisième mandat en 2005, ce père de famille, marié depuis 1981, quitte la politique en 2009, déçu et amer. Alors âgé de 54 ans, l’ancien député se lance dans les affaires. Une décision couronnée de succès.

Il devient membre du conseil de surveillance de la filiale allemande de la banque HSBC, président du conseil de surveillance du fabricant de papier Wepa, du fabricant suisse de matériel ferroviaire Stadler, de l'aéroport de Cologne-Bonn, ainsi que de la filiale allemande de BlackRock, plus grand fonds d’investissement au monde.

Son passage à la tête de ce dernier lui permet d’amasser une fortune considérable. Devenu millionnaire, propriétaire de deux jets privés dont l’un qu’il pilote lui-même, ce féru d'aviation nourrit alors une certaine frustration. L’appel du pouvoir reste le plus fort.

En 2018, Friedrich Merz tente un retour en fanfare pour prendre la tête de la CDU après l’annonce d'Angela Merkel de quitter ses fonctions de présidente fédérale du groupe. En vain. Le disciple idéologique de Wolfgang Schaüble (à qui il avait succédé à la présidence du groupe CDU/CSU au Bundestag en 1991) échoue d'abord face à Annegret Kramp-Karrenbauer avant de s'incliner de nouveau face à Armin Laschet, en 2021. Le changement de profil qu’il veut insuffler au parti est dur à accepter pour une partie de son camp. Ce n’est qu’au bout de trois tentatives, en 2022, qu’il arrache la direction de la CDU aux héritiers d'Angela Merkel, retirée de la vie politique en novembre 2021.

Droit dans ses bottes, et ses idées

Depuis son accession à la présidence de la CDU, Friedrich Merz s’est attaché à redéfinir les orientations d'un parti marqué par le règne de l'ex-chancelière, à ce poste pendant seize ans.

Décrit comme impulsif et exigeant par les médias allemands, connu pour sa rhétorique tranchante, il incarne aujourd'hui une CDU délibérément tournée à droite, ultra-libérale sur le plan économique, et résolument conservatrice sur les questions de société. Pour relancer le "business model" allemand et trouver un partenaire de coalition, Friedrich Merz a maintes fois affirmé son intention de réformer le "frein à la dette", la règle constitutionnelle qui plafonne les possibilités d'emprunts. Une volonté concrétisée le 18 mars 2025, avec la validation par le Bundestag de son plan massif d'investissements de 500 milliards d'euros, conjugué à la levée du frein à l'endettement. Celle-ci nécessitait une modification de la Constitution allemande, et donc une majorité des deux tiers de l'hémicycle. Cet objectif a été atteint avec le soutien in extremis des Verts.

Durant sa campagne, le candidat Merz a par ailleurs multiplié les interventions sur la question migratoire, ligne de fracture assez marquée avec Angela Merkel. Il reproche notamment aux demandeurs d’asile et migrants d’être responsables d'agressions terroristes comme les attaques perpétrées à Magdebourg, en décembre 2024, et dans la ville bavaroise d’Aschaffenbourg, le 22 janvier 2025. Ses positions de droite dure sur le sujet séduisent certains partisans du parti d'extrême droite AfD d'Alice Weidel, au risque de diviser son propre groupe.

Le 29 janvier 2025, Friedrich Merz et les conservateurs allemands de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) ont brisé un tabou en s’alliant avec le parti dirigé par Alice Weidel pour faire adopter de justesse à la chambre des députés un texte visant à durcir la politique migratoire du pays. Bien que non contraignante, la motion a provoqué un tollé en Allemagne, jusqu'à faire sortir Angela Merkel de sa traditionnelle réserve. Car la portée historique de ce texte est bien réelle. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les partis traditionnels du centre avaient toujours veillé à maintenir l’extrême droite à l’écart de la vie parlementaire, refusant toute forme de collaboration, d’alliance ou même de vote commun pour faire barrage à leurs idées.

Merz et l'UE, un discours d'équilibriste

La dérèglementation est un thème central de la politique envisagée par Friedrich Merz au niveau de l’UE. Selon lui, les Vingt-Sept doivent se concentrer sur des questions plus importantes.

