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02.06.2023 à 00:02

Au sommaire du n° 221 (en kiosque)

Le dossier du mois met à l'honneur les daronnes. Celles auxquelles on reproche d'être trop ceci, pas assez cela, qu'on juge si facilement et qu'on excuse si difficilement, alors qu'elles sont prises en tenaille entre les injonctions du capitalisme et du patriarcat. Ici, des voix s'élèvent pour revendiquer d'autres manières d'être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des maternités libérées. En hors dossier, un focus sur l'extrême droite : on aborde la fascisation encore accrue du pays (...)

- CQFD n°221 (juin 2023) / , ,
Texte intégral (2608 mots)

Le dossier du mois met à l'honneur les daronnes. Celles auxquelles on reproche d'être trop ceci, pas assez cela, qu'on juge si facilement et qu'on excuse si difficilement, alors qu'elles sont prises en tenaille entre les injonctions du capitalisme et du patriarcat. Ici, des voix s'élèvent pour revendiquer d'autres manières d'être femmes et mères, et tracer des lignes émancipatrices pour des maternités libérées.
En hors dossier, un focus sur l'extrême droite : on aborde la fascisation encore accrue du pays avec le sociologue Ugo Palheta et la situation de Perpignan, devenue il y a trois ans la plus importante ville française dirigée par le RN. À Briançon, la forteresse Europe étend encore et toujours ses absurdes murailles. On part aussi dans le Kurdistan turc à l'heure de l'élection présidentielle, à Douarnenez pour rencontrer le collectif Droit à la ville, ou encore aux côtés des travailleur·ses détaché·es dans les exploitations agricoles des Bouches-du-Rhône. Pour finir à Draguignan, où les cathos tradis locaux organise de chouettes processions pour faire tomber la pluie. Amen.

Quelques articles seront mis en ligne au cours du mois. Les autres seront archivés sur notre site progressivement, après la parution du prochain numéro. Ce qui vous laisse tout le temps d'aller saluer votre marchand de journaux ou de vous abonner...

En couverture : « Mauvaises mères ! », par Nadia Von Foutre

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Dossier : Lâchons la grappe aux daronnes !

L'intro du dossier : Et c'est ma mère, ou la vôtre…

Entretien avec Fabienne Lacoude : Scoop, « la maternité, ce n'est pas que du bonheur » - Journaliste fondatrice du site Milf média et autrice de Daronne et féministe (Solar, 2022), Fabienne Lacoude décortique les injonctions sociales qui pèsent sur les mères. Alors, toutes mauvaises ?

Par Junie Briffaz

Des mères déter' - Chacune à leur manière, sept femmes racontent comment elles prennent leurs distances avec la figure de la mère respectable. La parole est aux daronnes.

Travail du sexe & maternité : « Une pute ne peut pas avoir accouché » - La maman ou la putain ? Dans une société fondée sur cette dichotomie patriarcale, à quoi sont exposées celles qui, à la fois mères et travailleuses du sexe, font voler le tabou en éclat ? On en parle avec Ovidie, Misungui Bordelle et Yzé Voluptée.

"Putain de chronique" #19 : Fils de pute - Yzé Voluptée est travailleur du sexe. Escort, réalisateur et performeur porno-féministe, il se définit comme non-binaire et chronique dans ces colonnes son quotidien, ses réflexions et ses coups de gueule. La réalité d'Yzé n'est pas celle des personnes exploitées par les réseaux de traite ou contraintes par d'autres à se prostituer. Son activité est pour lui autant un moyen de subsistance qu'un choix politique.

Par Elena Vieillard

La chance d'être une mère trans - Ça signifie quoi, être une mère trans dans un pays qui, jusqu'en 2016, imposait la stérilisation aux personnes qui voulaient changer d'état civil ? L'autrice, militante et blogueuse Daisy Letourneur* nous livre ici le récit intime de sa maternité.

Comme si une femme handicapée n'était pas capable d'élever un enfant… - Jugées inaptes à s'occuper d'elles-mêmes, et donc de leurs enfants, les mères en situation de handicap sont prises entre les tirs croisés du sexisme et du validisme. De la violence du corps mvédical à la négligence de l'État, Charlotte Puiseux* propose ici un aperçu de ce que vivent ses sœurs de galère.

Déni de grossesse : Neuf mois en silence - Dans son roman Tombée des nues (2018), Violaine Bérot raconte avec rudesse et pudeur l'histoire d'un déni de grossesse, d'une enfant « tombée des nues » dans un village pyrénéen.

Femmes infanticides : « J'ai pris ce paquet, et je suis allée le mettre dans la campagne quelque part » - Les femmes infanticides sont‑elles des monstres ? Trop facile, rétorquent les autrices de Réflexions autour d'un tabou : l'infanticide.

