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10.12.2023 à 06:00

Investiture de Javier Milei : Zelensky et Bolsonaro à Buenos Aires

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Plusieurs responsables politiques ont répondu présent à l’invitation du futur président à sa cérémonie d’investiture. La composition de l’équipe gouvernementale de Javier Milei s’est précisée ces derniers jours.  Javier Milei s’est déjà rendu à Washington le 28 novembre pour rencontrer des responsables américains.  Un échange écrit a par ailleurs eu lieu avec Elon Musk sur le réseau social X détenu par ce dernier.  Pour l’ancien président équatorien Rafael Correa, actuellement réfugié politique en Belgique, «  Milei est la pire chose qui puisse arriver à l’Argentine, mais la meilleure chose qui puisse arriver à la gauche latino-américaine, car il sera un véritable […]

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Texte intégral (795 mots)

Plusieurs responsables politiques ont répondu présent à l’invitation du futur président à sa cérémonie d’investiture.

  • Le jeune président équatorien Daniel Noboa s’y rendra pour son premier voyage officiel depuis sa prise de fonction le 23 novembre 2023. Le président chilien Gabriel Boric a également confirmé sa venue. 
  • L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro a été invité et a annoncé qu’il se rendrait à l’investiture. Lula a pour sa part annoncé qu’il ne s’y rendrait pas, et sera représenté par son ministre des relations extérieures Mauro Vieira. 
  • Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a également confirmé sa présence. 
  • Volodymyr Zelensky se rendra aussi à Buenos Aires. Javier Milei affiche un positionnement clair de soutien à l’Ukraine et avait même proposé quelques jours après son élection d’organiser un sommet pour la paix en Argentine. 

La composition de l’équipe gouvernementale de Javier Milei s’est précisée ces derniers jours. 

  • Patricia Bullrich, la candidate de la droite traditionnelle défaite au premier tour qui avait appelé à voter pour Milei au second, sera ministre de la Sécurité. Elle a occupé ce poste sous la présidence de Mauricio Macri. Au poste clef de ministre de l’Économie, Milei a désigné Luis Caputo, également proche de Macri. 
  • Sa ministre des relations extérieures, Diana Mondino, est issue de son parti La Libertad Avanza.
  • Pour le poste de procureur du Trésor, Javier Milei a choisi Rodolfo Barra, une nomination très controversée du fait du passé militant de Barra au sein d’un mouvement nazi. 
  • Milei a par ailleurs annoncé la création d’un « Ministère du Capital Humain » englobant la santé, l’éducation, le travail et le développement social, qui sera dirigé par Sandra Pettovello, de La Libertad Avanza. 

Javier Milei s’est déjà rendu à Washington le 28 novembre pour rencontrer des responsables américains. 

  • Milei a rencontré le conseiller à la sécurité nationale de Biden, Jake Sullivan. Dans le contexte de la rivalité des États-Unis avec la Chine, Milei a jusqu’à maintenant affiché son opposition à Pékin et semble en passe de revenir sur la politique de relatif rapprochement avec la Chine menée sous la présidence d’Alberto Fernández. 
  • La future ministre des relations extérieures de Milei a déjà annoncé que l’Argentine ne rejoindrait finalement pas les BRICS, revenant sur la décision de l’administration Fernández.
  • Le futur ministre de l’économie Luis Caputo a rencontré des responsables du FMI et du Trésor américain. Des négociations seraient lancées avec l’institution pour un nouvel accord sur la dette de 43,4 milliards de dollars de l’Argentine au FMI.

Un échange écrit a par ailleurs eu lieu avec Elon Musk sur le réseau social X détenu par ce dernier. 

  • Musk a affiché une proximité idéologique avec Milei, en partageant une interview dans laquelle ce dernier énonce des arguments et références classiques associés à l’idéologie libertarienne pour illustrer son opposition au principe de redistribution des richesses — un post ayant récolté plus de 60 millions de visualisations à ce jour. Milei a répondu :  « Il faut qu’on parle, Elon ».
  • Au lendemain de l’élection présidentielle, le 20 novembre, Musk avait déjà affiché son soutien idéologique à Milei, en déclarant, toujours sur X, qu’avec l’élection de Milei l’Argentine était « en route vers la prospérité ».

Pour l’ancien président équatorien Rafael Correa, actuellement réfugié politique en Belgique, « Milei est la pire chose qui puisse arriver à l’Argentine, mais la meilleure chose qui puisse arriver à la gauche latino-américaine, car il sera un véritable désastre ». 

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09.12.2023 à 10:30

Vers un développement massif de l’énergie nucléaire en 2024 ?

elenam

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Lors de la COP 28 à Dubaï, plus de vingt pays ont appelé à tripler les capacités de production d’énergie nucléaire d’ici 2050. Dans le cadre de la transition énergétique, de nouveaux projets de développement émergent en Europe et dans le monde. Un état des lieux.

