17.09.2025 à 07:00
C'est la lettre de rentrée de l'Observatoire des multinationales !
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Bonne lecture
Dérégulation à gogo
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« L'écologie semble devenue le bouc-émissaire idéal pour cette nouvelle alliance entre la droite et l'extrême-droite. ». Au Parlement européen, les députés RN et leurs alliés ont noué une alliance de fait avec le groupe conservateur du Parti populaire européen pour saborder les régulations et les objectifs du Pacte vert.
Barnabé Binctin s'est plongé dans la tambouille bruxelloise où le RN et ses alliés se réjouissent de leur nouveau rôle de « faiseurs de roi » et où de nombreuses forces – droite et extrême droite, mais aussi gouvernements comme ceux de la France et de l'Allemagne et think tanks pro-Trump – s'entendent en pratique pour orchestrer une vaste régression sociale et écologique.
À lire : Au centre du jeu bruxellois, l'extrême droite sonne la charge contre l'écologie et le climat
Son enquête montre que le RN ne rechigne pas – à rebours de ses discours en France – à faire les yeux doux aux industriels et aux « lobbys bruxellois ». En témoignent les rendez-vous de TotalEnergies et d'autres acteurs pétroliers avec une eurodéputée RN autour de la directive devoir de vigilance des multinationales, en cours de démantèlement.
L'extrême droite et ses alliés de fait accumulent les victoires, avec la nomination en juillet d'un eurodéputé du groupe « Patriotes » comme rapporteur sur la loi climat 2040, et surtout avec une vague de dérégulations dans le domaine du climat, de l'écologie et de la responsabilité des multinationales, mais aussi de la finance, du numérique, du social, de l'agriculture, de l'alimentation, de la défense... La liste des reniements en cours et à venir au niveau de l'UE est longue, très longue.
Lire à ce sujet l'article de Séverin Lahaye : Climat, responsabilité des multinationales, finance, social : l'Union européenne en pleine frénésie de dérégulation
La commission d'enquête sénatoriale sur les aides publiques aux grandes entreprises a rendu son rapport le 8 juillet dernier, suite à plusieurs mois d'auditions (dont celle de l'Observatoire des multinationales) dont nous avons abondamment rendu compte (nos articles sont ici).
Première conclusion : les aides publiques aux entreprises représentent au moins 211 milliards d'euros par an. Le pouvoir exécutif se refusant depuis des années à faire réaliser la moindre étude fiable sur le sujet, les sénateurs ont pris les devants et procédé à leur propre estimation (qui n'inclut pas les aides régionales ni européennes).
Au-delà de ce chiffrage, les sénateurs de droite et de gauche se sont mis d'accord sur des propositions assez ambitieuses en matière de transparence et de suivi, mais aussi - ce qui était peut-être plus inattendu - en matière de conditionnalités, y compris de lier dans certains cas aides publiques et emploi, et aides publiques et versement de dividendes
La question est maintenant : quelles suites politiques ? Avec le débat budgétaire actuel, les propositions se focalisent sur des propositions de réduction du montant global des aides publiques, mais il y a aussi une question de fond, sous-jacente à beaucoup des débats qui ont eu lieu lors des auditions au Sénat : l'augmentation massive des aides aux entreprises a-t-elle vraiment aidé à la « compétitivité » de la France et de ses entreprises ? Et comment ces sommes massives pourraient être utilisées autrement, au service d'une transformation écologique et sociale ?
Lire l'article de Pauline Gensel : 211 milliards d'aides aux entreprises : les propositions des sénateurs pour remettre le système sous contrôle
Nous continuerons à suivre ce dossier sur lequel nous avions été parmi les premiers à sonner l'alarme avec notre initiative « Allô Bercy ».
Parce que le débat démocratique mérite mieux que la com' du CAC 40.
Faites un donGrandes écoles sous influence. Le mercredi 17 septembre, nous dévoilerons une enquête inédite sur le place des grandes entreprises à Polytechnique. Malgré l'échec des deux tentatives hautement symboliques de TotalEnergies puis de LVMH de s'implanter directement sur le campus, multinationales françaises et étrangères continuent de tisser leur toile à tous les niveaux de l'école (gouvernance, financement, recherche, vie étudiante). Et il n'y a pas que Polytechnique, comme le montrera la cartographie des liens entre grandes entreprises et enseignement supérieur réalisée par le collectif Eies (avec le soutien de l'Observatoire des multinationales) qui sera dévoilée ce même jour. Rendez-vous à l'Académie du climat à 18h30 pour en débattre (programme ici et inscriptions là).
Ad hominem. Agression, étalage de son sentiment d'impunité, ou hommage du vice à la vertu ? Durant l'été, Pierre-Édouard Stérin a créé une nouvelle holding où il a placé l'essentiel de sa fortune. Il l'a baptisée du nom de Thomas Lemahieu, le journaliste qui a révélé l'existence du projet Périclès (150 millions d'euros pour faire gagner l'extrême droite). Au-delà de la provocation et du ciblage personnel d'un journaliste, l'opération est une nouvelle étape dans ce jeu de meccano par lequel le milliardaire se met en ordre de bataille pour mener sa bataille culturelle et politique. Ce n'est probablement pas la dernière. Lire nos explications.
Business is business. Mediapart s'est procuré en avant-première le dernier rapport sur les ventes d'armes françaises, élaboré par le ministère des Armées. On y apprend que les industriels de la défense ont exporté pour 21,6 milliards d'euros d'armement en 2024, soit leur deuxième meilleure année de l'histoire après 2022 (27 milliards). Un chiffre tiré notamment par les ventes du Rafale en Indonésie et en Serbie. Les ventes aux pays européens (UE et hors UE) représentent plus de la moitié du total, tandis que 2,4 milliards d'exportations étaient destinées à la région Proche et Moyen-Orient, traditionnellement un client important de la France. Parmi ces dernières, 27,1 millions d'euros d'exportations pour Israël – un montant moindre que pour d'autres pays mais qui pose plus question que jamais à l'heure où Israël se prépare à écraser la population de Gaza. Lire l'article complet
Ouganda : TotalEnergies met à mal (aussi) ses travailleurs. Les projets pétroliers de TotalEnergies en Ouganda – les forages dans la région du lac Albert et l'oléoduc EACOP destiné à transporter le brut jusqu'à l'océan – sont depuis plusieurs années sous le feu des projecteurs et des critiques. En cause : les émissions massives de gaz à effet de serre qu'occasionneront ces projets souvent qualifiés de « bombe climatique », les risques pour la biodiversité et l'approvisionnement en eau de toute la région, et les atteintes aux droits des populations qui ont le malheur de se trouver sur le chemin du géant français. Les Amis de la Terre viennent de rajouter une nouvelle pièce au dossier en récoltant le témoignages de travailleurs engagés par des sous-traitants de TotalEnergies sur place. Accidents, harcèlements, intoxications, licenciements abusifs... Le groupe français n'a pas manqué d'invoquer, face aux critiques, les emplois créés par ses projets, mais comme souvent la réalité sur le terrain est bien moins reluisante. Lire les témoignages.
Cette lettre a été écrite par Olivier Petitjean.