Par Pole Ka

(Ne pas) être mère avant la loi Veil : Aux avortées inconnues - Avant la légalisation de la contraception et de l'avortement, de nombreuses femmes vivaient dans la peur de tomber enceinte, de mourir des suites d'un avortement clandestin, d'être torturée par les médecins, d'être dénoncée. Tel était en effet le sort de celles qui ne voulaient pas ou plus être mères. Une vieille dame raconte.

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Actualités d'ici & d'ailleurs

Entretien avec Ugo Palheta : « Le danger central, c'est la fascisation de l'État » - Au salutaire mouvement social de ce printemps semble répondre une énième poussée de « fascisation » de la vie politique française. Décryptage avec le sociologue Ugo Palheta, auteur de plusieurs ouvrages sur la question, dont le dernier en date, La nouvelle internationale fasciste, est sorti cet automne chez Textuel).

À Perpignan, l'extrême droite rayonnante - Trois ans après la victoire du Rassemblement national aux élections municipales, la ville de Perpignan est‑elle en passe de devenir un avant-poste de l'extrême droite ? Rencontre avec Josie Boucher, figure de la gauche locale, attaquée en justice par la commune pour avoir qualifié la majorité municipale de… « fascistes ».

Briançon : la forteresse s'étend - Lorsqu'on descend vers Briançon après avoir franchi la frontière italienne, les abords de la ville s'annoncent par d'antiques forts militaires fichés dans la montagne. Tout un symbole. Entre traque et déni d'accueil, les nombreuses personnes exilées de passage ici font face à bien des murs, que tentent de briser les contingents de solidaires. Récit.

Chantage à l'idéologie républicaine pour les assos - À l'heure où le ministre de l'Intérieur multiplie les annonces de dissolutions d'associations critiques du pouvoir, le gouvernement s'est doté d'un outil supplémentaire de répression des libertés associatives qui commence à faire des dégâts : le contrat d'engagement républicain.

Les élections turques vues du Kurdistan : Au-delà de la fraude, la mainmise d'Erdoğan - Dans la région kurde de Turquie, les élections législatives et présidentielle du 14 mai dernier se sont déroulées dans un climat aussi tendu qu'enthousiaste. Mais les résultats du premier tour ont finalement douché les espoirs d'une défaite d'Erdoğan. Récit sur place d'un observateur international.

Photo : Émilien Bernard

Miracle à Draguignan : on a marché sur la tête - Dimanche 7 mai, réacs de tous poils et cathos chelous s'étaient donné rendez-vous dans la sous-préfecture du Var pour chouiner religieusement contre la sécheresse. Il y avait un évêque violet, un député RN, un maire, des scouts et même des sœurs en transe. Un bien beau dimanche, où, à défaut de marcher sur l'eau, on a tout misé sur Dieu.

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Côté chroniques & culture

Douarnenez : Ni volets fermés, ni ghettos dorés - Habiter une ville touristique, une vue sur mer pour les précaires (Éditions du commun) est le résultat de plusieurs années d'enquête du collectif Droit à la ville Douarnenez sur la « touristification » de la petite ville bretonne. De quoi questionner la gentrification de nos territoires et ouvrir des pistes de résistance. Entretien avec deux de ses auteurs.

Travailleurs détachés, l'exploitation sur commande - Le devenir d'une main-d'œuvre étrangère exploitée et maltraitée dans les exploitations agricoles des Bouches-du-Rhône, c'est ce que raconte Travailleurs détachés – les dessous d'une exploitation, excellent documentaire sonore sorti en avril chez Blast. Rencontre avec ses autrices.

Par Etienne Savoye

« J'ai toujours eu de beaux cheveux ! » - Pendant deux ans, Nicolas Rouillé – alias Denis L. – a raconté dans nos pages son activité d'auxiliaire de vie en Ehpad. Des chroniques rassemblées aujourd'hui dans un livre, T'as pas trouvé pire comme boulot ? (Lux, 2023), enrichi de huit textes inédits. Dont celui-ci, cadeau.

"Aïe tech" #9 : De Star Trek à sale tech – Mois après mois, Aïe Tech défonce la technologie et ses vains mirages. Neuvième épisode dédié aux sordides aventures spatiales des géants de la tech Jeff Bezos et Elon Musk, fossoyeurs des étoiles.

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Et aussi...

L'édito – « Elles sont où, les manifs, elles sont où ? »

Ça brûle ! – « Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Les bonnes nouvelles du mois

Abonnement - (par ici)

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La couverture du n°221 en PDF

02.06.2023 à 00:01

Les élections turques vues du Kurdistan

Marius Jouanny

Dans la région kurde de Turquie, les élections législatives et présidentielle du 14 mai dernier se sont déroulées dans un climat aussi tendu qu'enthousiaste. Mais les résultats du premier tour ont finalement douché les espoirs d'une défaite d'Erdoğan. Récit sur place d'un observateur international. Dès la sortie de l'aéroport de Diyarbakır, la plus grande ville de la région kurde de Turquie, dans le sud-est du pays, un immense portrait du président-candidat Recep Tayyip Erdoğan nous saute aux yeux. « Vous (...)