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Texte intégral (1477 mots)

À Dubaï, à l’occasion de la COP 28, une vingtaine de pays, dont la France, les États-Unis, la Hongrie et les Émirats arabes unis, ont appelé à tripler les capacités de production d’énergie nucléaire d’ici 2050 par rapport au niveau de 2020. 

  • La déclaration insiste sur « le rôle clef de l’énergie nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone d’ici le milieu du siècle »1.
  • Les signataires défendent notamment l’inclusion des projets de développement du nucléaire dans la politique de prêt des institutions financières internationales et régionales. 
  • Ni la Russie, ni la Chine, parmi les plus gros producteurs mondiaux d’électricité à partir d’énergie nucléaire, ne se sont jointes à la déclaration.

La Chine est le pays qui construit actuellement le plus de nouveaux réacteurs nucléaires sur son territoire.

  • 22 réacteurs sont en cours de construction en Chine. L’Inde arrive en deuxième position à l’échelle mondiale, avec 8 réacteurs actuellement en construction. 
  • À l’étranger, la Chine a également conclu en juin un contrat de 4,8 milliards de dollars avec le Pakistan pour la construction d’une centrale2 et serait sur le point de conclure des négociations avec la Turquie3
  • L’entreprise russe Rosatom revendique de son côté 33 projets en cours à l’étranger, à différents stades de mise en œuvre, en plus de 3 projets domestiques.

En 2024, l’attention des acteurs du nucléaire sera particulièrement portée sur le Kazakhstan — par ailleurs premier producteur mondial d’uranium — qui pourrait se doter de sa première centrale, suscitant l’intérêt de ses partenaires potentiels dont la France et la Russie. 

  • Le président français s’est rendu à Astana en visite officielle en novembre, accompagné notamment de représentants des entreprises Orano et EDF.
  • Le président Tokayev a annoncé en septembre la tenue prochaine d’un référendum sur la construction de sa première centrale nucléaire. 
  • La question du nucléaire est sensible au Kazakhstan, une grande partie de son territoire ayant été utilisée pour des essais nucléaires (plus de 450) à l’époque soviétique — le site de Semipalatinsk —, exposant la population aux radiations. 

En Europe, l’Italie a récemment affiché un regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire. 

  • Elle a obtenu le statut de membre observateur au sein de l’Alliance du nucléaire, qui rassemble une dizaine de pays de l’Union.
  • Le gouvernement Meloni a lancé en septembre la « Plateforme nationale pour une énergie nucléaire durable », visant à préparer un potentiel retour de l’énergie nucléaire en Italie4

En termes d’innovation, une accélération des investissements dans les Petits réacteurs modulaires (SMR), capable d’atteindre une puissance jusqu’à 300MWe (environ trois fois moins que des réacteurs traditionnels), est à prévoir. 

  • La Pologne — dont le mix électrique repose encore largement sur le charbon (à hauteur de 69 % en 20225) — a approuvé cette année la construction de 24 SMR d’ici 20306.
  • Le principal atout des SMR comparé aux réacteurs traditionnels est la possibilité de produire leurs composants en série, avant de les transporter et de les assembler sur les sites sélectionnés, permettant une réduction des coûts et du temps d’installation.
  • La Commission européenne a annoncé en novembre le lancement d’une alliance industrielle sur les SMR. 
  • La France prévoit par ailleurs d’investir 1 milliards d’euros d’investissements dans la recherche et développement des SMR dans le cadre de son plan France 2030. 
  • À noter qu’un éventuel déploiement à grande échelle de SMR posera d’autres questions essentielles, telles que l’acceptabilité sociale de la technologie et la gestion des combustibles usés. 

L’état des centrales nucléaires en Ukraine dans le contexte de la guerre demeurera également une question cruciale en 2024. Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique Rafael Grossi a renouvelé le 7 décembre ses alertes sur la vulnérabilité de la centrale nucléaire de Zaporijia, du fait de la fragilité de l’approvisionnement du site en électricité7. Le 7 décembre, Kiev a demandé à sa population de réduire sa consommation d’électricité du fait d’une pénurie d’électricité faisant suite à une frappe sur une centrale thermique proche de la ligne de front et dans le contexte de l’arrivée des températures hivernales8.

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09.12.2023 à 07:00

Le futur de la deuxième Guerre froide

baptiste.rogerlacan@legrandcontinent.eu

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La deuxième Guerre froide ne ressemblera pas à la première. Les rivalités de puissance se multiplient, à toutes les échelles et les mécanismes de désescalade sont grippés. Surtout, elle est infinie par nature : ni la Chine, ni les États-Unis ne peuvent l'emporter. S'ils l'admettent, nous ne basculerons pas dans l'abîme. Une étude clef de Mariano Aguirre pour comprendre comment la guerre s'étend.