Celui qui se réclame défenseur de l’amitié franco-allemande – locomotives du continent - a déjà critiqué ouvertement la politique européenne d’Olaf Scholz, et dénoncé des relations détériorées entre Paris et Berlin. Son approche plus libérale pourrait compliquer certains dossiers clés, notamment sur la régulation des marchés et la transition énergétique.

Son discours est en revanche plus nuancé sur le sujet brûlant de la guerre en Ukraine. Après avoir longtemps fait pression pour que Berlin fournisse des missiles Taurus à Kiev, sa position a évolué. Ces dernières semaines, la CDU/CSU a convergé vers la politique de compromis adoptée par Olaf Scholz, en réponse à la lassitude des électeurs face à un conflit qui s’éternise.

Sur le plan géopolitique, l’Allemagne doit plus largement renforcer ses capacités de défense. Avec Donald Trump de retour à la Maison-Blanche et une Russie toujours plus agressive, Berlin ne peut plus compter uniquement sur le parapluie américain. Le fonds de 100 milliards d’euros pour la modernisation de l’armée allemande sera épuisé en 2027 et le futur chancelier devra trouver au moins 25 milliards supplémentaires pour maintenir l’effort de défense au niveau des 2 % du PIB requis par l’Otan.

Atlantiste convaincu - il a présidé pendant 10 ans l'association Atlantik-Brücke qui promeut les relations entre Berlin et Washington - Friedrich Merz estime désormais que les Européens doivent devenir "véritablement indépendants des États-Unis". Dans le cadre de son "bazooka budgétaire" voté en mars dernier, l'Allemagne, qui a augmenté son budget dans le secteur de la défense de 28 % en 2024, prévoit de dépenser entre 200 et 400 milliards d'euros d'ici 2035, dont 80 milliards en 2025. Ce plan doit aussi permettre le déblocage d’un soutien militaire en suspens de 3 milliards d’euros pour l’Ukraine.

Après des décennies d’attente, Friedrich Merz prend enfin les rênes de l’Allemagne. Le dixième chancelier allemand de l’après-guerre incarne un virage conservateur qui séduit une partie de l’électorat, mais qui reste clivant. Son défi sera d’unir la CDU, de convaincre au-delà de son camp et de démontrer qu’il est capable de gouverner un pays en pleine mutation.

S’il réussit à la tête du gouvernement, il entrera dans l’histoire comme l’homme qui aura refermé la période Merkel (2005-2021). S’il échoue, Friedrich Merz restera comme l’éternel rival de l'emblématique chancelière.

L’article Allemagne : Friedrich Merz, de l'ombre d'Angela Merkel à la chancellerie est apparu en premier sur Touteleurope.eu.

10 / 12

 

  GÉNÉRALISTES
Basta
Blast
L'Autre Quotidien
Alternatives Eco.
La Croix
Le Figaro
France 24
France-Culture
FTVI
HuffPost
L'Humanité
LCP / Public Senat
Le Media
Le Monde
Libération
Mediapart
La Tribune
 
  EUROPE / RUSSIE
Courrier Europe Centrale
Desk-Russie
Euractiv
Euronews
Toute l'Europe
 
  Afrique du Nord / Proche & Moyen-Orient
Haaretz
Info Asie
Inkyfada
Jeune Afrique
Kurdistan au féminin
L'Orient - Le Jour
Orient XXI
Rojava I.C
 
  INTERNATIONAL
CADTM
Courrier International
Equaltimes
Global Voices
I.R.I.S
The New-York Times
 
  OSINT / INVESTIGATION
OFF Investigation
OpenFacto°
Bellingcat
Disclose
Global.Inv.Journalism
 
  MÉDIAS D'OPINION
AOC
Au Poste
Cause Commune
CrimethInc.
L'Insoumission
Les Jours
LVSL
Médias Libres
Quartier Général
Rapports de force
Reflets
Reseau Bastille
Rézo
StreetPress
 
  OBSERVATOIRES
Armements
Acrimed
Catastrophes naturelles
Conspis
Culture
Extrême-droite
Human Rights
Inégalités
Information
Internet actu ✝
Justice fiscale
Liberté de création
Multinationales
Situationnisme
Sondages
Street-Médics
Routes de la Soie
Vrai ou Fake ?
🌞