- CQFD n°221 (juin 2023) /
Texte intégral (2325 mots)

Dans la région kurde de Turquie, les élections législatives et présidentielle du 14 mai dernier se sont déroulées dans un climat aussi tendu qu'enthousiaste. Mais les résultats du premier tour ont finalement douché les espoirs d'une défaite d'Erdoğan. Récit sur place d'un observateur international.

Par Théo Bedard

Dès la sortie de l'aéroport de Diyarbakır, la plus grande ville de la région kurde de Turquie, dans le sud-est du pays, un immense portrait du président-candidat Recep Tayyip Erdoğan nous saute aux yeux. « Vous reconnaissez ce type ? Sa tête ne m'inspire pas confiance… », plaisante notre contact local. Ce membre du parti d'opposition HDP1 va faire office de guide pour notre délégation de militants de l'AIAK2 venus ici en tant qu'observateurs internationaux pour les élections législatives et présidentielle turques du 14 mai 2023. Nos conversations bifurquent rapidement sur les enjeux du scrutin. Pour la première fois en vingt ans de règne, la popularité d'Erdoğan est en baisse et laisse enfin espérer un changement par les urnes. Et pour tenter de contenir de probables fraudes électorales, l'opposition a mobilisé près de 300 000 volontaires turcs, auxquels s'ajoutent près de 500 observateurs internationaux de différentes organisations. Mais si un scrutin un tant soit peu régulier reste envisageable, rien ne semble pouvoir vraiment contrecarrer la mainmise d'Erdoğan et de son parti, l'AKP, sur ces élections.

À Diyarbakır, propagande et châtiment

Il n'y a pas qu'à l'aéroport que la communication d'Erdoğan s'impose. Dans les rues de Diyarbakır, on remarque vite que le président-candidat ne lésine pas sur les moyens et que son portrait s'affiche partout en grand, ici comme dans tout le pays. « Lors d'un meeting de l'AKP, j'ai vu des sapeurs-pompiers utiliser leurs grues pour installer des affiches géantes d'Erdoğan », raconte un observateur électoral basé à Van, ville située à quelques centaines de kilomètres à l'est.

La mainmise de l'AKP sur les institutions est évidente

Dans une région kurde qui lui est pourtant globalement hostile, la mainmise de l'AKP sur les institutions est évidente. La mairie de Diyarbakır, bâtiment austère situé près de l'hôtel où se sont installés les observateurs, en est une bonne illustration. En mars 2019, l'élection municipale est remportée par le candidat du HDP, Adnan Selçuk Mızraklı. Mais la victoire est de courte durée : le nouveau maire a été arrêté quelques mois plus tard, puis condamné à plusieurs années de prison pour ses liens supposés avec le PKK3. Entre-temps, son mandat a été récupéré par le gouverneur de la province, nommé directement par Ankara4. En tout, c'est plus de 80 élus municipaux du HDP qui, depuis le 31 mars, ont été remplacés par des membres de l'AKP.

Pour la présidentielle, le HDP n'a pas présenté de candidat, faisant le pari de soutenir le principal opposant : Kemal Kılıçdaroğlu, candidat d'une coalition allant du centre-droit à une partie de l'extrême droite nationaliste. Parmi les militants kurdes que nous rencontrons, aucun ne se fait d'illusions sur cet ancien haut fonctionnaire. « Il se croit de gauche, alors qu'il revendique l'héritage nationaliste du fondateur de la République turque Mustafa Kemal, qui réprimait déjà le mouvement kurde quand il gouvernait la Turquie dans les années 1920 et 1930 », confie l'un d'eux. Mais tous espèrent sa victoire sur la coalition d'Erdoğan soutenue par l'extrême droite islamiste.

La répression n'est jamais loin

Actuellement cible d'une procédure d'interdiction et privé de ses subventions depuis janvier dernier, le HDP a dû faire campagne pour les législatives au sein du YSP, le Parti de la gauche verte. Dans ces jours qui précèdent le scrutin, celui-ci déploie camions et bus portant ses couleurs. Ils sillonnent les rues de Diyarbakır en diffusant de la musique par haut-parleurs. Les conducteurs distribuent dans la bonne humeur des drapeaux aux enfants traînant sur les trottoirs. Mais la répression n'est jamais loin. Le 11 mai, alors que nous passons en voiture à proximité d'une conférence de presse organisée dans la rue par le parti, nous voyons débouler plusieurs camions des forces de l'ordre. De nombreux policiers en sortent, dont certains armés de kalachnikov, pour ensuite venir encadrer ce petit rassemblement de quelques dizaines de personnes.