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Texte intégral (5415 mots)

Il y a une grande différence entre la bipolarité de la Guerre froide et la confrontation à double sens avec la Chine et la Russie dans laquelle les États-Unis et leurs alliés sont actuellement engagés. Les formes de cette confrontation sont cependant similaires : espionnage, représailles diplomatiques, propagande, arrestations de journalistes et d’hommes d’affaires, concurrence pour les ressources dans les pays tiers, censure des dissidents, critiques de Washington, Pékin et Moscou pour délégitimer les systèmes politiques et les choix diplomatiques de leurs adversaires. 

La première différence cruciale tient au fait que la confrontation n’oppose pas le capitalisme et le communisme, comme c’était le cas pendant la Guerre froide. Les soi-disant « grandes puissances » et les puissances intermédiaires opèrent au sein du même système capitaliste. Sur le plan politique, l’administration de Joe Biden indique qu’il existe une lutte existentielle entre la démocratie et l’autoritarisme, dans le cadre d’un ordre international fondé sur des règles. Mais il existe de nombreuses zones d’ombre. 

La démocratie affronte de graves problèmes : les dirigeants autoritaires accèdent au pouvoir par la voie électorale (Italie, Suède, Hongrie, États-Unis, entre autres) et les gouvernements semi-démocratiques (Inde et Turquie) ou répressifs (Chine et Russie) bénéficient d’un large soutien au sein de leurs propres sociétés. Quant à l’ordre libéral international, il est en partie délégitimé pour avoir servi les intérêts des pays du Nord pendant des décennies, tandis que les pays du Sud, ainsi que la Chine et la Russie, multipliaient les critiques et les propositions de réformes et d’alternatives. 

La deuxième différence est que, pendant la Guerre froide, les États-Unis étaient à l’apogée de leur puissance mondiale. Aujourd’hui, ils traversent une grave crise interne, leur influence a diminué et la Chine leur conteste en partie leur hégémonie. Parmi les exemples récents : malgré le soutien diplomatique et militaire massif de Joe Biden à l’offensive israélienne sur Gaza en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a rejeté les demandes de la Maison Blanche d’autoriser un plus grand accès humanitaire et de cesser les attaques contre des cibles civiles.

La troisième différence est que la bipolarité a été remplacée par un monde composé de multiples acteurs étatiques, dotés de pouvoirs et de capacités différents, mais dans lequel aucun n’est en mesure d’imposer pleinement sa volonté aux autres. Les alignements, les loyautés et les pactes ne sont pas idéologiques mais pragmatiques, fluides et flexibles. D’autres acteurs non étatiques exercent aussi une plus grande influence qu’à l’époque de la Guerre froide. 

Un champ de bataille : le système multilatéral

Lorsque l’Assemblée générale de l’ONU s’est ouverte en septembre 2023, le rôle du Conseil de sécurité a suscité le scepticisme. Pour certains observateurs, la situation rappelait les pires moments de la Guerre froide. De fait, durant la période allant de la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute de l’Union soviétique, l’adoption de résolutions au sein du Conseil était très difficile. Aujourd’hui, il en va de même pour les questions de sécurité, les mandats pour les opérations de maintien de la paix et les opérations humanitaires, ainsi que les accords sur le changement climatique, la numérisation, les droits de l’homme et les réfugiés. 

Personne, aujourd’hui, n’est en mesure d’imposer pleinement sa volonté aux autres. 

Mariano Aguirre

Alors que les désaccords affaiblissent le système multilatéral et renforcent la faible capacité de prise de décision de l’ONU, « la Chine et les États-Unis intensifient leur guerre d’espionnage dans l’ombre » afin de recueillir des renseignements sur leurs « dirigeants » et leurs « capacités militaires »1. Récemment, le théoricien John Mearsheimer, tenant de l’école réaliste des relations internationales et vivement critiqué pour ses positions récentes sur la guerre d’Ukraine dont il impute la responsabilité aux États-Unis, écrivait : « La politique des grandes puissances se caractérise par une compétition sécuritaire incessante dans laquelle chaque État cherche non seulement à acquérir une influence relative, mais aussi à empêcher l’équilibre des forces de basculer en sa défaveur. Cet objectif, connu sous le nom d’“équilibre”, peut être atteint soit en augmentant sa puissance, soit en formant une alliance avec d’autres États qui sont également menacés. »2

Pendant la Guerre froide, les conflits à l’ONU et l’espionnage furent de puissants leviers pour les États-Unis et l’URSS. C’était un moyen de déchiffrer les équilibres politiques, les stratégies et les progrès technologiques et militaires de l’adversaire (notamment dans le domaine nucléaire). Ces tactiques n’ont pas disparu avec la chute de l’Union soviétique. 

Rechercher des alliés

Pendant un demi-siècle, l’URSS et les États-Unis se sont disputés la loyauté des gouvernements du monde entier. Washington cherchait à contenir l’expansion du communisme soviétique. Moscou cherchait à élargir sa liste d’alliés afin de briser l’encerclement occidental. 

Pendant un demi-siècle, l’URSS et les États-Unis se sont disputés la loyauté des gouvernements du monde entier.

Mariano Aguirre

Dans le même ordre d’idées, mais dans le contexte de la confrontation géopolitique avec la Chine, et dans la continuité du « pivot Indo-Pacifique » initié par Barack Obama, Joe Biden s’est rendu aux Philippines l’année dernière pour renouveler des accords militaires, et au Vietnam dans le but d’attirer ce pays dans son orbite. Il a également élargi la coopération militaire avec l’Australie, renforcé l’alliance avec l’Inde et encouragé le rapprochement entre la Corée du Sud et le Japon. L’administration Biden sait que, contrairement à la Guerre froide, où la cooptation des alliés était un jeu de tout ou rien, elle ne peut pas totalement gagner le Vietnam, qui entretient des relations étroites avec la Chine et la Russie. Mais elle se positionne pour être l’un des acteurs influents de la région Asie-Pacifique. 

La Chine, pour sa part, a tissé au cours des dernières décennies des liens avec les pays du Sud, s’adaptant à chaque continent et à chaque contexte par des investissements dans les infrastructures, des crédits inconditionnels et une aide au développement, mais aussi l’intégration dans les chaînes de production chinoises à des fins d’exportation, et des accords commerciaux et l’achat de produits primaires.

En tissant ses liens diplomatiques, la Chine s’adapte à chaque continent et à chaque contexte. 

Mariano Aguirre

La Russie a moins de capacités que la Chine, les États-Unis et l’Europe, mais les votes à l’ONU sur la guerre en Ukraine ont montré qu’un nombre considérable de gouvernements ne la condamnent pas parce qu’elle leur vend de l’énergie, des métaux, des produits agricoles et des armes, dont elle est le deuxième exportateur mondial. Dans le même temps, le souvenir du soutien de l’URSS à des causes telles que le mouvement anti-apartheid pèse lourd. 

Des guerres par procuration aux opérations clandestines

Au cours de la Guerre froide, Washington et Moscou ont encouragé et financé des guerres dans les pays du Sud — soit lorsqu’ils luttaient contre les empires coloniaux européens en déclin, soit dans le moment complexe qui suivit les indépendances. Leur influence a faussé ces luttes, les transformant en guerres par procuration entre le communisme et le capitalisme. Ils ont ainsi contribué à favoriser les divisions politiques au sein des mouvements anticoloniaux et à aggraver les dysfonctionnements des ex-colonies, en entravant les processus de construction de l’État. L’héritage de cette époque pèse encore sur la cinquantaine d’États fragiles que nous connaissons aujourd’hui. 

Le terme de « Guerre froide » décrit une période de fortes tensions entre des puissances qui ne s’affrontaient pas directement sur le plan militaire. L’ingérence dans les luttes de libération nationale vient compléter ce tableau : d’un côté, des tensions entre les puissances nucléaires, de l’autre, les véritables combats se déroulaient à la périphérie.3 

Aujourd’hui, cette situation a partiellement changé. Les États-Unis ont renoncé à financer ouvertement des groupes d’insurgés contre des gouvernements perçus comme ennemis et, après les échecs du Vietnam, de l’Irak et de l’Afghanistan, ils évitent d’engager massivement des troupes. Ils s’appuient plutôt sur des opérations secrètes, avec des effectifs limités dans 154 pays. Rien qu’en Afrique, les forces spéciales disposent de 29 bases pour leurs opérations4. Selon la doctrine militaire américaine, la « concurrence entre grandes puissances » doit être complétée par une « guerre non conventionnelle » — celle-là même que mènent ces unités5

Pendant la Guerre froide, l’influence soviétique et américaine a faussé les luttes coloniales et post-coloniales, les transformant en guerres par procuration entre le communisme et le capitalisme.

Mariano Aguirre

Les troupes d’élite américaines, comme leurs équivalents britanniques et français, sont expertes en matière de contre-insurrection, de contre-terrorisme, de formation et d’assistance à leurs propres forces de sécurité et à celles d’autres pays, de guerre non conventionnelle et d’« action directe » (assassinats de terroristes). Les accords conclus avec des gouvernements ou des milices étrangers ne tiennent pas compte de leurs éventuelles violations des droits de l’homme, ce qui constitue un parallèle avec l’aide militaire apportée aux dictatures et aux guérillas anticommunistes (comme les Contras au Nicaragua et l’UNITA en Angola) pendant la Guerre froide.6

Quant aux forces spéciales russes, elles ont participé à l’occupation de la Crimée dans l’Est de l’Ukraine (2014), à la guerre en Syrie à partir de 2015 et à l’invasion à grande échelle de l’Ukraine en 2022. Leurs actions sont complétées par des groupes armés para-étatiques tels que la milice Wagner qui ont été ou sont présents en Ukraine, en Libye, en République centrafricaine, au Mali, au Soudan et en Syrie. Ces groupes officiellement ou semi-officiellement russes soutiennent des gouvernements alliés, tout en s’engageant dans des guerres civiles et des trafics illicites en Afrique