Nous n'en verrons pas plus, la visite de la ville se poursuit. « Ici, les gens sont très politisés car leur existence même est remise en cause par l'État », explique le militant kurde qui accompagne notre délégation grenobloise. Natif de Diyarbakır, ce jeune entrepreneur en est parti enfant lorsque sa famille a été chassée de la région par les autorités turques. Alors que l'on se promène dans la vieille ville, il s'arrête à proximité d'un quartier aux bâtiments récents et uniformes… et invite le groupe à faire demi-tour. « Depuis la bataille entre les combattants du PKK et l'armée turque en 2015, je n'entre plus dans ce quartier. Des civils que je connais y ont été blessés au cours des combats. Quant aux maisons détruites par les bombes, elles ont été vite reconstruites pour ne laisser aucune trace de la guerre. »

Un pouvoir indéboulonnable ?

14 mai, jour de l'élection. Je suis un autre groupe d'observateurs, des Allemands et des Suisses, qui part pour Malatya, une ville conservatrice située à une centaine de kilomètres à l'est de Diyarbakır. Une ville qui a subi de plein fouet les importants séismes de février dernier5 – plus de 2 000 morts, d'après le militant du HDP qui nous accompagne en voiture de bureaux de vote en bureaux de vote. Au centre-ville, les citoyens se pressent dès le début de la matinée dans les écoles où se tiennent les élections, laissant augurer une forte mobilisation électorale – elle frôlera les 90 %. Dans les bureaux que nous visitons sous le regard dur de Mustafa Kemal, dont des portraits sont disséminés partout dans les couloirs et les salles de classe, aucune irrégularité n'est à signaler. Les photos sont interdites afin d'empêcher que des électeurs envoient la capture de leur bulletin tamponné contre rémunération par un parti politique. Les urnes sont fermées par une ficelle, et de la cire.

Dans les villages kurdes aux alentours de Malatya, c'est la gauche qui remporte l'adhésion des électeurs

Dans les villages kurdes aux alentours de Malatya, c'est la gauche qui remporte l'adhésion des électeurs. Près d'un bureau de vote, une femme habite dans une grande tente blanche depuis que sa maison a été détruite par le séisme. « Comme le village vote en majorité pour le HDP, l'État turc nous a apporté très peu d'aide », affirme-t-elle en déplorant que les autorités aient attendu un mois avant de lui fournir une tente. Et de préciser : « Les vêtements et la nourriture, c'est le HDP qui nous en a apporté. »

Lorsque les premières estimations annoncent l'avance d'Erdoğan sur son adversaire, un militant du HDP n'y croit pas. « Les bureaux de vote sont encore loin d'avoir tous annoncé leurs scores », veut-il croire en fixant l'écran. Il ne va pas tarder à déchanter. Le résultat final du premier tour place Erdoğan en tête avec plus de 49 % des voix, quatre points et demi devant son principal opposant, ce qui laisse peu de chances à ce dernier de remporter le second tour. Même si des irrégularités ont été constatées, il n'y aurait pas eu de fraude massive. Fort de son exercice autoritaire du pouvoir, de son emprise clientélaire sur la société turque et de sa mainmise sur l'ensemble des médias du pays, Erdoğan n'en a visiblement pas besoin pour se maintenir au pouvoir.

***

Dans le taxi qui nous ramène à l'aéroport, une conversation bat son plein entre les militants français et notre chauffeur, via une application de traduction sur un téléphone. Abattu par les résultats des élections, ce dernier nous avoue : « Si Erdoğan est réélu, beaucoup de Kurdes vont vouloir quitter le pays plutôt que de subir son régime cinq ans de plus ». Et de nous demander : « Les démarches sont compliquées pour s'installer en France ? »

Marius Jouanny
Alors que nous bouclons, le soir du dimanche 28 mai, nous apprenons la réélection de Recep Tayyip Erdoğan avec plus de 52% des voix lors du second tour de l'élection présidentielle. Triste épilogue.

1 Le HDP (Parti démocratique des peuples), « de gauche » et pro-kurde, est la troisième formation politique de Turquie.

2 Association iséroise des amis des Kurdes, un collectif de solidarité avec le peuple kurde basé à Grenoble.

3 Le Parti des travailleurs du Kurdistan, guérilla kurde armée, est considéré par l'État turc comme une organisation terroriste.

4 Lors des précédentes élections municipales de 2014, sur les 102 municipalités remportées par le HDP, 95 avaient été remplacées par des administrateurs nommés par le gouvernement. « Turquie. Des maires du HDP démis de leur fonction », l'Humanité (23/08/19).