Le cas de Wagner illustre la tendance globale à utiliser des groupes mercenaires ou para-étatiques, qu’il s’agisse de la Russie et des États-Unis (en Irak et en Afghanistan), mais aussi de puissances moyennes. La Turquie a financé des mercenaires syriens pour soutenir le général Khalifa Haftar de l’Armée nationale de libération (ANL) en Libye7. Moscou a transporté des miliciens du Soudan et du Tchad vers la Libye dans le même but. La Colombie est un important exportateur de mercenaires, qui ont auparavant été formés dans son armée. Pendant la Guerre froide, le Royaume-Uni, la France, la Belgique, les États-Unis et l’Afrique du Sud ont aussi utilisé des mercenaires pour s’ingérer dans ce que l’on appelait alors le tiers-monde. Par la suite, des groupes de sécurité privés ont été actifs, par exemple en Sierra Leone et au Liberia dans les années 2000. De son côté, la Chine a développé ses forces d’opérations spéciales dans le cadre de la réorganisation de ses forces armées, mais elles ne sont déployées dans aucun pays étranger.

Détente ou menace nucléaire

S’affronter mais éviter la guerre : tel était en substance le comportement des grandes puissances au cours de la Guerre froide. Son expression ultime a été la diplomatie de maîtrise des armements concernant les arsenaux nucléaires, chimiques-bactériologiques et conventionnels. Contrairement au désarmement, la maîtrise des armements englobe « toutes les formes de coopération militaire entre des adversaires militaires potentiels dans le but de réduire la possibilité d’une guerre, son ampleur et sa violence si elle se produisait, ainsi que les coûts politiques et économiques de la préparation à cette guerre »8. Les périodes de baisse de tension pendant la Guerre froide, qui survenaient grâce à des négociations, étaient appelées détente ou dégel, des concepts qui reviennent en force.  

Le cas de Wagner illustre la tendance globale à utiliser des groupes mercenaires ou para-étatiques, qu’il s’agisse de la Russie et des États-Unis (en Irak et en Afghanistan), mais aussi de puissances moyennes.

Mariano Aguirre

Aujourd’hui, les traités sur la réduction des arsenaux nucléaires stratégiques et sur les missiles antibalistiques (ABM) ont été gelés par Washington et Moscou. La Chine n’est partie prenante à aucune négociation sur les armements, ce qui s’explique par le fait que tous les traités ont été conclus pendant la Guerre froide. Quant au traité de non-prolifération nucléaire (TNP), il est au point mort. 

Cette absence de négociations, associée à l’innovation technologique en matière d’armes conventionnelles et nucléaires et à la guerre en Ukraine, a ravivé les craintes d’une guerre nucléaire9. « La Guerre froide est de retour, mais avec une différence », a déclaré le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres : « Les mécanismes et les garanties qui existaient dans le passé pour gérer les risques d’escalade n’existent plus ».10

[Lire plus : découvrez notre série sur les capitalismes politiques en guerre]. 

L’adjectif « froide » décrit donc un état de tensions diffus dans de multiples domaines dans lesquels il faut maintenir un équilibre délicat, malgré les incertitudes. Ce sont en effet des variables qui s’articulent autour de Taïwan et de la guerre en Ukraine11. Dans le premier cas, le recouvrement de la souveraineté de l’île est existentiel pour la Chine tandis que les États-Unis indiquent qu’ils défendront militairement son indépendance. Mais une confrontation militaire entraînerait des pertes humaines, infrastructurelles, économiques, technologiques et commerciales qui ne sont dans l’intérêt d’aucun des trois pays.   

Le concept de détente revient en force aujourd’hui. 

Mariano Aguirre

Dans le cas de l’Ukraine, Washington et les alliés de l’OTAN tentent de trouver un équilibre entre l’armement de Kiev, qui demande des armes de plus en plus sophistiquées, la prévention de leur utilisation contre la Russie (comme c’est déjà le cas depuis le début de la guerre) et l’assurance que Moscou ne considère pas que l’OTAN l’attaque. Il n’est guère  surprenant que le débat se développe aux États-Unis et au sein de l’OTAN sur la nécessité de négociations et que l’on spécule sur la manière dont cette guerre pourrait être « gelée ».12

Pendant ce temps, certains faucons américains pensent qu’en plus de défendre la souveraineté de l’Ukraine, il faudrait « vaincre » la Russie, ce qui rappellerait les guerres par procuration de la Guerre froide. Par exemple, Eliot A. Cohen affirme que « nous devons voir des masses de Russes fuir, faire défection, tirer sur leurs officiers, être faits prisonniers ou tués. La défaite russe doit être un désastre incontestable par son ampleur. »13

Un autre changement géopolitique important est que la (dangereuse) « confrontation sans guerre nucléaire » s’est également déplacée vers le Sud. L’Inde et le Pakistan sont des puissances nucléaires qui se disputent des territoires et des minorités. Dans le même temps, l’Inde et la Chine ont des différends territoriaux et des ambitions de leadership régional en Asie et dans le cadre des BRICS. Dans les deux cas, il y a eu des confrontations militaires.

Au Moyen-Orient, la prolifération nucléaire constitue un véritable danger. Israël possède un arsenal nucléaire (bien qu’il ne l’admette pas officiellement). L’Iran a un programme nucléaire civil qui pourrait devenir militaire si les difficiles négociations actuelles avec les États-Unis et l’Europe pour revenir à l’accord que l’administration Trump avait anéanti échouent. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU) négocient avec Washington la technologie nucléaire pour des programmes civils mais aussi potentiellement militaires comme condition à l’établissement de relations diplomatiques avec Israël. Et le gouvernement israélien menace cycliquement d’attaquer l’Iran.  

La violente crise entre Israël et le Hamas depuis le 7 octobre, qui pourrait déboucher sur une confrontation entre l’Iran et Israël, a mis les pays de la région en état d’alerte, Bruxelles et Washington se trouvant déjà en état d’alerte maximale. Pendant la Guerre froide, on craignait qu’une confrontation locale ne débouche sur un affrontement entre grandes puissances dotées de l’arme nucléaire. Aujourd’hui, un conflit local pourrait dégénérer en conflit régional, l’un des acteurs menaçant d’utiliser des armes nucléaires.14

L’impossible divorce

Au cours de l’année 2022, les États-Unis ont lancé l’idée que leur économie, et en particulier le secteur des technologies productives, devait « se détacher » de la Chine. Les entreprises américaines et européennes ont rejeté cette idée. Le coût de la fermeture des usines de production de biens en Chine ; l’arrêt de tout ou partie des programmes technologiques conjoints ; la perturbation des chaînes d’approvisionnement ; les fermetures de marchés et les représailles qui en résulteraient : tout cela aurait un coût très élevé pour la Chine, mais aussi pour l’Occident. 

Aujourd’hui, un conflit local pourrait dégénérer en conflit régional, l’un des acteurs menaçant d’utiliser des armes nucléaires.

Mariano Aguirre

Pour Jean-Michel Bezat, le remodelage de « cette reconfiguration de la géographie des chaînes d’approvisionnement entraînera un surcoût pour les entreprises et les consommateurs se fournissant dans des pays plus chers — le prix à payer pour assurer la sécurité des États-Unis. Surtout, la politique de relocalisation dans des pays amis ou proches est loin d’avoir isolé la puissante industrie chinoise, qui représente 29 % de la base installée dans le monde, soit un gros tiers de plus que dix ans auparavant »15. De nombreux biens importés aujourd’hui aux États-Unis depuis ces pays tiers sont par exemple fabriqués avec des licences et des technologies chinoises. 

Les États-Unis ont également besoin de « terres rares », dont 60 % sont extraites et 90 % raffinées en Chine. Les Américains achètent moins à la Chine qu’auparavant, mais importent davantage de pays ayant des liens industriels étroits avec Pékin. Quant au FMI, il a mis en garde contre le risque de fragmentation géoéconomique, et un nouvel élan protectionniste est susceptible de ralentir l’activité mondiale à moyen terme ».16

Autrement dit, les États-Unis et la Chine « sont si bien assortis qu’il ne peut y avoir de gagnants cette fois-ci, mais seulement des perdants. Par conséquent, le premier signe d’un véritable dégel viendra lorsque les deux pays reconnaîtront qu’aucun ne peut dominer l’autre »17. Certaines entreprises occidentales ont quitté la Chine, d’autres y restent et réorientent leur production vers le marché intérieur, et six sur dix n’ont pas pris de décision18.

En septembre, le conseiller à la sécurité nationale américain, Jake Sullivan, a rencontré le ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, à Malte, dans le but de « relancer la diplomatie de haut niveau entre les deux pays, de maintenir les lignes de communication ouvertes et de gérer les relations de manière responsable »19. En novembre, les présidents Xi Jinping et Joe Biden se sont rencontrés à San Francisco pour tenter d’apaiser les tensions.

À la fin du mois d’août 2023, de hauts représentants de la Chine et des États-Unis ont exprimé leur volonté de rétablir de bonnes relations économiques (dont le volume est actuellement évalué à environ 700 milliards de dollars par an)20. Autant de démarches qui rappellent les périodes de crise et de détente de la Guerre froide.

Un avenir en deux questions

Les tendances actuelles soulèvent deux questions pour l’avenir. 