02.06.2023 à 00:01

Scoop : « La maternité, ce n'est pas que du bonheur »

Tiphaine Guéret

Journaliste fondatrice du site Milf média et autrice de Daronne et féministe (Solar, 2022), Fabienne Lacoude décortique les injonctions sociales qui pèsent sur les mères. Alors, toutes mauvaises ? D'après toi, à quoi renvoie l'idée de « mauvaise mère » ? « Les mauvaises mères sont une figure repoussoir pour toutes les autres femmes : c'est parce qu'elles sont mauvaises que nous sommes bonnes. Mais à bien y regarder, il ne faut pas grand-chose pour être perçue comme une mauvaise mère. Il suffit de sortir de la (...)

- CQFD n°221 (juin 2023) / ,
Texte intégral (1830 mots)

Journaliste fondatrice du site Milf média et autrice de Daronne et féministe (Solar, 2022), Fabienne Lacoude décortique les injonctions sociales qui pèsent sur les mères. Alors, toutes mauvaises ?

Par Junie Briffaz

D'après toi, à quoi renvoie l'idée de « mauvaise mère » ?

« Les mauvaises mères sont une figure repoussoir pour toutes les autres femmes : c'est parce qu'elles sont mauvaises que nous sommes bonnes. Mais à bien y regarder, il ne faut pas grand-chose pour être perçue comme une mauvaise mère. Il suffit de sortir de la norme. Et même lorsqu'on y adhère, nous sommes facilement jugées trop ceci ou pas assez cela. Au fond, donc, nous sommes toutes des mauvaises mères en puissance. Comme aurait dit Freud à une patiente qui lui demandait conseil pour élever ses enfants : “Madame, quoi que vous fassiez, vous ferez mal.

Aujourd'hui, certaines se revendiquent “mauvaise mère”, dans une idée de retournement du stigmate. Je considère cet acte comme féministe, car il consiste à se placer du côté de celles qui sont jugées, stigmatisées, mises au ban, ainsi que de tous les parents qui construisent leur famille hors des normes traditionnelles. »

Est-ce que la remise en question du concept d'instinct maternel ne serait pas un premier pas pour réhabiliter les « mauvaises mères » ?

« Pour ma part, je ne crois pas à l'instinct maternel en tant que capacité innée des femmes à s'occuper de leur bébé. Il est vrai que la grossesse, l'accouchement, l'allaitement, la proximité physique avec l'enfant libèrent des hormones favorables à l'attachement. Mais je dirais plutôt que plus on passe de temps avec un bébé, mieux on sait s'en occuper. C'est une question d'expérience plus que d'instinct. Le problème, c'est que cette notion a été instrumentalisée afin de suggérer que les femmes sont naturellement aptes à s'occuper des autres. Ce qui dépasse d'ailleurs leur rôle de mère et conduit, notamment, à une hyper-concentration des femmes dans les métiers du care, méprisés et très mal payés. »

« Si une femme sur trois ou sur quatre souffre à la naissance de son bébé, ce n'est plus un problème psychique individuel mais un problème de société »

La récente libération de la parole autour de la dépression post-partum vient écorner l'image d'une maternité forcément heureuse. Dans ton livre, tu te demandes pourtant si pathologiser ce que vivent les femmes après l'accouchement ne serait pas « un moyen un peu trop commode de [les] renvoyer à leurs névroses »...

« À la naissance de ma fille, j'ai fait une grave dépression du post-partum qui m'a conduite à être hospitalisée plusieurs semaines dans une unité spécialisée. Ce que j'ai vécu était clairement de l'ordre du trouble psychique et nécessitait des soins, donc je ne remets pas en cause l'existence de cette forme de souffrance maternelle. Ce qui me questionne en revanche, c'est qu'en 2016, quand ma fille est née, on estimait à 10 % la part des femmes confrontées à une dépression du post-partum, puis 15 % et maintenant on avance de plus en plus souvent les chiffres de 20 ou 30 %. Pour moi, si une femme sur trois ou sur quatre souffre à la naissance de son bébé, ce n'est plus un problème psychique individuel mais un problème de société : les femmes qui deviennent mères sont trop seules, trop isolées, trop fatiguées, et confrontées à des objectifs inatteignables. Travail, famille, boulot, couple, sorties… Il faut être en mesure de tout faire, et bien ! C'est intenable. Je trouve un peu facile, en effet, de nous coller l'étiquette de dépressives comme on collait autrefois l'étiquette d'hystérique à toutes celles qui sortaient du cadre. »

D'autres traversent un burn out parental...

« Le burn out est un syndrome d'épuisement généralisé, plus ou moins mêlé à un désinvestissement parental qui peut conduire à du délaissement ou des violences. C'est un mal de notre temps, favorisé par l'individualisme de nos sociétés et la notion de performance qui s'est peu à peu répandue dans le champ de la parentalité. Aujourd'hui, il ne suffit plus d'être une mère passable, dans une société globalement assez hostile aux parents et aux enfants. Nous cultivons le mythe de la séparation de la sphère domestique et de la sphère professionnelle, et d'un “toujours plus”, qui oblige les mères (a fortiori les mères solo) à aborder leur triple journée la tête dans le guidon et avec le sourire s'il vous plaît ! Quand on ne méprise pas tout à fait les femmes qui craquent (“moi j'ai eu trois enfants et je m'en suis très bien sortie”), on leur conseille de mieux s'organiser ou de lever le pied. Mais nous devons collectivement réfléchir au temps et à l'espace que nous consacrons aux personnes vulnérables, repenser la place du travail salarié dans nos vies, la place de la voiture dans nos villes, etc. »

« Multiplier les récits autour de la maternité pour sortir de l'idéalisation, du fantasme, du tabou »

Autres femmes estampillées « mauvaises mères », celles qui regrettent...

« La sociologue israélienne Orna Donath a enquêté auprès de femmes qui disent regretter leur maternité1 : si c'était à refaire, elles n'auraient pas d'enfants, disent-elles. Les femmes qui témoignent dans son livre m'ont profondément émue car elles osent jeter une lumière crue sur une réalité connue de toutes, mais cachée : la maternité, ce n'est pas que du bonheur. Ça peut même être tout l'inverse. Elles soulèvent le tapis et ce qui se cache en dessous, toutes les mères y sont confrontées, à des degrés divers. Nous ne regrettons pas toutes notre parentalité, mais nous connaissons toutes l'ambivalence. Celles qui disent le contraire sont des menteuses. Ce qui m'a touchée, dans ce livre, c'est la nuance avec laquelle ces femmes abordent leur vécu. Ce n'est pas parce qu'elles regrettent leur maternité qu'elles n'aiment pas leurs enfants ; pas pour autant non plus qu'elles ont désinvesti leur rôle, bien au contraire. Nous avons besoin de multiplier les récits autour de la maternité pour sortir de l'idéalisation, du fantasme, du tabou. »

Quant à la bonne mère, tu écris qu'elle est toujours présentée comme « une femme blanche de classe moyenne  »...

« J'emprunte ce constat à Takwa Souissi, journaliste québécoise, musulmane et mère de trois enfants. Dans un article2 de 2018, elle déplorait que les “bonnes pratiques” parentales promues par les institutions soient celles des familles blanches de classe moyenne. Par conséquent, les familles non blanches ou précaires sont souvent stigmatisées lorsqu'elles ne pratiquent pas certains rites de la bonne parentalité, comme la lecture de l'histoire du soir, par exemple. L'essayiste Fatima Ouassak parle également de cela dans La Puissance des mères – Pour un nouveau sujet révolutionnaire (La Découverte, 2020). Elle raconte comment, lorsqu'elle a souhaité promouvoir une alternative végétarienne à la cantine de l'école de ses enfants, elle a tout de suite été accusée de communautarisme. En tant que mère musulmane, elle ne pouvait pas se préoccuper de nutrition ou d'écologie, elle avait forcément un objectif sous-jacent lié à son appartenance religieuse.

De la même manière, la famille est encore quasi exclusivement perçue au prisme cis-hétéro-normatif. Pourtant, parce qu'elles doivent montrer patte blanche beaucoup plus souvent, les familles queer ont un niveau de réflexivité sur leur parentalité bien supérieur aux familles traditionnelles. Et elles ont le mérite d'inventer des parentalités plus variées, plus collectives, moins renfermées sur la cellule nucléaire. Elles ouvrent le champ des possibles, et toutes les familles ont à y gagner. »

Propos recueillis par Tiphaine Guéret

1 Le Regret d'être mère, Odile Jacob, 2019.

2 « La parentalité est une femme blanche de classe moyenne », La Gazette des femmes (10/01/2018).

02.06.2023 à 00:01

Et c'est ma mère, ou la vôtre…

« Je crois que j'en veux de moins en moins à ma mère, aussi parce qu'elle vieillit. Je me dis : est-ce que c'est pas le moment de serrer les rangs ? Le moment de lui dire : tu as fait ce que tu as pu. » Les pages qui suivent viennent de là. D'une discussion entre amies, un soir de printemps autour de quilles de rouges, et dont le fil était peu ou prou celui-ci : pourquoi on en veut tant à nos mères qui, pourtant, ont fait ce qu'elles ont pu ? [« Et c'est ma mère Ou la vôtre Une sorcière comme les autres » (...)

- CQFD n°221 (juin 2023) / ,
Texte intégral (1514 mots)

« Je crois que j'en veux de moins en moins à ma mère, aussi parce qu'elle vieillit. Je me dis : est-ce que c'est pas le moment de serrer les rangs ? Le moment de lui dire : tu as fait ce que tu as pu. » Les pages qui suivent viennent de là. D'une discussion entre amies, un soir de printemps autour de quilles de rouges, et dont le fil était peu ou prou celui-ci : pourquoi on en veut tant à nos mères qui, pourtant, ont fait ce qu'elles ont pu ?