Premièrement, les avantages de la coopération de la Chine avec les États-Unis et l’Europe permettront-ils d’atténuer les tensions politiques, de soutenir la concurrence économique et technologique et d’établir des mécanismes de sécurité entre ces trois acteurs ? Le pragmatisme et la recherche du profit le recommandent. Cependant, la logique militariste, les intérêts de l’industrie de défense et les diverses manifestations de nationalisme extrémiste pourraient conduire à un affrontement armé. Il n’est pas non plus exclu qu’un enchaînement d’événements en Ukraine ou à Taïwan conduise à un affrontement militaire entre grandes puissances qu’aucun des deux gouvernements ne souhaite. Ou encore les conséquences imprévisibles d’un conflit régional, comme au Moyen-Orient.

Pour les États-Unis, la confrontation avec la Chine et la guerre (par procuration) avec la Russie en Ukraine servent à relancer leur rôle de leader de l’OTAN alors que leur crise institutionnelle et politique intérieure est immense. Dans le même temps, leur soutien à Israël et leur déploiement militaire en Méditerranée orientale constituent une démonstration de force. Mais l’hégémonie mondiale qu’elle détenait n’existe plus. Le retour de Trump au pouvoir en 2024 aurait de graves conséquences sur la poursuite de la guerre en Ukraine, tout en posant des questions sur le futur de l’Europe. Comme pendant la Guerre froide, celle-ci se retrouverait au cœur de la tempête, entre les États-Unis et la Russie, et peut-être sans le soutien et le leadership d’un allié sur lequel elle s’est appuyée pendant trop longtemps.

Il y aura également des incertitudes quant à l’avenir de l’OTAN et des dangers pour les négociations internationales sur le changement climatique, les réfugiés, les pandémies et les voies possibles vers un système multilatéral réformé. Et même si les républicains n’accèdent pas à la Maison Blanche, la diplomatie américaine, que ce soit en Ukraine ou au Moyen-Orient, ne semble pas avoir d’idées nouvelles au-delà de la fourniture massive d’armes. À titre d’exemple, la proposition du secrétaire d’État Antony Blinken de relancer la solution à deux États pour Israël et la Palestine alors que Netanyahou ravage Gaza est à la fois cynique et absurde. 

Le système international est en proie à de graves tensions, qui se déploient à toutes les échelles : qu’elles soient mondiales, régionales ou locales, les puissances ne cessent de se préparer à l’affrontement. Si l’époque actuelle présente des différences substantielles par rapport à l’organisation de la Guerre froide, nombre de ses formes présentent des similitudes d’autant plus dangereuses que les instruments qui permettaient de limiter l’escalade sont aujourd’hui enrayés.

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08.12.2023 à 19:12

En amont d’un vote crucial au Conseil de sécurité, Israël intensifie son opération dans le Sud de la bande de Gaza

Marin Saillofest

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Suite à l’invocation de l’article 99 de la Charte des Nations unies par António Guterres face à l'urgence humanitaire dans la bande de Gaza, une réunion exceptionnelle du Conseil de Sécurité a été convoquée aujourd'hui, vendredi 8 décembre. Tandis que le vote a été reporté, l’armée israélienne intensifie son opération militaire dans le Sud de l’enclave.

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Texte intégral (1230 mots)

Dans une lettre adressée mercredi 6 décembre au Conseil de sécurité, le secrétaire général António Guterres a invoqué l’article 99 de la Charte des Nations unies.

  • Si cet article a déjà été utilisé implicitement au cours des dernières décennies, sa dernière utilisation explicite remonte à 1989 lorsque Javier Pérez de Cuéllar avait voulu attirer l’attention du Conseil sur la situation au Liban1.
  • D’après le porte-parole de l’organisation, il s’agit de « l’outil le plus puissant » dont dispose le secrétaire général de l’ONU pour obtenir l’action du Conseil de sécurité2.
  • Dans sa lettre, Guterres évoque la responsabilité de la communauté internationale pour « utiliser toute son influence afin d’empêcher une escalade supplémentaire et mettre fin à cette crise »3.

Ce n’est que le 15 novembre que le Conseil de sécurité a adopté sa première résolution sur la guerre de Soukkot, après 4 échecs entre le 16 et le 25 octobre. La Chine, la Russie et les États-Unis ont tous les trois utilisé leur veto pour bloquer l’une de ces résolutions, tandis que la France et le Royaume-Uni ont tous deux voté contre la résolution russe du 16 octobre, aux côtés de Washington. Les trois membres permanents ont justifié leur vote par l’absence de condamnation du Hamas dans le texte.