« Et c'est ma mère Ou la vôtre Une sorcière comme les autres »

Anne Sylvestre, 1975

Par Elena Vieillard

« Je crois que j'en veux de moins en moins à ma mère, aussi parce qu'elle vieillit. Je me dis : est-ce que c'est pas le moment de serrer les rangs ? Le moment de lui dire : tu as fait ce que tu as pu. » Les pages qui suivent viennent de là. D'une discussion entre amies, un soir de printemps autour de quilles de rouges, et dont le fil était peu ou prou celui-ci : pourquoi on en veut tant à nos mères qui, pourtant, ont fait ce qu'elles ont pu ? À cette question intime, les réponses l'étaient aussi – liées à nos blessures d'enfant, à nos trajectoires familiales, aux imperfections de celles qui nous ont élevées, forcément singulières. Mais à bien y regarder, cette approche était réductrice. À gros traits, ce qu'on reprochait à nos daronnes, c'était aussi de s'être trop fondues dans l'idéal-type de la mère sacrificielle – trop, ou pas assez, c'est selon. C'était leur hyper présence ou leur absence ; leurs choix – ou non-choix – et les traces que toutes ces décisions avaient laissées sur nos vies en construction, sur nos représentations : sur nous, en fait. On leur reprochait finalement ce qu'on reproche aux femmes en général : être trop cela, pas assez ceci, coller trop mal, ou trop bien, aux injonctions contradictoires qui entendent régir, aujourd'hui encore, leur vie. On s'est quittées là-dessus, et sur cette impression partagée que si l'on en avait tant voulu à nos mères, c'est que peut-être, quelque part, on en avait aussi trop attendu.

Ce faisant, on n'avait rien de très original. « Les injonctions liées à la maternité nous assomment de l'extérieur, par tous les canaux possibles »1, écrivait Illana Weizman dix-huit mois après la naissance de son enfant. Car, si les luttes féministes de la fin des années 1960 ont fait de la maternité un sujet central de leur combat, elles l'ont surtout investie par la négative : l'heure était à l'essentielle reconnaissance du droit à ne pas être mère2, moins à l'écoute des besoins de ces dernières. Question d'urgence. Reste que quatre décennies plus tard, les mères sont assujetties aux oukases du patriarcat et du capitalisme à la fois, sommées de conjuguer sans faute vie familiale et professionnelle ; rôle de mère et de femme. Le tout, en étant priées de taire les difficultés qui découlent du « décalage entre la réalité de leur vécu et la glorification de la maternité qu'on leur sert depuis l'enfance »3. Bien intégré, le message est parfois relayé par les mères elles-mêmes – qu'elles n'aient pas l'espace nécessaire pour le questionner, ou qu'elles cherchent à éviter les regards réprobateurs. On les comprend.

Face à l'illusion d'une maternité forcément heureuse, certaines s'emploient depuis quelques années à lever le voile sur l'ambivalence de cette expérience et dénoncer les diktats et tabous qui l'entourent : Illana Weizman, donc, avec son livre Ceci est notre post-partum4, mais aussi la philosophe Camille Froidevaux-Metterie qui s'apprête à publier un essai sur les « expériences vécues du corps enceint », la politologue Fatima Ouassak qui appelle à reconnaître les mères comme de « nouveaux sujets révolutionnaire »5, la journaliste Fabienne Lacoude en se revendiquant « daronne et féministe » ou encore les organisatrices de la « kermesse féministo-punk » Very bad mother qui s'est tenue à Concarneau (Finistère), à l'été 2021. Autant de femmes qui tracent des lignes émancipatrices pour des maternités vraiment libérées.

C'est dans leur sillage que s'est construit ce dossier où s'entremêlent les voix de femmes qui prennent leurs distances avec l'image de la mère parfaite [p. 12 & 13], revendiquent le droit de regretter leur maternité, le droit de craquer [p. 10] ; qui déjouent les codes du genre [p. 16] ; qui assument d'être à la fois mère et putain [p. 14 & 15]

La parole est aux « mauvaises mères », qui ont fait ce qu'elles ont pu.

« Abandonner ses mioches C'est pas si facile Faut dire qu'ils s'accrochent Ces p'tits imbéciles »

Maggy Bolle, Les Gosses, 2017

Dossier coordonné par T.G.

1 « Servilité, inégalité, maternité : comment le mythe de la mère idéale a muté pour encore plus nous accabler », Lesinrocks.com (05/11/2019).

2 Aujourd'hui encore malmené, entre pression sociale à enfanter et entraves répétées à l'IVG.

3 Ibid. note 1.

4 Ceci est notre post-partum – Défaire les mythes et les tabous pour s'émanciper, Marabout, 2021.

5 À travers son livre La Puissance des mères – Pour un nouveau sujet révolutionnaire, La Découverte, 2020.

02.06.2023 à 00:01

Mais qu'est-ce qui s'est passé ?