  • Au cours de la réunion d’urgence ayant précédé le vote du vendredi 8 décembre, le représentant permanent adjoint des États-Unis auprès des Nations unies, Robert A. Wood, a déclaré qu’un cessez-le-feu « ne ferait que semer les graines de la prochaine guerre, car le Hamas n’a aucune envie d’une paix durable, d’une solution à deux États »4.
  • La Chine s’est quant à elle positionnée en faveur d’un appel au cessez-le-feu de la part du Conseil de Sécurité, arguant que « seul un cessez-le-feu immédiat permettra de sauver des vies et d’ouvrir la voie à la solution des deux États »5.
  • La France et la Russie font également partie des pays favorables à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, tandis que la représentante britannique a appelé à protéger les civils et à « mettre fin à la catastrophe humanitaire ».

Les combats se poursuivent dans la bande de Gaza, alors que l’armée israélienne encercle et frappe Khan Younès, la deuxième ville la plus peuplée de l’enclave.

  • Dans la zone autour de la ville, l’armée israélienne a affirmé vendredi 8 décembre avoir lancé « une opération rapide, puissante et ciblée, allant de tunnel en tunnel, de maison en maison ».
  • Les Nations unies déplorent l’absence de mise en place de zones de sécurité pour les civils, pourtant essentielles à l’opération humanitaire de l’organisation dans la bande de Gaza6.

Le vote prévu pour vendredi 8 décembre a été reporté en raison de la menace d’un vote des États-Unis contre la résolution qui, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité, reviendrait à faire échouer la résolution. À 19h vendredi (heure de Paris), les représentants de plusieurs États arabes — dont l’Égypte, le Qatar, l’Arabie saoudite, la Turquie et la Jordanie notamment — avaient prévu de rencontrer Antony Blinken afin de l’inciter à ce que Washington s’abstienne lors du vote7.

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08.12.2023 à 13:48

Où en sont les F-16 promis à l’Ukraine ?

Marin Saillofest

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Quatre pays à ce jour se sont engagés à livrer des F-16 à l’Ukraine une fois que la formation des pilotes et du personnel sera complétée. Tandis que les premières étapes pourraient bientôt se terminer, des doutes subsistent quant à l’impact réel que ces appareils auront sur le terrain.

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Texte intégral (1320 mots)

Les avis des experts militaires divergent quant au potentiel impact sur le terrain — et sur les capacités de l’armée ukrainienne à avancer de nouveau — que pourraient avoir les avions de chasse occidentaux F-16 promis à ce jour par les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Belgique.

  • Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, Valeri Zaloujny, la supériorité aérienne russe en Ukraine « complique l’avancée de nos troupes et constitue l’un des facteurs clés qui transforme la nature des hostilités en une guerre de position »1.
  • Si le nombre d’appareils promis par les pays occidentaux à ce jour ne permettraient probablement pas à Kiev de récupérer la supériorité aérienne au-dessus de son territoire, les avions de chasse demeurent en tête de liste des demandes ukrainiennes de matériel2.
  • Au-delà des appareils eux-mêmes, les munitions dont ils seront équipés seront également déterminantes : Frederick W. Kagan estime notamment que « l’augmentation du nombre de missiles HARM capables de cibler les radars de défense aérienne russes permettrait aux avions ukrainiens de voler plus près du front ».
  • Ces missiles peuvent toutefois être tirés à partir des MiG-29 et Su-27 soviétiques dont dispose déjà l’armée de l’air ukrainienne. On sait que le Pentagone a commencé à fournir ce type de missiles dès l’été 2022, et qu’ils ont également été inclus dans le dernier paquet d’assistance militaire dévoilé mercredi 6 décembre3.

L’Ukraine devrait recevoir 42 F-16 de la part des Pays-Bas, 19 du Danemark, ainsi qu’un nombre non-spécifié d’appareils de la part de la Norvège et de la Belgique — toutefois pas avant 2025 pour Bruxelles4.

L’entraînement des pilotes et du personnel de maintenance a déjà commencé.

  • Le Danemark a commencé à accueillir 73 militaires ukrainiens, dont 8 pilotes, sur la base de Skrydstrup à la fin du mois d’août5.
  • En octobre, l’armée américaine a commencé à former un « petit nombre » d’Ukrainiens sur la base de la Garde nationale aérienne Morris, à Tucson en Arizona. Si un premier groupe de pilotes pourra être formé « d’ici la fin de l’année […] il faudrait plus de temps pour que les jets soient utilisés au combat »6.
  • La Roumanie a quant à elle inauguré en novembre un centre d’entraînement sur F-16 à proximité de Fetesti. L’entraînement des pilotes ukrainiens y aurait déjà débuté, selon la ministre des Affaires étrangères néerlandaise7.

Le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kuleba a signalé cette semaine que la coalition de formation F-16 — composée de 13 pays et de l’Ukraine — « travaillait à l’augmentation du nombre d’avions qui seront transférés à l’Ukraine »8. Malgré les doutes exprimés par des responsables américains quant à la pertinence de consacrer d’importants fonds à des F-16 plutôt qu’à des véhicules ou des munitions, Kiev espère constituer une flotte capable de contester la présence aérienne russe en Ukraine et de soutenir l’avancée de ses troupes sur le terrain9.

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