L'équipe de CQFD

Dans notre « Ça brûle » du mois de juin, petit retour sur la (belle) soirée de nos 20 ans, à la Parole errante de Montreuil, le 20 mai dernier. « Mais ils sont où les gens ? » Quand la pensée me frappe, je suis en train de mettre de l'ordre dans la caisse. Je relève la tête, paumé. « C'est pourtant la fête de nos 20 ans ! Pourquoi il n'y a pas de musique ? Et pourquoi la salle est vide ? On avait pourtant tout prévu ! » Quelque chose cloche. J'en veux pour preuve mon t-shirt trempé et mes jambes tremblotantes. (...)

- CQFD n°221 (juin 2023) /
Texte intégral (1152 mots)

Dans notre « Ça brûle » du mois de juin, petit retour sur la (belle) soirée de nos 20 ans, à la Parole errante de Montreuil, le 20 mai dernier.

« Mais ils sont où les gens ? »

Quand la pensée me frappe, je suis en train de mettre de l'ordre dans la caisse. Je relève la tête, paumé. « C'est pourtant la fête de nos 20 ans ! Pourquoi il n'y a pas de musique ? Et pourquoi la salle est vide ? On avait pourtant tout prévu ! »

Quelque chose cloche. J'en veux pour preuve mon t-shirt trempé et mes jambes tremblotantes. Flippé, je file voir si je n'ai pas oublié d'ouvrir les portes de la salle, imaginant derrière une foule déchaînée frappant contre les barrières, n'attendant que d'entrer en furie pour nous faire notre fête.

Accourant vers la porte, je vois quelques personnes, les joues écarlates et le sourire aux lèvres, qui s'apprêtent en franchir le seuil. À peine arrivé, déjà partis ? Un des types se retourne : « Elle était incroyable votre teuf, soirée intense, quel plaisir ! ». Interloqué, je m'arrête net et regarde autour de moi. Au bar, devant une montagne de fûts de bière vides en vrac, des bénévoles aux yeux hagards s'activent au milieu d'étranges flaques. Les têtes ébouriffées et les visages suants, ils ont une drôle d'allure. Leurs doigts tremblotants d'émotions luttent pour trouver une quelconque besogne sur laquelle s'affairer, comme si s'arrêter c'était mourir. Mais il n'y a pourtant personne à servir.

Derrière le stand de CQFD, isolé entre deux immenses piles de journaux, le Vé, le visage rosé et le regard perdu, avachi sur sa chaise en plastique, semble tenter de reprendre son souffle tel un boxeur entre deux rounds. Plus loin, Adrien, les mains pleines de clés de toutes sortes. Il les scrute tel un Gollum égaré ne sachant plus laquelle est son précieux. Il semble faire la liste mentale de tout ce qu'il doit faire… puis recommence. « Mince mais c'est la jaune ou la rouge ? Oui, non… et c'est pour faire quoi déjà ? ».

« Mais bordel qu'est-ce qu'il s'est passé ! On s'est fait roulé dessus, j'ai rien compris ! » s'exclame Laurent, le visage pâle, fébrile, en me regardant dans les yeux comme s'il cherchait une forme de vie bienveillante avec laquelle interagir.

« C'est vrai ça, qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

Et là tout me revient. Il est deux heures du mat', on a turbiné comme des oufs, pas un instant pour nous, pas pu voir les concerts, puis j'ai eu comme un vertige…

Ce qu'il s'est passé ? Un intense vortex de fureur de vivre !

Ce qu'il s'est passé ? Un intense vortex de fureur de vivre ! Plus d'un millier de personnes ont envahi Montreuil et la Parole Errante pour une soirée mémorable. Un public tellement déter' qu'il a accepté de passer par une entrée où il devait choisir entre le tampon « Ennemi de la classe ouvrière » ou « Clown social-démocrate », pour se planter devant un bar où toute boisson devait durement se mériter (désolé pour l'attente !). Sans parler des files devant les chiottes tellement interminables qu'on avait placardé des exemplaires de CQFD sur les murs pour tenter de faire diversion. Et puis des débats, des stands, une fanfare, une chorale, du monde partout, avec la banane. Bref, un raout du tonnerre !

Un énorme merci à La Parole Errante, aux René Binamé, aux Vulves Assassines, à toutes celles et ceux qui ont mouillé la chemise pour nous aider à tenir cette soirée, à toutes celles et ceux qui sont venu·es en profiter.

***

Comme un petit cadeau d'anniversaire, on a appris ce mois-ci qu'un collectif de supporters brestois s'était formé récemment contre la construction d'un nouveau stade de foot dans leur ville… inspiré par un papier paru dans nos colonnes1 ! Que notre canard serve à allumer des feux de contestation jusqu'en Bretagne, ça nous met en joie. Pourvu que ça dure encore (au moins) ces vingt prochaines années !

Affiche signée Étienne Savoye.

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